D’avril à juillet, tout reste possible en termes d’appâts pour pêcher la truite au toc. En fonction de la richesse d’appâts de la rivière, de son altitude, de sa qualité d’eau et de sa température, nous pouvons récolter dans l’ordre suivant d’avril à juillet : les patraques, les pataches, les portes bois, puis sur la rive, les sauterelles et dans les troncs de bois pourrissants, les vers à bois. Pour les appâts artificiels, il suffit de les confectionner à l’aide de fils, laines et plumes ou de les acheter en magasin.
La pêche au toc en rivière
Sur ces mois d’opulence, la truite a repris des forces et s’approprie plus volontiers une zone de chasse plus importante ce qui nous facilite la pêche. Sa nutrition est facilitée par la montée en température des eaux, pour deux ou trois degrés de plus, elle digère bien plus vite ; ce qui permet d’observer une activité alimentaire plus longue dans la journée. Néanmoins, rien n’est acquis et nous sommes obligés de pêcher le plus juste possible en prenant le temps de prospecter chaque veine du courant. Il est toujours plus aisé de capturer une truite en lui amenant l’appât devant le museau que de la faire se déplacer !
Pour réussir, nous devons équilibrer notre bas de ligne de manière à faire avancer notre appât à la même vitesse que le courant, ce que nous appelons la dérive naturelle. Pour ce faire, notons que le ver de terre est un appât dense à contrario des autres précédemment cités et que la plombée doit en tenir compte pour respecter le principe de dérive naturelle. Si notre ensemble appât/plombée est juste, la touche se matérialisera par un stop net de la dérive. Maintenant que nous avons définis comment nous devons faire, regardons la séparation des deux techniques que sont la pêche au toc aux appâts naturels et la pêche au toc aux appâts artificiels. Bien que différentes dans leur mise en œuvre, il nous est important de souligner qu’elles utilisent toutes deux le même matériel de base en termes de cannes et de moulinets et qu’elles ont le même but, passer un bon moment au bord de l’eau.
La pêche aux appâts naturels
C’est la pêche au toc traditionnelle mais qui n’est pas forcément synonyme de facile. Cette pêche n’est pas juste une pêche au ver ou à la teigne sur les coups d’eau comme nous le constatons à regret dans les discussions. Un pêcheur aux appâts naturels recherche et utilise les appâts selon leur moment d’intérêt pour la truite, il s’adapte à la hauteur et à la couleur d’eau, il pêche dans toutes les conditions en modifiant son bas de ligne. Tout est cohérent dans son approche et c’est la raison pour laquelle il réussit ses pêches tout au long de l’année. L’exemple classique est que s’il pleut et que l’eau est piquée, il pêche au ver, si l’eau est claire, il pêche à la patache ou au porte-bois.
Les appâts collectés dans la rivière sont ceux qui sont les plus importants pour la truite puisqu’elle les côtoie journalièrement. Nous les ramassons avant la pêche sous les pierres généralement dans les bordures sous les arbres pour les portes bois ou encore sous les blocs dans les courants pour les pataches et les patraques. Ce sont des appâts fragiles et n’ont d’intérêt que s’ils sont vivants alors nous en prenons juste ce qu’il faut en prenant soin de replacer les pierres si nous voulons en retrouver plus tard. Pour les sauterelles, nous les attrapons lorsqu’elles sont encore assommées par la rosée du matin et nous les conservons dans un réceptacle aéré et sombre… Pour les vers, le terreau est bien adapté à la période, nous pouvons avoir un compost ou nous les achetons en magasin (pour les citadins sans jardin).
Nous comprenons que le poids de l’appât à une importance dans la constitution du bas de ligne mais pas seulement, la répartition des plombs entre l’hameçon et le micro baril peut s’avérer tout aussi capitale. Si nous regroupons nos plombs, nous permettons à notre bas de ligne de s’immerger plus rapidement que si nous les espaçons. Avec le même nombre de plombs, nous pouvons alors pêcher plusieurs veines de courant différentes sans avoir à le modifier constamment. Dans cette partie de constitution du bas de ligne, il est nécessaire d’avoir des plombs extra doux afin de ne pas blesser notre bas ligne lors des mouvements de nos plombs.
Dans l’exemple ci-dessous, nous partons sur une base de plombs de diamètre identique (numéro 6).
