La pêche au waggler coulissant ne pose guère de problème en parcours calme et de grande profondeur. Cette technique est moins utilisée en rivière, pourtant le choix du waggler et de sa portance sont des atouts intéressants pour les brèmes qui apprécient volontiers cette présentation.
Pour cette technique de pêche de la brème au coulissant en grande rivière, j’ai installé mon matériel sur la digue du Gardon au Pont de Ners. Cette partie du Gardon est large, profonde (environ 5 mètres) et je sais par expérience que les belles brèmes sont présentent. Il s’agit d’un site très prisé par les pêcheurs au quiver-tip et à la bolognaise.
Le courant en ce début d’octobre est soutenu. Les pluies récentes ont lavé la rivière et une légère crue de plus d’un mètre a modifié sensiblement le calme reposant des berges.
Je ne m’y trompe pas, sous cette accalmie apparente l’eau coure néanmoins assez vite et la pêche à la passée à laquelle je veux me livrer n’est pas gagnée d’avance.
Comme d’habitude je suis très peu chargé en matériel. Le « minimum syndical » s’amuse souvent à dire Robert Miller qui adore me chambrer.
Les vitesses divergent
Qu’il me soit permis ici d’expliquer le débit d’une rivière suivant sa hauteur d’eau… Je vous promets d’y revenir plus « scientifiquement » une prochaine fois.
Mais sachez que le courant de surface n’est jamais celui du fond !
Plus vous pénétrez dans la profondeur de la hauteur d’eau, de la surface vers le fond, moins le courant est rapide.
Il est extrêmement rare, sauf en cas de crues, lorsque les eaux deviennent « marronnes » que la vitesse de surface soit identique celle du fond.
En imaginant que la vitesse de la surface soit de 10 km/h il y a de grande chance que la vitesse du fond soit absolument « nulle » !
C’est bien là que réside la difficulté de la pêche à la ligne : présenter de manière naturelle l’appât à la même vitesse que celle du courant (ou à son absence)…
L’amorce pour la brème à l’anglaise en rivière
Il est évident que sur ce site la distance de pêche et la puissance du courant m’obligent à utiliser une amorce lourde et collante pour atteindre le lit de la rivière et concentrer les brèmes sur ma coulée. Pour une heure de pêche, je prépare 3 kilos de 3000 CLUB brèmes, 2 kilos de terre argileuse et un flacon d’Aromix pour donner un collant moelleux et aromatique à l’ensemble. Et j’espère que le sucré de l’Aromix en cette fin d’été titillera encore les narines des brèmes du secteur.
Enfin si elles veulent bien répondent à mon offre !
Pour obtenir une amorce légèrement plus collante, je prépare dans une cuvette 1 kilo de TTX fine mouture que j’ai recouvert à peine d’eau et que je laisse tranquillement s’imprégner. Il sera toujours temps de l’ajouter en cours de pêche, au cas où !
Je mouille progressivement mon amorce avec l’eau aromatisée, laisse reposer quelques minutes puis j’ajoute la terre petit à petit.
J’ajuste en remouillant légèrement et je tamise une dernière fois l’ensemble.
Mon amorce de base est prête et je peux maintenant préparer le montage du jour : le waggler coulissant.
La pêche au waggler coulissant en rivière
La portance du waggler est importante puisque la masse de plomb doit être adaptée à la puissance de l’eau et à sa profondeur. Dans le cas contraire la ligne se mettrait en place beaucoup trop lentement. Sur les conseils de l’ami Gaspard Castet que j’ai rencontré sur le Lot voici déjà quelques années, je place toujours 2/3 des plombs à la base du flotteur et 1/3 sur la ligne. Cela semble incongrue puisqu’il faut atteindre rapidement le fond, mais c’est là que réside l’astuce : choisir un waggler qui supporte une grosse masse de plombs, pour que la ligne se mette en place plus vite qu’avec un flotteur qui aurait une portance moindre.
Aujourd’hui je choisis un waggler avec une grosse et longue antenne d’environ 25 grammes (18+6) pour me permettre de pêcher à environ 30 mètres en toute sécurité. La compétence du pêcheur se jugera à l’amorçage, sur la précision des boules envoyées sur le coup…
Je connais bien ce secteur et suivant les variations, le flotteur peut supporter entre + 8 à + 16 grammes. Ce waggler, bien équilibré, doit me permettre de traîner lentement sur le fond, tout en espérant de ne pas butter sur un obstacle apporté par la dernière crue dans la coulée.
