J’adore la pêche. Je pêche depuis mon enfance. Mon grand-père, mon père sont des pêcheurs. Cette passion est en nous et nous suit de génération en génération. Mes enfants sont sur la bonne voie… Moi qui suis un passionné et qui adore les défis, je ne pouvais bien évidemment que faire de la compétition. Compétiteur dans l’âme, amoureux de la mer et de la pêche aux appâts, j’ai choisi de m’exprimer dans la compétition en bord de mer au sein de la FFPM (Fédération Française de Pêche en Mer). Il fallait que je me mesure à l’élite régionale puis nationale et j’ai ainsi un jour pu assouvir mon rêve en participant à une compétition internationale.
J’ai commencé sur une plage à Cannes. Je savais déjà pêcher mais je n’avais aucune idée du règlement et de la façon dont se passe une compétition.
Ce soir-là, ce fut une révélation. A côté de moi, un champion méditerranéen qui m’a tout simplement bluffé ! Il a sorti les uns derrière les autres de jolis marbrés, des daurades et diverses autres espèces de poissons. Et moi qui n’avais l’habitude que de mes coins de pêche, avec ma technique de pêche à la daurade depuis les rochers, je me suis vite senti bien seul…..
Comme aucune de mes prises n’était comptabilisées sur cette plage à pente très douce où la distance de pêche prime, et que le poisson est très loin, j’ai observé mon voisin, et au bout d’un moment je suis allé lui parler.
Ce soir-là, une étincelle ! Il m’a donné quelques précieux conseils. Je pense que j’avais le sens de l’eau, mais je n’avais pas suffisamment de technicité. Je ne pensais pas qu’il y avait une telle différence entre la pêche loisir où l’on place quelques cannes à la recherche d’un joli trophée et la pêche de compétition qui est tellement active !
La préparation d’une compétition de surfcasting
Après cette soirée d’observation et toutes ces prises qui ont été faites devant moi, sous mon nez, il ne me restait plus qu’une chose à réaliser : m’équiper en conséquence et surtout me préparer. Une compétition de pêche de bord de mer demande à être préparée méticuleusement et rapidement car le temps peut jouer en notre défaveur si on manque d’organisation.
Une canne qui n’est pas en action de pêche, c’est du temps et des prises en moins. Si on est obligé de défaire des nœuds, de replacer des appâts, de réparer un montage, on peut pendant ce temps rater un passage de poissons et ainsi laisser filer des places dans le classement au profit des autres.
Ce soir-là, j’ai appris une chose : efficacité et rapidité sont le gage de la réussite.
J’étais resté ébahi de voir à quelle vitesse mon voisin, ce grand champion méditerranéen, une fois la prise échouée sur la plage, ne perdait pas de temps à décrocher son poisson, ou remettre des appâts. Il dégrafait tout simplement son montage qu’il remplaçait par un autre avec une grande efficacité et il pouvait ainsi relancer très rapidement.
Il avait sur son poste de pêche un porte bas de ligne avec de nombreux montages, correctement alignés. Dès qu’il relançait un montage, il décrochait la prise qu’il avait laissée soigneusement au sol et il replaçait son montage sur son dispositif et si cela était nécessaire, il changeait les empiles et re-eschait le tout très rapidement. On sentait qu’il avait du métier ! Il faisait tourner ses montages à un rythme effréné. De temps à autre il lançait un peu sur la gauche, ou légèrement sur la droite, très loin à des distances qui pour moi me semblaient à l’époque plus qu’incroyables. Parfois, par contre, il contrôlait son lancer pour atteindre une distance très précise qu’il maîtrisait à la perfection.
Il était toujours en action, et les prises s’enchaînaient. On aurait presque dit qu’il était en transe. J’étais admiratif devant une telle rapidité d’exécution !
J’avais rapidement compris que la compétition et le loisir sont à dix mille lieues l’une de l’autre.
Au cours de cette fameuse soirée, j’ai eu à côté de moi un grand maître qui m’a permis de prendre quelques poissons en me donnant de précieux conseils. Je n’avais pas réussi à faire de gros marbrés ou de jolies daurades, mais il m’avait sauvé la bredouille, le « capot » comme les pêcheurs l’appellent.
Une fois les manches terminées, j’ai pu regarder quelques-uns de ses montages. Rien de bien secret, mais il m’a dit une phrase, juste une : « En compétition, oublier sa préparation, c’est se préparer à être oublié ».
