Lorsqu’au cours de nos pérégrinations sur Google Map nous nous amusons à zoomer sur les lacs des pays voisins, on peut sans conteste se dire que les Portugais ont de la chance. Leur territoire recèle un lac immense : Alqueva, un lac qui a accueilli votre serviteur pour une semaine de pêche l’année dernière.
Un peu de géographie et d’histoire
Alqueva, une immense pièce d’eau posée au sud du Portugal contre la frontière espagnole dans la région de l’Alentejo. Un lac qui dénote sur une carte par son gigantisme : 25 000 ha, c’est un peu plus de cinq fois la superficie de notre plus grand lac artificiel de l’hexagone, le Der. Ce lac de barrage sans égal en Europe est situé sur le cours inférieur du Guadiana et se trouve à environ 150 km de Lisbonne. Il est long de plus de 80 km et ses rives très découpées forment un linéaire de 1 200 km.
Un lac qui dénote sur une carte par son gigantisme : 25 000 ha
Le barrage à proprement parler a vu ses travaux démarrer en 1976 et ceux-ci ont été terminés en 2002, il a ensuite fallu attendre 10 ans pour que le lac atteigne son niveau maximal de remplissage.
Son histoire démarre en 1950 avec les premières études visant à favoriser l’irrigation des sols très secs de cette région ainsi que la production d’électricité au moyen d’une usine hydroélectrique. Ce barrage a failli ne jamais voir le jour puisque les travaux de fondation et d’infrastructures se sont arrêtés au bout de seulement deux ans avant de reprendre vingt ans plus tard. Les deux villes les plus importantes hormis le village d’Alqueva qui donne son nom au barrage sont Moura au sud du lac et Mourao à l’est. Ces deux cités possèdent une belle offre touristique et tout ce qu’il faut pour un agréable séjour en termes d’hôtellerie et de restauration. Le lac d’Alqueva bénéficie de l’influence du climat océanique avec une douceur et un ensoleillement important. Il subit un marnage très lent du fait de son volume d’eau qui s’élève à plus de 4 milliards de m³. Les herbiers s’y sont installés et prospèrent sur des zones qui sont encore assez restreintes mais qui ne peuvent que s’agrandir. Ce sont les potamots crépus et les myriophylles qui sont les deux espèces les plus présentes, celles-ci offrent gîte et couvert aux alevins et aux poissons blancs. Ces zones sont le royaume du black bass et sont désertées des sandres qui préfèrent les fonds rocailleux dégagés ou parsemés de troncs d’oliviers.
Qu’emporter pour son séjour ?
Si vous vous y rendez avec votre propre bateau il faut savoir qu’aucune immatriculation, outre la française, n’est demandée. Le Portugal semble considérer que si votre bateau est en règle dans son pays d’origine, il l’est donc aussi sur son territoire. Si, par contre, vous prenez l’avion vous serez limité niveau bagages, donc faites simples dans le choix de leurres avec pour le sandre des shads en coloris écrevisse et chartreuse entre 4 et 6 pouces, et des têtes plombées jusqu’à 25, voire 30 g. Prenez quelques spinnerbaits et quelques cranks pour le bass. N’oubliez pas un bon décroche leurre car le fond est souvent parsemé de bois noyés. Oubliez juillet et août pour les températures, les meilleurs moments pour le sandre sont en début et fin d’année mais avril et octobre sont parfaits pour associer pêche et beau temps.
La population piscicole
Alqueva est déjà bien connu à l’international pour sa belle population de black bass, deux compétitions mondiales s’y sont déjà déroulées et on ne compte plus les tournois annuels qui émaillent la vie du lac. Les portugais et espagnols sont férus de la pêche du diable vert et les sandres ne semblent pas les intéresser, c’est ainsi que ce percidé jouit ici d’une tranquillité qui ne sera mise à mal que lors de la présence des mâles sur le nid par les bassmen en recherche de bass de bordure. Si le black bass possède une période de fermeture c’en est autrement pour le sandre qui n’est absolument pas protégé lors de la saison des amours. Alqueva recèle quelques brochets dont la population ne fera que s’accroître au grand dam des amateurs de black bass qui ne les apprécient pas trop. On retrouve aussi en carnassier le barbeau comizo, ce fameux bagarreur tout en puissance et une variété de poisson chat nommé le channel catfish qui atteint de belles tailles. Les perches sont totalement absentes de ce lac ainsi que les silures. Chez les poissons blancs on retrouve les ablettes ibériques, les rotengles, les carpes et les perches arc-en-ciel. Le lac est aussi très bien peuplé en écrevisses de Louisiane qui représentent une importante source de nourriture pour les carnassiers. Elles sont si abondantes qu’elles sont pêchées au moyen de casiers par des pêcheurs professionnels qui les revendent localement dans les bars pour 3 euros le kilo.
