Canne à pêche carnassier : comment faire le bon choix ?

C’est en regardant machinalement les cannes à pêche carnassier installées sur le râtelier dans mon garage que je me suis posé cette question que nous nous sommes tous posée un jour : ai-je besoin d’autant de cannes ? Le pêcheur aux leurres modernes que je suis, victime consentante des arguments publicitaires de nos fabricants, achète régulièrement une canne afin de trouver la bonne longueur, la bonne action, le petit plus qui lui fera apprécier au mieux sa pêche. Pour autant si on me demandait d’en vendre une je répondrai non, elles sont toutes complémentaires à mes yeux.

J’ai donc compté et découvert avec un petit frisson que je détenais à peu près 25 cannes à leurres dont quasiment une vingtaine en monobrins et la plupart ne me servent que pour une seule technique ! Certes je suis un grand amateur de matériel de qualité mais je ne suis pas encore atteint de collectionnite aiguë et si j’achète une canne c’est parce que j’en ai besoin, quoi que ? On peut fort bien réussir ses pêches avec deux ou trois cannes mais si on regarde de plus près, on constatera qu’il en faut un peu plus pour s’amuser au bord de l’eau.

Choix de la canne à pêche carnassier
L’action d’une canne ML en combat sur un brochet

De l’ éclectisme à l’hyper spécialisation

Les plus anciens se rappelleront le lancer de grand père, une canne deux brins d’1,80m en fibre de verre verte ou jaune translucide avec une virole métallique que l’on vissait pour abouter les deux brins. Le moulinet était tenu par deux bagues métalliques mobiles qu’on assurait avec quelques enroulements de chatterton. Avec cette canne il s’est pris des milliers de poissons, elle pouvait lancer des cuillers de taille 1 à 4 ce qui pour l’époque était l’essentiel des leurres. Désormais il faut compter avec les spinnerbait, crankbait, lipless, jerkbaits, buzzbaits, leurres souples… Et j’en passe.

Le pêcheur sportif de cette époque avait donc au maximum deux cannes à lancer, une pour la truite et une plus forte pour le brochet. Il était rare de croiser au bord de l’eau un pêcheur avec deux cannes, la plupart du temps il ne prenait qu’un seul lancer qui devait servir à tout. Les cuillers tenaient dans une boite à cigares rangée dans une poche et ça suffisait.  Le pêcheur moderne recherche désespérément cette canne qui pourrait tout faire mais elle n’existe malheureusement pas et une canne bonne pour le leurre souple sera une piètre canne pour pêcher au spinnerbait. C’est là que la main se coince dans l’engrenage et que l’on se met à acheter une autre canne, puis une autre pour finir chargé comme une mule au bord de l’eau.

J’ai résolu ce problème en pêchant en barque, là on peut en emmener du matériel ! Pourtant je me limite volontairement à 4 cannes car des années et des années de pratique m’ont permis de découvrir qu’avec seulement quelques cannes on pouvait presque tout faire.

Choix de la canne à pêche carnassier
Cette canne à crappie en UL ploie joliment sur un petit silure

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Les puissances des cannes

  • UL comme Ultra Léger : 0,5 à 7g
  • L comme Light: de 3 à 15g
  • ML comme Medium Light: de 5 à 20g
  • M comme Medium: de 10 à 30g
  • MH comme Medium Heavy: de 15 à 40g
  • H comme Heavy et XH pour encore plus lourd: de 20 à 60g à plus lourd

Ces données ne sont que  relatives car chaque fabricant se fait un malin plaisir à donner une plage de puissance différente qui quelquefois et  heureusement correspond vraiment à la plage de puissance de la canne.

