Ils veulent interdire la pêche à Paris ? Impensable !

L’association « paris sans captivité animale » a lancé un joli pavé dans la mare en ce mois de mars juste avant l’ouverture de la truite en France. L’association de défense des animaux suggère l’interdiction de la pêche à Paris puisque le poisson ne peut pas être consommé : il n’y a pas de raisons valables de vouloir pêcher puisque la pêche n’est alors plus qu’une distraction d’un individu qui fait souffrir inutilement les poissons. Avec un raisonnement basique, terre à terre, on se dit pourquoi pas et nous avions déjà abordé le sujet il y a quelques temps avec un article montrant comment on pouvait concilier défense des animaux et pêche de loisir sur le plan éthique.

campagne interdiction peche paris metro

Mais la tension est montée d’un cran avec l’appui de Danielle Simonnet (France Insoumise) qui a déposé un vœu en ce sens lors du prochain conseil de Paris du 20 au 22 mars, une énorme compagne de (dé)sensibilisation en 4×3 dans les métros parisiens ainsi qu’une pétition en ligne pour arrêter la pêche recueillant 15000 signataire seulement à l’heure où nous écrivons ces lignes. A la lecture de la pétition, outre un lien erroné d’une tribune publiée dans Libération, on apprend que le problème vient de la peur, la suffocation et la souffrance que subissent les poissons lorsque nous pêchons en no-kill, en plus des lésions occasionnées qui laissent les poissons agoniser dans l’eau. Alors, qu’en est-il vraiment ?

 

Ok, la pression monte d’un cran, il est temps de dégainer des arguments scientifiques et des preuves concrètes du bord de l’eau pour démontrer le contraire !

 

Preuves scientifiques

Chercheurs du wyomings

Le professeur James Rose, pour l’université du Wyoming a constaté dans les années 2010-2014 que les poissons ne présentent pas un néocortex assez développé pour ressentir la douleur. Les nocicepteurs qui entrainent la sensation de douleurs sont bien présents chez les poissons, mais en nombre insuffisant pour leur donner une sensation consciente de douleur. Cette étude venait contre-argumenter une expérience décriée faite sur des observations de truites qui avaient eu un changement de comportement suite à une injection d’acide dans les lèvres.

Une autre recherche au cours de laquelle des poissons ont été attrapés à l’aide d’hameçon avant d’être libérés montre qu’immédiatement ou quelques minutes plus tard, les poissons reprenaient une activité tout à fait normale et montraient une bonne survie. Des signes qui confirmeraient qu’ils n’ont pas ressenti de douleur lors de l’hameçonnage.

En savoir plus : http://www.maxisciences.com/poisson/les-poissons-ne-ressentiraient-pas-vraiment-la-douleur_art28294.html

No-kill sur les truites aux USA

Une autre étude est récemment parue sur un magazine américain (In Fisherman Mars-Avril 2018) montrant le taux de mortalité des truites, poisson fragile par rapport à d’autres espèces plus grégaires, en fonction de la température de l’eau. On y apprend que le taux de mortalité après capture est globalement considéré de 15% environ, un taux certes élevé, mais bien loin de ce veulent nous laisser croire certaines associations de défense des animaux. Et cela tombe bien, les truites sont peu présentes à Paris, les perches, brochets, sandres et silures sont des espèces bien plus robustes. On apprend également dans cet article qu’une étude scientifique a été menée sur 2329 truites lacustres pour étudier l’impact de la température de l’eau ou des méthodes de pêche, et plus la thermocline est importante, plus le taux de mortalité augmente sur les truites lacustres. (Sitar, S. P. , T. O. Brenden, J. X. He and J. E. Johnson. 2017. Recreational postrelease mortality of lake trout in lake Superior and Huron. N.Am. J. Fish Mgmt. 37:789-808)

Article provenant du magazine In Fisherman actuellement en kiosque

Constats au bord de l’eau

Nous sommes en 2007, en Saône au sud de Mâcon où le bief fait plusieurs dizaines de kilomètres de long, avec une rivière de plus de 300m de large à certains endroits. C’est grand, et ça laisse de la place pour les poissons. Et bien lors de cette année 2007, j’ai pris et repris 5 fois un poisson facilement identifiable tout au long de l’année. Pire encore, un soir d’été, je l’ai pris 2 fois de suite ! Illustration parfaite des propos scientifiques exposés ci-dessus : le poisson ne souffre pas à partir du moment où il est bien manipulé. Et c’est donc le contre-argument parfait qui prouve que les poissons n’agonisent pas au fond de l’eau en attendant une mort lente… non ! Des exemples comme cela il y en a des centaines, avec des carpes facilement identifiables, mais aussi des silures, des brochets, etc.

Nous n’abordons pas le rôle de vigie de la qualité de l’eau que forment les pêcheurs, ainsi que les nombreuses actions en faveur de la nature, au sens large, avec notamment des actions de nettoyage des berges. Nous voulions simplement répondre, de manière précise, argumentée et scientifiques, à ces fausses allégations qui circulent dans la presse suite à ce petit buzz médiatique. Personnellement, je veux bien changer d’avis… mais que l’on me démontre scientifiquement et sur le terrain que j’ai tord d’aimer autant les poissons que la pêche.

Maintenant, amis de la faune et de la flore, il est temps de dépenser nos énergies plus utilement avec des actions concrètes et bien plus urgentes comme la pollution de nos rivières !

 

Une contre-pétition, en faveur de la pêche à Paris, est à signer ici (qui va bientôt dépasser le nombre de signataires de l’autre pétition) : https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement/peche-paris/40699

 

Une vidéo de Philippe Carrière en réponse à la vidéo qui mérite également un coup de projecteur : 

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