Les techniques de pêche de la truite à la mouche ont considérablement évolué ces dernières années. L’image du moucheur puriste ne jurant que par la sèche ou la nymphe à vue devient de plus en plus désuète. Cet esthétisme, longtemps cultivé par certains pratiquants, est aujourd’hui sacrifié sur l’autel de l’efficacité.
La volonté d’élever la mouche au dessus des autres techniques (en particulier le toc) tend à disparaître aujourd’hui et c’est une très bonne chose ! A une époque où les éclosions de raréfient, où la truite est de plus en plus inféodée aux rivières rapides de montagne, la mouche se pratique essentiellement sous l’eau, en nymphe au fil. La version moderne de la NAF (et il faut le dire la plus efficace dès que le calibre du cours d’eau dépasse celui d’un torrent de montagne) se pratique avec de longs bas de ligne pour allonger la distance de pêche et les dérives.
Quel matériel pour pêcher à la mouche en début de saison ?
La canne est un élément capital du matériel : assez douce pour expédier des nymphes parfois légères, sans toutefois être trop molle (la nervosité étant une caractéristique indispensable pour garantir la précision des lancers). La qualité de la présentation, comme dans toutes les pêches en dérive naturelle, est directement proportionnelle à la longueur de l’outil. Des modèles de 11 à 12’ sont aujourd’hui disponibles et performants en termes de confort. Toutefois, le standard 10’ semble être un bon compromis pour conserver une bonne maniabilité et rester polyvalent. Au niveau du moulinet, chaque catégorie possède des avantages et des inconvénients : le gain de rapidité obtenu en action de pêche avec des semi-autos est un réel plus, alors que les large arbor manuels sont souvent de meilleurs outils pour combattre les grosses truites…
En ce qui concerne la soie, la tendance actuelle est à l’affinage : dans la mesure où l’on ne fouette pas en NAF, un modèle ténu (on en trouve qui flirte avec les 0.5 mm) évite la formation d’un ventre au niveau de la bannière lorsque la soie dépasse du scion. Toutefois, pour passer rapidement de la nymphe à la sèche, on peut tout à fait utiliser une soie classique adaptée à la canne, généralement de 4, avec un bas de ligne modulable. Ce dernier est constitué d’une base dégressive classique d’environ 3m (du 40 au 25/100 par exemple) suivie d’un brin plus ou moins long en 18/100 qui se termine par une trentaine de cm de nylon fluo de même diamètre servant d’indicateur. S’en suit la pointe dont la longueur est adaptée à la profondeur du poste pêché. La longueur totale peut dépasser 6m en nymphe au fil. En termes de diamètre, plus la pointe est fine, plus les nymphes s’immergent facilement et plus la longueur de dérive efficace est importante. Un 12/100 constitue une base polyvalente. Pour passer en sèche, il suffit de nouer la pointe à la suite de la partie commune de 3m.
1 ou 2 nymphes ?
La pêche à 2 nymphes (une en pointe et une plus légère montée en potence, environ 50 cm au dessus) est idéale pour prospecter les zones dont la profondeur dépasse la cinquantaine de cm, comme les veines laminaires d’intensité moyenne qu’affectionnent les truites paresseuses du mois de mars. Le fait d’utiliser 2 mouches permet de mieux répartir le poids et également de proposer 2 modèles différents par la couleur et l’aspect. Toutefois, dans certaines conditions, la pêche à 1 nymphe est plus indiquée : c’est notamment le cas des situations où une précision extrême est requise. Ceci peut survenir en présence de coups restreints ou lorsque l’on cherche à lancer sous des branches basses par exemple. Par ailleurs, la prospection de radiers de faible profondeur s’accommode mieux d’une seule nymphe, plus discrète et prenante sur ces coups.
Quel type de nymphe ?
A l’ouverture, les truites préfèrent généralement les proies volumineuses (hors conditions d’étiage particulières) et les corps ébouriffés sont très efficaces. Les nymphes classiques types pheasant tail ou ORL (naturelles ou olives) font très bien l’affaire. On les montera sur des casques tungstène or, argent ou cuivre. Toutefois, lorsqu’il est nécessaire d’atteindre rapidement le fond, les corps lisses (plus denses) s’imposent, de par leur capacité d’immersion supérieure. De même, si les conditions dictent l’utilisation de mouches de petite taille, mieux vaut opter pour des perdigones.
Quelle action de pêche ?
En dehors des périodes d’éclosion, la pêche se déroule en nymphe au fil, par dérives ¾ amont. Dès l’impact des nymphes à la surface, la canne est positionnée à 45°. Une fois près du fond, Il convient d’accompagner leur dérive en maintenant la bannière tendue (mais pas trop, c’est toute la subtilité de la manœuvre), tout en pointant le scion en aval de la position des nymphes. L’avantage d’utiliser un matériel polyvalent est de pouvoir passer à la sèche en un clin d’œil : les bordures molles de profondeur moyenne où passe la veine porteuse, sont le théâtre d’éclosions de march brown et de baetidés en début de saison. Une rapide modification du bas de ligne permet de tenter d’éventuels poissons gobeurs attablés !