La pêche du bar peut parfois se montrer très simple, surtout lorsque les poissons sont actifs. En revanche, qui n’a jamais passé de nombreuses heures à naviguer sur tous ses spots en les écumant les uns après les autres sans jamais les trouver ? Il arrive même parfois de réussir à les localiser et de les pêcher sur une zone précise mais pas moyen de déclencher la moindre touche. Que faut-il alors faire pour qu’ils mordent à l’hameçon ?
Avant toute chose, ne vous attendez surtout pas à découvrir le ou les leurres miracles au sein de cet article car cela fait déjà quelque temps que j’ai pris beaucoup de recul sur la question. Certes, je reconnais qu’il existe des leurres plus efficaces que d’autres mais là n’est pas le sujet du jour. En effet, je ne sais pas si vous êtes comme moi mais c’est souvent dans la difficulté que la pêche est plus intéressante. Ce qui me motive d’ailleurs le plus et ce qui est à mon sens le plus gratifiant, c’est de réussir à trouver le ou les petits trucs qui permettent de déclencher des touches lorsque rien ne bouge en surface ou sur le fond. Le plus drôle, c’est que parfois un petit rien peut tout changer. Au même titre que la pêche à soutenir ou celle en surfcasting, celle-ci comporte aussi son lot de subtilités. Passionné aussi par la pêche au coup que je pratique assidûment en compétition, je remarque que plus les années passent et plus il y a de similitudes entre les techniques. En effet, force est de constater que c’est en essayant de pêcher toujours le plus fin possible (lorsque la pêche est très technique) que l’on enregistre le plus de touche. C’est dans ces moments-là que le souci du détail prend tout son sens. Je vous propose donc aujourd’hui un petit tour d’horizon de tout ce qu’il faut faire pour éviter de passer de longues heures interminables sur l’eau en attendant qu’un bar ne daigne s’emparer de notre leurre.
Régime light…
Lorsque les poissons sont très tatillons, il est évident que la première chose à faire est d’affiner la tête de ligne. En effet, ce n’est pas parce que l’on est en mer que l’on doit utiliser du matériel complètement disproportionné. J’aime prospecter les zones peu profondes (entre 4 et 9 m) en pêchant les bars assez light sur les tombants rocheux et veines de courants nourricières qui viennent lécher ces types de postes. Les dérives sont souvent assez rapides mais les différents essais réalisés m’ont maintes fois prouvés que le fait de pêcher plus fin m’a permis d’enregistrer plus de touches qu’avec du fluorocarbone de plus gros diamètre. Généralement, j’utilise du 27 ou 30/°° ce qui permet d’avoir une tête de ligne assez robuste permettant de mener aussi à bien les combats avec les plus gros sujets. Pour des raisons évidentes de discrétion, je vous encourage aussi à rallonger sensiblement votre tête de ligne en fluorocarbone (entre 2 et 3 m). Il est même possible d’utiliser des têtes de ligne encore plus longues, surtout si l’eau est très claire et que la luminosité ambiante est intense. Toujours dans le but d’utiliser un montage très discret, je ne suis pas vraiment un afficionado des agrafes. Certes, elles sont très pratiques car elles vous permettent de changer de leurre en un tour de main mais en matière de discrétion, ce n’est pas qu’il y a de mieux. Je relie donc – la plupart du temps – ma tête de ligne directement sur la tête plombée. Cela me permet aussi de vérifier très régulièrement l’état du nœud et de le refaire en cas de doute. Toujours dans le but de pêcher le plus fin possible, j’attache aussi une très grande importante au diamètre de tresse utilisé. En effet, pour toutes les pêches dites « light », c’est-à-dire lorsqu’il s’agit d’utiliser une tête plombée de 40 g maxi, j’opte pour une tresse de qualité en 10 ou 12/°°. Plus la tresse sera fine et plus celle-ci coulera rapidement dans le courant. Il est d’ailleurs facile de comprendre que plus vous allez utiliser une tresse de gros diamètre, plus celle-ci aura une prise importante dans le courant. Un ventre va ainsi se créer et vous pêcherez moins précisément – au leurre souple et en verticale – avec une grosse tresse qu’avec une tresse plus fine.
Soignez vos montages pour la pêche du bar
Autre point très important : la qualité de votre montage. Comme toujours, soyez très méticuleux lorsque vous allez monter votre leurre sur votre tête plombée. La forme de ce dernier doit épouser parfaitement celle de la tête plombée de manière à obtenir un ensemble cohérent. Lorsque les bars sont en frénésie alimentaire, ce type de détail n’a pas la moindre importance. En revanche, lorsqu’il s’agit de pêcher sur des secteurs soumis à une forte pression de pêche, la moindre petite négligence peut se payer cash ! Veillez à ce que votre hameçon ressorte bien au milieu du leurre souple pour avoir une nage parfaite. Lorsque vous affinez vos montages, vous pouvez aussi ajouter un point de colle à action rapide sur le nœud de raccord entre la tresse et le fluorocarbone ce qui permet encore de le renforcer. Ceci vous permet de conserver la finesse de votre bas de ligne tout en augmentant la robustesse de votre nœud et de votre montage.
