A la recherche des plus grands brochets : Maxime Flageollet

Le brochet est le poisson français qui semble le plus fasciner les pêcheurs en eau douce depuis des dizaines d’années. Et forcément les plus gros brochets, les plus rares et les plus impressionnants sont toujours le sujet de conversation numéro 1. A ce propos en s’intéressant aux résultats des pêcheurs français, on s’aperçoit rapidement que certains confrères survolent largement et ont un album photo amplement au dessus de l’ordinaire.

Pour démontrer que l’on peut avoir des résultats bluffant même sans aller à l’étranger ou au lac Léman, mais en pêchant dans les mêmes eaux que la plupart des autres pêcheurs français, j’ai voulu recueillir les témoignages des plus grands spécialistes de la recherche de grands brochets en France. Dans tous les numéros un pêcheur ciblant spécialement ces grands poissons dévoilera ses méthodes, matériels et approches. Nous risquons peut-être la répétition, mais justement si au fil de ces articles des éléments sont répétés, cela sera un point déterminant ! Et vous pourrez sans aucun doute vous en inspirez pour vos propres pêches.

Voyons ce mois-ci Maxime qui a eu la gentillesse de répondre à ces 15 questions qui englobent son approche. S’il ne collectionne pas des dizaines de géants, les milieux qu’il fréquente particulièrement difficiles et ses résultats réguliers font qu’il sort du lot. Et si nous devions parier sur la personne la mieux placée pour un jour sortir un véritable grand brochet record d’un lac vosgien, ce ne serait pas peut-être pas bête de mettre quelques billes dessus !

1/ Peux-tu te présenter ?

Maxime FLAGEOLLET j’ai 36ans et habite sur les hauteurs deGérardmer dans les Vosges. Après des études de comptabilité-gestion et quelquesexpériences dans le domaine, j’ai décidé de devenir gérant d’une boulangeriepâtisserie artisanale dans un petit village de montagne depuis maintenant plusde 10 ans. Ayant grandi au contact de la nature et pêchant depuis tout petitles truites des ruisseaux vosgiens, j’avais besoin de revenir dans ma région etfuir cette vie urbaine qui ne me correspondait pas et me rendait malheureux.

2/Comment en es-tu venu à te concentrer principalement sur la recherche des très grands brochets ?

C’est assez récent, puisque mon itinéraire professionnel m’aéloigné des lacs et des cours d’eau pendant plusieurs années. Dans l’artisanaton ne compte pas ses heures et il a fallu quelques années pour pouvoir délégueret enfin me libérer quelques après-midis pour retourner au bord de l’eau.

La démocratisation des sondeurs, l’apparition des moteursavant et autres matériels casting, ont rapidement suscités mon intérêt.L’opportunité d’aborder mes lacs autrement et d’en percer les mystères a générérapidement en moi une profonde addiction. Le brochet reste pour moi le roid’eau douce, c’est naturellement vers lui que j’ai orienté principalement mesrecherches, transporté par les rêves de brochets géants que les récitshalieutiques des grands noms de la discipline me donnaient à contempler.

3/ Quel est ton palmarès en grands brochets ?

Durant ces 5 années j’aurai capturé 4 poissons de plus de110cm avec à coté un joli nombre de poissons métrés. Mon plus grand poissonrestant un brochet de 123cm capturé à l’âge de 14ans pendant des vacances avecmes parents. Un palmarès assez faible puisqu’en grande partie très récent etlié aux lacs que je pratique. Mais il a cependant rapidement évolué ses deuxdernières années, où j’ai davantage pu disposer de temps pour pratiquer mapassion. Avec durant cette saison 2019 un poisson mesuré à 117,5cm ainsi que 4métrés dans quatre lacs différents, en échouant seulement à 2cm pour le 5èmeque j’aurai décidé de pêcher. Un petit challenge personnel qui me permet jepense de davantage progresser dans mes approches et d’essayer de comprendretoujours plus ces poissons d’exception.