Choix de la canne à pêche carnassier
Medium ou Medium Light, la puissance moyenne qui serait à la rigueur la plus versatile

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Une spécialisation pas si ancienne que ça

La première canne dédiée à une technique que j’ai vu arriver sur le marché était un modèle pour pêcher au mort manié. Elle était grande, presque 3m et raide comme la justice car à cette époque les premiers carbones n’avaient pas encore bénéficié de la science des enroulements actuels. Ceux-ci permettent de monter des blanks fins et très tactiles tout en gardant une certaine souplesse pour le combat. C’était un voisin de mon grand père qui avait cassé sa tirelire pour s’acheter ce petit bijou de l’époque qu’on jugerait actuellement trop grande, trop lourde, trop rigide, et trop que sais-je encore. Une canne en deux brins avec emmanchement classique, pas encore de spigot, une grande poignée en liège terminée par un pommeau de caoutchouc en forme de bouchon de champagne, c’était le top. Cet homme heureux de son investissement avait expliqué à mon aïeul qu’avec il allait sentir les sandres aspirer sa monture Drachko. Tout cela remonte au milieu des années 80, ce qui n’est pas si vieux que ça.

Cette spécialisation d’une canne pour une technique avec le mort manié donna l’idée aux fabricants d’étendre ce principe lorsqu’apparut la tirette. La première canne tirette que j’ai vu dans les années fin 80 début 90 était elle aussi une canne à nulle autre pareille. Un scion plein très souple et coloré en rouge sur une canne elle aussi très longue qui permettait de pêcher au mieux avec cette technique très subtile. Puis les premières cannes à leurres souples apparurent, suivies des cannes perches, sandre, brochet, crank, casting, drop shot, jerk et verticale.

Il semble que l’on soit arrivé au bout, à moins qu’une autre technique ne soit inventée et réclame pour son usage un nouveau type de cannes.

Choix de la canne à pêche carnassier
Une canne casting en MH d’action de pointe qui ne plie quasiment pas sur un sandre de 60 cm

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Les actions des cannes

Selon que l’on soit français ou américain on ne classe pas les actions de la même façon. Chez nous cela donne a peu près ceci :

  • Action de pointe, la canne ne  ploie que sur le dernier tiers
  • Action progressive, elle ploie sur la moitié
  • Action semi parabolique, elle ploie sur les deux tiers supérieurs
  • Action parabolique, elle ploie sur la totalité du blank, ce qui ne se fait quasiment plus.
Choix de la canne à pêche carnassier
Les actions de ces cannes différent selon la technique à employer

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Les caractéristiques des cannes à pêche dédiées à une technique de pêche des carnassiers

Les pêches actuelles demandent une certaine spécificité des cannes pour répondre au mieux aux contraintes qu’imposent la plupart des leurres, on pourrait donc citer plusieurs types de cannes parmi lesquelles : les cannes à crankbait, les cannes drop shot, les cannes pour le leurre souple, les cannes pour le linéaire, les cannes pour la verticale, les cannes à jerker, les cannes pour les gros swimbaits, les cannes à tirette.

Le pêcheur moderne recherche désespérément cette canne qui pourrait tout faire mais elle n’existe malheureusement pas

La canne à pêche pour la tirette

Technique spécifique mais tombée dans l’oubli, la tirette demande une canne sensible mais nerveuse pour bien percevoir la touche, par contre elle doit être équipée d’un scion très souple qui indiquera la plus petite touche même celle que l’on ne sent pas dans la tresse. Cela peut paraître étonnant mais j’ai vu sur ma pointe de scion des tressautements annonçant l’attaque que je ressentais ensuite via ma tresse. La canne tirette n’a guère d’autres applications que la tirette, elle est relativement puissante car elle est basée sur l’usage de vifs précédés d’une balle plombée.  Tout au plus j’aime l’employer en barque pour pêcher à la bouboule, une technique qui laisse traîner un vif sur le fond lorsqu’on pêche en verticale au leurre, son scion permet de voir l’attaque au plus tôt et d’éviter ainsi les touches loupées suite au vif recraché.

