Mes derniers voyages en Espagne et au Portugal m’ont permis de découvrir une approche atypique de la pêche au feeder. Les fortes populations en carpes, barbeaux, carassins et gros poissons ont obligés les pêcheurs locaux à trouver des techniques pour sélectionner la taille et fixer les poissons sur les coups ainsi que pour détourner leurs méfiances et leurs habitudes. La pêche à la graine est née. Le maïs et le chènevis n’ont plus de secrets pour nos amis au sud des frontières. Nous allons voir ensemble comment il est possible d’aborder sur leurs conseils, une partie de pêche en utilisant ces graines pour seuls et uniques appâts.
Quand pêcher avec des graines au feeder?
Sur des parcours où les poissons de toutes tailles sont nombreux et dès lors que vous voulez sélectionner la taille de vos prises, les graines sont des alliées de choix. Les carpes, carassins et autres gros poissons raffolent de ces appâts et il serait dommage de s’en priver.
Les graines cuites comme le maïs, le chènevis ou encore le blé peuvent aussi bien servir d’amorçage de départ que de rappel. Elles ont l’avantage de rester sur le fond à l’inverse des asticots par exemple qui s’enfuient en se mouvant ou en prenant le courant.
Il est possible d’utiliser cette technique de pêche toute l’année et sur tous types de parcours en adaptant les quantités de chaque sorte de graine.
Lorsque les brèmes, gros gardons, et barbeaux sont les plus nombreux, il est nécessaire d’utiliser plus de chènevis que de maïs. Les carpes quant à elles préfèreront un joli tas bien jaune.
Préparation des graines
Il est toujours mieux d’utiliser des graines fraiches et de qualité afin de multiplier les chances de réussite. Pour ma part j’ai donné ma confiance depuis un bon bout de temps aux boites de graines déjà cuites.
Le chènevis proposé par BaitTech en conserves, est d’une qualité irréprochable. Quasiment toutes les graines sont germées, et cette solution facile permet d’éviter la corvée de trempage et de cuisson. La préparation à ce compte-là pour une pêche au feeder est un jeu d’enfant ; il suffit d’égoutter les graines, de les laver grâce à une passoire sans trop de violence afin de ne pas casser les germes et les conserver dans de l’eau fraiche.
Pour le maïs, même combat, une bonne conserve de chez Lidl fera bien l’affaire. La texture du maïs est à prendre en considération. Il est parfois nécessaire d’aller à plus de 40 mètres pour trouver les poissons et l’utilisation d’une graine à la peau ferme devient obligatoire pour l’eschage à l’hameçon. Pour l’amorçage ce n’est pas vraiment important, le moins cher sera le meilleur.
Comme pour le précédent, un lavage à grande eau est nécessaire avant de le conserver dans un fond d’eau claire pour éviter qu’il ne sèche.
Comment pêcher au feeder à la graine
Il existe deux techniques différentes pour aborder une pêche avec des graines pures. La première, souvent utilisée avec les appâts vivants, consiste à emprisonner dans un feeder ouvert, ou un dôme feeder, une quantité de graines entre deux petits bouchons d’amorce ou de terre. Cette solution permet d’apporter et de libérer très rapidement sur le fond les graines, et ainsi d’éviter, lorsque les poissons sont très mordeurs, de ramener dans le feeder une partie du contenu. La technique du bouchon de graines est également à employer pour la réalisation d’un amorçage de départ grâce à un feeder de taille moyenne ou grosse. Il est important avec cette technique de bien choisir son feeder. Les « Distance feeder » de chez Preston, en métal, sont idéaux pour des pêches précises et lointaines, ouverts des deux côtés et disponibles en plusieurs contenances, ils permettent un remplissage facile des graines et du bouchon. Il existe ce même type de feeder en version plastique que l’on peut retrouver chez Nu Fish, les Zipplas, ils ont l’avantage de décoller plus vite du fond lors du ramener et ainsi de passer au-dessus d’éventuels accrocs. Sur les feeders grillagés, il est important de fermer la partie du milieu où vont se trouver les graines, sous peine de voir le chènevis s’enfuir au travers des mailles. Pour se faire rien de plus simple, une paire de tours de chatterton noir et c’est prêt (une gaine thermo rétractable peut également très bien jouer le rôle).
La seconde technique, la pêche aux graines collées, est plus complexe à mettre en œuvre mais terriblement efficace sur les gros poissons, et les pêches avec un rythme de touches moyen. Afin de préparer le collage des graines il est nécessaire de préalablement égoutter minutieusement la quantité à coller afin d’avoir une surface tout juste humide. Les graines doivent être ensuite étalées dans un bac avant d’être saupoudrées généreusement de colle spécialement prévue à cet effet. Un brassage permet d’homogénéiser l’ensemble. Il faut ensuite attendre que le maïs dégorge de son eau au maximum avant d’ajuster le mouillage au pulvérisateur. Le collage est prêt lorsque toutes les graines restent agglomérées entre elles à la première pression entre les mains. Le collage permet de pêcher avec n’importe quel type de feeder, et d’aborder des parcours où la profondeur est importante. La force de pression du mélange dans la cage déterminera la vitesse de sortie des graines ; sur ce principe, il est possible de pêcher avec un feeder qui reste plein plusieurs minutes afin de forcer les poissons à venir fouiller autour et se saisir de l’esche à l’hameçon un peu dans l’esprit d’une pêche au method.
Une pêche qui réserve de nombreuses surprises !
Comme dit précédemment, les graines plaisent à beaucoup de nos camarades de jeu. De ce fait, sur un parcours comme le Rhône, chaque touche offre son lot de surprises. Les barbeaux n’hésitent pas à rentrer sur les coups et traduisent leurs présences par des touches extrêmement violentes qui peuvent provoquer la rupture d’un bas de ligne en 20 centièmes instantanément. Les brèmes et hybrides adorent aussi remuer le fond à la recherche d’une belle graine et sont parfois chassées par leurs collègues carassins qui s’emparent de tout ce qu’ils peuvent trouver sur leur passage.
Vous l’aurez compris, inutile de finasser. Un montage coulissant simple sur du nylon et un bas de ligne robuste sont conseillés. La taille de l’hameçon doit être affinée en fonction du nombre de grains de maïs que vous voulez escher. Par exemple, un hameçon en 12 permettra de facilement enfiler un ou deux grains sans avoir à utiliser de cheveu. La pêche avec un cheveu permet d’écarter les grains de l’hameçon, de pêcher avec un grand nombre de maïs sans avoir à utiliser d’hameçons très gros. Il est également idéal pour limiter le nombre de décroches, l’hameçon étant bien dégagé.
L’heure est venue pour vous d’aller préparer vos cannes et d’essayer cette approche ludique sur vos rivières, fleuves et étangs les plus proches. Nul doute que vous prendrez un réel plaisir à voir cintrer le carbone et entendre le frein laisser échapper votre nylon. A vos ouvres boites !