4/ Quel est ton terrain de jeu favori pour traquer ces poissons ?

Je pêche principalement des lacs de 1ère catégorie ouverts 6mois dans l’année, des lacs assez sauvages qui ont tendance à abriter desbrochets exceptionnellement gras. Les déversements de plusieurs tonnes detruites y compliquent grandement la pêche mais nourrissent des brochets quel’on ne trouve que dans ce genre de biotope.

Lorsque ces derniers sont fermés je vais jeter mon dévolusur un lac de barrage plutôt que sur un plan d’eau trop lisible et souventsur-pêché. Je reste très sensible à la beauté de l’endroit et des poissonsainsi qu’à l’aspect complexe de l’approche, j’aime la sensation de plénitude quiaccompagne les pêches pélagiques et c’est pourquoi je privilégie les pêches enbateau et en lac. Hormis dans certains fleuves, le potentiel en brochets géantsrestant je pense supérieur en lacs que dans les autres biotopes, c’estégalement pour cette raison que je me dirige vers ce genre de destination. J’ainéanmoins conscience que cette pêche très sélective peut ne pas plaire à toutle monde, d’autant que nous n’avons pas tous des régions nous permettant dechoisir des lieux de pêche différents et il faudra parfois faire plusieurscentaines de kilomètres pour pratiquer en lac.

5/ Combien de temps y consacres-tu par an ?

Très pris professionnellement je ne dispose malheureusementque très rarement de journées entières à consacrer à ma passion. Je pêche avanttout quand j’ai le temps sur un rythme en moyenne d’un à deux après-midis parsemaine. La sur-fréquentation touristique du mois d’août m’éloigne égalementdes lacs, même si ces derniers sont plutôt en altitude et gardent une relativefraîcheur l’été la pêche des grands brochets demeure risquée. Les écarts detempérature entre l’eau et l’air ainsi qu’entre les différentes couches d’eauétant très importants certains poissons risquent de ne pas repartir.

6/ Quel est pour toi la meilleure période pour les brochets géants ?

Le printemps et le début de l’automne, mai/juin etseptembre/octobre sont pour moi les meilleures périodes pour capturer unbrochet géant. En début de saison après la reproduction les gros individus vontrester plus ou moins longtemps sur les plateaux herbeux peu profonds ou sur lesbordures. L’eau s’y réchauffant plus vite ils y trouvent un réel confortthermique qui favorise leur métabolisme et vont leur permettre de reprendreplus rapidement des forces après la fraie. Affamés et facilement localisablesc’est une bonne période pour espérer les déclencher. La reproduction desamphibiens et la fraie des autres espèces de poissons vont terminer de fixerces grands brochets qui finiront par déserter ces zones à l’arrivé despremières chaleurs. Le poisson fourrage va alors commencer à se disperseremportant avec lui la plupart des grands poissons. C’est le moment le plusdifficile pour localiser les brochets, puisqu’ils peuvent finalement êtrepartout, leur zone de confort s’étendant désormais sur l’ensemble du lac.

C’est le moment le plus difficile pour localiser les brochets

A la fin de l’été avec la baisse des températures le poissonfourrage se regroupe sur les plateaux profonds et sur le haut des cassures avecsouvent derrière eux de grands poissons, il est alors à nouveau plus facile deles localiser et d’essayer de les pêcher. C’est aussi une période de regaind’activité bien connue pour les carnassiers qui cherchent à faire des réservespour l’hiver. Ils en auront bientôt besoin pour produire des œufs en vue de laprochaine reproduction. Enfin l’hiver reste une période très aléatoire, oùl’activité des poissons est souvent réduite au minimum. Il est toutefoispossible de capturer de très jolis poissons, à la morphologie souvent flatteuse.Gonflées d’œufs les grandes femelles obligeront toutefois au pêcheur de fairetrès attention à ses manipulations.

7/ Quelles autres pêche pratiques tu, qu’y as-tu appris qui te sert pour les grands brochets ?

