Il est difficile de se procurer des vifs et, bien souvent, à la fin d’une partie de pêche, on rejette ceux qui restent. Qu’on les ait payé 5€ pièce dans un magasin ou chez un pisciculteur, ou qu’on ait passé une journée à les attraper, il est quand même dommage de ne pouvoir les conserver alors qu’une solution existe pour moins de 200 euros, si peu que l’’on soit un minimum bricoleur.
Les règles à respecter
Même si les vifs ne sont pas censés passer plusieurs années dans le bac, il convient de respecter les règles de bases empruntées à l’aquariophilie. Les poissons tiendront plus longtemps et seront en forme pour les parties de pêche futures.
Tout d’abord, l’espace. Pour éviter le stress et laisser suffisamment de place pour que chaque individu puisse évoluer sans gêne, il faut respecter une équation simple : 1 litre d’eau peut héberger 2 centimètres de poissons. Ainsi, avec 500 litres d’eau, on peut théoriquement placer 1000 centimètres de poissons soit 30 vifs de 30 centimètres ou encore 50 vifs de 20 centimètres.
La température et l’oxygène sont deux paramètres importants et qui sont étroitement liés. Plus l’eau est chaude, plus le taux d’oxygène dissous diminue. Il est donc crucial de contrôler la température et faire en sorte d’éviter qu’elle ne s’élève au-delà de 24°C. La meilleure solution est de placer son bac dans une cave ou un garage qui subissent peu les variations de température et bénéficient d’une relative fraicheur, même en période estivale. Mais si l’on ne peut faire autrement que de le placer en extérieur, on prendra soin de le mettre à l’ombre. Lorsque la température s’élève, deux solutions sont efficaces pour éviter une mortalité ou une fragilisation des poissons par manque d’oxygène dissous : ajouter des bouteilles d’eau congelées qui feront office de gros glaçons ou remplacer un tiers du volume d’eau par de l’eau fraiche. Evidemment, il faut également prévoir un système d’oxygénation permanent.
Enfin, il faut absolument éviter que les nitrates envahissent l’eau et la contaminent. Les nitrates sont produits par la stagnation de l’eau et les rejets de nutrition des poissons. Il faut donc s’appliquer à ne pas nourrir les poissons (quelques micros pellets par semaines suffisent) et ajouter un système de filtration efficace.
Autant que faire se peut, utiliser de l’eau de pluie. Cela vous coutera moins cher et elle sera moins nocive pour vos poissons. Si vous utilisez de l’eau du robinet, pensez à la laisser s’aérer 48 heures afin que le chlore s’évapore car il est irritant pour les branchies et peut causer une mortalité chez vos poissons.
Le nécessaire
Après avoir cherché plusieurs solutions, il apparait que les bacs de récupération d’eau de pluie soient les meilleurs contenants possibles. Ils sont robustes, abordables, faciles à se procurer et existent dans des tailles variant de 300 à 1000 litres. De quoi trouver idéalement le bac adapté à la place qu’on a et au nombre de vifs que l’on souhaite conserver.
Pour cet article, le bac choisi a une contenance de 520 litres. La forme rectangulaire n’est pas choisie au hasard : elle facilite l’aménagement et elle optimise la place laissée aux poissons pour nager. Le couvercle vendu avec permet de s’assurer que les poissons ne sauteront pas en dehors du bac et évite de devoir confectionner soi-même un maillage de protection.
Pour l’oxygénation de l’eau, il faut utiliser une pompe à air de gros débit dont l’apport en oxygène devra être d’au moins 60% du volume d’eau toutes les heures. Le bac aménagé ici bénéficie d’une pompe d’un débit d’air de 380 litres par heure, répartis dans deux tuyaux de sortie apportant chacun 190 litres d’air par heure. Pour des raisons pratiques, optez pour un modèle qui peut être fixé à la verticale.
Afin de passer l’eau dans le système de filtration, il faut impérativement utiliser une pompe à eau submersible et la placer au fond du bac afin que l’eau la plus chargée en détritus soit prioritairement renvoyée vers le filtre. Pour éviter que ce soit toujours la même eau qui passe dans le filtre, la pompe devra être placée à l’opposé du système filtrant. Elle devra avoir une capacité de pompage horaire au moins égale à deux fois le volume d’eau. Pour ce bac de 520 litres, la pompe a une capacité de 1200 litres/heure.
Les systèmes de filtration externes sont très chers. Il existe cependant un moyen efficace et peu onéreux inspiré de celui utilisé pour les bassins extérieurs. A partir d’une jardinière de 50 centimètres de long, il est possible d’obtenir une filtration efficace. La première étape consiste à percer des trous de 10 millimètres de diamètre sur le fond de la jardinière. Ces trous permettront à l’eau de s’écouler après être passée au travers du filtre.
La filtration étant assurée par des dizaines de millions de bactéries qui dévorent les déchets organiques, il leur faut un habitat adapté à l’intérieur du filtre. Pour cela, utilisez de la pouzzolane. Cette pierre est poreuse et constitue un bon support bactérien. Remplissez la jardinière de pouzzolane et placez-la sous le rejet du tuyau de la pompe à eau.
Voilà donc une solution facile à mettre en place, économique et efficace. Vous pourrez conserver vos vifs toute la saison si vous prenez soin d’avoir une eau qui reste propre et bien oxygénée. Toutes les espèces de poissons ne supportent pas d’être conservées en bac. Orientez-vous sur ces espèces, qui sont très résistantes : carassins, carpeaux, chevesnes, tanches et rotengles.
Matériaux utilisés :
- Bac de récupération d’eau de pluie : 65€
- Pompe à air de 380 litres/heure (2 fois 190 litres/heure) : 45€
- Pompe à eau d’un débit de 1200 litres/heures : 45€
- Jardinière pour fleurs de balcon : 10€
- Sac de pouzzolane de 30 litres : 8€
- Tubes, tuyaux, visseries, tasseaux : 20€