La pêche du sandre en winding est efficace ! Mais qu’est-ce que le winding ?Si on prend la définition première de ce terme anglais : bobinage, à coup sûr c’est à n’y rien comprendre pour la pêche, mais dans la langue de Shakespeare, les termes utilisés peuvent avoir des significations différentes et « wind », le verbe, peut-être traduit par « remonter » et c’est dans cette traduction qu’il faut comprendre ce terme barbare !
Nous sommes d’accord sur un point : cette habitude d’utiliser des mots anglo-saxons dans le vocabulaire de la pêche est un peu agaçante et si on en use ou en abuse cela ne fait pas davantage prendre du poisson. Vous dire que je pêche en « stop and go » (je stoppe mon leurre et le fais de nouveau progresser dans une constante de sa progression), que je pêche au drop shot (amorti) et que j’utilise le winding pour prendre du sandre, pourrait très bien être dit en français dans le texte : je pêche décollé du fond ! J’aurai ici participé à un cours linguistique, vous m’en excuserez.
Connaissance du sandre
Depuis longtemps on considère que le sandre évolue principalement sur les fonds et qu’il est donc opportun de le pêcher uniquement sur les cassures, les éboulis, les anciens lits de rivière, le vieux pont immergé ou les plages en laissant son shad ou sa monture à poisson mort évoluer à proximité de ceux-ci, mais cette approche fut à maintes reprises, balayée par un collaborateur performant : le sondeur ! Cet instrument a quelque peu bousculé nos convictions sur les comportements du sandre que l’on pensait avoir une activité essentiellement nocturne. Ce qui n’est pas faux puisque son système oculaire ayant la particularité de posséder, à l’arrière de la rétine, une membrane réfléchissante qui capte davantage les rayons lumineux comme le chat ou les rapaces nocturnes. De plus, sa rétine est très riche en cellules à bâtonnets (c’est le système le plus sensible à la lumière), ce qui fait de lui le champion de la vision par faible luminosité : à la tombée du jour et au début de la nuit, à l’aube, ou encore dans les eaux plus sombres des profondeurs. Cela ne veut pas dire que son activité alimentaire ne rentre que dans cette tranche journalière, loin s’en faut ! Certes, ayant une meilleure vision dans les profondeurs, il pourra surprendre plus facilement le poisson fourrage, mais il devra aussi évoluer en fonction de ce garde-manger qui peut, pour diverses raisons : température de l’eau, présence du phyto et zooplancton, luminosité, paramètres physico-chimiques, se trouver dans des couches d’eau intermédiaires, voire évoluer en dessous de la surface. C’est pourquoi, raser les fonds à la recherche du sandre alors que celui-ci évolue plusieurs mètres en dessus de notre leurre est l’assurance… d’un capot retentissant !
Quels types de leurres utiliser ?
En winding, on n’utilisera pas des shads traditionnels avec caudale, mais des softbaits type finesse dont la queue en « V » ayant tendance à freiner la descente et bénéficier ainsi, de l’effet planant et le positionnement de la tête plombée vers le bas évitant les ratés. La gamme des finesses est assez conséquente et l’on trouve ne nombreux bons produits chez les fabricants avec un faible pour les jerks minnow de chez Big Bite Bait ou les Slit finesse de Sakura. Après c’est une question de goût, une proposition pour ceux qui veulent une référence n’étant ni sponsorisé par l’un ou par l’autre des fabricants cités, disons que leur équilibre en descente est opérant et que ces leurres peuvent très bien être utilisés en verticale, autre technique intéressante. Les sandres ont tendance à capter le leurre en descente quand ils sont suspendus, ce qui provoque quand même pas mal de ratés car leur potentiel à recracher un leurre est historique.
Pas de règles immuables en ce qui concerne les leurres, mais assurément ce sont des souples sans pédoncule caudal qui semblent les plus appropriés pour cette pêche de prospection entre deux eaux. On trouve sur le marché aussi bien des lanciformes avec une queue en V ou vermiforme sans queue du tout. Mais privilégiez quand même ceux qui présentent une queue en V car les autres sont plutôt réservés à des prospections très lentes, en verticale notamment, ils n’ont pas cet effet planant que l’on trouve sur le jerk minnow ou le flit finesse. Mais il y a certainement d’autres bons leurres qui font le job dans cette technique. Concernant le grammage de la tête plombée, l’important réside dans un bon équilibre entre la taille et le poids du leurre. Pour les pêches profondes, disons à dix mètres, l’utilisation d’une tête plombée de 14 grs est recommandée, 18 grs s’il y a du vent, mais cela peut être inférieur si par exemple vous avez de nombreuses touches mais que vous ne concrétisez pas au ferrage. Dans ce cas une réduction du poids s’impose car les sandres semblent tatillons ! Prenez aussi en compte le diamètre de votre fluorocarbone et de votre tresse car leur portance va intervenir et freiner la descente de votre leurre.
