A l’heure où nous rédigeons ces lignes, la saison hivernale est telle que nous sommes obligés de suivre la météo puisque les précipitations vont dicter l’ouverture. Les pêcheurs devront choisir les bonnes techniques de pêche de la truite pour faire l’ouverture selon les pluies à venir s’ils veulent prendre une belle truite.
En ce moment, le niveau des rivières est bas puisque les pluies sont inexistantes sur le territoire français mais rien n’est joué, nous avons déjà connu des ouvertures avec un changement radical de niveau d’eau. Avec cette incertitude, mieux vaut orienter notre choix de technique sur ce qui nous attend et être un pêcheur polyvalent peut s’avérer être très pratique.
Le choix de la polyvalence
La cohérence est de mise ! Nous ne retiendrons que deux techniques majeures sur les quatre possibles, et cela peut surprendre les lecteurs. Nous considérons qu’il est important de garder les techniques les plus adaptatives au niveau des milieux et de l’activité des poissons tout en gardant une technique utilisant des appâts naturels et une autre des appâts artificiels.
Attention, pêcher avec des leurres comme les poissons nageurs ou les leurres souples en début de saison est tout à fait possible mais si les truites se mettent à gober, il est impossible de les tenter. C’est un raisonnement identique pour le vairon manié puisque dans les eaux basses ou très teintées, la pêche au toc reste bien supérieure pour tenter la truite. Le choix des pêches au toc et à la mouche s’impose donc à nous.
La pêche à la mouche
Cette technique, relativement bien maitrisée, est sans nulle doute la pêche qui possède le plus de pertinence pour pêcher des truites en rivière. Qu’elles se nourrissent sur le fond, entre deux eaux ou encore en surface, une seule canne suffit à leur présenter un « repas » sur leur niveau de nutrition.
Typiquement, nous utilisons une canne dont la longueur s’adapte à la technique du jour et aux compétences du pêcheur. Nous recommandons un segment de longueur compris entre 9 et 10 pieds qui présente l’avantage de pouvoir pêcher les petites rivières de montagne comme les grandes rivières de plaine. La puissance, exprimée en numéro de soie, peut être comprise entre 4 et 6 selon la ou les techniques de pêche à la mouche pratiquées.
Les techniques de pêche à la mouche
Au nombre de 4, il existe la pêche en sèche, en nymphe, en noyée et au streamer. Elles sont toutes complémentaires et demandent la même gestuelle technique. Elles correspondent à une fenêtre nutritionnelle précise des poissons lors de la journée. Selon les températures d’eau, les insectes possèdent une croissance accélérée ou ralentie ce qui explique les éclosions ou leur arrêt, et donc quel stade de l’insecte les truites prennent.
Pour répondre aux attentes des truites, il nous faut alors au minimum maitriser la pêche sèche si les truites gobent et la pêche en nymphe si les truites se nourrissent sous la surface de l’eau.
Pour être au top, si nous pouvons maitriser une technique de plus pour l’ouverture, cela doit être obligatoirement la pêche en noyée car elle regroupe les connaissances de la sèche et de la nymphe mais aussi les stades d’évolution intermédiaires des insectes. Plus technique, elle correspond à la présentation de 3 hauteurs d’évolution des stades d’insectes lors d’une éclosion à savoir : la surface – sèche et émergente, entre deux eaux – nymphe intermédiaire légère et le fond – nymphe lourde imitant le stade larvaire.
La pêche au streamer ne prend sa dimension que lorsque les truites poursuivent les vairons dans les bordures mais restons vigilants, elles peuvent quand même se montrer intéressées par une proie de plus grosse taille.
Le profil de rivière parfait
A chacun ses préférences mais avec un peu de recul sur ses choix personnels, nous pouvons nous orienter sur un profil type qui donne très souvent de bons résultats en début de saison. L’idéal pour l’ouverture est de pratiquer une rivière moyenne à grande, de 6 à 15m de large et suffisamment ouverte au soleil. Elle doit posséder obligatoirement des alternances de profondeurs, de 20 cm à 2/3 m d’eau, ce qui permet d’offrir une multitude de postes selon les conditions de températures et donc de nutrition des truites.
Les bonnes heures de pêche
A cette période, les heures chaudes restent les meilleures pour réussir notre pêche mais avec un ciel couvert qui précède notre journée, le coup du matin s’il n’y a pas eu de gelées peut être très bien en nymphe. De même que la fin de journée avec un soleil faiblissant peut être le moment à ne pas rater en sèche. Pour la pêche en noyée, toutes les heures de la journée sont intéressantes mais le meilleur moment reste celui de l’éclosion – 30 mn avant, pendant et 1 heure après.
Les bonnes mouches de pêche
Nous pourrions dire qu’il faut de tout mais avec l’expérience, seulement trois couleurs sortent vraiment du lot à cette période et nous permettent de couvrir 99,9 pour cents. Ces couleurs sont le marron, le gris et le vert-olive. Par contre, nous avons besoin de proposer des tailles et des poids différents pour atteindre tous les niveaux de nutrition et plaire au poisson, de la surface au fond de la rivière.
