Le dropshot est devenu dans l’attirail des pêcheurs de sandres, une pièce maîtresse, un engouement mérité en raison de ses multiples possibilités et l’étendue des animations possibles : prospection des structures verticales, des bois immergés où seul un montage texan peut se faufiler avec du tact, ancien vestige où un leurre classique passerait trop haut, éboulis où les risques d’accrochages sont nombreux. Le drop shot répond à bon nombre cas où une animation classique serait vaine.
L’animation principale la plus courante est minimaliste, elle reste assez proche de la pêche verticale qui avait déjà révolutionné nos approches de la pêche des carnassiers, elle s’est imposée pour la recherche de poissons peu enclins au cent mètres, départ arrêté, pour capter une proie ! Des poissons donc peu actifs, voire au repos. Une fois que le plomb drop a touché le fond, la bannière est tendue, juste assez pour qu’il y ait une tension suffisante sans déplacement du plomb. Les vibrations du leurre à sa descente sont généralement captées par le prédateur du secteur et l’attaque se produit souvent quelques secondes après l’immobilité relative de votre montage drop shot. Si rien ne se produit, on peut déplacer légèrement le montage pour une nouvelle phase d’immobilité. L’autre méthode consiste à lancer plus loin et effectuer des tirées sèches permettant au montage de faire des bonds en prenant soin de garder toujours une tension de la ligne. Les possibilités sont nombreuses armé d’un drop shot, celle qui consiste à repérer un banc de poissons fourrage puis à effectuer en remontant dans celui-ci des tirées sèches : des twitches, est particulièrement efficace. On peut aussi, dans le cas de l’utilisation d’un vif tenter un poisson identifié et décollé en lui présentant le montage… sous son nez ! Certes, la tension dans ce cas de la ligne est directe puisque le plomb ne touche pas le fond, mais avec un grammage juste ce qu’il faut, le vif a une certaine liberté de manœuvre et s’excite s’il se trouve dans le périmètre d’un carnassier. Beaucoup de pêcheurs verticaliers utilisent cette technique quand le sondeur a repéré un écho. Au regard des résultats qu’ils enregistrent, on peut considérer que cette méthode a fait ses preuves. On pourrait l’apparenter à une forme de pêche au vif, ce que dénoncent ceux qui sont réfractaires à toute esche vivante. Une différence est pourtant de taille : le ferrage est instantané et le carnassier piqué sur le bord de la gueule ce qui rend son décrochage et sa remise à l’eau beaucoup moins compliqué qu’un vif engamé.
Appâts, pas à pas !
Globalement, pour ce qui concerne les leurres souples, il s’agit le plus souvent de petits modèles n’excédant pas une dizaine de centimètres pour la simple raison qu’il faut une concordance entre le plomb drop et le leurre. Si on peut monter en poids autour de 18 gr par temps venteux, un leurre conséquent n’aura pas du tout le même comportement sur ce montage, même finesse, l’hameçon monté avec un nœud Albright qui est positionné à même le bas de ligne ne permet pas une accroche très éloignée. Certains pêcheurs pallient à ce problème en ajoutant un petit triple, un trailer piqué au-delà de la dorsale du leurre. L’inconvénient : souvent à la descente du drop, le triple boucle sur la ligne rendant inopérant le montage. C’est pourquoi on utilise des leurres finesse essentiellement, c’est petit ? Oui, mais cela peut aussi bien séduire une perche qu’un beau sandre et si le dicton « gros leurre, gros poisson » a ses valeurs pour le brochet ou sur des pêches automnales, soyez assurés que les carnassiers restent des opportunistes et peuvent tout aussi bien se gaver d’alevins, que d’être tentés par une proie volumineuse passant à leur portée. Dans cette catégorie de leurres finesse on trouve ceux qui possèdent une caudale en « V » qu’elle soit d’ailleurs verticale ou horizontale (plus planante), mais aussi les « slug » qui ont un corps effilé se terminant par une pointe et peuvent être employés quand les leurres possédant une caudale sont inopérants. Dans la catégorie leurres pour le drop on trouve naturellement les shads avec caudale, les finesse et d’autres leurres comme les vers ou les créatures. La question qui revient souvent : lequel utiliser ? Il n’y a pas de règle, votre sélection relève d’une histoire de goût personnel et de sensations, disons que la session peut débuter avec des shads classiques dont la caractéristique est d’émettre des vibrations basses et hautes fréquences et sont recommandés sur des poissons actifs, les finesses plus discrets et plus planants ont un pouvoir de séduction certain. Concernant les créatures et worm (vers), leur utilisation peut se révéler efficace car ils sortent de l’ordinaire et sont donc susceptibles d’intéresser des poissons éduqués. On a tendance à utiliser des leurres conséquents puisque le poisson recherché a une taille plus importante que la perche, c’est une erreur, un sandre, même de 80 cm s’intéressera à des leurres de 2 à 3 pouces même si c’est des perches qui viennent répondre à votre montage, qu’importe si cela vous semble moins sélectif car cela vous permet d’appréhender et d’apprécier plus rapidement la technique du drop shot.
