Sur les traces de Berkley Bedell : visite des usines Berkley aux USA

Notre petit tour du monde continue puisque cette fois, après avoir visité le fabuleux Japon à l’occasion du salon d’Osaka, nous voilà en direction des USA, à Spirit Lake plus précisément, pour marcher sur les traces de Berkley Bedell, fondateur en 1937 de la désormais très célèbre marque Berkley.

Après un premier avion en direction d’Amsterdam, il est temps de rejoindre l’équipe européenne de Purefishing qui nous invite pour l’occasion. Nous, c’est Pascal Bacoux pour La Pêche et les Poissons, le Youtubeur belge Cedric Lenaers, la toujours souriante et pétillante Babs Kijewski, également sponsorisée par la marque, les journalistes Marcus Heine (Allemagne), Tim Puts (Hollande) ainsi que Robbo Jonsson et Jan Ohlsson (Suède). Une bien belle équipe encadrée par le staff Pure Fishing Europe partie pour 6 jours, dont 3 sur place, pour découvrir le centre de recherche et développement et les lignes de productions des leurres Berkley ainsi que les monofilaments Berkley et Spiderwire. Cerise sur le gâteau, la troisième journée sera consacrée à la pêche avec la recherche des black-bass américains ! Lyon, Amsterdam, Minneapolis, Sioux Falls… il ne reste qu’un dernier trajet de 1h30 en voiture pour arriver à Lake City, là où Berkley est né(e). L’occasion de voir ces grandes étendues de cultures et de nombreuses rivières et lacs aux alentours, avec plus de 10 000 lacs et de quoi tout de suite nous faire comprendre que la région est bien lotie ! Nous sommes dans le centre nord des Etats Unis, l’hiver y est assez rude et voir débarquer une quinzaine d’européens dans la petite ville de Lake City en pleine saison morte est un petit événement dixit Jeremy Albright, qui dirige Berkley, lors de notre repas d’accueil le soir de notre arrivée. Et à voir cette jolie brochette, c’est une petite fierté de faire partie de cette sélection européenne pour notre magazine qui fête seulement sa 5ème année.

Usine Berkley USA
Une bien belle équipe pour un séjour au top ! De belles rencontres, de la découverte et une super ambiance à l’américaine !

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Berkley en quelques chiffres

  • Création en 1937 par Berkley Bedell.
  • 32000m² de batiments à Spirit Lake.
  • 310 employés sur place qui restent en moyenne 12 ans.
  • Production de 3,6 millions de mètres de filament (mono/fluoro) de quoi faire 109 fois le tour du monde.
  • Production de 448 tonnes de leurres souples.
  • 5811 références au catalogue.

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Première journée aux USA : R&D chez Berkley

Après un petit déjeuner américain version XXL pour un européen, pourtant seulement « Medium size » aux USA, nous voilà prêts pour une journée qui risque de rester gravée un moment dans nos têtes de pêcheurs : la visite du centre de recherche et développement de chez Berkley. Mais avant cela, il faut montrer pattes blanches, signer des accords de non-divulgations, récupérer les badges d’accès et les équipements de protection et c’est aussi l’occasion de découvrir en un coup d’œil 80 années de produits Berkley dans le hall d’accueil. On se rend compte que la famille s’est agrandie avec le temps et on retrouve, avec nostalgie parfois, des produits que l’on a connu lors de notre enfance de pêcheur. Notamment un moulinet ressemblant assez fortement au Mitchell de mon grand-père, ce qui n’est pas sans nous rappeler que Berkley est une marque de PureFishing qui a également dans son giron de nombreuses autres marques comme Mitchell, Chub, JRC, Greys, Abu Garcia pour ne citer qu’elles. Nous commençons la visite du côté technique et c’est le début d’une belle découverte.

La création des leurres

Lorsque nous pénétrons dans la salle, les machines tournent et elles sont nombreuses. La première que nous voyons fonctionner est en train d’usiner un moule pour la fabrication de leurres souples. Après un passage en CAO, il est donc possible d’avoir à disposition un moule pour tester une nouvelle forme, ou faire une modification sur un leurre existant en seulement quelques heures, là où d’autres sociétés doivent attendre plusieurs jours en travaillant avec la Chine. C’est donc en interne que tout se joue et les essais peuvent être nombreux si besoin pour atteindre la qualité et le rendu escompté. Côté leurres durs, la solution est toute aussi simple avec l’acquisition d’une imprimante 3D de haute qualité permettant de créer rapidement de nouveaux leurres pour les tester. Là encore, c’est un véritable avantage que de tout avoir sur place pour créer la forme que l’on désire tester.

