Certains pêcheurs à la mouche dont je fais partie font l’ouverture comme un retour aux sources, une journée de pêche au parfum nostalgique qui nous conduit au fil des sentiers taillés dans les buis vers de magnifiques parcours porteurs d’espérance. Mais le jour J doit être parfaitement préparé si l’on veut que les prises soient au rendez-vous cette année encore…
Trois fils barbelés !
Bien sûr il existe de nombreuses manières de reprendre contact avec la rivière. Pour ma part je ne rate jamais le moment magique de l’ouverture, c’est comme un pèlerinage, un retour aux sources et de nombreux souvenirs de mon enfance qui refont surface. J’ai en revanche une sainte horreur des mauvaises surprises et un parfait repérage des secteurs de pêche me semble de loin la meilleure méthode pour prendre un maximum de plaisir et quelques truites avec mes amis. De nos jours les variations climatiques sont telles, qu’il est bien difficile de prédire avec sûreté dans quel état sera la rivière le jour J. Fortes pluies, niveaux d’étiage, tout est possible. Comme bon nombre de mes amis moucheurs, c’est pendant la semaine qui précède la date fatidique, que je promène mes bottes le long des cours d’eau que j’affectionne. Les pêcheurs modernes ont a leur disposition une multitude de blogs et de sites web qui diffusent une profusion d’informations. Certains sont particulièrement utiles pour les variations des débits liées aux constructions hydrauliques d’autres sont à prendre avec beaucoup de retenue car l’information n’y est que rarement contrôlée. De toute façon, il n’y a qu’au bord de l’eau que vous vous rendrez compte que l’agriculteur du coin a rajouté trois fils barbelés qui barre le passage que vous alliez emprunter au petit jour. Au risque de mettre à mal votre nouveau waders de marque américaine acheté à prix d’or !
Les crues de l’hiver ont sans doute « bougé » un peu les berges et le joli virage que vous vouliez tenter en noyée se retrouve entravé par deux peupliers qui ont fait le grand plongeon.
Les propriétaires riverains n’ont sans doute pas encore pris le soin de les sortir de l’eau comme ils auraient du le faire. Attention aux berges prêtes à s’affaisser, creusées par les crues, elles sont souvent très dangereuses et un pêcheur qui scrute l’eau en cherchant du regard les salmonidés pourrait bien s’y faire prendre ! A l’ouverture j’aime bien les postes typiques, marqués, mais il faut que le courant ne soit pas trop puissant afin que les éclosions de Baetis Rhodani déclenchent les premiers gobages qui nous font tant espérer. Le moucheur doit cherchez l’eau tempérée, comme les secteurs de retournes loin des rapides qui ne valent pas grand-chose le jour J car l’eau y est bien trop froide. Avec un peu de chance comme ce fut le cas la saison dernière, Rhitrogena Haarupi risque d’apparaître dans la journée. Oui, cette fameuse mouche qu’on appelle March Brown est bien souvent la première à faire sortir les grosses truites de leur torpeur. Comme d’autres pêcheurs j’ai noté que depuis plusieurs saisons, que « le mois de mars était particulièrement favorable à la pêche à la mouche », avec avril, ces deux mois font même parti des meilleurs depuis quelques années pour peu que les eaux soient en ordre. C’est bien sûr lors du repérage que les niveaux d’eau vont conditionner la technique de pêche même si le meilleur parti est souvent la polyvalence. Une petite virée sur le terrain le vendredi, un coup d’œil sur le net à la météo locale et le pêcheur est dans les meilleures conditions.
Mon système de stockage consiste en un cordon que je porte autour du coup sur lequel j’ai enfilé mes bobines de nylon et fluorocarbone protégées par des chouchous. Elles sont parfaitement identifiées à l’aide d’un marqueur par ordre croissant. En un coup d’œil je trouve la pointe qu’il me faut sans chercher dans mes poches.
