Le rotengle est un beau poisson extrêmement intéressant pour un pêcheur au coup digne de ce nom. Il est disponible en toutes saisons avec une nette préférence pour l’été, pour la canicule « lorsque les autres poissons ont trop chaud ». Les techniques pour le piéger sont nombreuses, même si la pêche anglaise « ultra light » à la descente lente a largement ma faveur.
S’il fallait décomposer une partie de pêche, quelle qu’elle soit d’ailleurs, mais certainement davantage en plan d’eau, la première phase obligée est de comprendre le parcours, de lire l’étang ou la gravière. Il est donc essentiel de prendre en compte les conditions météorologiques: les zones à l’ombre et au soleil, la direction du vent pour s’en servir, ainsi que les contraintes environnementales comme les herbiers, la ripisylve. Ensuite il est nécessaire d’effectuer un rapide sondage multipostes pour définir quels sont les meilleurs postes et se donner toutes les chances de prendre du poisson. Cette séquence d’approche du plan d’eau : observation et analyse de la configuration avant de s’installer, est absolument indispensable. Le pêcheur sur ce point doit être vigilant, sérieux, systématique, car de cette première approche dépend le succès final, ou pas, de sa partie de pêche.
La pêche en étang à l’anglaise
Pour cette séquence de pêche à l’anglaise à environ 35 mètres, je préfère chercher les rotengles à ras de la berge d’en face, exactement sous les branches des arbustes qui retombent vers l’eau et offrent un abri et de l’ombre aux poissons. Pour faciliter ma pêche je choisis de m’installer « de trois-quarts au vent latéral », comptant sur ce vent pour faire sortir les poissons de cet abri où ils se sentent en sécurité. Puis je diminue progressivement la distance d’amorçage pour rapprocher les poissons et gagner ainsi 2 à 3 mètres de sécurité par rapport à la végétation.
Il s’agit dans ce cas précis exclusivement d’une pêche dite « au rappel » avec une amorce que je réalise souvent moi-même (voir pages suivantes) et dans laquelle je mélange 250 grammes de pinkies rouges pour 15 litres de farines.
Les montages pour pêcher à l’anglaise
Rien d’inutile ou de futile. Dans ma caisse tout est pensé pour optimiser l’action immédiate et mon choix est le suivant pour cette séquence :
- La première canne de 3.90m ultra light « Professionnal 15 Real XT » de Colmic est équipée d’un waggler « cristal RAMEAU» de 4 grammes. Moulinet Shimano Aero 4000 FA rempli d’un nylon Feeling Anglaise en 12/100ème.
- Si le vent se lève la seconde canne (même modèle en 4.20m) est montée avec un waggler Cralusso de 8 grammes. Moulinet Shimano Aero 4000 FA rempli d’un nylon Feeling Anglaise en 14/100ème. (voir croquis)
Comme je pêche à l’asticot, les bas de ligne sont en 10/100ème avec des hameçons 3405 N°18 ou 16 suivant la difficulté de la pêche.
La pêche à la l’anglaise
Beaucoup de pêcheurs de rotengles le savent pertinemment, c’est lorsque la ligne plonge dans la couche d’eau vers le fond que le poisson prend l’esche. C’est pourquoi je place le maximum de cendrées à la base du waggler pour que le bas de ligne soit totalement libre. Très souvent, neuf fois sur dix je déplace les trois cendrées N°6 vers la base du flotteur et supprime l’émerillon à agrafe du waggler par un montage direct.
J’ôte également l’émerillon que je remplace par un nœud baril lorsque les poissons ne font pas plus de 400 grammes. Par contre le vrillage devient une contrainte immédiate dès que je ferre dans le vide ou que je ramène rapidement la ligne…
Tactique de pêche
Les rotengles ne sont pas très craintifs à cette distance, à l’abri des bruits et du passage, aussi ma tactique préférée est-elle dans l’aguichage plutôt que dans l’attente. C’est cela qui explique la longueur de mon bas de ligne graissé. Dès que le waggler touche l’eau, la touche se produit très souvent après 4 à 5 secondes. Si la touche s’éternise, c’est que l’appât est posé sur le fond et les probabilités de touche sont très réduites. Il vaut mieux relancer.
La séquence de pêche
- Je lance mon waggler à un mètre du spot laissant le vent déporter le montage.
- Je prends contact avec mon flotteur sans plonger ma bannière dans l’eau.
- J’envoie immédiatement avec la fronde une boulette d’amorce sur le flotteur (*).
- Je laisse descendre mon bas de ligne.
- Si rien ne se passe, j’aguiche par une légère tirée du scion.
- Si rien ne se passe, je ramène mon montage et je recommence la séquence en n’oubliant pas de diminuer la distance d’amorçage au fur et à mesure de la partie de pêche.
Astuces de pêcheur
- Concernant les esches j’utilise un bel asticot rouge à l’hameçon et pour qu’ils descendent lentement dans la couche d’eau, je ne les dégraisse pas…
- Lorsque les eaux sont claires, j’allonge la distance entre le waggler et l’esche (jusqu’à 2 mètres pour 1.50 m de profondeur par exemple.
- La ligne est graissée avec du Mucilin pour ralentir son immersion.
- Les premier 50 cm situés à la base du waggler sont teintés en blanc avec un feutre pour marquer les pneus. Ainsi je distingue parfaitement mon BDL et visualise la touche en scrutant le sillon rapide qui se produit à la surface lorsque le fil se tend… Je détecte la touche avant même que le flotteur le signale !
- Lorsque la pêche se complique et que le mistral se lève, je change de canne et je pêche de manière traditionnelle tout en modifiant la portance du waggler en incrustant une antenne supplémentaire perforée sur une « rallonge très fine de 5 cm en carbone » (voir le croquis).
Ceci a plusieurs avantages :
- me permettre d’ajouter une ou deux cendrées N°12 sur la ligne car contrairement à la méthode précédente je dois faire couler mon BDL.
- à la touche l’eau pénètre à l’intérieur de l’antenne et le waggler coule très facilement.
- si c’est une touche en relevée, elle est aussi très visible, car c’est le noir du haut du flotteur (parfois le jaune) qui apparaît subitement.
Voilà en résumé ce qu’il faut retenir de cette pêche du rotengle en étang. A vous de jouer !