La suite de la visite se poursuit au niveau de la partie filament avec de nombreuses machines de tests. Si vous êtes un fervent lecteur du magazine, vous savez que nous aimons particulièrement les mesures scientifiques à titre de comparatifs puisque nous l’avons fait sur les corps de ligne et les têtes de ligne pour la pêche à la carpe notamment. Mais nous reviendrons sur la partie monofilament/fluorocarbone lors d’un article dédié tellement nous avons été impressionnés par ce qui se passe dans ces locaux, avec par exemple des mesures lasers, des tests de résistances en traction, à l’abrasion et même des tests des nœuds les plus efficaces selon la ligne. Des données à foison pour élaborer le fil qui conviendra le mieux aux différents types de pêche et de pêcheurs et il y a dans ce labo tout ce qu’il faut pour y parvenir !

Usine Berkley USA
Toutes les étapes de prototypes et le produit fini sur une même photo !
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Conception 3D puis impression pour valider les premiers prototypes
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Même chose côté leurres souples, les moules et les injections se font directement sur place pour gagner du temps.
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La nouvelle gamme hyper attractive ! Certainement ce qui se fait de mieux au niveau des attractants à l’heure actuelle.

Les attractants Berkley réputés

Une partie du succès de Berkley est l’attractant qui imprègne ses leurres, avec par exemple la version Gulp ! Ou encore les célèbres paquets jaunes Powerbaits. C’est dans un labo spécialement dédié que nous accueille désormais John Proctow, le chimiste en chef chez Berkley depuis de nombreuses années qui est constamment à la recherche du meilleur attractant qui vous fera prendre plus de poissons, le fameux « Catch more fish » de Berkley ! Le niveau technique est complexe, les machines le sont toutes autant mais les exemples sont parlants : deux leurres Berkley dans 2 récipients, on voit clairement la diffusion des attractants s’opérer comme par magie, c’est là que l’on se rend compte de l’innovation apportée par John et son équipe dans le labo. Ce leurre qui diffuse autant, nous ne le connaissons pas encore mais on comprendra très rapidement que nous venons de rencontrer les fameux Maxscent, la gamme ultra compétitive de chez Berkley identifiable à son packaging violet. Lors de la discussion avec John au sujet de sa constante recherche vers ce que les poissons peuvent aimer, il nous fait une confidence sur ce que les poissons n’aiment vraiment pas. Et venant de sa bouche, sa parole est plus que précieuse et chers lecteurs, nous vous conseillons donc d’éviter les odeurs de tabac, de liquide-vaisselle et de crème solaire sur vos leurres ! 3 goûts que les poissons détestent vraiment, preuve à l’appui ! A l’inverse le fameux arôme « garlic » est un argument commercial, les études scientifiques n’ont pas démontré une réelle attirance pour cette saveur ! Voilà 2 infos qui proviennent de la bouche d’un des chercheurs ayant travaillé pendant des dizaines d’années à étudier la réaction des poissons, on peut donc largement faire confiance à ses dires !

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Inutile de faire les présentations…

Tests avec les poissons en direct

Comment peuvent-ils en être si sûrs ? Pour cela il suffit de pousser la porte suivante pour se rendre dans ce qui semble être l’outil ultime de la mise en situation ! Un premier bassin de nage permet de faire nager les leurres et à l’aide d’un escalier on se retrouve sous la ligne d’eau pour voir évoluer le leurre dans sa nage globale. Si jamais la nage n’est pas assez détaillée, il est alors possible de la décortiquer à l’aide d’une autre machine permettant de créer un courant pour faire nager le leurre en position fixe et ainsi le regarder/filmer par le dessous ou les côtés en étant très proche, pour décortiquer au maximum la nage. Là encore, un vrai avantage et un bel outil à disposition pour les concepteurs de leurres. On retrouve également des aquariums avec des black-bass à l’intérieur. Ces black-bass proviennent de piscicultures et n’ont jamais vu de leurres de leur vie, garantissant leur neutralité totale. A l’aide de petites boules de coton, trempées dans différents liquides et attractants, il est alors possible de vérifier combien de temps le coton est gardé en bouche par le poisson. La différence est franchement bluffante : moins d’une seconde pour de l’eau alors que cela dure plusieurs secondes avec le dernier attractant Maxcent ! Lors de la vidéo, le black-bass ne le recrachera même pas ! Petite info, lorsque vous verrez le packaging indiquant le pourcentage d’attraction supplémentaire, sachez que c’est par rapport à la gamme Powerbait habituelle, qui était déjà plus attractive qu’un simple leurre !

