Chacun voit sa pêche à sa façon (pas forcément que d’une seule façon). Elles sont toutes respectables tant qu’elles ne nuisent pas au milieu naturel et tant que les règles sont respectées.
Pour certains, la pêche est plutôt un prétexte pour se retrouver seul avec soi et la nature. Pour d’autres c’est, au contraire, un moyen de passer un bon moment avec des amis. Certains préfèrent l’aspect technique ou pêcher en ville, dans la campagne, assis, du bord, en marchant, en bateau, en float tube, les pieds dans l’eau, faire de la touche et du nombre, s’entraîner pour des compétitions ou tout en même temps. Mais s’il y a un truc qui ne laisse pas indifférent un grand nombre de pêcheurs, c’est d’attraper le « big fish » ou un « big fish » : cerise sur le gâteau pour un bon pourcentage d’entre nous.
Qu’est ce qu’un gros poisson ?
On ne pêche pas une carpe de 25kg ou une perche de 50cm dans des endroits où il n’y en a pas. On peut en rêver (beaucoup)… y croire et pêcher le même secteur (20 ans) … mais ne jamais y arriver même avec la meilleure volonté du monde. Simplement parce que certains milieux sont incapables de produire des carpes de plus de 15kg ou des perches de plus de 35cm…
Ainsi, une carpe de 10kg ou une perche de 35cm peuvent-être considérées comme un gros poisson voire un record dans certains étangs ou rivières. Pour le silure comme pour les autres poissons, c’est exactement la même chose. Tout est relatif à la situation géographique et à la possibilité, pour le pêcheur, de se déplacer.
Dans les milieux propices on peut considérer un joli silure au dessus de 2m et un « bœuf » au dessus de 2.30m soit environ 80kg et un poisson vraiment record au dessus de 2.50m soit environ 100kg.
Où trouve-t-on ces silures géants ?
On ne retrouve pas des silures de plus de 2.30m partout. Ces poissons se trouvent essentiellement dans les grands fleuves de France, et leurs affluents principaux, ainsi que dans certaines rivières plus petites et notamment celles qui se jettent dans la mer.
En effet, l’apport régulier dans ces fleuves en poissons migrateurs comme les anguilles, les mulets, l’alose, et les lamproies assure aux silures une nourriture riche leur permettant de se développer encore plus facilement.
Cependant, certaines rivières qui ne reçoivent pas ou très peu de poissons de mer peuvent tout de même produire de très gros fish (ou grands) tant qu’il y a suffisamment de nourriture.
On trouve plutôt des gros poissons dans les 2/3 de la France les plus au sud. Le mythique Rhône et plusieurs de ses affluents comme la Saône, abritent de très gros silures comme la Loire et ses nombreux affluents : la Maine, la Vienne, le Cher… Ainsi que la Garonne et ses affluents comme la Dordogne, le Lot ou le Tarn (c’est d’ailleurs dans ce dernier que nage l’actuel record du monde) aussi.
La Seine, pour un fleuve est une exception concernant la production de très gros poissons. Même si un poisson de 2m n’est « pas si rare que ça ». Pour le moment, un poisson de 2.30m est un véritable record et les poissons pêchés de cette taille ou dépassant cette taille ont été extrêmement rares.
Dans le sud de l’Europe, le fameux Pô en Italie ou encore l’Ebre, qu’on ne présente plus, produisent des poissons qui peuvent dépasser les 100kg.
Au Portugal, il semble que les populations de silures soient en train d’exploser en ce moment. Il y est arrivé plus tardivement qu’en Espagne. Il va falloir attendre encore quelques années avant de pouvoir pêcher les premiers vrais gros. Mais vu la richesse du Douro ou du Tage, on a toutes les chances d’y retrouver de très gros poissons dans les années à venir.
Les ennemis des gros silures
Il faut plus de 30 ans à un silure pour devenir un très gros poisson, 40 ans en (fonction des biotopes) pour des poissons de plus de 2.40m. Il lui faut donc du temps pour sa croissance. Si il est tué avant, il n’aura jamais l’occasion de grandir jusqu’à sa taille « maximum ».
