La pêche au silure au pellet est probablement la technique la moins connue et la moins employée pour attraper des silures. Et pourtant, bien exécutée, elle s’avère redoutable en période chaude et ouvre de nouvelles perspectives que les autres techniques n’offrent pas. Aussi, la mise en oeuvre simple et le peu de contraintes qu’elle propose en font une technique qui gagne à être reconnue et qui est promise à un bel avenir.
Les pionniers de cette méthode sont les espagnols qui la pratiquent assidûment sur l’Ebre, ses barrages et affluents depuis plus de 15 ans. Il est d’ailleurs très étonnant de voir qu’en France, peu de pêcheurs s’y intéressent. Est-ce par méconnaissance ou parce que cette technique est peu médiatisée ? Quoiqu’il en soit, on croise peu ou pas de pêcheurs sur les berges qui ont cette approche très spécifique de la pêche du silure. Certains la disent peu sélective quant à la taille des prises, d’autres trop difficile à mettre en œuvre … Partons à la découverte de cette pêche incroyablement riche d’enseignements et particulièrement adaptée !
Un pellet, c’est quoi ?
A l’origine, le pellet a été conçu pour l’alimentation et la croissance des poissons d’élevage, que ce soit en eau douce ou en mer et ce pour une multitude d’espèces (saumons, carpes, bars, truites, etc.). Les ingrédients qui le composent sont pressés et extrudés afin d’en faire des cylindres de consistance dure. Entrent dans sa composition un ensemble de farines (blé, poisson) et tourteaux (soja, colza) ainsi que des huiles (poissons, colza) mais également des vitamines, oligo-éléments et acides aminés. On remarque donc que c’est un aliment complet et nourrissant. Et ce qui nous intéresse le plus est son orientation carnée due à la présence de farine et d’huile de poissons qui lui permette d’atteindre un taux de protéines compris entre 30 et 45 %. Surtout cette composition procure aux pellets une odeur très spécifique qui plait énormément aux silures. En contrepartie, cet aliment spécifique a été conçu pour être consommé instantanément et il est donc soluble dans l’eau : comptez entre 6 et 12 heures selon la température de l’eau et la présence de courant, d’écrevisses ou de petits poissons qui viennent taper dedans. Le postulat est, qu’en saison chaude, dans une eau aux alentours de 25°C, le temps de dissolution sera de 4 à 6 heures. C’est le talon d’Achille de ce formidable appât mais on verra que c’est aussi un atout dans certaines conditions.
On trouve des pellets dans des diamètres compris entre 2 et 25 millimètres (qui peuvent être pré-percés). Ceux qui nous intéressent sont les 25mm pré-percés pour l’eschage et les 9 et 15 mm pour l’amorçage, nous y reviendrons.
Approche particulière
Les carpistes font régulièrement des prises de silures sans les rechercher spécifiquement. Cela les fait généralement pester car ce n’est pas le poisson qu’ils recherchent en premier lieu. Mais de ce constat, on peut en tirer la conclusion suivante : concentrer une grande quantité d’appâts à un endroit précis attire inéluctablement les silures. Et c’est logique ! Cette manne alimentaire en abondance est facile à engamer pour eux. Il suffit aux silures de passer sur l’amorçage et d’aspirer les bouillettes (voire les graines également), c’est bien plus simple que de poursuive des proies. L’approche consiste donc à reproduire, avec des pellets, ce que les carpistes ont découvert fortuitement. La technique va donc consister à procéder à un ou plusieurs pré-amorçages sur une zone ciblée afin de concentrer les silures sur le spot. Le comportement agressif de ce poisson mettra en marche la concurrence alimentaire et toute autre espèce sera chassée du coup. Aussi, au sein d’une population de type pyramidale, les gros sujets se serviront les premiers. Cette technique peut donc permettre de prendre exclusivement du silure et rapporter très souvent les plus gros sujets d’un secteur. Contrairement aux techniques usuelles (bouée, dérive, leurres…) cette technique ne requiert pas systématiquement l’usage d’une embarcation. Tout peut se mettre en place depuis la berge.
Pêche de nuit au silure
Les pellets sont catégorisés comme des appâts pouvant être utilisés de nuit à condition de se placer sur des secteurs où elle est autorisée. Cela permet d’agrandir les terrains de jeux et surtout de pêcher sur plusieurs jours en toute tranquilité et toute légalité. Lorsque l’on sait à quel point les silures peuvent se montrer actifs pendant les nuits, c’est un réel avantage !