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Un des poissons cobayes utilisé à tester les attractants pendant quelques temps avant de retrouver la liberté.
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C’est dans ce bassin que les leurres nages et que l’on scrute la réaction des poissons au passage du leurre.

Beaucoup de tests de validation n’est-ce pas ? Et bien il reste encore le test ultime, celui de la validation sur les poissons en action. Un bassin aux extrémités arrondies contient des black bass dans des paniers, et un robot tourne en boucle en promenant le leurre testé. Le but de ce dernier test est de voir la réaction des poissons au niveau de leur stimulation globale : sont-ils attirés, intrigués, agressifs, craintifs ? Chaque modification sur un leurre entraine toute une série de tests qui se termine ensuite dans ce bassin pour confirmer l’impact bénéfique ou non de ces changements sur les poissons.

2ème jour : La fabrication des leurres

Le lendemain, changement de décor, c’est côté production que nous passons. Là encore nous reparlerons de la production des monofilaments et fluorocarbones dans un prochain article pour nous concentrer ici sur la production des leurres souples qui se fait à Lake City. Colorants, composants des attractants, matière, tout est mélangé pour ensuite alimenter les machines à injection qui vont remplir les moules en quelques secondes. Mais ce qui peut paraitre étonnant, c’est qu’ensuite les leurres tombent dans l’eau et sont contrôlés par des employés pour déceler toutes les imperfections et les retirer de la chaine. C’est aussi l’occasion de déceler qu’un moule devient trop ancien pour le retirer de la chaine de fabrication. Les leurres sont ensuite mis à sécher puis ils intègrent une autre chaine où ils sont à nouveau contrôlés et regroupés. Une machine se charge alors de les mettre en sachet, puis mettre les sachets dans un carton, le carton sur une palette et ensuite ils quittent les entrepôts. C’est fascinant de voir la fabrication d’autant de leurres en si peu de temps, avec un mécanisme parfaitement standardisé, un vrai ballet parfaitement chorégraphié sous l’œil aiguisé des employés en charge des contrôles qualité. Une vraie chance de voir cette production en direct !

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Il y a quelques coloris disponibles !
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Le conditionnement se fait à la main, gage de qualité !
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Des leurres par milliers !

Vous vous doutez bien qu’après une telle visite, il nous est très difficile de remettre la qualité des appâts Berkley en question tant la démarche de conception est approfondie et testée dans de multiples conditions. Mais comme nous l’a dit un des responsables, la pêche c’est aussi une question de confiance, et aussi bon le leurre soit-il, si le pêcheur n’a pas entièrement confiance en ce qu’il utilise, il prendra moins de poissons ! Et de la confiance, nous en avons forcément pour utiliser ces leurres lors de notre pêche.

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Cas particulier des pâtes à truite

Nous connaissons tous les fameuses pâtes à truite de chez Berkley. A nos yeux, cette pâte est réservée aux débutants qui pêchent les truites lâchées en lac, et même si elle est diablement efficace, on a tendance à y prêter peu d’attention. Et bien sachez que ces pates à truite font de véritables cartons aux USA, la meilleure vente, et de loin, devançant même le monde des leurres qui sont pourtant très à la mode ces dernières années.

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3ème jour : pêche du black-bass aux Etats-Unis !

