Pêche de l’esturgeon au feeder en carpodrome : les bons conseils

L’avènement des plans d’eau privés en France permet d’avoir au bout de la ligne des poissons exceptionnels qu’il ne serait pas possible de trouver dans le milieu naturel. Parmi ceux-ci l’esturgeon est celui qui offre le combat le plus explosif !

Les esturgeons n’ont quasiment pas évolués depuis les plus anciens fossiles découverts qui remontent à 250-300 millions d’années, c’est pourquoi on les surnomme souvent « fossile vivant ». On trouve les esturgeons seulement dans l’hémisphère Nord, en Amérique du Nord avec par exemple le fameux Transmontanus (esturgeon blanc), en Europe avec entre autres l’esturgeon commun (Acipenser Sturio), l’adriatique (A Naccari), le Diamant (A gueldenstaedtii), le Sterlet (A ruthenus), le Sévruga (A stellatus), le Beluga (Huso huso), le Baeri (A baerii) en Russie et plusieurs espèces asiatiques  comme le Kaluga (Huso dauricus). Pour ce qui est de la France, il n’y a qu’une espèce présente à l’état naturel, c’est l’esturgeon commun (A sturio) qui survit encore dans le bassin de la Garonne. Dans l’état des connaissances actuelles, on compte 24 espèces d’esturgeons. Il est également possible de trouver des hybrides fertiles ou non d’esturgeons dont le plus connu est le « bester » hybride de Beluga et de Sterlet. On reconnait l’esturgeon à son corps allongé de forme arrondie, la présence de scutelles (excroissance osseuse), un nez aplati, une bouche protractile, 4 barbillons et une nageoire caudale hétérocerque (nageoire asymétrique dont le lobe supérieur est plus important). En plan d’eau de pêche, il n’y a que des individus mâles, les femelles contenant le caviar atteignent des prix exorbitants. L’espèce la plus répandue est le Baeri, il est possible de trouver une quinzaine d’espèces et variétés notamment albinos dans les fisheries françaises.

Pêche de l'esturgeon au feeder en carpodrome
Un « Bester » (hybride Beluga * Sterlet) de 38 kg pris au quiver.

Un physique hors du commun

L’esturgeon est un formidable partenaire de jeu pour le pêcheur du fait de son comportement et de ses caractéristiques physiques. C’est un poisson taillé pour le combat avec son corps allongé et sa grande queue qui lui confèrent une grande vitesse de nage et une capacité à sauter hors de l’eau pendant le combat. Il est actif tout le temps, en constante recherche de nourriture, c’est pourquoi il est possible de continuer à la pêcher lorsque les eaux sont froides et que d’autres espèces, comme la carpe, cessent de s’alimenter. Autre caractéristique qui rend la pêche intéressante, c’est sa façon de se nourrir en provoquant de nombreuses fausses touches qui mettent à rude épreuve les nerfs du pêcheur. La pêche au quiver possède des atouts importants pour tromper la méfiance de l’esturgeon : le montage est plaqué sur le fond, ce qui limite les fausses touches dues au passage dans le fil inhérentes à toutes les pêches au flotteur, et le scion très sensible permet une détection de la touche beaucoup plus précise que les détecteurs de touches électroniques.

 

Pellet appât roi

Concernant l’amorçage, les esturgeons sont tombés amoureux de nos chers pellets ! Il faut choisir des recettes à base de farines de poisson. Mais pour l’eschage, il faut toujours emmener au bord de l’eau une grande variété d’appâts pour s’adapter à l’humeur changeante de ces poissons. Afin de proposer un menu adapté, on trouve les mets préférés des esturgeons au rayon frais du supermarché. Poissons, coquillages et viandes sous vide, en conserve ou surgelés constituent une bonne base. Sans être exhaustif, voici une petite liste des appâts à utiliser : des queues de crevettes fraiches ou surgelées qu’il est possible de couper en tronçon afin d’obtenir des bouchées d’une taille adaptée ; des filets de harengs fumés ou « roll-mops » (filets de harengs conservés dans du vinaigre) ; du lard fumé ; du saumon fumé qui n’est pas l’appât le plus facile à utiliser du fait de sa fragilité, il faut confectionner un petit « sushi » à passer sur le cheveu ; des moules ; du jambon en dés ou en conserve type « corned beef », du saucisson, du chorizo…

Un diamant albinos (Acipenser gueldenstaedtii) pris fin novembre, juste avant l’arrivée de la neige !

Montage solide

Côté montage, il ne faut pas finasser, un bon monofilament 30/100 sur le moulinet, un method feeder de 30g et un bas de ligne en fluorocarbone 40/100 terminé par un hameçon numéro 2. La qualité de l’hameçon, et notamment son piquant, est primordiale dans cette pêche. Il est nécessaire d’utiliser un hameçon haut de gamme à pointe meulée et revêtement teflon assurant une bonne durabilité du piquant et une grande vitesse de pénétration (VMC 7025). L’appât est monté sur un cheveu afin de parfaitement libérer la courbure de l’hameçon, tout doit être fait pour optimiser au maximum l’ancrage dans les chairs. En action de pêche, l’esturgeon ne va pas faire des départs comme ceux des carpes où le fil déroule du moulinet rapidement, il faut être très attentif aux touches afin de réagir rapidement et ferrer le poisson avant qu’il ne recrache l’appât.

Avec ou sans épuisette ?

L’esturgeon a un squelette fragile et il convient de le manipuler avec attention. Mais c’est aussi un grand combattant et des poissons de grande taille peuvent livrer des combats de plusieurs heures, qu’il convient d’écourter au maximum, dans le respect du poisson. L’épuisette est donc un accessoire indispensable pour écourter le combat. Il s’agit de passer la tête du poisson dans le filet, sans le soulever, pour ensuite prendre le poisson à la main et le positionner sur un tapis de réception, si possible flottant quand la profondeur du poste permet de descendre dans l’eau.

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