Provenant à nouveau du Japon, la technique du Branko est d’une étonnante facilité. Mais la plus grande caractéristique de cette pêche verticale en bateau est bien d’être d’une rare efficacité sur les calamars les plus méfiants !
Développée au Japon pour les calamars rendus difficiles en raison d’une trop forte pression de pêche, cette technique y est devenue très populaire. Le terme Branko vient du mot japonais buranko signifiant balançoire. L’origine de cette appellation est en fait liée au montage en potence utilisé avec cette technique. En effet, les turluttes sont ici montées en dérivation sur des empiles leur laissant un maximum de liberté autour de la ligne principale, tout comme le siège d’une balançoire par rapport à son portique. D’où l’expression utilisée au pays du soleil levant pour définir cette technique.
Le matériel pour la pêche du calamar
Pour le choix de votre canne, privilégiez un blank progressif au scion sensible afin de mieux repérer les touches. Comme dans beaucoup de pêches verticales, un ensemble casting s’avérera particulièrement pratique. Le premier avantage est ainsi de ressentir les touches à la descente contrairement à un combo spinning. De même, la libération de la ligne s’effectue par un simple clic sur une gâchette et la récupération s’engage automatiquement à la moindre pression sur la manivelle. Une caractéristique très intéressante avec cette technique où le montage est continuellement remonté et redescendu ! Pour ceux préférant un ensemble spinning, une simple canne à buscle pouvant soutenir un poids de 100/120 g sera néanmoins suffisante.
Le choix de votre tresse s’avérera d’une grande importance pour cette technique. En effet, le Branko se pratiquant profondément (entre 30 et 60 m), une ligne fine permettra de mieux rester à la verticale malgré l’influence des courants et de la dérive. Beaucoup pêchent ainsi avec des diamètres trop importants et sont donc contraints de surlester leur montage afin de rester à l’aplomb. Ils perdent donc en sensibilité et les touches parfois très fines sont plus difficilement repérées. Les calamars visés dépassant rarement le kilo, une ligne de 10 à 12 lb est pourtant bien suffisante. Les tresses de dernière génération permettent ainsi de descendre en PE 0. 8 (10/100) voire même en PE 0.6 (8/100) tout en offrant ce niveau de résistance. Vous constaterez sur le terrain qu’une telle finesse offre l’avantage de mieux rester à l’aplomb et qu’il est rare de casser même avec des prises multiples.
Le montage Branko pour la pêche du calamar
La caractéristique principale de ce montage est d’être constitué de potences disposées en dérivation. Celles-ci sont placées sur le bas de ligne grâce à des perles clipots qui leur assurent une rotation parfaite. Vous constaterez qu’à l’usage, ce montage doté de perles n’occasionne que peu d’emmêlements. Bloquées par un double nœud simple servant de butée, ces empiles seront plus ou moins longues selon l’intensité du courant ou de la dérive. Ainsi, la plus basse fera de 40 cm à 1 m alors que la seconde, plus courte, mesurera de 20 à 40 cm. Il faudra veiller à les écarter suffisamment sur le bas de ligne afin d’éviter que celles-ci ne s’emmêlent entre elles. Étant donné leur taille, deux empiles suffiront amplement et éviteront d’avoir un bas de ligne trop long qui deviendrait ingérable sur le bateau. Il serait possible de mettre un plus grand nombre de potences en les raccourcissant mais vous comprendrez rapidement sur le terrain que plus celles-ci sont longues et plus vos turluttes s’avèrent attractives. En somme, il vaut mieux avoir deux egis à l’efficacité maximale que quatre n’apportant que très peu de touches !
Ce montage Branko sera lesté soit par un simple plomb d’arlesey, soit par une turlutte plombée qui donnera un effet banc très attractif et qui multipliera les chances de toucher du calamar. Néanmoins, dans les milieux encombrés et lors de pêches à proximité du fond, un simple plomb sera conseillé afin d’éviter les accroches.
Des turluttes spécifiques
Le montage Branko nécessite des egis spécifiquement conçues pour se maintenir naturellement à l’horizontale dans le courant grâce à leur équilibrage parfait. A l’instar de certains poissons nageurs suspending, elles devront donc rester en suspension dans la même couche d’eau. Une caractéristique fondamentale dans cette technique ! L’intérêt de ce type de montage est en fait de laisser un maximum de liberté aux turluttes. En effet, c’est en cherchant à rétablir leur équilibre dans le courant comme le ferait une proie mal en point qu’elles sont attractives sur les céphalopodes.
