Pêche au mort manié : comment réussir ses pêches de carnassiers

La pêche au mort manié fit un tabac en arrivant en France et permis la capture de nombreuses belles pièces. A l’heure des « nouvelles » techniques aux noms dignes de séries fantastiques, le mort manié est loin d’avoir dit son dernier mot. Comment l’appréhender, et surtout, quelles sont les bases de cette technique très efficace ?

Au mort manié, tout passe par le matériel et, surtout, son équilibre. Une canne dont l’action n’est pas adaptée vous privera de nombreuses informations. Un moulinet sans anti-retour infini fera de même. Et une monture inadéquate vous détournera au plus tôt de cette technique.

Le bon matériel pour le mort manié

Tout commence donc au mort manié par une canne à action de pointe. C’est la seule action qui vous permette, non seulement une grande précision dans l’animation, mais aussi un meilleur ressenti de votre monture, de la touche et du fond. Ces points sont l’essence même de cette technique. Et seule l’action de pointe vous permet de ressentir au mieux ces trois éléments.

Cette sensibilité vous permet en effet de vous faire une carte mentale du fond que vous avez aux alentours. Vous pourrez deviner une cassure, un obstacle et même, avec un peu de métier, la nature du fond, sans parler de la touche (Ceux qui ont l’habitude savent ce que signifie la touche « pet de lapin » si chère aux sandres.) …

La longueur de la canne est fonction de l’endroit où vous pêchez : depuis une embarcation ou du bord. Dans le premier cas, une 2m40-2m60 est idéale. Vous pouvez vous approcher au mieux des postes et les attaquer comme bon vous semble, sans avoir besoin de lancer loin. Depuis le bord, une 2m90 est plus indiquée. Elle vous donne le bras de levier nécessaire pour lancer au large et soustraire au mieux la bannière du courant. Un modèle a ma préférence, la Daiwa Shogun, notamment la SHXD29PM.

Pour le moulinet, on serait tenté de dire qu’il ne sert que de « réserve de fil » et apporte son frein en combat. Mais équipé d’un anti-retour infini, il complète l’ensemble de juste façon. L’anti-retour infini est impératif, car la bannière doit sans cesse être tendue par la monture et le moulinet ne doit pas donner d’à coups pouvant perturber la sensation transmise par votre monture. Un moulinet sans cette technologie ne vous facilitera donc pas la tâche. Tout reste possible mais ce serait dommage de s’en passer. Le contact ne sera pas continu et certaines touches seront loupées. De plus, une bonne récupération est nécessaire, de l’ordre de 80 cm/tour en moyenne.

Pour le fil, certains ne jurent que par la tresse, d’autres par le nylon. Il est vrai que la tresse a cet avantage de ne pas être élastique et donc de permettre le ressenti de chaque touche et du fond et ce, quelque soit la distance. Mais elle reste visible. Quant aux nylons, ils ont fait les premières heures du mort manié et ont permis la prise de très nombreux poissons. Alors pourquoi s’en priver ? D’autant que les avancées technologiques produisent de très bons nylons. Commencer avec eux et passer à la tresse par la suite est une bonne solution. Cela vous permet de « développer » votre sensibilité avec cette technique et donc de progresser correctement. Si, malgré tout, vous ne jurez que par la tresse, un bas de ligne d’au moins un mètre en fluoro’ ou nylon de couleur neutre est primordial. Il assure la discrétion de votre montage. Dans les deux cas, une résistance de 7kg environ est adaptée.

Pour la monture, il n’y en a pas 36, il n’y en a qu’une, la célèbre « Drachko’ » du nom de son inventeur, Monsieur Albert Drachkovitch. De la corde à piano, du laiton et c’est tout. 3 tailles suffisent en fonction de votre cible (Truite/perche, sandre, brochet), ou 4 si l’on vise le silure. Pour le brochet, une petite modification peut être apportée, pour que la nage aille mieux à notre compère brochet.