Comme je pêche le brochet exclusivement en bateau, jeréserve davantage mes pêches itinérantes à la pratique de la pêche à la truiteau leurre. C’est pour moi le poisson le plus sympa à pêcher de la sorte et j’aila chance de disposer de plusieurs rivières aux profils variés pour m’y amuser.J’ai appris gamin les rudiments de la pêche au toc avec mon papa dans le petitruisseau qui jouxte la maison. Depuis j’ai privilégié des approches au leurreou à la mouche qui me donnent plus de sensations, mais il faut admettre que cefût un formidable apprentissage pour la suite. Sentir, contrôler et visualiserune esche que l’on voudrait voir dériver le plus naturellement dans le courantm’a beaucoup aidé plus tard à situer et comprendre l’évolution de mes leurresdans les différentes couches d’eau. Un léger passage à la carpe pendant monadolescence m’aura fait prendre conscience à quel point en lac les poissonsétaient en mouvement et de ce fait qu’il était primordial de connaîtreparfaitement la nature et les reliefs des fonds pour pouvoir chercher à anticiperleurs déplacements. Je pêche assez peu les percidés surtout par manque de tempspour en faire des sessions dédiées, car finalement sur l’eau je n’aime pas tropm’éparpiller.

8/ Quel type de leurres préfères-tu ?

Pour moi il n’y a pas de leurre miracle. Selon la saison, lepositionnement des brochets est différent, et je vais chercher à utiliser desleurres qui travailleront le plus longtemps possible dans la couche d’eau où jeles imagine en majorité positionnés.

Par exemple en début de saison je m’orienterai davantage surdes pêches aux gros leurres souples montés en montage shallow ainsi que surl’utilisation de gros spinners et jerk silencieux. J’ai un faible pour lesgliders dans leur plus grosse version comme le Salmo Slider ou le Rafal de Biwaa.Très polyvalents ils peuvent être récupérés de plusieurs manières et l’on peutau cours d’un même lancer essayer de s’adapter pour déclencher des attaques surdes poissons de printemps souvent très suiveurs. Les gros swimbaits peuventdonner également de bons résultats en début de saison surtout si la densité duleurre peut lui permettre de faire de longues pauses ou même de les jerker.

La saison estivale marque souvent le début des pêches encranking et des pêches en tractions. Les grands poissons vont commencer à sediriger vers la pleine eau, il est alors important de ratisser le plusefficacement possible ces vastes zones de tenue. C’est la saison ou on « ponce» comme on dit dans le jargon ! J’ai un faible pour l’utilisation del’Esox Toy dans ses conditions, il va permettre une pêche en traction qui ferase déplacer les brochets de très loin en exploitant toute la couche d’eaudisponible. J’aime aussi utiliser les shads qui tirent peu comme le Ripple Berkleyet Nitro shad Illex qui restent des excellents shads à utiliser en animation eten traction. Ils permettent aussi une éventuelle présentation rapide enverticale sur des échos très décollés comme c’est souvent le cas à cettepériode.

Plus la fin de saison approche et plus il faudra pêcher lentement,et de plus en plus profond. J’emploie alors plutôt des shads à forte caudale (ReplicantFox Rage, Shad GT Delalande, Dexter shad Illex) car cela va me permettre decesser à tout moment ma récupération quand je pense que je m’écarte un peu tropde la couche d’eau intéressante et d’amener lentement le leurre à travaillerjusqu’au fond. Cette animation est également possible avec de gros grubs afinde varier et d’adapter la vibration à l’humeur des poissons. En règle généralej’utilise tout au long de l’année des leurres entre 18 et 30cm à l’exceptiondes jerks caractéristiquement plus petits afin de sélectionner le plus possibleles gros sujets.

 9/ Quels combos utilises-tu ?

