Après vous avoir proposé de découvrir les leurres souples, puis les leurres durs, voici un troisième volet de la panoplie des leurres. Il s’agit des leurres métalliques. Les nouvelles générations de pêcheurs aux leurres n’y prêtent pas toujours une grande attention. Pour les plus anciens d’entre nous, il s’agit pourtant des premiers leurres que nous avons mis au bout de nos lignes. C’est pour cela que certains pêcheurs à la mouche ont affublé les pêcheurs aux leurres du surnom de « ferrailleurs ».
Moins sexy que les poissons nageurs, les leurres métalliques rencontrent souvent un succès moindre au niveau des jeunes pêcheurs qui n’ont pas été initiés par les plus anciens. Contrairement aux leurres durs ils n’ont pas cet aspect réaliste qui pousse le consommateur à s’y intéresser et c’est bien dommage car on peut prendre toutes sortes de carnassiers.
Quelles vibrations pour quelles palettes ?
Les palettes ont des formes diverses, ce qu’il faut retenir est que plus sa forme est large plus la rotation est lente et renvoie des vibrations fortes, plus elle est fine plus la rotation sera rapide renvoyant de nombreux éclats lumineux avec une vibration moins forte. En eau teintée une forte vibration sera repérée plus facilement par le carnassier, en eau claire les éclats lumineux seront plus intéressants.
Les cuillères tournantes
Les cuillères tournantes sont les plus connues des pêcheurs en petite rivière, certains jours ce sont de vrais aimants pour la truite, la perche ou le chevesne. Il faudra choisir les petites tailles de palettes, cela peut aller de la taille 00 à la taille 3 en fonction des proies que ciblent les carnassiers. Quand ils sont sur les alevins de l’année, les tailles 00-0-1 sont parfaites. Attention certaines cuillères tournantes ont tendance à vriller le fil, alors à ce petit jeu, deux solutions pour un maximum de discrétion. Soit on attache le fil en direct sur les mini cuillères, en prenant soin de régulièrement dévriller le fil. Pour cela il suffit de le laisser partir le fil librement au fil du courant pour ensuite le récupérer maintenu entre deux doigts au-dessus du moulinet de façon à retendre le fil sur la bobine. Sinon pour les plus gros modèles, on pourra utiliser un émerillon relié à la cuillère par un anneau brisé. Les plus perfectionnistes d’entre nous ont trouvé la solution, il suffira juste de démonter la cuillère et de remettre une corde à piano en incorporant dans la boucle du haut un émerillon baril et le tour est joué. Pour limiter le vrillage, certaines marques ont trouvé des solutions efficaces en décentrant le lest, en incorporant un émerillon en tête comme chez Smith avec le modèle ARS, ou en rajoutant un trailer comme sur la Mepps Agglia TW Streamer. Les cuillères tournantes savent séduire tous les carnassiers et s’adapter à toutes les conditions.
Aussi pour les gros poissons
On trouve également parmi elles, une gamme pour le brochet et le silure. Commençons par le brochet il faudra sélectionner les cuillères en fonction du milieu et de la profondeur, on ne pêchera pas de la même manière en grand lac que dans un étang ou dans une rivière avec du courant. Deux cuillères s’affrontent depuis longtemps dans la pêche du brochet, ce sont la Suissex et la Mepps Lusox chacune d’elle a ses aficionados. L’avantage de ces deux cuillères est de ne pas vriller la ligne lorsque l’on utilise l’avançon avec lest décentré prévu. Ces cuillères pêchent en linéaire mais également à la descente du fait du lest en tête. Il emmène la cuillère vers les profondeurs et la palette se met en action. On peut ainsi peigner toutes les couches d’eau en variant les lests. Petite différence sur la Lusox que j’apprécie particulièrement, c’est la gaine de plastique rouge qui permet de limiter le mouvement du triple quand on descend la gaine, afin de solidariser le corps de la cuillère et l’anneau de l’hameçon. Dans les endroits encombrés ça limite les accrochages et lors de la prise en gueule par un poisson le triple retrouve sa mobilité, simple et efficace. Parmi les autres modèles nous trouverons les montages tandem, les doubles palettes et les cuillères avec streamer à brochet, qui peuvent également s’adapter au silure. La grosse différence entre les grosses cuillères à brochet et celles prévues pour le silure, c’est la construction renforcée et des hameçons renforcés.
