La pêche en sèche en cette période de mars-avril est sûrement l’une des plus compliquée pour les pêcheurs. Les éclosions sont rares et sporadiques, et lorsque nous les trouvons tout se joue sur le choix de l’imitation et la qualité de dérive de celle-ci. Sommes-nous déjà prêts ? Regardons ensemble.
La pêche en sèche est, ne nous voilons pas la face, une technique de pêche à la mouche qui ne s’utilise que peu de temps sur une saison. Quelques heures dans les meilleurs moments et quelques minutes avec de la chance dans les mauvais. Pour réaliser une pêche correcte nous devons avant tout comprendre comment se passe le phénomène d’émergence des insectes. Viendra ensuite notre décision sur le choix de l’imitation.
La vie des insectes
Nous pourrions faire dix pages avec une famille d’espèces mais ici, nous aborderons l’essentiel, ce qui est valable pour toutes les espèces et toutes les périodes de l’année. Un insecte aquatique doit, pour exécuter sa métamorphose de la larve vers l’adulte volant, se trouver dans les meilleures conditions, c’est à dire : une maturité physique liée elle-même à sa croissance et aux facteurs lui ayant permis d’arriver à terme – la température, la nutrition, l’oxygénation du cours d’eau –, et un degré correct d’hydrométrie de l’air ambiant. En définitif, pas grand chose si ce n’est que l’insecte ne doit pas geler ou sécher lors de sa sortie de l’eau auquel cas il mourra.
Heureusement la nature a bien fait les choses puisqu’elle a doté plusieurs familles d’insectes de différents preferendum thermiques et de vie, ce qui nous donne alors des séquences d’éclosions sur la quasi totalité de l’année, en dehors des grands froids et des grandes chaleurs.
Les insectes de Mars-avril
Peu nombreux, ils ont alors toute notre attention, nous retrouvons souvent 3 familles ou genres distincts et faciles à reconnaître. Ce sont les Chironomidés, les Rithrogena et les baetidés. Les premiers sont les petits insectes noirs, gris ou olives foncés qui ressemblent à des moustiques et qui virevoltent aux heures chaudes et en grande quantité. Les seconds sont des éphémères de grandes tailles avec 4 ailes brunes aux détails de vitraux, 2 grandes antérieures et 2 petites postérieures, et sont généralement de couleurs marron et marron olive très foncé. Le pêcheur à la mouche les appelle : March Brown. Les dernières sont les baetis dont la taille est plus petite que les Rithrogena et l’insecte ne présente qu’une paire d’aile visible légèrement grise puisqu’encore « chargée » d’eau (la seconde paire postérieure étant atrophiée et visible qu’avec une bonne loupe). Ces insectes là sont appelés Olives par les pêcheurs.
Les imitations et leur choix
Après une observation succincte de ces insectes au bord de l’eau, ce qui est facile car nous les trouvons dans les bordures calmes de la rivière ; il nous suffira de les monter ou de les acheter. Nous pensons qu’il est préférable de les acheter pour des raisons évidentes de qualité de montage, de solidité et de fidélité des teintes. Pour ma part j’emploie les mouches d’une grande maison réputée pour sa superbe collection, les Mouches Devaux. Nous devons nous équiper des modèles à flottaison haute et à flottaison basse. Les premières sont les mouches à hackle* et les secondes sont les mouches no hackle*.
Les mouches à hackle figurent l’insecte final prêt à s’envoler alors que les no hackle représentent ceux qui commencent à sortir de l’eau souvent encore englués par leur dernière mue. En dehors des couleurs la taille de l’hameçon est capitale puisqu’elle donne la dimension de l’insecte. Combien de fois avons nous vu des pêcheurs passés à côté d’une magnifique pêche parce que les poissons ne prenaient que des insectes plus gros ou plus petits que la taille présentée… Le but est de se faire plaisir et il nous apparaît incohérent de ne pas avoir plusieurs tailles. Observons le tableau suivant et tenons compte des longueurs d’hameçons qui sont du 1 X ou 1,5 X, ce qui peut bien sûr, avec le 1,5X augmenter la taille du corps.
Chironomes | rithrogena | baetis | |
Tailles d’hameçons | 22 – 20 – 18 | 12 – 14 | 14 – 16 – 18 |
La dérive de la sèche
A l’instar de toutes les précautions prises par le pêcheur comme le diamètre du fil adapté, la position vis à vis du poisson, la gestuelle ; la dérive compte autant que le choix de la mouche. Une dérive qui s’exécute en travers des différentes veines de courants sera toujours une dérive ratée puisqu’elle est amenée à draguer et donc la mouche présentée apparaîtra comme un piège pour la truite… Retenons : une veine d’eau = une dérive.
Définition *
- Hackle : cette partie de la mouche est en fait une collerette de plume de coq simulant les ailes de l’insecte qui a la particularité de faire flotter haut sur l’eau la mouche.
- No hackle : cela représente les mouches qui possèdent une « aile » en plume de cul de canard, de poils de lièvre ou encore de chevreuil. Ces imitations flottent très bas sur l’eau voire le corps collé dans la fine pellicule de surface.