Je privilégie l’utilisation de cannes casting puissantes qui permettent de lancer et récupérer de gros leurres plus efficacement et sans trop se fatiguer. Des cannes avec un grand talon comme la gamme des Meter Over de chez Hearty Rise ou Terminator de Fox rage. J’ai également eu l’occasion de tester les Volatiles Pike Abu Garcia et la Swimbait de chez Savage Gear qui sont aussi des cannes très bien adaptées, il en existe désormais beaucoup sur le marché. Trop encombrantes pour une utilisation en Float-tube je préfère la gamme des Sainte Croix qui possèdent un talon plus court. Les ratios de moulinets devront être adaptés en fonction des leurres et de leurs utilisations. Là aussi beaucoup de références sur le marché, je suis assez fidèle à Abu Garcia est ses Revo Beast, mais Daiwa, Shimano, Lew’s ou encore Okuma proposent également de supers produits. On emploiera plutôt des ratios faibles pour des pêches lentes ou en cranking, et à l’inverse des ratios élevés pour les pêches en traction ou au jerk, J’utilise au minimum une tresse de 27 centièmes car les lancers appuyés avec des leurres lourds auront tendance à vite abîmer cette dernière. Malgré les eaux claires de mes lacs de montagne je n’emploie plus de bas de ligne discrétion afin de ne pas fragiliser davantage la ligne.

Malgré les eaux claires de mes lacs de montagne je n’emploie plus de bas de ligne discrétion

Je n’ai pas remarqué une différence en nombre de touches, mêmesur les pêches de traction où je choisi également d’utiliser une tresse coloréeafin de pouvoir bien la visualiser lorsque ma bannière est détendue. Je fini parun grand bas de ligne d’environ un mètre en fluoro 90 minimum que je viendraifixer à un émerillon baril équipé d’un anneau brisé pour accrocher le leurre.Un long bas de ligne permettra en cas de touches de n’avoir qu’à supprimer lapartie abîmée. Lorsque vous êtes en plein créneau d’activité ce n’est vraimentpas le moment d’avoir tout à remonter.

10/ Quels accessoires te sont utiles spécifiques à cette pêche ?

Je pêche presqu’exclusivement le brochet en bateau, ilm’arrive parfois d’utiliser un float tube quand je n’ai pas la possibilité demettre mon bateau à l’eau ou trop peu de temps pour l’utiliser.

Les possibilités sont plus importantes depuis uneembarcation même si cela demande d’avantage de logistique.

Je n’utilise que très peu mon échosondeur en début de saisonpuisque les poissons sont sur des zones facilement identifiables, je surveilleuniquement la bathymétrie pour placer le bateau. C’est le moment où il estpréférable de regarder son leurre plutôt que le sondeur. Pour cela des lunettespolarisantes permettront de détecter la présence d’un poisson suiveur etd’essayer de déclencher volontairement son attaque. Très utiles pour visualiserla tresse sur les pêches en traction elles me sont indispensables tout au longde l’année. L’échosondeur sera réellement utile plus tard pour suivre ledéplacement des poissons, même si j’avoue que lorsque l’on connaît bien son lacon ne l’utilise finalement plus que pour se placer et se rassurer.

Disposer d’un moteur avant permet de contrôler précisément leséventuelles dérives et ancrages du bateau et laisse ainsi plus de place à lapêche surtout en cas de vent. Des conditions météorologiques à ne pas négligerdans la traque des géants.

L’utilisation de longues pinces, et d’une bonne pincecoupante pour décrocher ou couper sereinement un hameçon profondément ancrésont indispensables pour la sécurité du pêcheur et celle du poisson.

Une épuisette avec ungrand manche, large et profonde permettra de laisser le poisson se reposeraprès la capture et avant un éventuel passage devant l’objectif. Un tapis demesure que l’on prendra soin d’humidifier est préférable pour éviter d’avoir àposer le poisson sur la moquette si l’on veut rapidement le mesurer.

En plus du matériel classique obligatoire de sécurité, il estbien de disposer de pansements et d’un nécessaire médical permettant quand onest loin de tout de pouvoir se soigner et continuer sa pêche…

11/ Quelle technique, approche, stratégie, penses-tu est la meilleure pour cette pêche ?

