Exploiter les éclosions en pêchant à la mouche

Voilà passées les premières semaines d’ouverture avec les difficultés et les bons moments que nous leur connaissons. Les beaux jours pour la pêche à la mouche s’installent avec des éclosions massives qui mettent les poissons en transe… Mais comment profiter pleinement de ces moments? Explications! Nous savons que les mois d’avril et de mai sont des mois de nutrition intense pour les truites et qu’à chaque heure qui passe, leur façon de se nourrir peut se modifier entièrement. Nous sommes contraints de nous adapter pour trouver la meilleure solution et nous devons maîtriser alors les pêches en sèche, en nymphe et en noyée.

Pêche de la truite à la mouche pendant les éclosions
Rivière type pour la pêche à la mouche

Le milieu

Pour réussir sa journée, nous sommes dans l’obligation de choisir correctement notre parcours de pêche. A cette période de l’année les eaux sont encore assez froides et nous devons alors choisir un secteur protégé du vent si possible, mais surtout ensoleillé pour faciliter les éclosions. La thermie des eaux est l’élément clé, une eau trop froide comme trop chaude ne pourra en aucun cas produire des éclosions en masse, éclosions nécessaires à notre partie de pêche. En plus d’une température convenable – 14/16°C – le lieu de pêche doit posséder différents profils types de rivière comme des entrées de courant prolongées de lisses sur plusieurs mètres. Les entrées de courant nous permettent de pêcher en nymphe alors que les lisses nous facilitent la pêche en sèche, et sur l’ensemble nous pouvons pêcher en noyée.

L’éclosion se lance…

Les différentes pêches à la mouche

Soyons clair, nous n’avons pas 36 solutions qui s’offrent à nous pour commencer notre journée. Soit nous commençons dès le matin en nymphe au fil et nous adaptons notre pêche vers de la noyée dès les premières éclosions en absence de gobage puis nous passons en sèche dès les premiers gobages. Soit nous nous orientons directement sur une pêche en noyée ; cela nous permet de ne pratiquer qu’un seul changement de technique lors de l’apparition de gobages.

La pêche en nymphe

Cette technique de pêche à la mouche est sans nul doute la plus utilisée par les pêcheurs actuels puisqu’elle fonctionne en tout temps et toute saison. Tous les poissons du plus petit au plus gros prennent des nymphes et nous savons qu’elle possède aussi ses limites et c’est le cas lors d’une nutrition de surface. La majorité des nymphes présentent des tonalités de marron, gris, noire, jaune, acajou, avec ou sans un peu de composé flashy. Elles peuvent aussi être munies de billes en laiton ou tungstène de différentes couleurs. Le tout est de coller aux couleurs des larves présentes dans la rivière le jour de la pêche.

La pêche en sèche

Référence pour le monde des non pêcheurs, cette pêche a perdu de sa splendeur durant les 30 dernières années pour diverses raisons que sont la mauvaise gestion des milieux aquatiques, les pollutions, le manque d’eau et autres atteintes à l’environnement. Bon gré mal gré, cette pêche reste encore d’actualité sur les éclosions massives des rivières de plaine ou de semi altitude sur la période avril-juin. La pêche à l’aide des « émergentes* » a encore de beaux jours devant elle puisque c’est le stade d’évolution des insectes aquatiques qui intéresse le plus les truites. Les couleurs des mouches sont à déterminer le jour même de la pêche.

La pêche en noyée

C’est sûrement la pêche la moins pratiquée actuellement et c’est vraiment dommage car bien maîtrisée elle permet de pêcher avant et pendant l’éclosion avec un maximum de pertinence. La pêche en noyée demande par contre un minimum de technique puisque nous pêchons avec trois mouches qui doivent impérativement imiter le stade larvaire (mouche de pointe, la nymphe – mouche intermédiaire puis le subimago – sauteuse). Et 3 mouches lorsque le lancer n’est pas vraiment maîtrisé, ça fait des nœuds et des crises de nerfs… Pour choisir les mouches, nous regarderons donc les larves et nous en déduirons les mouches qui éclosent.

La nymphe est efficace avant et pendant l’éclosion

La climatique

L’idéal est la journée maussade d’avril-mai avec un plafond voilé, voire accompagné d’une micro pluie (bruine) mais avec une température douce de 18 à 22°C. L’utilité de la pluie dans les éclosions n’est plus à prouver, nous savons que celle-ci provoque un abaissement de la pression atmosphérique sur la surface de l’eau et permet dès lors les sorties de subimago* plus facilement. Le tout est d’avoir un minimum de vent qui pourrait malheureusement refroidir la surface de l’eau et donc atténuer les éclosions.