Les cuillères ondulantes
Moins connue en France que la cuillère tournante, c’est une cuillère extrêmement utilisée dans tous les pays pêcheurs de brochets et de salmonidés. En fonction de sa taille, de son poids et de sa forme elle peut couvrir toutes les pêches. En France seules deux catégories de pêcheurs semblent se pencher sur ces cuillères : les pêcheurs de truites et les pêcheurs de silures. Pour les premiers ils apprécient les petites ondulantes qui se lancent particulièrement loin et sont capables de peigner toute la couche d’eau, leur nage sera déterminée par leur densité, leur largeur et leur forme. Il en sera de même pour les cuillères ondulantes destinées au silure. Les cuillères ondulantes larges oscilleront de droite à gauche sur une récupération en linéaire. Lors des relâchés elles descendront en planant doucement vers le fond. Sur les accélérations elles se mettront à tourner. Les cuillères plus fines de corps comme les « S » de Mepps (Syclops) ont une action plus aléatoire et plus papillonnante à la descente, elles acceptent très bien le courant comme les zones de calmes. Elles peuvent être animées en linéaire, en dent de scie ou également par des petits mouvements de poignet en la laissant redescendre librement vers le fond. Ses mouvements erratiques finiront par faire craquer les carnassiers les plus apathiques. Parmi les modèles d’ondulantes on rencontre diverses astuces pour jouer sur la partie sonore, notamment la superposition de deux palettes l’une sur l’autre reliées par deux anneaux brisés. Lors de l’animation les deux plaques s’entrechoquent et émettent un son qui déclenche les carnassiers, la Effzett Twin Spoon de DAM est un modèle qui fonctionne bien. Certains fabricants comme Kuzamo ont ajouté une perle sur un axe métallique qui émet du son, d’autres ont créé une cavité et ajouté des billes ou encore placé une turbine au centre de la cuillère. Si l’ondulante reste dans l’esprit de nombreux pêcheurs un leurre rustique d’un autre âge, elle a profondément évolué au fil du temps. Même sur le plan esthétique, les revêtements imitatifs sont venus compléter les coloris basiques qui n’en restent pas moins terriblement efficaces.
Les palettes et limiter les accrochages
Les accrochages sont un défaut récurent avec les cuillères tournantes ou ondulantes. La solution est de réduire l’armement en les passant en hameçon simple à la place des triples dans les endroits encombrés. Autre possibilité sur les ondulantes pour être totalement 4×4 c’est de les monter avec un hameçon texan sur lequel on positionne un leurre souple de type worm ou virgule, à tenter absolument dans les bois morts ou les herbiers, les brochets vont aimer.
Les spinnerbaits et chatterbaits
Quand on commence à vouloir affronter les obstacles et la végétation, avec les cuillères tournantes ou ondulantes d’origine, il faut limiter les contacts sous peine de se voir rapidement sanctionné par un accrochage, ou récupérer de la végétation sur le triple qui va empêcher le leurre de nager. Il sera impossible de faire passer les palettes dans ces endroits. Pour pouvoir s’affranchir des obstacles les pêcheurs ont mis au point une structure en forme de « V » qui permet de protéger l’hameçon et de faire office de déflecteur pour éviter que les palettes ne récupèrent trop de végétation. C’est ainsi qu’est né le « Spinnerbait » il est devenu la meilleure arme pour faire passer un leurre à palettes dans les branches, ou les nénuphars. Les palettes rondes renvoient une vibration plus forte plus lente et plus sourde alors que les palettes plus fines renverront une vibration plus rapide, plus aiguë avec plus d’éclats lumineux. Le spinnerbait présente de nombreux avantages qui ne sont pas des moindres, c’est un leurre de prospection rapide qui permet au pêcheur de couvrir énormément de terrain sans se soucier des obstacles. Il permet d’aller chercher les poissons là où ils se trouvent. Sur les secteurs très pêchés, les zones de végétaux ou les bois morts restent les seules zones où les carnassiers sont le moins sollicités, alors il ne faut hésiter à s’y aventurer pour rencontrer le succès. Il faudra ensuite choisir la bonne taille de spinnerbait en fonction du poisson cible : la truite, la perche, le bass ou le brochet. Car il en existe désormais de toutes tailles, on est bien loin du spinnerbait de base. On trouve désormais des leurres avec des armatures en titane, d’autres comme le Shimano Swagy cumule une tête double alliage avec une base tungstène, pour permettre une plus grande stabilité et une plus grande maniabilité. Le bras supérieur qui maintient les palettes est 30 % plus fin que le bras qui reçoit l’armement ce qui permet d’assurer un taux de réussite au ferrage bien supérieur, sans ajouter d’hameçon chance souvent source d’accroche dans les lieux encombrés.