C’est donc ainsi que nous arrivons au troisième jour, celui de la pêche ! Plusieurs bateaux sont là pour l’occasion et j’ai la chance d’embarquer avec un guide hors pair sur ce magnifique lac ainsi qu’avec Chris, le roi du bowling mais aussi et surtout le responsable de la partie tresse et monofilament pour Berkley et Spiderwire. Après un premier run à 100km/h sur les eaux agitées et une pêche plein vent sur un plateau rocheux qui ne rapportera qu’un petit sandre, nous voilà partis dans un petit coin secret du lac. Après avoir passé sous un tout petit pont, nous voilà au milieu des habitations avec un parking à bateaux et juste de quoi manœuvrer le bass-boat. L’eau est beaucoup plus foncée mais aussi plus chaude, une arrivée d’eau est à l’opposée et à vrai dire j’ai du mal à croire que ce soit un véritable hot spot tellement l’endroit est petit. Et pourtant Chris sort un joli poisson au troisième lancer ! C’est parti, les hostilités sont lancées. Alors que nous pêchons les pontons et autres structures avec plus ou moins de réussite, le guide fait dériver le bateau pour que je puisse jeter mon leurre au milieu de l’arrivée d’eau. Un simple Worm The General monté en texan et au deuxième lancer je prends mon premier poisson sur le sol américain et ce n’est pas un black bass ! C’est d’ailleurs un joli spécimen que le guide va peser car un des plus jolis pris sur le lac. Chris enchaine derrière moi et c’est pendu aussi. En fait les poissons sont tous dans le petit courant de 1m de large de l’arrivée d’eau et les prises s’enchainent dès que l’on y pose un leurre correctement. Quelques black-bass mais surtout ces «breams» qui se jettent sur nos leurres. On fini par rentrer pour déjeuner avec tout le monde sur la berge avant de repartir quelques minutes plus tard et faire un petit débriefe.

Usine Berkley USA
Premier poisson aux USA ! Ce ne sera pas un black-bass !
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Le hotspot nous donne poissons sur poissons, mais pas des bass à chaque fois !

Le guide va même s’arrêter de pêcher

L’après-midi, on navigue à nouveau sous un petit pont pour arriver sur des eaux très peu profondes déjà bien en herbes et c’est là que les poissons se rassemblent en vue de la période de fraie à venir. Les guides ont fait tourner les infos et nous nous retrouvons pratiquement tous ici, mais notre bateau va un peu plus loin que les autres et nous avons la chance de pêcher des petits bras morts très encombrés, une pêche qui me plait particulièrement. Les poissons s’enchainent, c’est assez dingue même ! Au milieu de l’après-midi nous sommes à une quarantaine de touches, le guide va même s’arrêter de pêcher pour nous laisser plus de place ! Lorsque les touches s’espacent un peu plus, il veille à me faire changer de leurre ou de coloris et je prends à chaque fois une touche dans les 3 lancers suivants. Chris va prendre un grand nombre de poissons, je le suis de peu au niveau des touches mais je décroche malheureusement beaucoup de poissons. Avec le montage anti-herbe et la canne un peu souple, les ferrages doivent être vraiment appuyés pour faire pénétrer l’hameçon dans la bouche des poissons et je dois dire que ma vision européenne du ferrage n’est pas la même. Chris est beaucoup plus virulent que moi et il faut parfois esquiver les leurres volants lors des ferrages ratés. Moi qui suis plutôt adepte de la pêche en finesse et de la discrétion, je suis bluffé par la réponse que font les black bass alors que nous ne sommes pas vraiment discrets. La population est sans équivalent en France, à chaque lancer il est possible de prendre un poisson et ça change vraiment tout au niveau de la concentration ! Beaucoup de poissons de taille moyenne en revanche cet après-midi, même si je vais perdre un (très) joli poisson à quelques mètres du bateau. Rageant car c’était là certainement mon record qui allait tenir pendant quelques années ! Une après-midi qui fini sous un soleil radieux, en bonne compagnie, avec de nombreux et beaux poissons, rigoler, avoir des sensations fortes, que demander de mieux ? A vrai dire je ne sais pas, cette journée a été vraiment parfaite et elle vient clôturer ces 3 jours sur les pas de Berkley Bedell de la plus belle des manières !

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Chris, le responsable de la tresse et des filaments, est particulièrement fier de sa dernière création !
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Un joli Black-Bass pour Chris, aussi à l’aise ou bowling qu’avec une canne à pêche !
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Un guide hors-norme, il suffit de l’écouter et les poissons sont au rendez-vous !
Un des nombreux doublés de la journée, sous le ciel bleu, que demander de mieux ?

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Le séjour vu par Babs Kijewski

Retrouvez les aventures de pêche de Babs sur Instagram : http://www.instagram.com/babskijewski

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