Si les petits silures sont relativement faciles à manipuler, il en est autrement dès que les sujets dépassent les 1,30 mètres. Au-delà d’1,80 mètres, il convient d’être prudent si l’on ne souhaite pas abîmer ou blesser le poisson. Son poids et sa taille le rendent difficile à déplacer ou à porter, et son mucus est très glissant. Aussi, il faut prendre garde à ne pas se blesser, notamment avec le ou les hameçon(s). Concernant les prises de vue, il est important de s’appliquer afin d’avoir un album photos agréable.
Une fois le combat terminé et le poisson ramené, que l’on soit en bateau ou sur la berge, la première chose à faire est d’attraper le silure pour le hisser hors de l’eau.
Cette opération délicate n’est pas sans risque pour le pêcheur comme pour le poisson. La seule manière efficace et sûre de le faire est d’attraper la mâchoire inférieure à une ou deux mains, selon la taille du poisson, en mettant le(s) pouce(s) à l’intérieur de la gueule. Cette prise nécessite l’emploi de gants afin de se protéger des dents. Bien qu’elles ne coupent pas, elles sont disposées en râpes et griffent facilement la peau.
Cela n’est pas sans danger car les gants ne protègent pas de la pointe des hameçons. Il faudra donc être vigilant et bien serrer le(s) pouce(s) car il est très fréquent que le silure tourne sur lui-même lorsqu’on le saisit par la mâchoire. Les petits silures, notamment, s’agitent un peu à la manière d’une anguille. C’est ainsi que les accidents arrivent et cela peut vite devenir un problème au bord de l’eau.
En août 2010, sur le Tarn, j’ai mal assuré la prise à la main d’un silure d’un mètre, en barque. Voulant le décrocher sans pince et le relâcher rapidement, j’ai mal assuré la prise et lorsque le poisson s’est agité hors de l’eau, mon triple 3/0 s’est planté dans le majeur de ma main droite. Seul en barque et ne pouvant pas couper la tresse, j’ai du rentrer sur la berge en conduisant le moteur électrique avec la bouche pour rejoindre mon équipier sur la berge.
Une des principales difficultés de manipulation vient du mucus abondant et glissant qui recouvre les micros écailles du silure. Ce mucus, véritable rempart contre les attaques bactériennes, lui est vital pour le protéger des maladies et autres polluants contenus dans l’eau. Il faudra donc prendre soin de bien humidifier le poisson pendant les manipulations, prévoyez donc toujours un sceau de 5 litres lors de vos sorties.
Afin de protéger le silure des blessures, il convient d’utiliser un tapis de réception ou une bâche solide que l’on humidifiera avant d’y déposer le poisson. Et ceci, aussi bien en barque que sur la berge. Les nageoires pectorales, qui sont munies d’un os très solide, offrent une prise idéale pour traîner le poisson sur la bâche.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le silure n’est pas très remuant une fois sorti de l’eau. Cela facilite les séances photos. Cependant, pour les gros silures, il convient de faire les séances photo dans l’eau. Vous n’aurez aucun mal à manipuler un silure dans l’eau car grâce au principe d’Archimède, le poisson vous paraîtra beaucoup plus léger !
Effectuer les manipulations et les séances photo dans l’eau représente aussi une sécurité pour le poisson car son poids, suivant comment le poisson est porté peut être un danger pour le poisson, notamment son ventre et son squelette qui n’est pas prévu pour supporter une telle charge hors de l’eau. En effet, si on essaye de porter un gros silure par la gueule, on risque de lui casser les vertèbres à l’arrière de la tête, entrainant le poisson vers une mort certaine.
De toute façon, dès que vous entendez le moindre bruit suspect pendant les manipulations (gargouillis, craquements, …), déposer le poisson sur la bâche ou soulager le de son propre poids en vous y prenant à plusieurs pour le porter.
La séance photo doit être la plus courte possible. C’est d’autant plus vrai par temps chaud, le silure craint la chaleur et la lumière forte. De plus, en le maintenant hors de l’eau, on multiplie les risques de blessures, contamination et perte du mucus protecteur.
Si vous ne parvenez pas à soulever le poisson et que vous êtes seuls, laissez-le au sol car en cas de chute, les conséquences peuvent être graves pour le poisson ou à défaut, placez vous dans l’eau : même si vous perdez le poisson en le manipulant, celui-ci repartira en bonne santé.
Le cadrage d’un silure n’est pas aisé, compte tenue de sa taille. il faut prendre du recul ou utiliser le grand angle de l’appareil photo. Jusqu’à 1,60 mètres il est possible de le tenir à la façon d’une carpe ou d’un brochet. Pour les gros silures, et les silures records, les photos se feront avec le poisson au sol ou dans l’eau.
Pour mettre en valeur le poisson, il faut jouer sur les perspectives en prenant par exemple le poisson de face, allongé sur une bâche, le pêcheur placé vers la queue, la soulevant légèrement. Ce style de cadrage rend bien sur les gros poissons. Pour les tailles plus modestes, portez-le dans les bras et présenter sa tête ou sa queue au premier plan, de trois quart.
Enfin, les règles applicables à la photographie doivent être respectées. Il faut éviter de se placer à contre-jour : placez-vous face à la source de lumière. Si vous ne pouvez pas faire autrement, déclenchez le flash en réduisant son intensité.
Les photos sont le meilleur moyen de partager sa passion. Le faire consciencieusement offre un album photo très agréable à regarder et à partager. Mais tout cela ne doit pas se faire au détriment de la santé du poisson.