Le bas de ligne (1) est adapté à toutes les eaux de fort débit et pour pêcher rapidement proche du fond. C’est la présentation la moins naturelle mais il faut bien amener l’appât au poisson là où il se trouve… Le bas de ligne (2) est le plus polyvalent, il couvre la majorité des vitesses de courant rencontrées et permet d’utiliser tous les appâts cités plus haut. Quant au bas de ligne (3), celui-ci est adapté aux veines d’eau rapides mais en absence de vent et pour les appâts légers tels que la patache et le porte bois.
La pêche aux appâts artificiels
C’est une technique qui se développe depuis plusieurs années et pour la pratiquer depuis longtemps, elle permet de proposer aux truites des imitations de ses mets les plus intéressants pour elles. Pour bien pêcher avec cette technique, il est capital de connaître et de reconnaître les insectes aquatiques selon les périodes de pêche. En plus de ces connaissances en entomologie, le pêcheur doit bien assimiler les notions de dérive, de profondeur des postes et de vitesse du courant. Comme pour le toc traditionnel, trop lourd, nous nous accrochons tout le temps, trop léger, ça ne pêche pas non plus.
L’absolu dans cette pêche étant pour nous de ne pas avoir à plomber le bas de ligne en choisissant la bonne taille et le bon poids de l’imitation proposée. Dans cette pratique qui paraît singulière mais qui demeure très technique, nous devons effectuer des dérives naturelles pour prendre des poissons. Le choix de l’imitation est alors crucial puisqu’elle représente la plombée optimale pour dériver mais aussi l’appât qui intéressera le poisson.
Pour ce faire, les imitations peuvent aller de l’hameçon de 18 à 8 avec des corps plombés ou des billes en tête, idéalement faites en laiton et tungstène pour varier les grammages. Ici, il ne faudra pas confondre poids et densité sinon nous serons toujours trop lourd… Mais le choix du métal qui alourdi l’imitation permet de présenter des appâts de différentes tailles à la truite puisque le tungstène est presque deux fois plus lourd que le laiton. Nous pouvons donc pêcher avec une imitation en « hameçon 14 » en tungstène et la remplacer par une imitation identique en « hameçon 12 » en laiton qui permettra de présenter un appât plus gros mais de même grammage et qui dérivera de la même façon. Nous utilisons souvent des imitations de pêche à la mouche comme les nymphes et les noyées mais rien ne vous empêche de créer vous même vos propres imitations mais toujours sur des hameçons à œillet pour le côté pratique du montage. Les imitations quant à elles doivent correspondre aux insectes qui vivent dans la rivière et dans toutes les tonalités de couleurs existantes. Si nous doutons de notre choix, gardons à l’esprit que le vert, le marron, le jaune, le gris et le noir sont des couleurs naturelles incontournables !
Dans cette technique, nous nous apercevons aussi que la plombée est concentrée en un seul endroit contrairement à un bas de ligne traditionnel où la plombée est « parsemée », ce qui provoque une immersion bien plus rapide dans la hauteur d’eau. Nous sommes dès lors plus vite en place dans la veine d’eau pour pêcher et cela nous donne l’avantage de faire plus facilement les « coups » courts en dérive.
Faire le bon ferrage
Avec un appât vivant comme le ver de terre, le ferrage reste classique et même s’il est différé légèrement pour « X » raisons, le poisson pourra être piqué sur le bord de la gueule mais avec les appâts comme la teigne, la patache, le porte-bois, la patraque, la mouche naturelle, la sauterelle nous devons ferrer immédiatement à la touche. Vous me direz la touche c’est lorsque nous sentons le « toc » et bien pas du tout. La touche se manifeste toujours par un arrêt, un ralentissement ou une déviation, le « toc » ressenti est dû au déplacement du poisson…
Sur le même principe, la pêche avec les appâts artificiels ne peut s’arranger d’un ferrage retardé ou tardif. Nous sommes obligés de ferrer dès la moindre différence ou anomalie dans notre dérive sinon la truite recrachera en un clin d’œil l’imitation.
Pour conclure…
Au travers du détail précédent de ces deux techniques de pêche au toc, l’intérêt est de mettre en avant non pas leur différence mais au contraire leur complémentarité. L’objectif du pêcheur étant, en plus de passer un bon moment en pleine nature, de prendre du poisson. Maîtriser ces deux techniques là lui permettra de le faire et de façon régulière.