A l’approche de l’hiver un animal aux formes étranges fait son apparition toutes les nuits sur nos côtes. Ce chasseur insolite est venu chercher petits poissons et crustacés afin de se repaître. Mais qu’il prenne garde car il fait aussi l’objet d’une prédation ! En effet, poissons mais également certains prédateurs bipèdes équipés de canne à pêche raffolent de ce céphalopode si particulier : le calamar.
Depuis des millénaires le calamar hante les rêves les plus fous des hommes, il fascine par sa morphologie hors du commun et par la taille impressionnante que peut obtenir certaines espèces des grands fonds. Un animal mystérieux dont on ne connait finalement pas grand-chose. Sur nos côtes, nous sommes susceptibles de croiser 2 espèces : le calamar rouge (Illex coindetii) (http://fr.wikipedia.org/wiki/Illex_coindetii) et le calamar blanc (Loligo vulgaris) (http://fr.wikipedia.org/wiki/Loligo_vulgaris). Le premier ne se rencontre que très peu en pêchant du bord, et c’est en bateau et dans des fonds bien souvent supérieurs à 100m qu’il sera possible de le capturer, alors que le second se capture aisément du bord, c’est ce que nous allons à présent étudier. Attention toutefois à ne pas confondre le calamar avec d’autres céphalopodes également présents sur nos terrains de pêche comme la seiche (Sepia officinalis) (http://fr.wikipedia.org/wiki/Seiche_(animal)). En effet, il vous sera relativement fréquent d’en capturer quelques-unes mais il est également possible de le pêcher spécifiquement. Plusieurs techniques de traque sont possibles. Les pêches aux leurres sont actuellement les plus utilisées notamment par leur rapidité de mise en œuvre. Mais les anciens préfèrent utiliser les premières méthodes qui étaient déjà employées avant l’arrivée des pratiques modernes.
Pêche du calamar aux appâts naturels :
Lors de vos sorties de pêche au « squid », vous aurez certainement l’occasion d’observer des flotteurs lumineux et autres boîtes de conserves posées sur le sol. Ne sous estimez pas ces pratiques « ancestrales » car elles peuvent représenter parfois les seules alternatives efficaces permettant de capturer du calamar boudeur.
Sardine posée :
Cette première technique consiste à proposer à nos céphalopodes adorés un met de premier choix : la sardine. En effet il s’agit de l’appât roi que les calamars ne peuvent pas bouder car ils en sont hystériques. Le but du jeu est de présenter une sardine posée sur le fond sans autre artifice. Le fil étant ligaturé tout autour de la sardine et un hameçon simple placé dans le corps de celle-ci permet simplement d’assurer un point d’ancrage. Cette technique reste la plus efficace pour capturer les plus méfiants de ces animaux venus tout droit des ténèbres. La sardine n’offrant aucune inertie, le calamar ne détectera pas de piège et s’en alimentera sans se méfier. C’est la dextérité du pêcheur qui fera le reste ! Il doit alors ramener lentement le calamar vers la berge en exerçant une traction lente sur la ligne. Une fois proche du bord il faut arriver à rentrer le calamar soit dans une épuisette ou le gaffer à l’aide d’une « roumagnole » : un plomb cylindro-conique muni d’un grand nombre d’hameçons présentés en couronne. C’est la partie la plus délicate car le « cala » à tendance à lâcher prise à l’approche de sa sortie de l’eau. Mais la faim l’emporte bien souvent et il revient rapidement sur la sardine qu’on aura pris soin de laisser sur place.
Autre caractéristique de cette technique : le fil n’est pas relié à une canne mais à une boîte de conserve ! En effet, cette dernière sert à la fois de réserve de fil mais aussi de détecteur de touche. Une fois votre sardine posée sur le fond à distance raisonnable, la boîte de conserve est placée à un minimum de 2 m du bord du quai. Un calamar se saisissant de la sardine à tendance à se déplacer plus ou moins rapidement faisant bouger la boîte de conserve avertissant le pêcheur qu’un « client » se trouve au bout du fil.
Sardine cage au flotteur :
Version plus moderne de la sardine au posé, on aura recours à cette technique pour chercher les céphalopodes entre deux eaux et donc en pleine zone de chasse. Cette technique se pratique à l’aide d’une canne. En effet, cette pêche utilise un flotteur lumineux qui permet à la fois de présenter l’esche dans la bonne couche d’eau mais aussi de signaler la moindre touche. La sardine sera fixée sur la ligne soit à l’aide d’un « panier aiguille » soit à l’aide d’une « cage ». Une fois que le calamar s’est saisi de la sardine il suffit de faire un ferrage ample sans brutalité pour assurer la prise des tentacules sur le panier ultra piquant et de ramener l’animal captif. Donc il s’agit d’une technique plus sécurisante que la première permettant de ramener les prises quasiment à chaque touche. En revanche, si les calamars sont d’humeur méfiante ils ne se laisseront pas forcement berner facilement. Le coté amusant de cette technique étant de voir se déplacer les flotteurs lors des touches. Si certaines peuvent être très discrètes, d’autres peuvent être d’une violence hallucinante.
