Pêche à la bouillette flottante pour déjouer les pièges du frai

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe
La fraie est une période délicate à négocier

Qui ne s’est jamais retrouvé désemparé face à une session printanière durant laquelle les carpes cessent toute activité alimentaire à la faveur de leurs ébats amoureux ? Même si le spectacle est au rendez vous, il n’y a rien de plus rageant qu’une pêche bien engagée où tout s’effondre sans prévenir ! Voyons comment une présentation différente de l’esche peut permettre d’inverser la situation.

C’est lors d’une session fin avril 2010 que je me suis retrouvé confronté (une fois de plus) à la fraie des carpes sur un lac de barrage lors d’une session qui avait très bien commencé. Après une nuit productive, les départs s’arrêtèrent nets, puis les premiers poissons se mirent à bouger bruyamment au delà de mon poste dans une zone encombrée peu profonde, à mon grand désespoir la fraie était lancée. A la différence près que les carpes ne frayaient pas sur mes spots de pêche mais dans une immense forêt immergée en retrait, pendant que des dizaines d’autres marsouinaient à l’entrée de cette forêt, au dessus de mes montages, comme pour attendre leur tour. Le nombre de poissons sur place était impressionnant, à tel point qu’il était impossible de compter le nombre de sauts et de marsouinages sur la zone tant ils étaient nombreux ! Elles étaient là, mais ne mordaient pas !

Exemple vécu

Après 24 heures sans la moindre touche, je décidais de changer la présentation de l’appât en leur proposant une pop-up juste décollée d’un ou deux centimètres, de toute manière, dans ce genre de situation, soit on attends que la situation se débloque (mieux vaut alors s’armer de patience), soit on essaie de trouver une solution, dans tout les cas il n’y a rien à perdre, si ce n’est à apprendre.

Moins d’une heure après cette modification de la présentation de l’esche, la première carpe d’une série de 16 poissons les 24h suivantes rejoignait l’épuisette.  La pop-up avait débloqué la situation, puisque l’autre canne qui pêchait sur la zone en bonhomme de neige était resté muette !

L’année suivante nous décidions de remonter sur ce barrage avec mon meilleur pote, à peu près à la même période, sur le même poste que j’avais pêché, nous espérions que le poisson se tienne sur sa zone printanière. Les premières 24h de pêche nous apportèrent quelques poissons, beaux, bien gras, ce qui laissait présager une bonne suite, pourtant, rebelote, les carpes se mirent à frayer dans la forêt immergée, stoppant net les touches. Me rappelant l’expérience de l’année passée, les cannes furent vite eschées à la pop-up, ce qui aura eu pour effet une fois de plus de terminer cette pêche en beauté. Depuis les situations similaires ont été nombreuses, et à chaque fois les pop-up m’ont permis de sauver la pêche !

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe
Dans cette situation, l’alimentation passe en second plan

Carpe et saumon, même constat ?!

Il n’y a qu’à prendre l’exemple du saumon pour mieux comprendre pour quelle raison une pop-up peut permettre de prendre des carpes qui ne s’alimentent plus ou très peu. Le saumon, ce poisson migrateur lorsqu’il remonte les rivières qui l’ont vu naître en vue de sa reproduction, cesse toute activité alimentaire, n’ayant plus qu’une chose en tête, assurer la pérennité de son espèce. Le phénomène est bien connu des pêcheurs à la mouche qui ne pêchent pas en tentant d’imiter un insecte ou autre nourriture potentielle mais avec de gros streamers dans le but de déclencher un réflexe d’agressivité de la part du saumon.

Il en va de même pour les carpes, qui dès les premiers jours de fraie, se désintéressent totalement de toute forme de nourriture, leur préoccupation principale étant ailleurs. Il suffit d’observer une place de fraie pour comprendre, il y a presque toujours une femelle pour plusieurs mâles qui lui tourne autour, donc pour résumé, il n’y en aura pas pour tout le monde, dans ce contexte il est donc évident que l’alimentation attendra ! Au milieu de toute cette agitation, une pop-up a la particularité de déclencher le même réflexe d’agressivité que le streamer sur le saumon, j’ai souvent pu observer durant cette excitation due à la fraie, que le poisson se piquait très mal, voire même en dehors de la bouche, preuve qu’elles viennent « chasser » la pop-up plutôt que s’en nourrir.

D’ailleurs le premier exemple montre bien que les carpes ne s’alimentaient pas sur le fond puisque la canne qui pêchait avec un montage classique en bonhomme de neige n’était pas parvenue à déclencher une touche, alors que la canne eschée d’une pop-up avait réussie à faire mordre plusieurs poissons.

Dans ce premier exemple, la pop-up n’était pas mieux présentée en raison d’herbiers ou de vase puisque la zone de pêche était un grand banc de gravier avec une profondeur de 4m. Les carpes dans leur agitation précédant la fraie devaient très certainement mettre la pop-up en mouvement, ce qui aura eu pour effet de déclencher ce réflexe d’agressivité.