Réalisation d’une monture Drachkovitch pour pêcher au mort manié

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Primordiale : l’animation au mort manié

L’autre point important est l’animation. Mais, avant de commencer à en parler, il est important de rappeler qu’elle n’est pas plus importante que le contact que vous devez avoir avec votre monture. Car, mieux vaut une animation « loupée » – ou peu conventionnelle- qu’une partie de pêche au mort manié sans sensibilité… Peu importe que votre monture fasse des loopings, deux tressautements au lieu de trois, ou tout ce qui est marqué dans les magazines. Et donc ici, ce qui est vital, c’est de sentir sa monture. En effet, si vous ne la ressentez pas, inutile d’aller pêcher. Et là, c’est le choix de votre chevrotine qui est également important. Choisissez en un panel en fonction de la profondeur des postes. Des chevrotines de 4 à 15 gr couvrent l’ensemble des situations jusqu’à 10-12 mètres de fond selon le courant et la taille de l’appât. Vous pouvez très bien exagérer votre plombée pour ressentir correctement l’ensemble, cela ne rebutera pas les carnassiers (Passer en 18, voire 20 gr).

Vous vous apercevrez également qu’utiliser des cannes de puissance light voire moyenne, (30gr maxi) et des tresses fines, va vous ouvrir encore plus les yeux. Après avoir pêché pendant 15 ans avec une canne de 20-60gr de puissance, je suis récemment passé à une 5-28, car je voulais pêcher fin (Les sandres sont tatillons chez moi). J’avais l’impression d’être sous l’eau avec la monture et de voir son environnement. Bien entendu, les montures sont plus petites mais les poissons pas moins nombreux. Et des appâts de 10 cm maximum sont largement plébiscités par les carnassiers.

Montage d’un poisson mort sur la monture Drachkovitch

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Avant de toucher le fond

Ainsi, pour revenir à l’animation, gardez à l’esprit que votre bannière doit donc être constamment tendue par votre monture. Et, qui plus est, pendant la descente vers le fond. A mes débuts, je lisais qu’il fallait contrôler les spires du moulinet avec l’index et les lâcher régulièrement pendant cette phase de descente. Personnellement je me suis vite rendu compte qu’une touche qui arrive précisément au moment où on relâche les spires ne sera jamais sanctionnée par un ferrage ! Je sors donc le fil à la main en le prenant entre mes doigts. Ma main droite tenant la canne et la gauche, le fil. Cette dernière n’est donc entraînée que par le poids de la monture qui se dirige vers le fond. Je bloque le fil sur la lèvre du moulinet avec l’index droit quand l’autre main, entrainée par la monture, arrive au premier anneau et je recommence. De cette façon, ma main gauche fait des allers-retours avec la tresse entre le moulinet et le premier anneau jusqu’à ce que la monture touche le fond. La tension est donc continue depuis son arrivée sur l’eau jusqu’à son contact avec le fond. Vous pouvez ainsi déceler la moindre touche ou le fameux « mou » à la descente (Le poisson remonte sur la monture au lieu de faire « poids mort » sur celle-ci.) et sanctionner le tout par un ferrage. Vous pouvez aussi de temps à autre retenir le fil ou donner une tirée plus ou moins franche pendant la descente. C’est un plus sur un poisson méfiant. Vous imitez au mieux un poisson agonisant entraîné vers le fond et animé de soubresauts.

Le moment où votre monture arrive au fond est signalé par un léger « toc » dans votre canne. Mais –et oui, il y a un « mais » – celui-ci diffère selon la nature du fond. Un fond dur donnera un « toc » franc, quand de la vase ne donnera rien d’autre qu’un mou dans la bannière (Vous la voyez se coucher sur l’eau.). Pour ce dernier cas, je donne toujours un bon coup de scion histoire de vérifier si ce n’est pas un poisson. Si ce n’est pas le cas, laissez redescendre et entamez la récupération. Et si votre bannière part à gauche ou à droite sans que vous ayez senti quoi que ce soit, c’est pareil : ferrez ! D’où la nécessité de garder à l’œil votre bannière et utiliser des lignes fluo’ ou de couleur.