L’important reste je pense de savoir s’adapter à la positiondes poissons qui évolue tout au long de l’année, et ainsi d’essayer de proposerun leurre qui dans sa façon de travailler, sa vitesse et sa profondeur de nagesera le plus adapté à la position prévue et à l’humeur des poissons. J’aicommis l’erreur de croire qu’un shad pourtant très polyvalent pouvait faire leboulot dans toutes les situations si peu qu’on lui mette le bon grammage, unegrave erreur qui me coûtera en 2015 ma plus mauvaise saison sans aucun métré.

une grave erreur qui me coûtera en 2015 ma plus mauvaise saison sans aucun métré

J’essaye également de proposer des leurres aux vibrationsdifférentes en prenant soin de varier leurs tailles et leurs couleurs. Avec letemps on arrive à trouver des tendances qui fonctionnent plus ou moinsrégulièrement sur lesquelles on peut s’appuyer, mais c’est toujours un atoutque de posséder 2/3 combos montés différemment pour essayer d’autres chosesrapidement. 

Certains vont choisir un secteur qu’ils vont pêcher toute lajournée en attendant un éventuel créneau d’activité, d’autres feront de trèslongues dérives jusqu’à trouver un secteur productif en battant un max deterrain. Ma stratégie est plutôt d’isoler en règle générale 3/4 secteurs trèsdifférents ou relativement similaires, selon si je connais le lac et lepositionnement des poissons. Puis d’effectuer plusieurs passages sur lesdifférents spots sans jamais trop les matraquer. Je ne saurais dire laquelleest la plus adaptée mais cela m’a permis parfois d’isoler des heures précisessur des endroits précis où ont démarré une certaine activité et de pouvoir levérifier et le reproduire sur d’autres journées. Je ne dispose pas du matérieldernier cri en termes de détection, mais un court passage avec mon side imagingsur les zones au préalable me permet souvent de prendre des informationsrapidement et de décider ou non de les pêcher. Les grands brochets restantstout de même des poissons exceptionnels il faut accepter une part de réussitequi est grandement déterminé par l’importance du cheptel.   

12/ Quels postes ou secteurs sont tes préférés ? Comment les abordes-tu ?

Je pêche rarement les bordures et les postes visibles assezmarqués hormis en début de saison, en revanche connaître les différents plateaux,les cassures, les pointes et les zones d’herbiers est primordiale dans larecherche des géants. J’ai il y a 3 ans créé la bathymétrie de mes lacs et j’aidepuis pu apporter beaucoup de réponses à mes interrogations et même suivre ledéplacement de brochets que j’ai eu la chance de capturer plusieurs fois. Commeje l’ai dit précédemment en lac cela varie en fonction des saisons, les grandsbrochets vont chercher à suivre le poisson fourrage tout au long de l’année,les postes à privilégier seront donc principalement les zones qui retiennent lanourriture et un optimum de température à un certain moment de l’année. C’estle cas pour une majorité de brochet mais comme tout à chacun nous n’avons pastous les mêmes comportements, il faudra parfois ne savoir négliger aucune piste.Les grands brochets ne sont souvent pas là par hasard et il n’est pas rare d’enretrouver d’autres dans de mêmes configurations. Quoi qu’il en soit les touchesne seront pas nombreuses et il faudra généralement faire preuve de beaucoupd’abnégation pour capturer un grand poisson.

13 / Quelle est la conséquence de ces stratégies sur ton nombre de touches et d’éventuelles bredouilles, et comment gères-tu cela ?

C’est vrai que l’on prendrarement des rafales de touches en procédant de la sorte. Mais comme il s’agitavant tout d’un choix, je l’assume plutôt bien. Mon passé d’ancien sportifamateur et l’endurance dont je fais preuve au quotidien dans mon travail m’ahabitué à ne jamais rien lâcher. Je pense qu’il faut savoir au départ si onpréfère faire beaucoup de touches avec de temps en temps un gros poisson ouattraper régulièrement des gros avec parfois quelques poissons plus petits.Chaque partie de pêche est souvent différente mais il y a toujours des leçons àtirer même des plus mauvaises. Cela ne reste néanmoins que de la pêche. Il fautaussi savoir relativiser pour que d’autres choses plus vitales n’en soient pasaffectées.

