Si je vous dis que pour moi, il n’existe que deux grandes façons d’animer un leurre pour capturer régulièrement des sandres vous allez sans doute me prendre pour un doux rêveur ! Mais si je vous explique que ces deux animations basiques doivent être savamment ponctuées d’une multitude de mouvements supplémentaires et même parfois d’absence totale de soubresauts, je suis certain que nous sommes maintenant sur la même longueur d’onde…
Que votre leurre coulant soit dur ou souple, l’animation la plus évidente et la plus simple à mettre en œuvre consiste à envoyer celui-ci près de la tenue des sandres, lui laisser le temps de toucher le fond puis d’entamer une récupération régulière à l’aide du moulinet. C’est ce que l’on appelle la pêche en linéaire. Elle peut se pratiquer avec des leurres durs ou souples même si elle est plus commune avec la première catégorie qui rassemble des leurres plus ondulatoires. Le pêcheur devra stopper régulièrement sa prospection afin que le leurre garde un contact prolongé avec le fond, dans le cas du sandre qui nous intéresse ici, ce facteur est primordial. Si vous prospectez une sablière en pente douce, les pauses seront courtes mais si la pente est importante avec de grosses cassures, les stops seront allongés afin que le leurre garde la proximité du fond dans son déplacement linéaire. Dans cette méthode de prospection presque simpliste, je maintiens toujours ma canne à un angle de 30 et 40 degrés par rapport à la surface de l’eau. Celui-ci pourra être augmenté, si les fonds comportent de grosses déclivités qui sont des repères à sandres. Si vous pratiquez régulièrement de la sorte, vous avez sans doute noté que les sandres attaquent bien souvent le leurre au moment de sa descente, et la touche est souvent visualisée directement sur la tresse sans avoir ressenti le moindre toc dans la canne que vous aurez choisie parmi les plus sonores du marché. La faible tension de la bannière dans cette animation favorise aussi largement l’aspiration du sandre et donne des prises plus sûres car le carnassier a plus de facilité à aspirer le leurre sans sentir directement le piège. Si vous avez beaucoup de chance, vous prendrez peut-être certains jours de jolis sandres, simplement en pêchant de la sorte, ce que je vous souhaite de tout cœur. La seconde manière de rendre attractif son leurre consiste une fois que celui-ci a touché le fond, à récupérer la bannière pour prendre contact puis à positionner sa canne de manière presque horizontale. Le pêcheur va ensuite relever sa canne ce qui va avoir pour effet de bien décoller son leurre du fond. Lorsque la canne arrive à environ 60 degrés, le mouvement est arrêté net mais il faut accompagner minutieusement la descente du leurre que l’on va doucement soutenir en cas de touche. Cette phase est souvent décisive car il faut être capable de bien sentir le leurre sans pour autant le brider afin de déclencher un bon ferrage en cas de touche ! Dès que le leurre côtoie à nouveau le fond, il convient alors de mouliner afin de retendre la bannière qui doit être parfaitement contrôlée. Cette animation simple doit être reproduite à l’infini. Bien souvent les touches sont parfaitement ressenties dans le poignet qui commande en fait toutes les opérations contrairement à la pêche en linéaire où la vitesse de récupération du moulinet sert de base de prospection.
Un tempo de DJ pour animer son leurre pour le sandre !