Préparer sa pêche au silure au pellet
Lorque l’on pêche le silure au pellet, la réussite passe avant tout par un bon choix de poste. Il convient donc de s’orienter vers des zones où vous êtes certain de la présence de silures en quantité suffisante car cette technique ne peut fonctionner qu’en jouant sur la concentration des silures et la concurrence qui va se créer entre eux pour profiter de la nourriture distribuée. Typiquement, il vous faut cibler les tombants aux abords des fosses et les zones les plus profondes d’un secteur. Le lit principal (chenal) est très bon s’il est régulier : il agit comme un couloir qui guidera les silures plus facilement vers votre amorçage. Aussi, il ne faut pas négliger les bordures lorsque la cassure est proche et nette, même juste sous le scion des cannes. Une fois que vous êtes certain de la zone à pêcher, il faut alors prévoir de l’amorcer au minimum une fois la veille de la pêche, le mieux étant de faire deux pré-amorçages espacés de 24 à 48 heures (c’est d’autant plus vrai si la zone de passage des silures est grande). Pour être utile(s), le(s) amorçage(s) doivent se faire aux mêmes horaires que votre début de partie de pêche et pendant les phases actives des silures (préférez les premières heures du matin).
Un amorçage type sera composé d’un tiers de pellets de 25mm (identiques à ceux que vous escherez) et deux tiers d’un mélange de pellets plus petits (9 et 15mm) et de Frolic (dont l’effet sur les silures n’est plus à démontrer).
Ce mélange de tailles différentes a pour but de faire rester les poissons le plus longtemps possible sur l’amorçage. En effet, si les plus gros pellets seront engloutis en premier, les pellets de taille plus petite forceront les silures à fouiller la zone pour s’alimenter car ils auront plus de mal à s’en saisir. Aussi, les petits pellets multiplient le nombre d’appâts sur le fond et permettent de couvrir une zone plus large et de manière plus efficace.
Matériel pour pêcher le silure au pellet
- 1 à 4 cannes de 2,70m à 3m de puissance 150/300 grammes
- Moulinets à bobine large avec frein solide (9kg ou plus)
- Tresse 45°° pour le corp de ligne
- Nylon 70 à 80°° pour la tête de ligne
- Plomb de 180 à 250 grs selon profondeur et courant
- Tresse gainnée ou kevlar 75 à 100kg pour le bas de ligne
- Hameçon fort de fer taille 3/0 à 5/0
- Emerillon rolling 50kg
- Piques et détecteurs de touche
- Manche d’épuisette équipée d’une pelle d’amorçage
L’action de pêche
La pêche du silure au pellet est une pêche active, malgré les apparences ! Il ne suffit pas de simplement arriver sur le poste préalablement amorcé et de lancer les montages droit devant. La mise en place doit se faire minutieusement et selon un rituel bien rôdé. En arrivant, les cannes doivent être eschées et prêtes à pêcher. A l’aide d’un manche d’épuisette sur lequel est vissée une pelle d’amorçage, il faut activer le poste en jetant deux pelles de mélange de petits pellets et de Frolic par canne. Ensuite, lancer la première canne et y jeter précisément une pelle généreuse de gros pellets et procéder ainsi pour les cannes suivantes. Il faut également prendre soin de concentrer les montages sur une petite zone, de même que les pelles d’amorçage durant la pêche afin de grouper les poissons directement sur les montages. Il arrive souvent que la première canne enregistre une touche avant même de lancer la seconde ! Là où la pêche devient intéressante c’est qu’en aucun cas il faut être passif. Une attention toute particulière devra être portée sur les scions des cannes qui dénonceront les silures taquins qui tirent sur les montages en s’alimentant sur la zone. Il est toujours impressionnant de constater à quelle point les touches peuvent être discrètes au regard de la taille de ce poisson. Après plusieurs tapes ou tirées sans suite, il faut relancer la canne et ré-amorcer. La solubilité des pellets devient ici un atout puisque la zone est marquée par l’odeur des pellets non consommés et qui ne pourront plus l’être. Ré-amorcer à chaque relance attirera l’attention des silures par le bruit spécifique que font les pellets en frappant la surface. Les poissons vont peu à peu comprendre ce qu’il se passe et cela va déclencher les touches. Les doubles départs sont alors très fréquents : préparez-vous à une pêche intensive !
Montage au cheveu pour pellet décollé
L’adjonction d’une bouillette flottante est un vrai plus (la choisir carnée). Cela facilite la prise en bouche du montage par le silure et augmente considérablement l’efficacité en diminuant les touches sans suite. Cependant, le montage doit être équilibré : seul le cheveu doit se soulever, l’hameçon lui doit rester plaqué sur le fond. Pour augmenter la durée de pêche d’un pellet, il est possible de l’enfermer dans de la gaine thermoretractable.
Les 4 commandements pour réussir la pêche au silure au pellet
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- Trouver un bon poste.
- S’équiper d’un matériel fiable et solide
- Soigner ses pré-amorçages.
- Rester actif pendant la pêche.
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