14/ Raconte-nous la prise de 2 poissons record qui t’ont marqué.

Je ne garde pas un super souvenir de mon plus grand brochet,puisqu’il a été prit il y à longtemps déjà, capturé dans un lac de barrage enpêchant à la traîne. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte, àcette époque nous n’avions que du matériel rudimentaire et beaucoup de mal àtrouver des leurres adaptés, il fallait souvent parcourir le rayon mer des trèsrares magasins pour trouver des poissons nageurs de tailles respectables, lesleurres souples n’en étaient alors qu’à leurs balbutiements. Une techniquetoutefois redoutable pour capturer un grand brochet, très utilisée danscertains pays, je n’y ai pourtant plus recours aujourd’hui, lui trouvant unaspect nettement moins gratifiant.

Sinon j’ai eu la chance de capturer assez rapidement unpoisson de 106cm puis un autre de 113cm durant la première année ou j’ai décidéde m’investir dans cette nouvelle approche. Un grand brochet pris à la sortiede l’été au plein milieu d’un vaste plateau profond d’une dizaine de mètres. Ilaura saisi mon shad quelques secondes après son entrée dans l’eau, prouvant unefois de plus leur tendance à être parfois très éloignés et très décollés àcette période de l’année. Un poisson vraiment important puisqu’il viendra meconfirmer l’efficacité de cette pêche de recherche sur les grands sujets. Trèspuissant et très coloré il a marqué le début de mon addiction pour les brochetslacustres de 1ère catégorie.

15/ Comment vois-tu cette traque à l’avenir en général ?Quelles eaux te semblent avoir du potentiel, quels matériels, techniques ?Toi, quel est ton projet à l’avenir pour cette pêche ?

Il y a eu beaucoup d’innovation ces dernières années, lapêche au leurre n’a pas cessé de progresser, alors qu’en contrepartie lesmilieux où s’exercer semblent de plus en plus menacés.

L’enjeu majeur sera je pense d’essayer de protéger au mieuxla population de brochets par des mesures fortes et adaptées, commel’instauration de périodes de No-kill et des fenêtres de captures afin demaintenir en France une population suffisante de géniteurs rendant possible etpérenne la pêche de cette espèce. Nous aurons beau progresser dans la techniquecela n’aura que peu de bénéfices si le brochet fini par s’éclipser de nos eaux.Notre passion n’est pas neutre et la menace en France de certaines associationsdevront nous obliger à faire attention à la notion d’anthropomorphisme et ainsigarder un sens et une éthique à notre pratique.

Déjà géographiquement irrégulière en termes de cheptel laFrance possède malgré tout encore quelques lieux de pêche sympas plus ou moinsbien protégés. Il y a fort à parier que sans une unité dans la réglementationces inégalités ne feront qu’augmenter, ce sera au pêcheur de s’adapter etsavoir se diriger vers des destinations qui pourront lui offrir les gains d’unegestion piscicole raisonnée.

Se diriger vers des destinations qui pourront lui offrir les gains d’une gestion piscicole raisonnée

Dans ce contexte halieutique incertain mes projets risquentd’être nombreux, à l’aube d’un changement de vie mûrement réfléchi j’ai plusque jamais envie d’aller jusqu’au bout de ma passion. L’opportunité de pouvoirdavantage me déplacer et de me libérer comme de pouvoir passer enfin de longuesjournées à pêcher donneront sans doute une autre dimension à ma recherche desgéants. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et à découvrir, d’autresprojets suivront mais il est à l’heure actuelle encore trop prématuré de vousen parler.

Un grand merci Maxime, et rendez-vous au prochain numéropour découvrir les réponses d’un autre spécialiste des grands brochetsfrançais !

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