Faire évoluer son leurre
Sur les cassures et les abrupts, soit vous pêchez en remontant la pente et dans ce cas l’évolution du leurre est assez proche du fond, soit vous êtes en retrait et votre leurre évoluera entre deux eaux. L’idéal sera de pêcher perpendiculaire par rapport à la pente afin que le leurre soit globalement toujours à la même hauteur de prospection car si vous êtes décalé de la cassure (en face) il est compliqué de connaître avec exactitude quelle est la pente réelle de la structure et vous allez, certes pêcher en pleine eau, mais probablement beaucoup trop haut pour tenter un sandre à moins que votre sondeur ne vous ait indiqué la position des carnassiers. Sur un fond linéaire, il sera plus facile en raison de cette constance, de trouver une progression à la bonne hauteur en fonction, d’une part du repérage de poissons suspendus dont votre sondeur donnera la position, ou de la présence de boules de poissons fourrage car oui, leur présence peut signifier qu’il y a des carnassiers dans les parages, même si vous ne les avez pas identifiés. On pêchera dans ce cas à hauteur des cyprinidés ou des petites perches en couvrant la zone.
Les hauts fonds peuvent être abordés un peu comme un abrupt en repérant la partie la plus haute et en se décalant pour trouver la partie basse. L’idéal c’est de toujours avoir une idée assez précise de la structure à prospecter et de visualiser intellectuellement ce qu’elle représente avant de lancer son leurre. Bien sûr si vous identifiez des poissons suspendus, la chose est entendue : pêchez à la bonne profondeur !
Globalement c’est toujours compliqué de réaliser des animations en pleine eau car l’absence de repère nous amène à nous demander si notre prospection est valorisante et efficace mais si on réfléchit par exemple à la pratique de la pêche à la traîne autorisée dans certains pays, on constate que de nombreuses prises se font avec des leurres évoluant dans une couche d’eau intermédiaire et il faut se convaincre que notre technique apportera des résultats. Il est toujours possible de prospecter de façon traditionnelle dans un premier temps et pêcher à raz du fond si notre progression ne nous donne aucune indication sur la position des sandres, mais on peut aussi, et c’est là que le winding devient opérant, considérer après réflexion, que nous ne pêchons pas à la bonne profondeur et qu’il serait opportun de reconsidérer notre technique de base. Par expérience, on peut passer complétement à coté de la pêche du jour simplement en raison d’une mauvaise interprétation du positionnement des carnassiers et ne pas comprendre pourquoi cet autre pêcheur a ramené deux ou trois sandres au bateau alors que l’on n’a eu aucune touche ! Cette incompréhension est encore plus, comment dire, vexante, quand on constate qu’il pêchait avec les mêmes leurres que nous. Bon, on peut toujours dire qu’il a un pot de co…, mais est-ce vraiment le cas ?
Des touches souvent en descente
L’animation est simple, on prend contact avec le fond, attention aux touches à la descente qui sont souvent nombreuses, puis on effectue des tirées amples, suivies d’une longue glissade du leurre canne haute, s’enchaine ensuite une succession de cette animation, le twitching (petites tirées sèches) permet de rendre le leurre plus agressif et les glissades servent à gagner de la hauteur pour donner une nage sinusoïdale. La phase de descente est importante car elle enregistre au moins 90 % des touches liées au sandre, par contre dans celle de l’animation, il s’agit le plus souvent d’un brochet. N’hésitez pas à renouveler votre animation initiale en reprenant contact avec le fond pour de nouveau faire évoluer votre leurre dans les couches d’eau intermédiaires, c’est l’essentiel de cette technique souvent utilisée sans l‘appeler du terme de winding. Il importe sur le plan stratégique de ne pas s’arrimer à des concepts figés qui sont fiables, mais insuffisants pour aller plus loin, pour donner à notre session de pêche des atouts supplémentaires. Le winding répond à cette soif de connaissance et d’évolution, prenez-le en compte pour vos prochaines sorties.