La légende entourant la naissance de la cuillère ondulante veut que ce soit un pêcheur anglais qui aurait vu une truite attaquer sa cuillère à thé tombée à l’eau, de là lui serait venu l’idée de fabriquer un leurre avec cette forme particulière donnant naissance au leurre le plus simple et le plus célèbre au travers du globe.
Si la cuillère ondulante est restée longtemps sous sa forme originale, de nombreuses déclinaisons ont vu le jour au fil du temps donnant naissance à bon nombre de leurres que nous connaissons aujourd’hui. Très utilisée dans les pays nordiques, elle avait perdu du terrain chez nous face à la tournante puis à la déferlante des leurres durs mais elle effectue un retour en force et reprend sa place dans les boites des pêcheurs.
Un leurre universel
La cuillère ondulante peut sans conteste mériter le titre du premier des leurres métalliques car à son apparition n’existaient que les mouches artificielles. La légende est-elle vraie, peu importe mais on peut quand même s’interroger sur l’analogie des formes entre la forme concave d’une cuillère et le côté incurvé de son manche qu’on retrouve sur les deux grands types d’ondulantes.
On la retrouve comme vedette en Scandinavie où aucun pêcheur de brochet, de saumon ou de truites n’oserait partir sans emmener sa collection d’ondulantes. Au Canada, elle est aussi reine des leurres et les pêcheurs de truites mouchetées (saumon de fontaine) s’en servent de teaser en plaçant une palette d’ondulante à 30 cm devant un beau ver de terre. Dans les pays de l’Est elle est aussi un classique indémodable et au Japon elle est toujours employée par tous les spécialistes du leurre. Il n’y a bien qu’aux USA et en France où elle est reléguée au second rôle.
L’ondulante peut tout prendre, de la perche au silure, elle peut pêcher à toutes les hauteurs d’eau, s’accommode des rivières tout autant que des lacs et est aussi efficace en eau douce qu’en mer.
Pas que le brochet
Si notre légende relative à l’invention de l’ondulante parlait de truite, c’est plutôt en destination du brochet que ce leurre semble avoir réuni tous les atouts. Les grands « chausse-pieds » irlandais sont parfaits pour rechercher messire esox dans peu d’eau. Ces grosses cuillères ne sont pas si lourdes que cela et leur grande surface s’appuie sur l’eau pour donner une nage papillonnante envoyant de multiples éclats lumineux. Bien que le brochet soit très réceptif à la cuillère ondulante, surtout sa fameuse descente de la couche d’eau en feuille morte, la très grande majorité des carnassiers de nos régions l’apprécie.
Au japon et dans les pays asiatiques, le concept de trout-areas qui sont des réservoirs truites destinés à la pêche aux leurres, ont permis de développer de nombreux produits très efficaces sur les truites d’étang. On a ainsi vu arriver il y a quelques années de petites ondulantes japonaises équipées d’un hameçon simple sans ardillon d’une finition remarquable. Il va sans dire que ces micro-ondulantes sont loin des tailles que nous connaissions mais sont très efficaces sur les truites, notamment les arcs-en-ciel.
Pour ma part j’ai pris nombre de poissons à l’ondulante, des sandres sur des ondulantes lourdes, des perches, des chevaines et même des poissons chats ainsi que leur cousin silure dont Jean Claude Tanzilli fut le précurseur de la pêche à l’ondulante qu’il fabriquait lui-même avec de vraies cuillères à soupe.
On le sait moins mais l’aspe qui se développe en France réagit très bien aux ondulantes lourdes et effilées lancées dans les courants.
Les différents types d’ondulantes
On connaît les deux modèles classiques que sont les ondulantes concaves et les galbées mais il en existe d’autres modèles très efficaces. Un simple morceau de barre de laiton coupée en diagonale est un classique dans les pays de l’Est, il pêche très creux. Les cuillères à jigger sont un autre exemple avec des profils en triangle, plats d’un côté et comportant des facettes sur l’autre pour nager différemment à la descente et à la traction.
On trouve même désormais une ondulante en plastique souple comportant une âme en plomb qu’on peut déformer à sa guise pour lui donner la forme que l’on escompte.
N’oublions pas les Rapala Rattlin Minnow Spoon avec leur hameçon anti herbe ingénieux ainsi que les Sébile Onduspoon, des ondulantes en plastique à corps creux contenant des billes bruiteuses.
Les évolutions
L’ondulante aura vu de nombreuses variantes, sonores, à deux palettes, percée au milieu et équipée d’une bille…mais ce seront les modèles creux équipés de rattle qui sont les dernières innovations. Rapala avec son modèle Rattlin Minnow Spoon nous propose une ondulante bruiteuse et équipée d’un gros hameçon simple central anti herbe. Ce leurre passe partout, même au milieu des herbiers qui sont la hantise des ondulantes en cassant leur nage.
Une nage unique
Le modèle classique pêche relativement près de la surface. Sa nage n’est qu’une lutte perpétuelle pour trouver un pont d’équilibre, de cette façon et ramenée à la bonne vitesse l’ondulante va onduler et papillonner. Si on accélère la nage ou si un courant s’en mêle cette nage sera altérée et l’ondulante va tournoyer sur elle-même. Le modèle galbé à profil en S est mon préféré, je lui dois de nombreuses prises, sa nage est un subtil mélange entre papillonnement, tournoiement sur l’axe et écarts brusques latéraux. La large surface de ce leurre lui permet de s’appuyer sur l’eau et en pêchant canne haute on arrive à passer dans moins de 50 cm d’eau tout comme en pêchant canne basse pour aller gratter le fond le long des cassants.
L’animation pleine eau utilise la technique de la feuille morte dont le brochet est friand. Il s’agit de laisser couler seule sa cuillère qui descendra doucement en papillonnant et traversera toute la couche d’eau, on remonte et on recommence tout en étant attentif à son fil pour déceler la touche à la descente.
J’ai découvert l’ondulante et sa pêche enfant lorsque l’émission télévisée Histoires Naturelles nous avait gratifiée d’un reportage avec Henri Limouzin qui nous expliquait comment pêcher avec une ondulante, en l’occurrence la Syclops de Mepps qui venait de sortir. Le célèbre journaliste halieutique nous montrait qu’il fallait animer cette cuillère pour faire la différence et ma première sortie avec, en appliquant ses conseils, se clôtura par la prise d’un brochet. Depuis j’ai toujours une Syclops avec moi lorsque je vais à la pêche.
Le matériel nécessaire pour pêcher à l’ondulante
L’ondulante n’est pas l’amie des cannes modernes trop rigides qui empêchent une animation coulée. Ce leurre aime la lenteur, une certaine mollesse pour s’exprimer au mieux et les matériaux modernes très rapides la font tourner au lieu d’onduler sur les animations. L’idéal est de choisir une canne souple dans une taille comprise entre 2 m et 2,7 m, la puissance sera à mettre en rapport avec le grammage de l’ondulante.