L’équipement

Pour pêcher à la mouche toute l’année, un équipement basique peut faire l’affaire – 9 pieds soie 4/5 –  mais en regardant de plus près si nous devons être polyvalent, nous nous équiperons plutôt avec le matériel suivant : une canne de 9,6 soie 4/5 comme la T44 de chez Devaux. La longueur de cette canne permet de jouer la polyvalence et donc de pêcher en petite comme en grande rivière, aussi bien en nymphe à vue qu’au fil, en sèche mais aussi en noyée. Le moulinet ne présente que peu d’intérêt si ce n’est qu’il doit posséder un frein micrométrique régulier. Personnellement, nous avons trouvé les Waterworks Lamson parfaitement adaptés à toutes ces pêches avec des freins d’une progressivité sans faille. Une soie de 5 de profil en WF* permet quant à elle de pouvoir assurer cette polyvalence, de lancer plus rapidement et de lutter contre le vent si celui-ci est présent. Avec ce matériel, il nous suffira de prévoir différents bas de ligne pour répondre à nos changements de technique de pêche le moment venu.

Quelques noyées Mouches Devaux très utiles

Les bas de ligne

Pour simplifier au maximum les bas de ligne et surtout pour gagner du temps, nous constituons un talon* identique et nous ne modifierons que les deux derniers brins appelés pré pointe* et pointe*.

Les fils de couleur ne gênent en rien la discrétion requise pour la pêche et sont très souvent une aide visuelle en sèche puisque lorsque nous pêchons avec des très petites émergentes – hameçons de 18-20-22 – dans les frisottis de la rivière, il nous suffit de les suivre lors du posé pour savoir où se trouve notre mouche.

Les moments de l’éclosion

Nous pouvons la définir selon trois phases, toutes trois très marquées dans le temps d’une pêche journalière.

La pêche lors de la pré-éclosion

Nous savons que le temps qui précède l’éclosion est souvent difficile puisque les poissons ne sont pas réellement en place et seule la pêche en nymphe peut se révéler pêchante ou bien une pêche en noyée si nous avons placé une mouche de pointe lourde comme une nymphe casquée. Mais il ne faut pas se leurrer la pêche à ce moment précis n’apportera qu’un poisson par-ci par-là….

La pêche lors de l’éclosion

Nous sommes ici dans ce qui est le meilleur moment pour le pêcheur de truite à la mouche, c’est à dire que les nymphes sont en train de remonter vers la surface et deviennent des subimagos. Cela peut durer 10 minutes comme 6 heures et nous devons en profiter un maximum en adaptant notre pêche. Le choix du poids, de la couleur et de la taille des imitations sont importants. La pêche en nymphe mais surtout en noyée prennent toutes leur sens. Même si la pêche en nymphe prendra des poissons, c’est la pêche en noyée qui sera supérieure puisque nous pouvons exploiter au mieux tous les stades de l’éclosion et les différents niveaux de profondeur de la rivière.

La pêche en fin et après l’éclosion

Nous assistons dès lors aux gobages et nous voyons bien que la pêche en nymphe devient moins productive et que la pêche en noyée ne permet que de temps à autre de prendre des truites ou ombres sur la sauteuse… Il est donc temps de passer en sèche et rapidement car cela peut vite s’arrêter. Dès que les gobages s’intensifient, les truites sont sur des émergentes puis passent quelques temps après sur des imagos* pour finir par des spent* à la fin de l’éclosion.

Truite prise sur la mouche intermédiaire pendant l’éclosion

Nous garderons à l’esprit que la pêche n’est jamais écrite et qu’une éclosion peut avoir lieu à différentes heures de la journée selon la température d’eau et les mois de pêche. Parfois, elle survient dès dix heures du matin, à treize heures ou vers dix sept heures mais il y en aura quasiment une par jour avec plus ou moins de profusion. Mettons la à profit car c’est elle le véritable temps fort de la pêche à la mouche. Pêchons sur un laps de temps important et essayons de changer de méthode si celle que nous avons n’est pas celle du moment.

Pêche en sèche dès les gobages

Définition *

Émergentes : ce sont des mouches à flottaison basse imitant des subimagos.

Subimago : c’est un des stades des insectes qui précède la sortie de l’eau. L’insecte présente le corps dans l’eau et les ailes qui dépassent de l’eau.

WF : Weight Forward – profil de soie dont la partie avant est plus lourde et permet de pouvoir être rapidement en action de pêche.

Talon : début du bas de ligne composé de fort diamètre.

Pré pointe : avant dernier brin constituant le bas de ligne.

Pointe : dernier brin du bas de ligne à nœud sur lequel est accroché la mouche.

Imago : c’est le stade final de la transformation des insectes aquatiques vivants et qui flottent « haut » sur l’eau.

Spent : c’est l’ultime stade des insectes après leur reproduction généralement, mais ceux-ci sont morts….

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