Le choix des leurres doit aussi se faire de manière rigoureuse. Si vous avez plusieurs cannes à bord de votre bateau, évitez de monter le même type de leurre sur plusieurs cannes. Saisissez cette opportunité pour monter des shads, des finesses ou encore des slugs de manière à trouver la forme et le type de vibrations qui correspond aux envies du jour des poissons. Un leurre de type shad qui a la particularité de déplacer un bon volume d’eau de par sa caudale pourra parfois se montrer totalement inefficace par rapport à un leurre souple de type finesse (leurre doté d’une queue en V) qui émet des vibrations beaucoup plus fines. En cours de pêche, je vous encourage donc à prendre un maximum d’initiatives lorsque les touches se font attendre. Soyez toujours très audacieux et variez vos leurres. Il y a fort à parier que vous trouverez rapidement la subtilité du jour qui vous permettra d’enregistrer plus de touches.
Bichonner vos leurres et animations pour la pêche du bar
Au même titre que le choix de leurres, je vous encourage à varier vos animations. Lorsque vous repérez des poissons calés au fond, privilégiez les animations plutôt lentes en veillant à bien faire évoluer votre leurre à proximité du fond. Si vous n’avez pas de touches, essayez la même chose avec un leurre de type slug ou un finesse. Bizarrement, ce n’est pas toujours sur le leurre sur lequel on aurait misé au départ que la touche se concrétise. Par ailleurs, pour avoir des leurres toujours très efficaces, je vous encourage aussi à bien veiller à utiliser des shads qui possèdent une queue droite, notamment ceux qui sont réservés pour la pêche en traction et qui ont une caudale qui brasse un bon volume d’eau. En effet, en prenant certains modèles, vous remarquerez que la queue est de travers. Vous l’aurez donc bien compris, l’action dans l’eau n’est pas vraiment la même au même titre d’ailleurs que leur efficacité. Pour éviter cette déconvenue, je vous conseille de ranger soigneusement vos shads dans des boîtes de marque Meiho qui permettent de les ranger de manière individuelle. Veillez ainsi à les placer toujours bien droit. Vous verrez que les caudales de vos leurres resteront toujours bien en place. En revanche, lorsque j’utilise de plus petit shads (type Ripple Shad Berkley) pour pêcher à la volée ou en linéaire, je les range par taille et par coloris dans une boîte à leurres classique.
Autre petit point très important : les attractants. Au départ, je dois vous avouer que je n’étais pas du tout convaincu de leur efficacité mais certains jours, j’ai vraiment remarqué la différence en mer sur les lieus jaunes entre des leurres gorgés d’attractants et des leurres dits « nature ». Affirmer que les attractants incitent les carnassiers à mordre serait un peu hâtif, mais en tout cas, les poissons les gardent plus longtemps en gueule lors de la touche ce qui permet de disposer d’un peu plus de temps pour réaliser un ferrage efficace. N’hésitez donc pas à avoir recours à différents attractants les jours où la mer ressemble à un vrai désert. Ils pourront peut-être vous sauver votre partie de pêche !
Comme nous sommes actuellement en pleine période estivale, je voulais terminer cet article en insistant sur le fait d’utiliser des leurres imitatifs à cette période de l’année. Adaptez toujours la taille de votre leurre en fonction de celle des poissons fourrage présents sur votre secteur. Et surtout le meilleur atout en cette période de l’année reste la carte du mimétisme. Les coloris verdâtres, bleutés ou naturels (ventre gris ou blanc et dos noir ou foncé) sont ceux qui vous permettront de prendre le moins de risque.
J’espère que tous ces petits conseils vous permettront de tirer votre épingle du jeu les jours où la pêche est difficile. Pour tous ceux qui auront la chance de pêcher le bar au cours de leurs congés, je leur souhaite de passer de très agréables moments sur l’eau !
Les conseils de Marc Rubio – guide en Charente-Maritime
« Lorsque la pêche est compliquée, j’essaye de tout mettre en œuvre pour réussir à déclencher des touches. J’attache donc une attention toute particulière à certains petits détails très importants qui peuvent tout faire basculer en faveur de mes clients. Voici donc mes règles d’or :
Taille & couleur du leurre : c’est un point très important. La taille des poissons fourrage qui se trouvent sur ma zone de pêche conditionne celle du leurre à utiliser. Ensuite, lorsque les eaux sont claires, j’utilise plutôt des coloris imitatifs, c’est-à-dire des modèles dont la couleur se rapproche beaucoup de celle des proies qui composent le régime alimentaire des bars. En revanche, lorsque les eaux sont plus troubles, j’aime jouer sur les contrastes en utilisant des leurres plus flashy.
Choix des formes de leurres : en cours de pêche, si je n’ai pas de résultat avec des leurres souples de type finesse, je remplace ces leurres par des shads, plus vibratoires. Outre la forme du leurre, il est aussi important de jouer sur les différentes formes de vibrations que peuvent émettre un leurre.
Récupération & animation : Il est très important aussi de varier les animations. La présentation du leurre peut aussi déclencher des touches. Lorsque la pêche est très difficile, j’aime pêcher à gratter derrière le bateau en dérivant (entre 1,5 et 4 nœuds de courant). Dans ces conditions, je pêche souvent avec des leurres montés en texan. Si les poissons sont calés au fond, la pêche en traction peut aussi donner de bons résultats en allant chercher les poissons dans leur moindre retranchement.
Tresse & fluorocarbone : Comme toujours, je vous encourage à pêcher le plus fin possible, surtout les jours où la pêche est très difficile. Pour des raisons de discrétion, privilégiez aussi les longs bas de ligne (entre 2 et 4 m).»