Lancer un leurre et pêcher en linéaire est une base que chacun s’évertue de faire lors de chaque session de pêche. Mais il ne suffit pas de lancer un leurre et le ramener avec la conviction qu’il est pêchant, il faut l’adapter pour optimiser la pêche.
Chacun procède avec la même constante : on lance le leurre le plus loin possible, on attend qu’il touche le fond et on le ramène avec une récupération linéaire soutenue ou non dans l’espoir de convaincre un carnassier. Cette approche peut être payante sur des poissons en déplacement et très actifs, mais malheureusement c’est un cas de figure assez rare qui nécessite quelques ajustements au cours de la session sans forcément modifier la technique qui reste au demeurant une constante d’efficacité.
Plusieurs paramètres doivent initialement être pris en compte : la profondeur où l’on souhaite faire évoluer son leurre, la densité du leurre et son poids ainsi que le plombage. Chaque leurre a des caractéristiques propres, son poids bien sûr qui déterminera le plombage adéquat, mais aussi sa qualité de pénétration dans l’eau qui pourra influencer sa nage et la vitesse de récupération nécessaire. La texture du shad est à prendre en compte car le pédoncule caudal sera forcément influencé par la vitesse de récupération. Trop vite, vous risquez d’atrophier ses compétences à brasser de l’eau et émettre des hautes ou basses fréquences ; Lentement, votre LS peut se coucher sur le côté ou rendre inopérant ce qui fait office de nageoire caudale. Dans les deux cas, votre leurre se balade ! Cela nous amène donc à considérer, en toute modestie, qu’il faut prendre en compte différents éléments afin de rendre notre leurre « plus pêchant ».
Le plombage, la pièce maîtresse
Si la plupart des pêcheurs sont capables d’adapter une tête plombée correctement avec un grammage correspondant pas trop mal à la dimension du LS, peu prennent en compte sa densité, sa texture, voire son impact dans l’eau. Le leurre va couler c’est sûr, mais lors de la récupération sera-t-il pleinement efficace ? C’est pourquoi il est important de vérifier, une fois la tête plombée mise en place, comment le leurre évolue dans l’eau. S’il a tendance à se coucher sur le côté cela veut dire que votre plombage n’est pas adapté, il doit-être insuffisant et s’il tire le shad avec force, peut-être que vous réduisez sa capacité et son attrait : votre plombage est peut-être un peu lourd. Complexe ? Non adaptabilité en fonction du leurre bien sûr mais aussi de la profondeur et de la recherche de nage dans la couche d’eau. La première chose à faire quand vous venez d’acheter le super leurre qui va compléter votre arsenal et faire encore crier votre chère épouse : « tu en as pas assez de leurres, il y en a plein le garage ! », rassurez-vous c’est du vécu ! Testez le car une différence de cinq grammes peut changer complétement aussi bien sa pénétration dans l’eau que son évolution. L’équilibre est primordial et la liberté du pédoncule caudale une nécessité, où alors votre shad restera un objet non identifié. Le grammage est un élément prépondérant dans la réussite et particulièrement sur une pêche linéaire car le LS doit impérativement être considéré comme une proie potentielle par le carnassier.