Cette phrase que Franck m’a dite ce soir-là était pourvue de sens. Quand on fait une compétition on ne vient pas juste avec sa caisse, son fauteuil et quelques cannes, il faut être organisé et prêt, il faut pouvoir parer à toute éventualité.
Il ne me restait plus qu’à me préparer et apprendre encore et encore. Cette année pour moi allait être une année d’observation, de mise en route, mais ma soif de gagner était là, bel et bien présente.
Mon premier achat a été une canne mais pas n’importe laquelle. Je voulais une canne qui me permettrait déjà d’apprendre les lancers techniques et de pouvoir atteindre des distances de pêche comme j’avais pu l’observer. Puis une autre canne est arrivée à la suite d’un anniversaire puis une troisième.
Vous allez me dire, pourquoi trois cannes alors que l’on ne pêche qu’avec deux cannes sur les compétitions ?
Il nous faut une canne de réserve, une canne prête pour parer à toute éventualité : une casse, un fil de moulinet qui rompt, un arraché qui explose. Cela ferait perdre trop de temps de devoir tout refaire sur les cannes en action !!! Or, le temps, il ne faut pas l’oublier, ce sont des places qui filent dans le classement. Chaque seconde est importante, un peu comme dans un cent mètres où cela se joue au dixième de seconde. Sur une compétition, cela peut être pareil et se jouer au gramme. Quelques minutes perdues peuvent être une prise de moins dans notre seau.
J’ai déjà perdu une compétition pour 4 grammes !!! J’ai regardé le haut du podium, et croyez-moi 4 grammes, c’est vraiment très peu.
Il ne faut donc jamais rien lâcher, il faut être à fond du début à la fin. La détermination est la seule méthode pour être en haut du classement.
Après m’être équipé de cannes qui me semblaient adaptées à mon style de pêche, j’ai acquis des moulinets qui eux aussi étaient adaptés à cette discipline. Ces moulinets appelés « long-cast » sont des moulinets à grosse bobine conique, qui nous permettent d’atteindre de belles distances de pêche, avec juste un peu de technicité. Tous ces petits détails mis les uns derrière les autres font que vous rassemblez petit à petit les pièces du puzzle pour entamer une ascension dans les classements.
Je me suis fabriqué un porte bas de ligne, me permettant de mettre en place des montages prêts à l’emploi. Pour ne pas perdre de temps dans l’organisation de mon poste de pêche, j’ai opté pour tout mettre en place sur une tablette de mon chariot. Cela me permet d’avoir tout à disposition et à bonne hauteur : mes appâts, mon petit matériel comme les aiguilles à enfiler les vers, les ciseaux et mes empiles prêtes à l’avance, enroulées sur des ronds en mousse.
Et c’est ainsi que au fur et à mesure je me suis équipé, organisé. Finalement tout cela m’a également servi dans mes parties de pêche loisir. Je me suis perfectionné, j’ai progressé car j’ai beaucoup appris lors des compétitions
La découverte du monde de la compétition
J’ai ainsi découvert un autre monde. Pouvoir me mesurer à d’autres qui ont la même passion m’a toujours procuré une poussée d’adrénaline. C’est ce qu’il faut pour pouvoir se dépasser, car certains soirs le poisson n’étant pas présent, il est difficile de faire une prise. C’est à ce moment-là que tout a un sens. Il ne faut surtout pas baisser les bras, il ne faut rien lâcher, car comme toujours cela va se jouer au gramme près. Lors de certaines compétitions, il faudra plusieurs kilos de poissons pour gagner et lors d’autres, dépasser juste le kilo sera largement suffisant.
Pour déterminer le vainqueur, ce n’est pas le nombre de poissons ou les espèces qui comptent mais le poids total des prises. S’il y a égalité au niveau du poids, c’est celui qui en a pris le moins qui gagnera, car il aura forcément pris les plus gros poissons
Il est à noter que des espèces ont des mailles à respecter. La daurade doit faire 23 cm, le marbré 20 cm, etc…
Si on fait par exemple une daurade de 28cm elle sera comptabilisée. Pour cela, il suffit d’aller voir son arbitre en ayant pris soin de notre prise. On la mesure le plus rapidement possible puis on la relâche. Notre poisson est noté sur une fiche compétiteur et lors de la pesée une relation taille-poids sera faite et ajoutée au poids total des prises
C’est donc comme cela que l’on détermine les classements.