La canne à pêche pour le drop shot

Une tirette light et un peu plus courte car sur le principe on reste avec un scion très souple qui permettra de surveiller visuellement le montage et de repérer les touches les plus discrètes. Comme on s’adresse beaucoup aux percidés, cette canne aura l’avantage à être plutôt souple afin de ne pas leur déchirer la gueule.

La canne à pêche pour la verticale

C’est une canne très rapide, très sonore qui doit dans l’absolu permettre de ressentir le battement de la caudale du leurre sous plusieurs mètres d’eau. Pour permettre cela la canne doit être un peu « trique » afin de conduire très précisément son leurre sous l’eau. Elle a aussi tout intérêt à mesurer entre 1,80 et 2m car on va pêcher à l’aplomb du bateau dans le cône de la sonde.

La canne à pêche pour le jerk

Une canne casting ou spinning courte mais forte et disposant d’une assez grande poignée. Elle devra jeter des leurres lourds et permettre des mouvements rapides de jerk.

La canne à pêche à gros swimbaits ou gros leurres souples

Là aussi une canne spécifique, longue pour permettre des ferrages amples, puissante pour lancer des leurres très lourds mais d’action regular pour ne pas perdre du poisson durant le combat. Elle devra aussi disposer d’une longue poignée pour pouvoir lancer à deux mains des leurres qui vont peser de 80 à plus de 200g.

La canne à pêche pour le crankbait

Une canne souple, peu résonnante qui va permettre de gommer dans le bras les vibrations puissantes et désagréables des crankbaits, lipless, lames vibrantes, chatterbaits ou spinnerbaits. La souplesse et l’action lente sera un atout en linéaire pour atténuer la violence de la touche et ne pas perdre le poisson.

La canne à pêche pour le leurre souple

Une canne rapide qui résonne et transmet au bras les moindres mouvements du leurre et les sensations de pêche. On doit pouvoir sentir le choc de la tête plombée avec le fond à plus de 30m afin de détecter la touche discrète d’un sandre qui va juste gober l’appât.   L’action de pointe permettra en outre un ferrage puissant pour faire pénétrer l’hameçon car avec cette pêche on ne bénéficiera pas de la vitesse du linéaire qui aide à l’autoferrage.

La canne à pêche pour le rockfishing

Une canne particulière puisque ce sera une canne ultra light avec un scion très sensible et très souple mais monté sur un blank long de plus de deux mètres et capable de mater un poisson de taille correcte.

Je vous passe sous silence les cannes US à crappies qu’on ne connaît pas en France mais qui gagneraient à l’être pour le plaisir qu’elles procurent avec des poissons de la taille des perches communes.

Choix de la canne à pêche carnassier
Le casse tête du pêcheur, à puissance équivalente laquelle prendre aujourd’hui ?

Les cannes à pêche pour plusieurs techniques de pêche des carnassiers

A titre personnel et sans vouloir donner de leçon à quiconque j’utilise mes cannes pour plusieurs techniques complémentaires. Ma canne crank servira aussi pour le plomb palette, pour le Jiggin Rap, les cuillers à jigger. Elle va amortir les animations nerveuses qui font mal au bras à la longue.

Ma canne à drop shot me sert parfois en drop vif mais aussi en tirette, pour cela j’utilise une canne de faible puissance mais très nerveuse et sensible.

Mes cannes à leurres souples me servent aussi pour les pêches en traction où il faut sentir la touche lorsque le leurre chute sans être récupéré au moulinet et coule avec la bannière semi détendue. Une canne très sonore est indispensable.  Pour le mort manié qui se pratique lui aussi de moins en moins j’utilise une canne leurre souple en puissance moyenne apte à lancer un poissonnet et son plomb tout en restant sensible et agréable à manier. Pour la verticale occasionnelle, celle de la belle saison où les poissons attaquent franchement, une canne à leurre souple peut tout à fait convenir.

