La saison de la verticale étant en plein boum tout comme le développement des pêcheurs en barque, il m’a semblé nécessaire de faire un retour rapide sur cette technique efficace et passionnante. Nombre d’entre nous maîtrisent l’art de verticaliser un leurre souple mais ces mêmes personnes sont aussi pétries de certitudes glanées au fil des années et qu’il convient de relativiser. Embarquons pour un bref rappel des bases de la verticale.
Un peu d’histoire sur la pêche verticale
C’est en 2002 lors de la manche du championnat du monde de pêche des carnassiers qui s’est déroulée à Carcans Hourtin et qui a été remportée par des équipages néerlandais avec cette méthode que la verticale s’est imposée comme la technique novatrice pour le sandre.
A l’époque le pêcheur français pêchait au mort manié, à la tirette ou au leurre souple en lancer ramener et ces trois techniques n’arrivaient pas toujours à décider les sandres apathiques surtout en période hivernale.
Les hollandais, dont les lacs immenses sont remplis de sandres, avaient déjà depuis longtemps une longueur d’avance car chez eux on avait le droit d’utiliser un sondeur en action de pêche. En 2002, parce que c’était une compétition internationale, on a autorisé le sondeur cette fois-ci, pour ensuite l’autoriser à tous dans les mois qui ont suivi.
Les hollandais avaient compris qu’en agitant doucement un leurre souple sous le nez d’un sandre repéré au sondeur, on arrivait à le décider à mordre, et la preuve en fut brillamment faite lors de la compétition de Carcans Hourtin.
Dans les mois qui suivirent, nombre de grands pêcheurs français partirent en hollande recevoir les enseignements des maîtres bataves afin d’importer la technique et de l’adapter aux eaux hexagonales. Puis ce fut la déferlante mode verticale dans les magazines, dans les salons, dans le matériel jusqu’à ce qu’elle devienne ce qu’elle est actuellement, une technique classique. Si classique pourrait on dire que beaucoup de pêcheurs en on oublié les bases et trouvent que la verticale ce n’est pas si terrible que ça, revenons donc aux bases !
L’animation en verticale
Ou, pourrait-on dire, l’absence d’animation ! La verticale c’est profiter de la dérive d’un bateau pour que cette dérive anime le leurre et que le pêcheur n’ait qu’à soutenir ce leurre au dessus du fond. De temps en temps on mettra un petit coup de poignet juste pour que le leurre fasse un soubresaut.
Lorsque mon épouse a démarré la pêche en verticale, elle ne concevait pas de ne pas animer et gigotait sans cesse son leurre sans pour autant faire plus de poissons que moi. Elle le gigotait, disais-je et ne faisait pas attention au fond car c’est l’élément déterminant, le leurre doit constamment évoluer dans la zone du fond, 10 ou 20 cm au dessus afin d’aller provoquer les poissons posés. Si au début les têtes plombées stand up avaient remporté les suffrages, il semble que dorénavant les verticaliers les plus techniques utilisent toutes sortes de TP et que le soin apporté le soit plus dans la qualité du montage que dans le choix de la présentation, et là selon moi, on a oublié une base.
La tête plombée stand up permet au leurre de rester pêchant lorsque vous lui faites toucher le fond, chose qu’une autre ne fait pas puisque le leurre se posera sur le fond. Si ça mord comme ça ce n’est plus de la verticale selon moi mais une pêche à gratter, bien que la différence soit plus sémantique que réelle.
L’animation consiste donc à laisser faire un leurre souple juste au dessus du fond et certains leurres souples semblent plus dédiés à cette technique que d’autres.