Atteindre le haut du classement, devenir champion régional, atteindre des marches sur les podiums nationaux c’est le but de tout compétiteur. Le saint Graal est de gagner une place aux présélections pour les équipes nationales. Dans ce genre de compétition, une trentaine de pêcheurs français se rencontrent pendant une semaine pour déterminer les meilleurs, les 5 élus qui iront représenter la France au Championnat du monde. Rien que d’y penser cela donne des frissons ! Pour en arriver là, il faut acquérir de l’expérience, passer des heures au bord de l’eau pour comprendre le mécanisme du milieu marin.
Il y a aussi le championnat du monde des clubs qui est une aventure sans pareil. Seuls les deux premiers clubs du championnat de France gagnent leur place dans cette compétition internationale. C’est sans doute la plus belle des épreuves, car c’est avec les amis et l’équipe de son club que l’on rencontrera pendant une semaine les autres meilleurs clubs du monde. Là aussi il faut une grande détermination, il faut en vouloir et ne jamais rien lâcher. La préparation doit être minutieuse et parfaite. Mentalement il faut une équipe soudée pour accéder à un podium sur ce genre de compétition. C’est vraiment ce qu’il y a de plus beau, c’est le rêve ultime que j’ai eu la chance de vivre avec mes amis du club.
Il ne faut pas avoir de préjugés car un bon, voire un très bon pêcheur apprendra énormément lors d’une compétition. Il verra comment les autres pêchent, quelle stratégie ils ont choisi et il pourra faire des comparaisons. L’expérience du temps nous enseigne aussi un sens de l’eau et du rythme des poissons.
On apprend encore et encore, on se perfectionne au fil du temps, et avec de la détermination, de la volonté on peut y arriver et vivre de très belles aventures.
Il existe sans doute près de chez vous un club de pêche ou une section qui dépend d’un omnium sport. N’hésitez pas à vous renseigner. D’une manière générale, les gens sont à votre écoute et entre passionnés on se comprend.
C’est ainsi qu’une très belle aventure se profile devant vous, une aventure halieutique qui ne pourra que vous faire progresser. En ce qui me concerne, j’ai acquis, au cours de toutes ces années, un certain sens de l’eau et un grand respect du milieu marin. Les clubs n’hésitent d’ailleurs pas à intervenir dans diverses actions de défense du milieu marin.
Les montages pour pêcher en surfcasting
Parlons un peu des montages. Généralement ce sont les pêcheurs qui les réalisent à l’avance, souvent l’hiver quand la pluie et le froid sont bien trop présents pour aller en bord de mer.
C’est à ces moments-là, bien au chaud à la maison, que l’on peut se permettre de déployer tout son matériel pour l’entretenir ou réaliser de nouveaux montages.
Il en existe une multitude de tout type et de tout genre. Mais d’une manière générale il en existe trois principaux avec de nombreuses variantes.
Il y a les montages à une, deux ou trois empiles. J’entends par là le nombre de bas de ligne avec l’hameçon.
Ils peuvent être réalisés de plusieurs longueurs. Certains pêcheurs vont employer des empiles de plusieurs mètres et d’autres de quelques dizaines de centimètres. Le choix s’orientera souvent suivant les espèces recherchées ou encore en fonction des distances de pêche souhaitées.
Il est certain qu’un montage avec une seule empile partira bien plus loin qu’un montage à trois empiles. Ce n’est qu’un problème d’aérodynamisme.
Le choix des montages que vous allez utiliser le soir d’une compétition sera dicté par la stratégie que vous allez choisir. Celui-ci pourra être mis en place à la suite d’un entraînement ou de la connaissance du lieu de pêche. Ce n’est que l’expérience qui pourra orienter votre choix et rien d’autre. Certains soirs, à tel ou tel endroit, il y aura beaucoup de petits poissons à pêcher et généralement dans ce cas, vous opterez pour un montage à trois empiles relativement courtes. Par contre, dans d’autres lieux le poisson sera très loin et c’est avec des montages à une seule empile que vous pourrez aller le chercher là où il se trouve.
Nous en revenons donc à notre préparation qu’il ne faut surtout pas négliger. Il faut être prêt à changer rapidement de stratégie en observant les autres pêcheurs, qui eux, peut-être, font des prises.
La compétition de pêche de bord de mer (notre discipline) ne se fait pas forcément d’une plage. Dans certaines régions on la pratique depuis le quai, une digue ou un ouvrage portuaire ou encore des enrochements naturels.
Dans notre région méditerranéenne nous avons dans notre calendrier des manches sélectives régionales de pêche dans la roche : la pêche des poissons de soupe comme certains la nomment.