Ma ou plutôt mes cannes pour le linéaire, moins rigides que pour le souple et plus que pour le crank, elles remplissent nombre de rôles : cuiller tournante, ondulante, tailspin et surtout les top waters que sont le popper et le stickbait, bien entendu elles sont aussi de la partie pour les pêches au jerkbait à bavette.

Les cannes à pêche par rapport aux poissons recherchés

Il est bien évident qu’une canne à perche ne sera pas étudiée pour pêcher le brochet, bien qu’elle puisse mettre au sec une prise accidentelle, elle ne permettra pas d’utiliser les leurres qui ne rentrent pas dans sa plage d’utilisation. On peut fort bien utiliser une canne truite pour la perche et une canne brochet pour le sandre mais si on veut exploiter au mieux la diversité des leurres et trouver le fameux pattern du jour, mieux vaut disposer des 4 cannes que sont une L souple pour les perchettes, une ML progressive pour la perche et le bass, une M d’action de pointe pour le sandre et une MH progressive pour le brochet.

Les cannes à pêche par rapport à l’environnement pêché

On a tendance à faire des raccourcis lorsque l’on parle des cannes sans prendre en compte certains critères importants. En bateau la longueur moyenne de confort pour l’utilisateur est de deux mètres, en float aussi mais le talon doit être plus court pour ne pas gêner le mouvement qui a moins d’amplitude sur un float tube que debout sur un bateau.  Du bord les données ne sont plus les mêmes, on aura besoin d’une bonne longueur pour pêcher confortablement par dessus la végétation rivulaire et pour animer à distance. Pour lancer loin il faudra une plus grande poignée. Donc aucun de ces environnements différents ne nécessite le même type de cannes.

La canne à tout faire existe elle ?

Pour revenir à la canne de mon grand-père qui servait à tout par défaut, aucune canne moderne selon moi n’est polyvalente à ce point. On pourrait se contenter dans l’absolu de deux cannes de puissance moyenne : une rapide et sonore pour toutes les pêches à gratter au leurre souple et une plus souple pour les pêches aux leurres durs mais ce serait faire fi de nombre de leurres et de techniques efficaces qui demandent de la spécificité.

Certaines cannes haut de gamme arrivent cependant à mêler résonance et souplesse sans que l’un l’emporte sur l’autre. Les cannes pour la pêche du bar à la volée en sont un bel exemple mais elles restent prévues pour des leurres de 15 à 40g guère plus ou guère moins et se cantonnent de ce fait à la pêche au brochet et au sandre.

Choix de la canne à pêche carnassier
Un choix nécessairement restreint par manque de place

En conclusion

J’ai trop de cannes, d’autant que j’en ai presque autant en casting qui lui aussi apporte son lot de plaisir à la pêche. Et j’oubliais la pêche à la mouche…Non je plaisante mais pourquoi pas ?

Dans l’absolu il faudrait donc les 4 cannes que j’ai cité plus haut plus une canne à jerk, une canne à swimbait, un casting souple en medium et une plus dure en medium heavy ce qui donne à minima 8 cannes…Même en bateau il faut faire des choix et 8 cannes c’est bien trop mais c’est à vous de faire ce choix en fonction du poisson visé, du biotope, de la saison et surtout de votre envie du moment.

2 commentaires

  1. Bonjour,

    Je souhaite pécher la truite en étang et rivière, le brochet en rivière(tout en risquant d’attraper accidentellement du silure à certain endroit), que me conseillez vous comme canne, moulinet et fil ?

    Merci d’avance pour votre aide.

    Johanny

    1. Bonjour, il vous faudrait une canne pour la truite et une pour le brochet silure car avec une seule vous ne serez jamais satisfait à cause de la page de puissance à mettre en oeuvre.
      Pour a truite c’est une canne L d’1,8 ou 2m et le brochet silure c’est du MH en 2.1 ou 2.4m.
      En moulinet un tambour fixe taille 2500 et en fil une tresse 8 brins en 14 centièmes, ça ça peut tout faire contrairement à la canne.
      Cordialement

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