Les ennemis de ces gros poissons sont donc les mentalités de certaines personnes, et les « fake news » autour de ce gros moustachu qui poussent parfois, anciens comme jeunes : du « carpiste » au pêcheur de carnassiers mal informé à les tuer croyant faire une bonne action en « régulant » les populations… Ridicule.
Malgré toutes les études menées. Il n’a aucunement été prouvé qu’il avait la capacité de déséquilibrer un écosystème. Le silure est même protégé dans certains pays du nord de l’Europe. Il est plutôt dans une période de diminution en France depuis 2005. Au long de l’année, quand vous attrapez un silure, il y a environ 70 % de chance de tomber sur un silure avec un estomac vide.
Le deuxième facteur est bien entendu la pêche professionnelle ou commerciale (ceci est valable pour tous les poissons, on voit ce que ça donne dans les mers, imaginez l’impact en eau douce). L’exemple le plus flagrant est celui du Danube. On peut penser que vu que c’est le milieu dont il vient, les silures, sont énormes… Mais finalement, non, les gros silures sont rares là-bas parce qu’ils n’ont pas le temps de grandir : la pêche aux engins ou professionnelle est très développée là bas et ils sont donc bien souvent pêchés avant qu’ils ne fassent 2m voire beaucoup moins.
Les secteurs à gros poissons
C’est très variable et compliqué d’y répondre en un paragraphe et cela change presque en fonction de chaque rivière. Mais les silures de belles tailles ont souvent tendance à se trouver aux mêmes endroits. En effet, même dans des rivières au fond monotone on voit très souvent les gros échos sur les mêmes zones et on prend souvent des gros poissons sur ces mêmes zones. Même après avoir peigné des Km de rivières, ce sont régulièrement certains secteurs assez précis qui sont plus propices que d’autres. Zones souvent à proximité d’une zone de repos mais où la nourriture n’est pas trop loin. Les spots peuvent aussi bouger d’une année à l’autre, comme dans la Loire.
A ne pas négliger pour éventuellement avoir la chance de toucher le big one cette année, voici en résumé autant de sujets qui peuvent être développés un par un peut-être plus tard dans l’année.
- Se donner les moyens d’y aller régulièrement et de pêcher des rivières avec un écosystème riche : A moins que vous ayez le Rhône ou la Loire en bas de chez vous, pour prendre du gros poisson, il faut bouger. Observer et passer du temps au bord de l’eau. Pour apprendre sur la rivière et découvrir de nouveaux secteurs.
- Une discrétion optimale : la discrétion est très importante. C’est une des clés pour les gros. Sauf parfois quand ils rentrent en frénésie et perdent de la vigilance. Mais ces périodes sont rares.
- Savoir s’adapter : En fonction des conditions, de la rivière, de l’activité des poissons, ne pas hésiter à suivre votre instinct. Tester des choses. Soyez opportuniste comme l’est le silure, observateur, ne pas hésiter à couper l’écho sondeur, à pêcher sans et à regarder plus attentivement ce qui se passe autour de vous. Foncez aussi à la pêche dès que la météo est bonne (première douceur en début de saison, montée des eaux, crue, automne…).
- Avoir un matériel adéquat : Il faudra opter pour du matériel fiable sans faille et adapté aux gros poissons en gardant en tête la discrétion, il faudra savoir allier les deux.
Soignez les bas de ligne, les présentations, vérifiez le piquant et la solidité des hameçons… - Chaque silure vous apprend quelque chose : Il vous faudra encore prendre sans doute plusieurs petits ou poissons moyens et plusieurs bredouilles avant de toucher un vrai big mais n’oubliez pas qu’il n’y a pas un poisson mais des poissons. Chaque silure se respecte et vous apprend quelque chose.
- Faites attention en cas de capture d’un gros poisson : Il s’agit de vieux poissons rares, lourds et fragiles, qui ne sont pas faciles à manipuler. Prenez en soin ! C’est presque le point crucial : si à chaque capture le gros silure est mal manipulé et risque de mourir, le secteur ne restera pas longtemps un hot spot, et les records ne seront plus là.