Pêche du calamar aux leurres
Passons à présent sur la partie pêche aux leurres, une technique très en vogue depuis ces dernières années, et pour cause : elle séduit tout simplement les pêcheurs aux leurres traditionnels qui verront une technique complémentaire permettant de traquer autre chose que du poisson. Si elle est tout à fait praticable avec du matériel de pêche au leurre classique, il existe également des cannes qui ont été spécifiquement développées pour la technique dite du « eging ». Ces fleurets sont ultra légers, ont une longueur en moyenne de 2,4m et une puissance de 10 à 40gr avec une action semi-parabolique à parabolique et sont équipés de petits anneaux de type lowrider afin de mieux percevoir les touches. On équipera bien sûr les moulinets de tresse fine afin d’augmenter la sensibilité de l’ensemble. Les leurres employés sont des « turluttes » ou « calamarettes » ou encore « egi squid ». Elles sont déclinées sous différentes formes et couleurs, mais nous pouvons les dissocier sous 2 variantes : les versions flottantes ou faiblement plombées dont le lest est intégré dans le corps et les versions lestées avec la plombée apparente et un corps allongé. Dans les 2 cas elles sont pour la plupart recouvertes d’un tissu favorisant une meilleure préhension lors de l’attaque des calamars mais aussi pouvant retenir des attractants tels que les huiles de sardines. Il est à noter que leur corps peut également être phosphorescent afin de pouvoir plus aisément capter l’attention des céphalopodes.
Calamarette flottante en drop-shot :
Paradoxalement il s’agit de la technique la plus efficace pour pêcher au raz du fond tout en limitant les pertes de leurres. Elle demeure finalement et à tort, que peu utilisée, voir même pas du tout dans certains secteurs de pêche. Bien entendu, elle ne présente qu’un intérêt mineur sur un banc de sable ou sur une zone totalement dégagée. Cela dit, elle permet à votre turlutte de rester toujours à quelques centimètres du fond, ce qui constitue le terrain de chasse privilégié des seiches et des gros calamars.
Il s’agit donc d’un montage dropshot mais avec de légères variantes notamment le fil allant du leurre vers le lest est de plus petite section afin de casser dans les obstacles s’il y a accrochage. Le lest est constitué par une simple chevrotine allant de 1 à 5 grammes. Le leurre est fixé par une agrafe permettant un changement rapide de celui-ci afin de s’adapter aux conditions.
L’action de pêche consiste à laisser couler le montage au fond et à ramener lentement voir même très lentement le leurre de façon linéaire et sans à-coups. La moindre résistance doit se solder par un ferrage. A noter que parfois, effectuer de légères secousses permet de déclencher des attaques.
Calamarette lestée
Si ces calamarettes existent déjà depuis des dizaines d’années, c’est seulement depuis quelques saisons que les pêcheurs français ont découvert les véritables techniques d’animation. Avant, on se contentait de ramener linéairement ces leurres et ce à vitesse réduite. Il en résultait des résultats aléatoires et des accrochages dans les obstacles multiples. Aujourd’hui, les techniques d’eging ont été de vraies révélations pour de nombreux adaptes de la traque du céphalopode. Une multitude de noms ont été donnés à ces techniques sans vraiment définir un sens. Mais en gros il existe 2 types d’animations : le twitching et le wipping/ripping. La première consiste donc à imprimer des séances de twitch permettant au leurre de nager en walking the dog à des profondeurs précises, la deuxième réside à lever la canne en donnant des à-coups dans le but de faire faire des sauts aux leurres. Dans tous les cas les mouvements sont énergiques de manière à imprimer des animations rapides aux leurres qui imiteront ainsi la nage d’un poisson ou d’une crevette en fuite. Des temps de pause sont obligatoires afin de refaire descendre le leurre sur le fond ou dans la couche d’eau désirée. C’est généralement à ce moment-là que la touche intervient. Ces impulsions sont assez violentes et spectaculaires pour le pêcheur néophyte, mais leur efficacité sur des « calas » actifs n’est plus à prouver. Bien entendu, ne vous contentez pas forcement de respecter ces animations à la lettre, surtout si vous n’enregistrez pas d’attaque. A vous également de laisser libre recours à votre imagination et de tenter de faire nager votre leurre différemment afin de surprendre ces bêtes à tentacules. Libre à vous de gérer vos patterns d’animation.
Profondeur de pêche du calamar
La difficulté dans cette pêche réside à déterminer la profondeur exacte dans laquelle évolue nos « squids » favoris. En effet, il ne suffit pas simplement de lancer sa ligne dans l’eau pour espérer des captures. Il est impératif de trouver la bonne couche d’eau dans laquelle les calamars sont en chasse, celle-ci reste la même pendant un laps de temps plus ou moins long permettant de pouvoir en profiter suffisamment pour y faire quelques captures. Il est donc important dans un premier temps de tester différentes profondeurs et axes de lancer. Enfin il convient également d’adapter le poids des leurres et leur temps de descente afin de ne pas se trouver pénalisé sur le temps de pêche.