Nous venons ici d’énoncer les deux animations qui vont constituer la base de la pêche au leurre artificiel. Naturellement, au bord de l’eau, si rien ne se produit en procédant de la sorte, c’est bien évidemment un mixe des deux avec le bon tempo (les DJ ont un avantage) qui sera l’animation qui carbure le jour J ! Il est souvent bon de lancer son leurre quelques mètres au-delà du poste, une petite récupération au moulinet afin d’approcher le leurre du point chaud, puis on enchaîne avec quelques animations du poignet près des cassures, des troncs d’arbres et autres cailloux et blocs présents sur le poste. Lorsque la ligne sort de la zone favorable, reprendre la récupération au moulinet est une bonne idée et c’est parfois ce qui déclenche la touche. Certains pêcheurs me diront que la pêche en « verticale » est bien loin de ces deux phases schématiques d’animation, je pense pour ma part que c’est tout simplement l’épuration maximum de la seconde méthode d’animation décrite plus haut. En effet, il n’est pas nécessaire de lancer, il suffit simplement de laisser descendre le montage à l’aplomb du bateau ou de votre float-tube. La canne est alors positionnée au raz de la surface, le pêcheur décolle la monture, marque un temps d’arrêt et reprend le contact avec le fond en accompagnant la descente, bannière tendue. Certains jours comme je l’ai vécu récemment dans le Rhône, c’est seulement le courant qui anime la queue du Shad (Long Horn Salt&Pepper 130) qui déclenche la touche des sandres. Inutile d’animer le leurre, il faut se contenter de le maintenir au raz du fond sans bouger ! C’est plutôt crispant, difficile mais le jeu en vaut largement la chandelle dans les secteurs où les sandres connaissent bien la musique ! J’ai aussi noté que la majorité des attaques avaient lieu pendant l’arrêt et la phase descendante de l’animation, je vous conseille donc de garder la ligne parfaitement verticale, ce qui n’est pas très simple lorsque le vent est de la partie sur de grands plans d’eau. Certaines touches infimes peuvent être visibles sur la tresse, notamment les frémissements, les mouvements de gauche à droite alors que le poignet du pêcheur n’a enregistré aucun toc. De manière générale, lorsque le pêcheur démarre sa journée de pêche il doit garder à l’esprit que certaines journées les poissons sont sensibles aux petits coups de scion furtifs alors que d’autres jours, la moindre animation de la canne sera la cause majeur de la bredouille. Je me méfie toujours des animations excessives en dent de scie par exemple, car il y a bien longtemps qu’elles ne font plus recettes, à part certains jours de frénésies sur les perches en particulier.
Touche, le détail qui va tout déclencher l’attaque du sandre!
Trop de pêcheurs prospectent la zone de pêche sans matérialiser et combiner les différentes animations qui sont possibles. Lorsque le leurre descend vers les profondeurs, de brefs relâchés peuvent faire la différence. Bien souvent le sandre va s’emparer du leurre à cet instant précis, juste parce que celui-ci a émis une vibration différente ou un simple chaloupé sur le côté. Je teste aussi toujours les changements de direction soudains, bien souvent en même temps qu’une phase d’accélération, ceci est très efficace avec les sticks baits notamment. Parfois, juste un soubresaut en phase finale d’animation juste avant que le leurre fasse à nouveau la bascule déclenche une attaque lourde et furieuse ! Je ne saurais vous dire combien de sandres j’ai capturé en posant simplement mon leurre sur le fond, inerte, parfaitement immobile ! Pourquoi, le sandre le prend-il de cette manière ? Difficile de répondre, mais c’est peut-être juste par facilité ! Dans le cas des leurres souples n’hésitez pas aussi à largement gratter le fond, j’ai observé de très longues heures des sandres dans les eaux transparentes de grandes ballastières et je peux vous assurer que le phénomène les laisse rarement indifférents. Le pêcheur doit prendre l’avantage sur le sandre en arrivant à trouver le détail qui va déclencher la touche. Une fois cet indice parfaitement maîtrisé, il aura un coup d’avance dans cette partie d’échec. Bien sûr il se peut que plusieurs détails déclenchent l’attaque certains jours et la tâche ne sera pas simple mais c’est souvent un petit mouvement ou un relâché ponctué de manière précise dans le processus d’animation du leurre qui fait craquer les sandres lors d’une journée de pêche. Veillez aussi toujours à vos trajectoires, combinées avec certaines animations, elles sont un déclencheur de touches très efficace. Descente ou remontée de pente, maintien prolongé au-dessus d’une cassure, animation rectiligne en profondeur. C’est en analysant de cette manière les choses que vous prendrez davantage de sandres et vous constaterez que vos leurres ont un potentiel que vous n’aviez jamais soupçonné auparavant !
Le suspending pour pêcher le sandre
Concernant les « suspending », la densité du leurre est égale à celle de l’eau, sous l’effet de la bavette, celui-ci descend à la récupération jusqu’à atteindre une profondeur de nage donnée. En stoppant la récupération, le leurre ne bouge plus. Il reste en suspension dans l’eau à l’endroit où il est arrêté ce qui permet d’effectuer de longues pauses décisives dans l’animation. Ce type de leurre est très intéressant dans la recherche spécifique du sandre. Une fois la bonne profondeur de nage trouvée, le pêcheur peut alors plus facilement déclencher la touche !