Le pur plaisir de la pêche, la pêche au bouchon, est une technique à la fois très simple mais aussi très complexe, car pour réussir une bonne partie de pêche, il faut être très méticuleux et savoir faire preuve de finesse et de dextérité. Pour aborder cette technique, rien de mieux que la pêche à la miette aussi appelée la pêche au pain filant. Pour nous faire découvrir cette technique, j’ai eu le plaisir de passer un moment avec Yannick et Rémy. Yannick a derrière lui de nombreuses années de compétition de pêche au flotteur et a représenté à plusieurs reprises l’équipe nationale au niveau européen. Il reste aujourd’hui un des plus grands passionnés de cette technique et il ne laisse rien au hasard.
Bien choisir le flotteur
Tout d’abord le montage et son élément primordial : le flotteur. Il en existe de nombreuses variétés, de tailles et de formes diverses. Plus le flotteur sera fin et longiligne, plus il servira pour les parties de pêche dans des eaux calmes sans trop de courant. Plus les conditions de pêche seront renforcées soit par du courant, soit par des vagues, plus le flotteur sera choisi de plus en plus gros et trapu. Il est à noter que Yannick met systématiquement en place sur son flotteur trois points d’ancrage pour une meilleure tenue afin que le flotteur reste bien droit dans l’eau, ce qui lui permettra de mieux visualiser la touche. Quand la luminosité est forte ou lors d’un lever ou coucher de soleil, il teinte la pointe de son flotteur en noir pour mieux le visualiser. L’ensemble de tous ces petits détails à prendre en compte sont déjà un bon début pour réussir ses parties de pêche.
L’équilibrage du flotteur est un détail primordial. Il faut qu’au moindre contact d’un poisson la touche puisse être vue et cela en donnant le moins de résistance possible au poisson pour éviter qu’il ne relâche trop rapidement l’appât mis en place sur l’hameçon. Cet équilibrage doit être fait en prenant plusieurs paramètres en compte par rapport à la résistance du flotteur sachant qu’un flotteur de 3 grammes peut supporter 3 grammes avant de couler. Il faut donc prendre en compte le poids de l’hameçon, de l’appât et du micro émerillon qui réunit le bas de la ligne au corps de ligne. Il nous suffira de rajouter quelques petits plombs pincés sur la ligne mère pour équilibrer l’ensemble et tout ceci doit se faire d’une manière très précise. Pas assez de plombs et le flotteur va avoir trop de résistance, trop de plombs et le flotteur va tout simplement couler.
Le bas de ligne, généralement d’une taille de 40 cm à 80 cm, sera en fluorocarbone ultra fin de 6 à 10/100. Plus le poisson est difficile et plus il va falloir descendre en diamètre. Sous certaines conditions un peu spécifiques, nous pouvons monter en diamètre de fluoro quand les eaux sont très agitées et teintées ou en face de certaines espèces de poissons qui ont la fâcheuse tendance à couper très facilement le bas de ligne. Pour éviter le plus possible ce genre de déconvenue il faut être très attentif et réactif lors de la touche pour éviter que le poisson n’engame trop votre appât et ainsi ne puisse couper votre bas de ligne. En étant très réactif avec un ferrage très rapide lors de la touche, cela vous permettra très souvent de piquer votre prise juste sur le bord des lèvres. Le choix de l’hameçon est aussi très important. Il doit être ultra piquant et fin de fer, pour qu’il puisse pénétrer très facilement les lèvres de certaines espèces de poissons qui peuvent être dures. La taille de l’hameçon est très petite. Les plus grands spécialistes italiens descendent parfois sur des numéros 18 à 20, mais généralement des hameçons de taille 14 à 16 sont passe partout. La canne employée pour ce genre de technique est généralement une canne pour la pêche à l’anglaise. Ce sont des cannes relativement puissantes avec une action de pointe très déterminée. La canne doit avoir une bonne réserve de puissance pour pouvoir combattre des poissons de très belles tailles, qui peuvent parfois dépasser les 2 kilos, voire plus. L’idéal pour accompagner votre canne est un petit moulinet garni de nylon de 16 à 18/100 d’une contenance d’une centaine de mètres. Cela suffit amplement car le ratio n’a pas besoin d’être très important, étant donnée la finesse de pêche, il faut vraiment prendre son temps lors du combat pour ramener sa prise dans son salabre ou encore sur le bord de la plage.
L’appât pour pêcher à la miette en mer
L’appât utilisé est donc le pain filant appelé aussi la miette. C’est un pain très sec que l’on vient tremper dans du lait la veille et que l’on enroule ensuite dans un torchon. Ce pain très filandreux, une fois bien préparé, permet d’en détacher de petits filaments que l’on vient tout simplement entourer sur l’hameçon. Pour compléter tout cela et pouvoir attirer les poissons il nous faut une bonne amorce. Vous la réaliserez avec du pain de mie détrempé avec parfois un peu d’huile ou des morceaux de sardines écrasées. Certains pêcheurs rajoutent du fromage ou diverses « mixtures secrètes » à l’intérieur de la recette, mais c’est le pain qui malgré tout fait la différence. Il existe aussi dans le commerce des farines additionnées de chapelures toutes prêtes à l’emploi. Tout est histoire de coût de préparation et de temps. Le combat proprement dit dépendra déjà du fait de pêcher depuis une plage quand la mer est calme, ou encore depuis un ouvrage de rocher quand la mer est un peu plus agitée et que le courant ramène trop rapidement le flotteur au bord.
Depuis les rochers, quand vous avez une prise de taille correcte ou modeste, il est relativement simple de terminer son combat dans le salabre après avoir bien fatigué son adversaire. Sur des poissons de très belles tailles il est nettement plus pratique, une fois le poisson ferré, de terminer son combat depuis la plage pour finir par l’échouer sur le bord de mer. Quand on pêche à la miette toutes les espèces de poissons peuvent finir au bout de votre canne. Généralement ce sont les mulets sous diverses variétés, comme les saupes et les oblates, et autres divers sparidés que vous allez rencontrer. Toutes les surprises peuvent être d’actualité. Il faut être très prudent à chaque ferrage, car toutes les prises ne donnent pas leur entière puissance immédiatement, et attendent souvent un certain temps quand elles commencent à voir le bord ou les rochers. Le meilleur des conseils : réglez votre moulinet correctement et laissez-le chanter.