Maîtrisez votre dérive
Nous avons un bon compromis avec un plombage en adéquation, notre shad est opérationnel, il reste à l’animer. Sur des carnassiers assez réceptifs capables de se déplacer, notre LS a toutes les chances d’être engamé, par contre, si je ramène rapidement mon leurre il va nécessairement remonter et ce n’est pas sûr qu’il soit bien positionné dans la couche d’eau où évoluent les carnassiers. C’est pourquoi il importe de changer ou d’adapter sa vitesse de récupération et de tenter différentes actions au cours de notre session. Nous avons un bon équilibre entre le grammage et le shad, il évolue naturellement sans contrainte, le test effectué nous le confirme. Nous pêchons depuis un moment en linéaire décollé des herbiers avec une estimation de 50 centimètres à 1 mètre au-dessus d’eux et le leurre remonte naturellement au bateau sans provoquer de suivi ni de « tapes ». La confiance est totale dans notre LS, il a déjà maintes fois démontré son efficacité mais rien ne semble débrider les carnassiers. Bon, on change de secteur espérant trouver des brochets actifs, mais le constat reste amer : pas de touche. Que faire ? Changer de leurre et de couleur ? Oui c’est envisageable, mais avant il est préférable de modifier substantiellement notre approche. Pourquoi ne pas tenter de ramener plus rapidement en faisant des pauses ? Ou, au lieu de racler le fond, on ne tenterait pas de pêcher entre deux eaux ? Voilà bien une stratégie qui nous amène à exploiter pleinement la capacité de notre leurre, mais en changeant radicalement notre dérive initiale. Quel intérêt ? Nous conforter que ce n’est pas un problème de leurre ou de couleur mais bien chercher une approche qui réponde mieux à l’instant présent, au comportement des carnassiers. Trop souvent et je le sais d’expérience, nous allons changer de leurre ou de couleur alors que le pattern n’est pas là : il est dans la présentation ou dans l’évolution du LS dans une bonne profondeur. Oui, on peut pêcher dans dix mètres et constater que les brochets se situent dans une profondeur de 6 mètres. Les raisons sont multiples, ils sont probablement dans la thermocline ou le poissons fourrage évolue dans une couche supérieure. L’alternance, voilà le mot clé dans la conduite du leurre et si quelquefois, une progression rapide donne de bons résultats, modifier ce choix peut-être source de ce que l’on appelle généralement : Trouver la pêche !
Couleurs et formes
Malgré les variantes dans la conduite du leurre, et tout le panel quant à la vitesse, la prospection dans différentes couches d’eau, les « stop and go » ; Rien ne semble réussir, il est temps de changer de leurre ou de couleur. La couleur disons-le, est un élément relatif en action de pêche car la perception sensorielle latérale de bon nombre d’espèces de carnassiers est un élément prépondérant dans la réaction et pour cause : la myopie les pénalise. Par contre des émissions d’ondes qui répondent à une espèce alimentaire sont à coup sûr beaucoup plus concrètes pour le carnassier. Nous sommes confrontés régulièrement à des attaques avortées en action de pêche, des « tapes » sans suite. Une pêche plus lente, des ferrages d’enfer ou retardés n’y changent rien. Il faut dès lors considérer que vous avez la bonne fréquence d’émission, mais que la couleur ne répond pas à la pêche du jour. N’hésitez pas à changer de couleur, et peut-être même de façon radicale en utilisant une couleur opposée. Faites l’expérience, vous ne le regretterez pas car le plus souvent on estime que la couleur est bonne alors que c’est son faisceau vibratoire qui est opérant. Il y a évidemment des fondamentaux qui restent des valeurs sûres pour les espèces piscicoles. Les couleurs contrastées sont prenantes pour le brochet, alors que le blanc, le nacré, le vert et le jaune semblent prédisposées pour le sandre. Le chartreux ou fire-tiger sont, quant à eux, des valeurs sûres pour les percidés en général. Les raisons provoquant une réaction d’un carnassier sont complexes et certainement souvent liées à plusieurs paramètres du LS dont sa capacité d’émission d’ondes basses ou hautes fréquences, son pouvoir attractif et sa physionomie générale répondant aux proies du moment. La confiance dans le leurre utilisé nous amène naturellement à mieux pêcher, il devient dès lors difficile d’affirmer si c’est la couleur utilisée ou l’habilité du pêcheur qui est le déclencheur d’une attaque. Quoi qu’il en soit, parfaire ses fondamentaux et sa technique par une couleur appropriée est assurément la voie du succès.
Pour conclure, si les poissons sont plus ou moins myopes, ne soyez pas pour autant aveugles en ne prenant pas en compte ces quelques règles !