Pour les pêcheurs au vif, déjà ultra efficace en maintes circonstances, se pose souvent la question de l’efficacité ou de l’opportunité d’une technique, qu’elle soit classique ou moderne. Dans ce cas précis, c’est la différence entre la classique tirette presque passée de mode et le moderne drop shot au vif qui fait qu’une des deux façons de pratiquer permettra une meilleure réussite ou pas !
La pêche à la tirette, une technique qui tombe dans l’oubli
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, en ce temps-là la pêche sportive tendance n’était pas la même que maintenant aurait pu chanter Aznavour. Nous étions fin des années 80, voire début 90 et le mort manié cartonnait. Ultra efficace, il permettait aux pêcheurs de réaliser sur certains postes de véritables coups d’éclats mais bien entendu après l’euphorie vint une période où les poissons s’y sont habitués et sont devenus moins réceptifs aux subtilités de l’animation. C’est là qu’une très ancienne technique a refait surface, la tirette, popularisée par les magazines de l’époque et vrai sauve bredouille encore à l’heure actuelle. Qu’en est il de cette technique dérivée de la pêche au posé ? Elle permet de pêcher au vif avec la mobilité si chère aux pêcheurs sportifs. Le but est simplement de lancer un vif sur le poste et de le faire avancer de façon à occuper le maximum de terrain, pour autant cette activité exige une monotonie que peu de pêcheurs apprécient. Effectivement, lancer, faire trois tours de manivelle et attendre puis refaire trois tours peut vite lasser mais ceci permet au vif de travailler seul et d’être le plus attractif possible. Cette technique fut un peu décriée car bien qu’efficace et se pratiquant avec de petits hameçons simples, elle provoquait un engamage profond lorsqu’on rendait trop la main avant le ferrage. Il suffit de ferrer au bout de trois secondes maximum et le ferrage se ferra au coin de la gueule, permettant de libérer les poissons que l’on ne désire pas garder. La tirette relança aussi le marché des cannes techniques et ouvrit la voie actuelle avec un pêcheur de carnassier qui s’équipe de plusieurs cannes au lieu d’une passe-partout qui lui donnera moins de plaisir.
Le montage pour pêcher à la tirette
La tirette fut en son temps une très belle aventure qui mit en avant le côté finesse poussé à son paroxysme. Le pêcheur d’alors se mit à utiliser des nylons de plus en plus fins pour leurrer les sandres et cet état de fait eut pour conséquence que les pêcheurs au posé ont été obligés de quitter leur 35 centièmes et leurs gros triples pour des diamètres plus fins et des hameçons plus discrets. Ce montage coulissant d’une simplicité déconcertante fut amélioré avec des plombs coudés, des gaines plastiques sensées faciliter le coulissement mais dans l’ensemble la rusticité du montage a perduré dans le temps. Désormais avec les matériaux modernes on peut pêcher en tirette sur des montages ultrafins et des cannes qui vous offriront un combat d’anthologie. Le principe du montage est très simple, on glisse sur le corps de ligne (une grande tête de ligne en fluorocarbone pour combattre l’abrasion du fond) un plomb balle de quelques grammes et on aboute à ce montage un bas de ligne fin terminé par un simple dont la taille a tout intérêt à être élevée pour faciliter le ferrage. On évitera donc d’utiliser des simples plus petits que la taille 4, certes c’est moins discret qu’un hameçon de 8 mais ça se pique mieux. Les hameçons actuels recouverts de PTFE (Téflon) sont idéaux, on pourra juste sécuriser la gueule du vif avec un petit morceau de caoutchouc découpé dans un élastique. L’animation est des plus simple, il suffit de traîner le vif sur le fond et de faire de longues pauses. A la touche qu’on sentira ou qu’on verra grâce au tressautement du scion, on attendra juste un peu avant de ferrer amplement et de combattre un carnassier gourmand.
Les avantages et inconvénients de la pêche avec un vif
Toutes ces techniques demandent l’usage de poissonnets vivants qu’il est parfois difficile de se procurer et de garder dans de bonnes conditions lorsqu’on habite en ville. De plus, trimballer un seau à vifs durant sa partie du bord peut vite devenir inconfortable et rebute nombre de pêcheurs.
Drop Shot, l’éloge de la lenteur
Venu du pays du soleil levant, le drop shot a été inventé pour la pêche du black bass au leurre mais les pêcheurs européens ont vite compris qu’on pouvait l’adapter au vif. Sa capacité à moins s’accrocher au fond et à la rigueur n’y laisser que le plomb à vite conquis les nouveaux amateurs d’une pêche finesse. Avec le drop shot il devient possible de moduler rapidement la hauteur d’évolution du vif par rapport au fond et l’absence de bas de ligne provoque une touche plus brutale qui ne laisse aucun doute. Le drop shot demande une canne dont les caractéristiques la rapprochent des cannes tirettes, une longueur de 2,1m pour le bateau ou 2,7m pour le bord, une puissance Medium Light pour un usage de montages allant de 10 à 20 grammes. Avec cette méthode on peut se permettre de prospecter des endroits très précis sans risques que le vif n’aille s’emmêler à un obstacle. On prospecte par petits bonds beaucoup de terrain et en détendant sa ligne on peut même laisser une certaine liberté au vif pour une présentation plus naturelle. Bien évidemment dans ce cas la touche sera plus subtile puisque le principe du drop shot est d’avoir une ligne tendue. En bateau et en dérive en verticale, le drop vif sera aussi souvent plus pratique que le fireball en s’accrochant bien moins sur le fond.
Le montage drop vif
Ce montage ne diffère en rien du montage original pour le drop shot, si ce n’est par les tailles d’hameçons utilisés. Pour bien clouer le bec d’un vif de 8 à 10 cm, un simple de forme ronde en taille 2 ou 4 est le plus indiqué. On le fixera sur le bas de ligne au moyen d’un nœud palomar ou mieux encore en utilisant des hameçons spécifiques montés sur axe mobile. Une bonne tresse huit brins en corps de ligne en PE 0,6 et un bas de ligne fluorocarbone en 0,25 mm seront parfaits pour avoir un montage propre et utilisable sur une majorité de carnassiers, dont le sandre qui sera la cible principale de nos recherches. On aura tout intérêt à utiliser un moulinet spinning avec un faible ratio pour des évolutions du montage plus lentes et plus mesurées.
Le duel drop vif vs tirette
Pour les fonds sableux ou sablo-vaseux sans trop d’obstacles, la tirette tire son épingle du jeu et gagne le duel, elle offre plus de mobilité au vif qui peut évoluer du ras du fond comme remonter à la hauteur maximum que lui permet le bas de ligne. Ce bas de ligne assez long est aussi un rempart aux refus car le sandre chipoteur ne ressentira pas la résistance de la ligne tant que le bas de ligne ne sera pas tendu. Par contre sur les fonds caillouteux qu’affectionnent ces poissons mais aussi les perches, le drop vif l’emporte, il s’accroche moins et le son émis par le plomb qui frappe les cailloux attise la curiosité des carnassiers. Ces deux techniques sont complémentaires et seul un drop vif en potence pourrait à la rigueur allier les deux atouts mais avec le risque de quelques emmêlages de la part d’un vif remuant et une difficulté à lancer ce montage du bord à bonne distance. Ce montage qu’on retrouve sous le nom de pendu est parfois encore utilisé en bateau sur les zones encombrées où il fait merveille et où ses utilisateurs restent très discrets sur son efficacité.