Les leurres et les montages pour pêcher en verticale
La verticale dans les pays nordiques se pratique le plus souvent avec des leurres dits « finesses » sans battoir caudal, seul le tremblement de la main du pêcheur donnera une ondulation du pédoncule caudal, ondulation discrète et peu démonstrative mais très efficace sur les poissons posés au fond. Chez nous c’est le classique shad qui est le roi des leurres souples, on aime sentir son battoir s’animer. A ce sujet, il est important de différencier les shads pour le linéaire et ceux pour la verticale, pour simplifier la caudale du shad linéaire est orientée à 45 ° par rapport au dos du shad et à 90 ° pour un shad spécial verticale. On comprendra mieux qu’une caudale orientée à 90 ° demandera moins de mouvements pour se mettre en branle donc idéale pour les animations minimalistes de la technique hollandaise.
Les leurres anguilliformes tels que les Mother worm de Madness, sont tout indiqués pour cette technique du fait de leur extrême souplesse qui les fait s’agiter au moindre petit mouvement.
On ne saurait réviser les bases sans parler de l’hameçon chance ou stinger, un triple qui arme un bas de ligne en fluorocarbone ou en tresse armée (que je préfère pour la souplesse) et qui va se piquer dans le dos du leurre ou sur la zone anale qui permettra de piquer les sandres tatillons.
Cet hameçon se pique à la limite de la zone où commence la partie du leurre souple qui travaille, donc début de l’appendice caudal pour un shad ou plus près de la queue pour un finesse ou un worm.
Il existe des hameçons avec une branche de triple inversée spécifique pour cet usage mais je n’y trouve pas grand intérêt.
la canne, le moulinet, la tresse, le grammage et le reste
S’il est un équipement très spécifique c’est bien la canne. Désormais les cannes de bonne facture sont suffisamment résonnantes pour servir à la verticale mais il y a dix ans, ce n’était pas le cas et les modèles étaient rares. Une bonne canne verticale doit en plus de retransmettre les vibrations du leurre être courte car maniable et être assez raide pour bien animer son leurre. C’est donc action de pointe ou tout du moins pointe dure qu’il faut utiliser pour cette technique.
Il y a peu le casting est arrivé dans la verticale, j’en suis un fervent amateur car on gagne du temps par rapport au spinning même si la position assise avec un casting n’est pas la meilleure.
Le moulinet ne gagnera qu’à être léger, pas besoin d’un super moulinet car il tournera bien moins qu’un dédié au lancer ramener, par contre soyez intransigeant sur la qualité du frein. Si un temps la mode fut à la taille 1000 on est revenu à la taille 2500 qui selon moi est la plus passe partout.
Pour la tresse il y a plus à dire car on parle des tresses et non d’une seule. Oubliez la quatre brins qui se gorge d’eau et fait un effet parachute, passez à la huit brins ou mieux encore à la tresse fusionnée qui « perce » bien mieux l’eau que les autres, ainsi on pourra réduire son grammage de tête plombée. Le Nanofil est excellent aussi pour cette technique et s’il est plus résistant au combat il est par contre fragile à l’éraillement, à éviter donc en zone caillouteuse ou lorsqu’il y a des moules zébrées.
Personnellement je rajoute une tête de ligne en fluorocarbone 25 centièmes d’une brasse pour la discrétion, pas plus long pour ne pas perdre en sensibilité.
Pêche classique contre techniques nouvelles
La verticale se décline en diagonale en cas de vent, la ligne évoluera donc loin du bateau et surtout le leurre sera bien décollé, je ne suis pas fan de ça mais ça peut marcher. Dernièrement une nouvelle technique est apparue : la verticale pélagique. Il s’agit de trouver un poisson décollé au sondeur et de lui présenter un leurre souple en verticale sous le nez. On pêche alors assez loin du fond et l’usage du sondeur est plus qu’indispensable. Les techniques verticales ont encore beaucoup d’avenir car leur efficacité n’est plus à démontrer. Astreignez-vous en hiver à raser le fond sans plus de mouvement qu’un mini coup de poignet toutes les 5 secondes, vous verrez que ça marche mieux que de gigoter sans cesse et ça repose le pêcheur !
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