Ces épreuves, contrairement au surf-casting qui se déroule de manière générale la nuit, sont faites tôt le matin. On n’y pêche pas à deux cannes, mais à une seule car c’est une pêche très active qui nous demande une attention permanente. La plupart du temps on ne repose jamais la canne sur son support, mais on pêche canne en main, prêt à ferrer sur la moindre touche.
Sur ce type de pêche, nous avons des spécialistes, mais pour pouvoir prétendre au titre de champion de France, voire plus, il faut être un pêcheur complet et pouvoir être prêt à tout instant. L’adaptation doit être instinctive.
Avec tous ces conseils vous avez les cartes en main et l’expérience, il n’y a que vous qui pouvez-vous la construire. Pour ce qui est des titres, c’est de la détermination qu’il faudra rajouter. Le facteur chance est certes présent comme un peu partout, mais c’est loin, très loin d’être un facteur déterminant.
Conseils de pro pour réussir ses compétitions surfcasting
Alain Girard, un des meilleurs compétiteurs de la Région Paca qui fait aussi partie de l’élite nationale, nous donne quelques astuces.
Pour bien préparer une compétition de pêche dans les roches, il faut prévoir des montages et plombs de rechange en bon nombre et adaptés à la configuration attendue (fond, météo, espèces de poisson attendues…). Il faut prévoir une organisation qui permette de pêcher vite avec tout le matériel à portée de main, car les déplacements sur les rochers sont difficiles et risqués (trépieds, piques, tablette…). Il faudra donc lors de l’installation sur le poste, choisir sa place pour avoir la meilleure stabilité, la plus grande facilité de lancer et pour ramener, et le meilleur accès au bord de l’eau. La prise d’un beau poisson de 500g à 1Kg est possible et ne sera gagnée qu’une fois le poisson dans l’épuisette car il essaiera à tout instant de se coincer dans les roches du fond. Il faut penser en avance sur quelle partie du poste on le fatiguera et donc où positionner l’épuisette. Comme cette pêche se fait sur des fonds très encombrés avec des poissons nombreux, d’espèces très variées et peu méfiants, à part quelques sparidés comme les sars et daurades, il faut privilégier des montages très simples, très résistants aux accrocs avec des hameçons qui ne s’émoussent pas facilement et qui restent très piquants pendant la pêche. Il faut supprimer des montages tout accessoire qui ne soit pas indispensable pour limiter les accroches et les points de faiblesse en rupture. Le montage de base est la palangrotte avec 3 empiles courtes, nouées en fil à fil sur le corps de ligne. Comme lors du ramené à plus longue distance les poissons vrillent énormément le fil des empiles, un montage avec l’attache des empiles par un micro-émerillon « rolling » ou une perle est à favoriser dans ce cas seulement. Si les poissons sont très méfiants et que le fond accroche peu, un trainard un peu plus long peut décider de beaux poissons et permettre de faire la différence. Les appâts de base sont des morceaux de vers marins, avec le coréen ou dure qui est très polyvalent et convient à tous les poissons, avec le mouron qui est plus résistant et permet de sélectionner de plus gros poissons, et avec la néréide demi-dure qui est très tendre et plait à tous les poissons, petits et gros, mais n’est à utiliser seulement quand les poissons sont très méfiants. En fonction de ces appâts, la taille d’hameçon numéro 8 est la meilleure car elle permet à la fois de sélectionner les poissons maillés sans trop réduire le nombre de prises. En action de pêche, il faut surveiller sa canne comme du lait sur le feu, car après chaque touche, le poisson pris ira se réfugier au fond dans les algues comme les posidonies, ou sous les cailloux, et il coincera tout montage laissé libre en quelques secondes lors de son échappée. En compétition, comme il vaut mieux perdre un plomb qu’un poisson, ou perdre un poisson plutôt que deux ou trois en cas de prises multiples, il faut donc privilégier des montages avec plombs largables en cas d’accroche et des empiles qui cèdent beaucoup plus facilement que le corps de ligne du montage. Les plombs anti-accroche de 25g à 50g permettent de couvrir la majorité des besoins, et peuvent être facilement fabriqués avec des olives montées sur du fil de fer très fin qui libérera le plomb lors d’une traction forte et progressive en cas d’accroche. L’utilisation d’une canne à « buscle » très sensible est obligatoire pour détecter instantanément une touche sans détendre le fil et rester en contact avec le poisson. Toute prise doit être relevée au plus tôt en la décollant du fond pour éviter au poisson de « s’enraguer ». La pêche canne en main est donc à privilégier ainsi que l’utilisation de fil nylon très raide (peu élastique) ou de tresse dans le moulinet pour transmettre au mieux les vibrations des touches.