Un angle important

Une fois au fond, tendez votre bannière et, canne à 30°, vous pouvez donner un coup de scion ou deux pour faire décoller la monture et l’accompagner ensuite avec votre canne vers le fond. Puis recommencer. Voila, c’est la base du mort manié.

Ensuite, de nombreuses possibilités s’offrent à vous. Vous pouvez multiplier les coups de scion mais veillez à ne jamais faire passer votre canne au-delà de 45°. Si touche il y a au-delà de cet angle, vous aurez peu de chance de réaliser un ferrage efficace. Je commence donc toujours vers les 30°, donne quelques coups de scion (2 ou 3) et à 45°, je laisse retomber la monture en l’animant : tremblements du scion, petites tirées, coups de scion…

Vous pouvez également agrémenter cette animation de changements d’angle, (un coup de scion à droite puis d’autres à gauche et vice versa), une tirée plus ample qu’un coup de scion, un coup de manivelle entre les deux pour faire virevolter la monture… Bref, vous n’avez que l’embarras du choix. Et c’est en cela que cette technique et cette monture sont efficaces.

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Astuces anti-accroc

Une petite astuce pour finir : quand votre monture touche le fond et que vous savez les accrocs nombreux à cet endroit, ne la laissez pas au fond le temps de récupérer le fil. Faites une entorse aux « règles » et aidez vous du moulinet. Tendez votre bannière lors de la descente de la monture en rembobinant et en baissant la canne vers les 30°. Vous allez ainsi récupérer votre bannière sans que la monture ne touche le fond. Vous pouvez ensuite reprendre l’animation avec la canne, et ainsi de suite. Votre monture va alors virevolter au dessus du fond et éviter un bon nombre d’accrocs. Reprenez tout de même le contact avec le fond de temps à autre en ne restant que très peu de temps dessus.

Mais soyez attentifs, car au mort-manié, les touches ont généralement lieu pendant la phase de descente. Bien entendu, un ferrage immédiat répond à toute touche.

Et, si malgré tout vous restez souvent accroché, un dernier petit truc peut limiter les dégâts : les montures du commerce sont généralement vendues avec la boucle d’attache perpendiculaire au « V » de la monture. Votre appât se retrouve donc comme un poisson en pleine santé, le dos vers le haut. Mettez donc la boucle parallèle à ce « V ». Et positionnez vos hameçons sur le flanc de l’appât, le côté non fendu de la chevrotine vers le bas. En action de pêche, les hameçons vont se retrouver vers le haut et le corps de l’appât fait office d’anti-herbe (Bien entendu l’emploi d’émerillon est à proscrire car ils permettent la rotation de votre appât.). Ce dernier se retrouvera donc dans la même position qu’un poisson à l’agonie, tout en limitant les accrocs. Cependant, vous ne les éviterez jamais totalement. Cela fait partie du jeu, mais un bon ressenti peut vous permettre d’y remédier et de les éviter.

Le mort manié se joue donc sur le ressenti pratiquement parfait de votre monture. Sans ce point, vous pêcherez en aveugle et louperez une bonne partie de votre pêche. Un matériel adapté à cette technique est donc garant de bonnes sorties au bord de l’eau avec une technique qui s’avère redoutable en toute saison et en tout endroit.

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5 commentaires

  1. Une très bonne idée… surtout en ce moment! Regardez même à le faire avec des poissons morts marins. (Maquereaux, sardines ou encore éperlans)

  2. Bonsoir

    Très bon article instructif !

    je voudrais savoir si cette technique est utilisable pour la pêche au bar ?

    merci

    joel bourban

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