La pêche du sandre
Presque totalement oublié des pêcheurs, le sandre s’est développé discrètement durant les 15 dernières années et est toujours en phase d’expansion puisqu’aux dires des locaux, certains secteurs en sont totalement dépourvus. Il atteint ici de belles tailles avec des poissons de 90 cm qui se font régulièrement prendre dans la zone située à proximité du barrage. Plus en amont la taille semble décroître mais si la moyenne est de 70/80 au sud, elle reste de 60 cm au nord du lac. Le sandre profite ici d’une abondante nourriture avec des eaux chaudes qui favorisent le développement du plancton et tout ce qui en découle. Les bancs d’ablettes sont immenses et très mobiles mais c’est surtout l’écrevisse qui reste la base de la nourriture du sandre. Quelques pêcheurs français ont essuyé les plâtres et ont fait de surprenantes constatations. C’est ainsi qu’en juin 2019, les sandres se tenaient entre 20 et 25m de fond, surprenant pour la période estivale. Pour autant il semble que les sandres suivent la profondeur d’évolution des écrevisses et ceci a été vérifié par la présence de nombreux casiers de professionnels à cette profondeur. Bien entendu on ne peut faire généralité d’un cas et quelques poissons ont été pris à cette même période dans la zone des 10m, des poissons de 60 cm en recherche de vifs alors que les plus gros sandres se remplissaient la panse d’écrevisses de Louisiane. Etant donné la dynamique de population des sandres avec une pyramide des âges parfaite on peut raisonnablement penser que la population piscicole maximum de ce percidé ne sera atteinte que dans plusieurs années et qu’on a devant nous plus de dix ans fastes pour la pêche du sandre.
Technique de pêche du sandre lusitanien
C’est une pêche près du fond comme la verticale ou la pêche à gratter qui est le plus efficace sur le sandre. Bien entendu la verticale reste la pêche reine en toute saison mais la pêche classique à gratter sur les tombants est aussi très efficace. Si en France pêcher par 20m de fond le sandre peut sembler une hérésie à cause des accidents de décompression, ici ils semblent bien moins en souffrir et sur plus de 50 poissons pris à plus de 20m, deux seulement auront eu à souffrir de ce problème et en mourront. La pêche pouvant se dérouler assez profondément il sera pertinent de s’équiper de têtes plombées de 10 à 30g pour la verticale et de 10 à 20g pour la pêche à gratter. Les sandres pouvant être aussi chipoteurs qu’en France, des hameçons voleurs gagneront à être installés sur vos shads pour contrer les touches courtes que peuvent faire ces poissons.
Concernant la pêche à gratter, elle se pratiquera avec une canne prévue pour le leurre souple, c’est à dire d’une action assez fast afin de bien détecter les touches à distance. Il faut pêcher les hauts fonds qui parsèment ce lac ainsi que les tombants qui abritent souvent des sandres en poste. Les shads mais aussi les grubs sont parfaits pour cette technique, pas besoin de triple voleur car l’attaque sur le leurre en mouvement est plus franche qu’en verticale.
On citera aussi la pêche en pélagique avec de beaux poissons suspendus au milieu de nulle part qui restent très réceptifs à un beau finesse placé sous leur nez grâce au sondeur. L’idéal est de plomber assez fort pour une descente rapide de la couche d’eau puis de s’arrêter juste au-dessus du poisson afin de l’agacer au maximum. Ces sandres suivent souvent les bancs d’ablettes et il peut être fort judicieux de jeter un leurre au milieu du banc pour créer un mouvement de celui-ci et ainsi réveiller un carnassier patrouilleur placé juste en dessous.
Et la pêche du bass ?
Très présent sur Alqueva le black bass se tiendra souvent près des oliveraies noyées, près des herbiers ou sur les pointes de hauts fonds. Comme il est pêché des locaux il reste assez méfiant néanmoins entre deux passes en verticale au sandre on peut s’amuser à pêcher le bass au leurre dur. Ici les jerkbaits minnows, les spinnerbaits et les stickbaits fonctionnent très bien sur notre achigan à grande bouche. Attention toutefois aux dates de pêche car il est interdit de le pêcher entre le 15 mars et le 15 mai, outre ces dates la maille du bass est de 20 cm sur Alqueva.
Pêcher Alqueva c’est un grand saut dans l’inconnu mais le dépaysement et la densité de poissons valent le déplacement. Qui plus est la gentillesse des portugais et la douceur de la météo ne peuvent qu’être un plus.
Un guide pour réussir son séjour
En passant par un guide de pêche bien installé comme l’est Pascal Besson et sa société Alqueva Predator Fishing, vous vous assurerez un séjour réussi. Vous pourrez louer un bateau moderne et équipé d’électronique dernier cri. Ses prestations ne s’arrêtent pas là puisqu’il s’occupera aussi et de vous trouver un hébergement au top sur place et surtout de prendre vos permis, chose très compliquée lorsqu’on ne connaît pas les ressorts de l’administration locale. Son activité principale reste le guidage et une journée de guidage avec lui est presque indispensable pour vous faire gagner de nombreuses heures de prospection sur cette mer intérieure.
Contact : https://alqueva-predator-fishing.com/