Le drop vif
Une parenthèse sur l’utilisation du drop vif, même contesté, il reste une technique à part entière qui n’a de lien avec la pêche au vif, que l’usage de l’esche utilisée. Un poissonnet vivant décollé du fond sur un secteur propice à la présence de sandre peut être très payant. Le plomb drop décolle du substrat en contact avec le fond ce qui peut amener un prédateur dans les parages à un premier repérage, et l’activité du vif va compléter cette attention. La ligne doit restée tendue mais pas trop pour laisser évoluer le vif. C’est tactile mais la qualité des blanks carbone d’aujourd’hui, retransmet avec précision chaque coup de tête, d’ailleurs, la présence d’un carnassier s’approchant augmente considérablement l’activité du vif et on sait, sans être 8 mètres sous la surface, qu’il se passe quelque chose. Il n’est pas nécessaire de faire des animations mais simplement accompagner le vif. On laisse ainsi quelques minutes l’appât faire du surplace puis on le déplace de quelques mètres, ou on cible un autre poste plus loin. Généralement si un sandre est dans le secteur et actif, la touche (souvent violente) est assez rapide. Sur un poisson entre deux eaux et identifié grâce au sondeur, la descente du drop vif à sa hauteur se solde par une attaque fulgurante… Ou une visite courtoise suivie d’un désintéressement total ! Quelquefois, le changement du vif par un leurre souple finesse, réactive l’intérêt du sandre et provoque l’attaque pour des raisons un peu confuses, c’est pourquoi il est opportun d’avoir deux cannes montées permettant d’alterner entre un vif et un leurre souple.
La vie en couleur
Il reste au-delà du type de leurre, de déterminer la couleur. Le principe théorique voudrait que l’on utilise en eau claire des couleurs naturelles et en eau teintée celles foncées ou flashy comme le Fire tiger par exemple. La couleur polyvalente pour le sandre, et ce n’est pas un scoop, est le blanc qui sort du lot dans la plupart des eaux. Néanmoins, force est de constater que l’on pêche toujours mieux avec un leurre pour lequel on a confiance et qui est, de surcroît, souvent en action. Celui qui reste au fond de la boîte et découvre avec joie les profondeurs que dans le cas où rien ne marche, est rarement celui qui commencera la session de pêche ! Soyons honnêtes, nous utilisons que les leurres qui nous ont séduits et ceux qui n’ont pas notre approbation sont rarement utilisés et ont du mal à convaincre. La couleur marron dans toutes ses variantes est intéressante comme toutes les couleurs foncées qui donnent souvent des résultats, le noir ou le violet. Un faible pour les bicolores : dos noir et ventre blanc ou jaune ou vert et bien sûr le chartreux et le Fire Tiger qui sont incontournables.
Ce qu’il faut retenir
Pêcher au drop shot nécessite l’utilisation d’un sondeur permettant de connaître la nature des fonds mais aussi si notre leurre est refusé, une information essentielle permettant de changer de leurre, de couleur, voire d’animation. Ne jamais sous-estimer l’importance du choix du leurre tant en ce qui concerne la taille, que la forme ou la couleur. On ne pêche pas toute une journée avec cette affirmation au retour : « ça ne mordait pas ! ». Si on rencontre plusieurs échos susceptibles d’être des carnassiers et qu’aucune touche ne survient, c’est qu’il faut changer quelque chose, ne laissez pas la place au doute. Et si un sandre monte et redescend aussitôt, il faudra changer peut-être la couleur, ou passer d’un shad avec caudale à un leurre finesse ou diminuer le diamètre du fluorocarbone car s’il est venu, c’est bien qu’il y a dans le leurre des éléments qui l’on fait réagir, il va falloir parfaire votre montage et trouver ce qui cloche. Le drop shot est une technique variée qui possède de nombreuses subtilités, une pêche tactile, intense et productive notamment à cette saison de l’année. Ne vous limitez pas à un seul montage et changez de leurre si aucune touche n’est enregistrée et vous verrez : le drop c’est top !