Le Chatterbait, lui aussi est relativement confidentiel, c’est le leurre passe-partout. Son point d’attache se trouve sur la bavette métal. Lors de la récupération du leurre, celle-ci se met en opposition à l’eau en oscillant fortement de droite à gauche, renvoyant de fortes vibrations et de nombreux signaux visuels. Elle protège très efficacement la pointe de l’hameçon. Libre à vous de choisir ce que vous allez monter sur la tête plombée, un jupe avec rattle, un leurre souple ou un streamer.
Lames vibrantes, Spintail et Jigs métal
Les lames vibrantes sont très appréciées des carnassiers. Il en existe de diverses tailles pour s’adapter aux poissons ciblés. Habituellement dotées de plusieurs points d’attache elles permettent au pêcheur de varier l’intensité de la vibration et de trouver la bonne. Certaines sont dotées de billes comme les lames Strike Pro Astro Vibe qui émettent un son aiguë. D’autre sont dotées d’une fine palette feuille de saule pour ne pas nuire à leur nage et ne pas supprimer les vibrations.
Les spintails sont des leurres avec une palette en guise de queue, généralement il s’agit d’un corps très dense avec une palette de forme colorado plus ou moins grosse qui émet de fortes vibrations. Le corps du leurre sert de lest pour faire descendre la palette. La mise en action de la rotation est immédiate, c’est un leurre de prospection rapide qui permet de couvrir beaucoup de terrain et intéresse tous les carnassiers.
Le Jig métal, est un peu comme la cuillère ondulante, est très utilisé en mer pour les pêches du bord ou en bateau. Pour les formes effilées c’est un leurre à animer au-dessus du fond par des tractions plus ou moins sèches. Sa nage erratique permet de déclencher les percidés et les brochets. Du bord c’est le seul leurre qui fend le vent et permet d’atteindre des distances faramineuses, les formes de jigs un peu plus larges permettent de pêcher haut et d’aller chercher les poissons dans le courant ou les eaux calmes qui sont hors de portée des autres leurres.
Le métal et la palette sont des leurres qui paraissent moins jolis et moins funs aux yeux des pêcheurs mais ça reste une valeur sûre pour prendre toutes sortes de carnassiers, les aspes ne sont pas en reste. Quand il s’agit d’aller les chercher hors de portée, une bonne lanceuse, une tresse fine, un bon moulinet un casting jig ou un spintail et le tour est joué !
Dans votre boîte avec les leurres souples, les poissons nageurs, pensez à toujours avoir des leurres à palettes et quelques palettes de diverses formes et tailles prêtes à être montées sur vos leurres, ça peut vous sauver une partie de pêche.
Plus qu’un sauve bredouille, le métal mérite sa place à part entière dans votre boîte de leurres.
Le matériel conseillé pour les leurres métalliques
A la truite privilégiez un matériel léger voire ultra léger dans les ruisseaux, pour les moulinets il faudra envisager des gros ratio pour pouvoir pêcher de l’amont vers l’aval sans pour autant exagérer la taille des moulinets. Un Shimano Vanford MGL sera parfait en taille 2500 avec une récupération entre 78 et 89 cm au tour de manivelle en fonction du modèle choisi, couplé à une Shimano Zodias 268L2 ce sera un ensemble parfait pour traquer la truite, la perche et le chevesne.
Pour l’aspe on ira chercher une super shooteuse avec la G.Loomis NRX+ 902S SJR accompagnée d’un Vanquish MGL en taille 3000 qui aura en fonction du modèle un ratio compris entre 86 et 94 cm au tour de manivelle.
Pour le brochet on privilégiera un ensemble casting avec une pointe polyvalente comme la G.Loomis NRX+ 904C MBR et un Shimano Curado 201. Pour les grosses cuillères tournantes et tandem il faudra un ratio lent alors que pour les ondulantes un ratio un peu plus rapide sera intéressant. Le même moulinet peut très bien faire l’affaire, il suffit de jouer sur la vitesse de récupération.
Pour être confortables les cannes ne doivent pas être trop dures au niveau de l’action de pointe sinon cela devient vite fatiguant.