Le montage waggler coulissant
Il est important d’éviter les embrouilles au moment du lancer, lorsque le flotteur touche l’eau. Le montage de Gaspard est parfaitement bien adapté à la situation. La petite gaine «système anti-emmêleur » est une petite merveille du genre…
Un petit tube plastique de 5 cm sépare deux ou trois billes percées de la plombée principale, puis ce tube est collé définitivement à l’araldite (10 grammes lorsque le flotteur supporte 25 grammes).
Mon montage en détail
- Corps de ligne en 20/°°
- Deux petites ligatures pincées à hauteur de pêche
- Une perle coulissante de butée
- Le waggler de 25 grammes, dont 8 grammes répartis dans les rondelles de la quille
- L’anti-emmêleur d’environ 8 grammes avec une plombée groupée modulable. Un mètre plus bas une plombée groupée de 2 plombs N°5 et 1 plomb N° 3
- Environ 40 cm dessous, un plomb de touche N°5
- Un émerillon N°8
- Bas de ligne en 12/°° de 40 cm
- Hameçon Feeling 3411 N°16
Si besoin, je changerai la taille de l’hameçon en 14 ou en 12 pour utiliser un bouquet d’asticots.
Le sondage du poste de pêche
Pour sonder, je glisse toute la masse de plombs sur l’émerillon et à chaque lancer, j’ajoute du fond en faisant glisser les deux petites ligatures situées au-dessus du waggler. De 40 centimètres en 40 centimètres, je trouve la bonne hauteur et je conserve cette hauteur en serrant moyennement les ligatures pour que la perle de blocage bute dessus. C’est seulement maintenant que j’ajoute mon bas de ligne (30cm) et je fais plusieurs passages pour vérifier que ma coulée est parfaite. Le comportement de ma ligne ne détecte aucun problème particulier ; Je bloque définitivement mes ligatures.
Il est temps de vérifier la tenue de l’amorce et d’ajouter les esches.
Des appâts morts
Contrairement à la pêche en étang où les esches bien vivantes attirent les poissons qui prennent le temps de contrôler ce qu’ils vont avaler, ici, pour cette technique, j’utilise exclusivement des esches mortes. La brème n’aura pas le temps de vérifier ce qui passe à sa portée sinon c’est la voisine qui se mettra à table.
Autre avantage, comme j’ai congelé mes asticots, les esches ne casseront pas les boules.
Je prépare une dizaine de boules de la taille d’une petite orange, puis j’ajoute mon TTX pour parfaire cet amorçage, avec 5 boules supplémentaires.
Comme je suis placé de ¾ face au courant, je lance mes boules légèrement en aval du coup de manière à ce que la ligne soit bien en place lorsqu’elle arrivera sur l’amorçage principal.
Le lancer
Dans le mouvement logique du lancer avec un waggler fixe, ce mouvement est un enchaînement harmonieux entre la phase avant-arrière-avant.
Ici, avec un waggler coulissant, c’est le contraire.
Il convient de placer la ligne derrière soi, à l’arrêt, comme le font d’ailleurs les carpistes, et de propulser l’ensemble devant soi d’un mouvement large et souple. Le doigt sur la lèvre de la bobine freine progressivement la ligne au moment ou le waggler touche l’eau. La ligne s’étale et se met rapidement en place. Trois tours de manivelle, le scion dans l’eau pour noyer la bannière et immédiatement je contrôle la coulée, prêt à ferrer.
Le bilan
Il me faudra attendre 5 coulées pour trouver le bon passage, la bonne vitesse. Au début je « tape » quelques gardons ainsi que plusieurs carassins. J’ajoute 10 cm pour traîner davantage. Immédiatement j’ai une plaquette qui n’a pas résisté à l’appât du gain ! D’autres suivent, mais les belles brèmes ont du mal à rentrer.
C’est surtout la conduite de la ligne qui fait la différence. L’index joue sur le fil pour rester le plus longtemps possible sur le coup amorcé ; je cale, je relâche ; les touches de plaquettes se succèdent rapidement puis les belles brèmes se mettent à table et à ce rythme, la matinée passe très vite.
Comme d’habitude lorsque la pêche est bonne… elle s’arrête beaucoup trop vite !