Le bon diamètre de fil
Sur les premières semaines de pêche rien ne sert de pêcher trop fin, un bon 14/16 centièmes en pointe est suffisamment discret et nous permettra de reprendre les bons gestes pour bien travailler en sécurité de beaux poissons.
Les couleurs d’eau et la mouche
Si l’eau est claire, nous utilisons plus volontiers la pêche en sèche et en nymphe au fil alors que si elle est teintée, nous pêchons plus facilement en noyée.
La pêche aux appâts naturels – Toc
En ce début, que l’eau soit claire ou teintée, haute ou basse, l’avantage va toujours aux appâts vivants, leurs odeurs et leurs attraits sont tels que la truite ne peut y résister. Cette technique d’apparence rustique n’est pourtant pas une technique simple. Elle comprend plusieurs manières selon ce que nous recherchons à pêcher comme profil de rivière, du ruisseau de montagne au fleuve, elle est adaptable !
Habituellement en rivière de petite à grande largeur, nous utilisons une canne à appâts naturels pour pratiquer en dérive car la majorité des spots de pêche français sont praticables ainsi. Seuls les ruisseaux encombrés requièrent l’utilisation d’une canne à fil intérieur en eau basse ou une téléreglable en cas de gros débit.
La canne type est d’une longueur comprise entre 3,6 m et 4,2 m avec un poids relativement léger dont la référence peut être de 160g pour 3,9 m. Comme il s’agit d’une pêche tactile et qui demande de déposer à plusieurs mètres de nous un appât vivant sans le tuer, l’action de la canne ainsi que le nombre d’anneaux sont capitaux. Une canne de 3,6 à 4,2 m qui possède une pointe progressive douce avec 14 anneaux peut être considérée comme le segment de référence.
Cannes à appâts naturels
Avec une canne de 3,9 m, référence en terme de longueur de canne, nous pêchons en dérive naturelle à l’aide d’appâts naturels prélevés en rivière, le but recherché est d’avancer à la vitesse du courant. C’est la pêche au toc la plus naturelle en présentation pour pêcher la truite. A partir des 4,2 m, nous pêchons de grandes rivières avec de fortes plombées pour pratiquer la technique de « ver roulé » à la recherche de gros poissons dans des eaux fortes ; ici nous ralentissons volontairement notre dérive près du fond pour séduire des poissons.
Cannes téléréglables
En dessous de 3,9 m, nous pêchons de petits torrents boisés où nous pouvons être cachés derrière des obstacles pour jouer la discrétion. Nous pêchons sous la canne car tout lancer ou grande dérive sont impossibles.
Avec des cannes de 4m à 8m, nous pêchons plus lourd que précédemment, le but étant de ralentir au maximum l’appât quitte à le retenir devant les obstacles. Cette pêche au toc est la plus adaptée dans le cas des eaux fortes et froides en rivière petite à moyenne.
Le profil de rivière idéal
Avec des dérives éloignées rendues possibles grâce à la longueur de canne, le milieu pêché peut varier de 2 à 30 m dans sa largeur. Plus la rivière est large, plus nous devons nous abriter du vent si nous souhaitons pêcher correctement notre parcours. Le parcours doit renfermer une multitude de postes qui sont créées par les différentes profondeurs et par les embacles existants.
Les bonnes heures de pêche
Comme pour la mouche, la pêche au toc est avant tout intéressante sur les heures chaudes mais en dehors de ce créneau favorable, elle ne demeure pas moins efficace. Dans ces premières semaines, les truites ne refusent pas un appât bien présenté même en dehors des heures intéressantes. Il s’agit là de la « force » des appâts naturels !
Les bons appâts
Pour cette pêche, il faut toujours avoir au moins deux appâts minimum. Le vers de terre et la teigne peuvent être arrangeants sur les eaux très froides et/ou teintées car la collecte d’insectes aquatiques est difficile dans ces conditions. Par contre, si les conditions le permettent, rien n’égale les larves ramassées dans la rivière. Dans tous les cas, l’appât « roi » reste le ver de terre.
Le diamètre de fil
Le corps de ligne a son importance car il a une action directe sur les lancers, la conduite de ligne et la tenue du poisson. Celui-ci doit être alors souple, siliconé, solide et visible. Son diamètre dépend du lieu de pêche et des poissons recherchés mais n’oublions pas que la fourchette entre 20 et 14 centièmes est largement suffisante. Le bas de ligne quant à lui est 2 à 4 centièmes inférieur au corps de ligne, souple, élastique et de couleur neutre.
En résumé
C’est à nous de choisir et si nous avons un doute, sachez qu’il est plus simple de pêcher aux appâts naturels qu’à la mouche au niveau technique et quand les rivières subissent une forte modification liée aux pluies, la pêche au toc s’impose comme la seule technique pertinente.