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe
La pop-up aura permis une fois de plus de débloqué la situation

Le montage

Pour moi, comme dans tout les cas, le montage se doit d’être solide et bien piquant. En règle générale je me contente d’un bas de ligne classique et très simple à réaliser à partir d’une tresse de type « Combi-link » à laquelle je dénude un centimètre ou deux juste avant l’hameçon. Pourquoi utiliser de la tresse plutôt qu’un fluorocarbone ? La raison est simple, la souplesse de l’ensemble. Un bas de ligne en tresse permet une meilleure mobilité de la pop-up, le but étant que cette dernière se mette en mouvement afin de provoquer une réaction « d’attaque » de la part des carpes. Donc plus le bas de ligne sera souple, et plus il permettra à l’esche de se mettre en mouvement, ce qu’un nylon en fluorocarbone ne permet pas, même sur des petits diamètres.

Pour ce qui est de l’hameçon je ne change rien non plus, j’ai confiance en mes hameçons pour leur piquant et leur faculté à bien s’ancrer dans la lèvre et donc à ne pas se décrocher. En cette saison il est fréquent de toucher des mâles hyper énervés, je préfère donc utiliser un hameçon fort de fer qui ne bougera pas une fois piqué dans la lèvre du poisson plutôt que de jouer la carte de la finesse avec un hameçon de petite taille et fin de fer, qui aura tendance à plus facilement couper la lèvre de la carpe lors de ses violents rushs et coups de tête frénétiques !

Pour ce qui est de la longueur du bas de ligne, j’évite les montages trop courts, mes bas de lignes font entre 20 et 30 centimètres, encore une fois afin de laisser du mouvement à l’esche, puisque le but est que la pop-up puisse s’animer au fond de l’eau. Un bas de ligne trop court, de moins de 15 centimètres, ne peut pas permettre une bonne mobilité de la pop-up.

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe
Un bas de ligne souple offre une meilleure mobilité à la pop-up

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Jouer avec les couleurs

Je ne pense pas que les carpes distinguent les couleurs, en revanche je crois dans le contraste avec le fond. Si l’eau est trouble ou les fonds vaseux, je mise sur les couleurs claires : blanc ou jaune fluo, bref, quelque chose qui se démarque du fond. Au contraire si le substrat du fond est constitué de sable ou de graviers avec une eau claire, j’utilise des couleurs foncées dans les tons de rouge, marron ou violet, encore une fois pour que mon appât se distingue du fond, dans cette configuration, la pop-up n’est plus un appât, mais devient un leurre.

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe
Disposer de plusieurs couleurs permet de palier à toutes les situations

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Le poste

S’il est une chose importante à cette saison, c’est bien le choix du poste. Plus tôt dans la saison lorsque les eaux commencent à se réchauffer il est indiqué de pêcher les zones peu profondes, là où l’eau se réchauffe plus vite et où la végétation aquatique reprend vie en premier. Mais en avançant dans le printemps, avec une eau bien réchauffée et une fraie qui ne saurait tarder, j’évite autant que possible de pêcher directement sur les zones de fraie, cela pour une raison toute simple, je préfère laisser la tranquillité nécessaire aux carpes sur leurs zones de reproduction. De toute manière lorsque les carpes sont en pleine phase de reproduction, se bousculant bruyamment sur leur place de fraie, même une pop-up ne peut plus grand chose, les carpes sont complètement obnubilées par leurs ébats. Pour cette raison, à l’approche de la fraie, je préfère pêcher des zones qui se trouvent sur le chemin de ces secteurs de fraie en gardant une marge de quelques centaines de mètres, voire plus, mais jamais directement sur la zone qui va recevoir la fraie.

Il faut absolument abréger la séance photo et de tout faire pour que le poisson ne bouge jamais sur le tapis, les mains doivent être en permanence sur le poisson !

Ce choix de poste permet de trouver des poissons qui sont sur le point de frayer mais ne sont pas encore tout à fait prêt, un peu comme dans mon exemple vécu sur le lac de barrage, et qui du coup conserve un minimum d’activité. J’ai pu remarquer au fil des années que ces postes en retrait de la zone de fraie abritaient souvent quelques femelles bien grasses qui ne se sont pas encore rapprochées des places de fraie, sûrement parce qu’elles ne sont pas encore prêtes et fuient toute cette agitation que créent les mâles, un moment privilégié pour prendre des poissons bien gras, mais surtout, un moment où il faut prendre le plus grand soin des poissons.

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe
Le printemps est synonyme de saison des amours…

Pêche à la bouillette flottante en période de frai de la carpe

 

 

4 commentaires

    1. autre possibilité d’ occuper son temps pendant la fraie CONSTATEE : admirer le spectacle, faire quelques photos éventuellement et… leur foutre la paix! Comment peux on pêcher en sachant pertinemment bien qu’ elles sont en fraie, même en dehors des postes de fraie a part entière, le mouvement est lancé!
      Je ne comprend pas qu’ on aime et se dit respectueux de notre poisson et de la nature , et qu’ on s’ obstine à piquer et déranger ces poissons en une période aussi critique pour la pérénité ?après on constatera des poissons crevés a cause par exemple d’ une rétention d’oeufs (suite au traumatisme du combat par exemple)…. LAMENTABLE

  1. Bonjour, chère équipe du journal 1max 2pêche serait-t-il possible de prendre une de vos photos pour le mettre dans un article d’un journal scolaire. La photo sera dans le journal du collège et sur le site du jour.

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