Faites le vide pour commencer…
Si pour ma part l’ouverture reste une tradition que je respecte, je n’ai jamais d’idées préconçues sur la technique de pêche à la truite que je vais utiliser. Les éléments et les poissons doivent dicter nos choix et non pas l’inverse. Je rencontre encore trop souvent au bord de l’eau des pêcheurs qui essaient des techniques qu’ils maîtrisent mal le jour de l’ouverture. L’année dernière, j’ai croisé plusieurs pêcheurs qui s’essayaient tant bien que mal au streamer alors que les truites étaient attablées sur de belles March Brown non loin du bord. Ces pêcheurs avaient visiblement été influencés selon leurs dires par des forums sur le net où certains vantaient le mérite de cette technique à l’ouverture. Bien sûr que le streamer est très efficace au mois de mars, à la seule condition que les truites concentrent leur activité alimentaire sur le fourrage et non pas sur des insectes ailés qui descendent au fil de l’eau. Le jour J est souvent une journée difficile pour nous moucheurs car nous partageons les rivières avec bon nombre de pêcheurs à la grande canne ou au lancer. Il faut donc comme tout le reste de l’année être observateur, vif et rapide afin de prendre les bonnes résolutions au bon moment. Mais cette réactivité nécessite une parfaite organisation du matériel.
Le gilet de pêche ou chest-pack est sans doute l’une des pièces maîtresses de l’équipement avec la canne, le moulinet et la soie.
Commencez par faire le vide de votre gilet, que vous choisirez confortable avec des renforts dorsaux très agréables lorsque l’on pratique pendant plusieurs heures. Trois boites de mouches suffiront pour l’ouverture et même peut être pour le reste de l’année si vous connaissez bien vos parcours. Une boite garnie de sèches, une boite de nymphes et une boite mixte noyées et streamers. Sélectionnez vos mouches avec précision, inutile d’encombrer vos boites d’artificielles qui ne seront jamais nouées au bas de ligne. Pour les sèches de l’ouverture, les March Brown, Baetis Rhodani et petits sedges type Brachycentrus seront d’excellents choix accompagnés de quelques chironomes en CDC. Les nymphes type Pheasant tail, Oreille de lièvre et Filoplume seront parfaites pour la pêche à vue, quelques imitations lestées serviront à la pêche au fil. Une petite sélection de noyées sombres, noires et marron, quelques montages espagnols ainsi que des streamers en lapin naturel, olive et noir complètement la dernière boite. Côté nylon, six diamètres allant du 10 au 20 centièmes seront suffisants pour toutes les techniques. Personnellement je déteste fouiller dans mes poches car il est bien difficile d’en sortir le bon diamètre au bon moment. Mon système de stockage consiste en un cordon que je porte autour du coup sur lequel j’ai enfilé mes bobines de nylon et fluorocarbone protégées par des chouchous. Elles sont parfaitement identifiées à l’aide d’un marqueur par ordre croissant. En un coup d’œil je trouve la pointe qu’il me faut sans chercher dans mes poches. Un bon coupe fil, une petite fiole de graisse, des bas de lignes de rechanges de toutes les densités (les polyleaders de chez Airflo sont très pratiques) ainsi que des modèles à nœud de ma confection pour les plus longs et le tour est joué. Dans les poches intérieures ou les poches étanches (les meilleurs gilets en dispose) glissez vos papiers d’identité, cartes de pêche, portables et vos clefs de voiture. Trop de pêcheurs oublient que les nouvelles clefs sont équipées de puces qui craignent énormément l’humidité et il serait dommage d’appeler un dépanneur car il est impossible d’ouvrir son véhicule après une partie de pêche. Pour qu’un gilet soit parfaitement équilibré il faut que les charges ventrales et dorsales soient sensiblement les mêmes. Dans son dos le pêcheur stockera un moulinet ou une bobine de rechange comme par exemple une seconde soie à pointe plongeante ou une intermédiaire ainsi qu’un vêtement de pluie et un appareil photo dans la partie étanche afin d’immortaliser les plus belles prises. Canne et moulinet seront laissés à l’appréciation de chacun, pour ma part j’aime bien faire l’ouverture avec un ensemble que j’ai bien en main, qui sait se faire oublier. Une canne de 9 pieds soie de 5 ou 6 d’action progressive en canne brins, assemblée avec un moulinet fiable garni de backing et d’une WF5 ou 6 me semble être le bon compromis. En revanche je laisse toujours dans ma voiture un moulinet de rechange et une ou deux cannes en cas de pépin. Dans les branches au petit jour, casser un scion peut vous ruiner une ouverture !
Mon choix matériel pour l’ouverture à la mouche
Canne Forrester Speed Fly DAM 9’ soie 5/6, ensemble Forrest Fly Arround DAM, canne One SAGE 590, canne XF2 Streamflex Plus GREYS 9’6 soie 5, moulinet Quick Fly Tech Large Arbor DAM, moulinet 2050 SAGE.