Pour la technique du Branko, les pêcheurs nippons utilisent fréquemment des egis filiformes et allongées qui offrent l’avantage de mieux fendre les courants en n’opposant que peu de résistance et qui permettent de pêcher profondément. Ce type de turlutte est très populaire au Japon et de nombreuses marques en proposent. La variété des modèles est impressionnante et tient des rayonnages entiers dans les magasins nippons. En France, ces turluttes de dernière génération s’avèrent assez rares et seules quelques unes sont disponibles sur le marché hexagonal. Ainsi, les Spots Yo-Zuri sont très efficaces grâce aux nombreux reflets qu’elles produisent. Leur transparence rappelle également aux céphalopodes les alevins qu’ils consomment en grand nombre. Il est à noter que ce modèle est doté d’une tête sur laquelle vient se visser le corps, ce qui offre l’avantage de pouvoir interchanger rapidement de couleur afin de s’adapter à l’humeur des céphalopodes. De son coté, l’Ika Minnow Yo-Zuri bénéficie d’un degré de finition spectaculaire digne des meilleurs poissons nageurs. Outre son réalisme saisissant, son équilibrage central lui permet de toujours conserver une position horizontale, y compris lors de fortes dérives. Elle nage donc toute seule dans le courant même sans animation particulière. Les effets de transparence associés aux reflets holographiques de son revêtement sont particulièrement attractifs sur les céphalopodes. Notez que les petites turluttes à Tataki pourront également être utilisées avec un montage Branko. Ainsi, les Bubblin seront idéales avec cette technique grâce à leur équilibrage parfait et leur petite taille qui perce bien les courants.
Les calamars peuvent préférer une couleur spécifique ou un certain type de turlutte à un moment donné. Il est donc très utile de pouvoir changer d’egi sans avoir à refaire des nœuds, surtout avec une faible visibilité. Il sera donc conseillé de disposer des agrafes légères au bout des empiles. Ces dernières ne déséquilibreront pas votre montage Branko et vous permettront d’interchanger rapidement vos turluttes.
Une animation particulière
Afin d’être au maximum à la verticale lorsque vous débutez le maniement après avoir touché le fond, il conviendra de lancer le montage au devant de votre dérive. L’autre avantage est aussi d’écarter les empiles de la ligne mère afin d’éviter tout emmêlement. Lors de la coulée, conserver une tension dans votre fil maintiendra également les turluttes plus légères éloignées du bas de ligne. Vous constaterez à l’usage que cette astuce vous permettra de parfaitement déployer votre bas de ligne pour une efficacité maximale.
L’animation est particulièrement simple et peut même être pratiquée par un débutant. Une fois que vous avez atteint le fond, il suffit de relever votre montage d’environ un mètre et de commencer le maniement. Le principe est de lever doucement et régulièrement votre scion aussi haut que possible puis d’attendre que les egis reprennent leur place. Le geste doit être ample et lent. Au bout de quelques secondes et en absence de touches, rabaissez brusquement votre canne vers la surface. Le geste est en fait le même qu’un long fall en slow jigging. Entrainées par le lest, les turluttes chutent alors soudainement. En maintenant le scion immobile, il suffit d’attendre que celles-ci se stabilisent à nouveau dans le courant et sous l’action de la dérive. Cette étape est généralement la plus attractive sur les calamars et il est fréquent qu’ils attaquent lors de ces pauses. En effet, grâce à la longueur des potences, les egis mettent un certain temps à se repositionner. Cette évolution douce pour retrouver leur équilibre est très naturelle et imite à la perfection celle d’une proie affaiblie. N’hésitez donc pas à attendre plusieurs dizaines de secondes. En absence de touche, il suffit de relever le montage de quelques mètres afin de répéter cette animation dans toutes les couches d’eau.
Ici encore, une tresse graduée tous les 5 à 10 mètres vous sera particulièrement utile pour la technique du Branko. En effet, cela vous permettra dès la première prise de visualiser à quelle profondeur se situent les calamars. Il suffira alors de faire redescendre votre montage jusqu’à la couleur où vous avez enregistré la touche afin de pêcher avec précision dans la bonne strate d’eau. Ces céphalopodes vivant en banc, il sera alors possible de multiplier les captures très facilement.
Vous constaterez que la touche d’un calamar peut être particulièrement subtile. Celle-ci se traduit généralement par un léger toc ou par une légère sensation de lourdeur. A la moindre hésitation, ferrez ! Même en absence de prise, ce ferrage participera à l’animation de votre montage. Afin de bien ancrer le panier des turluttes dans les tentacules, le mouvement devra être ample et progressif. Afin d’éviter les décrochages, il sera conseillé de récupérer votre prise uniquement au moulinet. En effet, les piques ne possèdent pas d’ardillon et le moindre mou pourrait la libérer. De même, ramenez doucement le calamar car ses tentacules sont fragiles et pourraient casser. Pour les mêmes raisons, privilégiez l’usage d’une épuisette afin de le monter à bord.
Spécial calamars difficiles
La technique du Branko est très simple et offre l’avantage d’être peu fatigante. En effet, la spécificité de ce montage constitué de longues empiles fait que ce sont les turluttes qui font quasiment le travail à votre place. Mais sa plus grande particularité est bien de permettre de toucher des calamars difficiles qui n’auraient pas réagi à des techniques plus conventionnelles telles que le Tataki ou la traditionnelle dandine. En somme, une arme supplémentaire pour tous les amateurs d’eging !