Quel pêcheur n’a jamais rêvé d’attraper un thon ? Et d’attraper un thon au leurre sur du matériel léger ?? Aujourd’hui, ce rêve est à la portée de la plupart d’entre nous et il est possible en France.
Depuis quelques années et la mise en place des quotas de pêche, la population de thons rouges remonte et il est de plus en plus fréquent sur nos côtes méditerranéennes et atlantiques de voir de grandes chasses de thons. Du coup, de plus en plus de pêcheurs se sont mis à traquer aux leurres ce magnifique poisson et quelques guides de pêche se sont spécialisés dans cette technique.
Où et comment les trouver ?
Les thons sont présents sur toute la côte méditerranéenne et pratiquement toute la côte atlantique. En méditerranée, il n’est pas forcément nécessaire d’aller très loin et un simple permis côtier peut suffire puisqu’il arrive fréquemment de croiser des bancs de thons à partir de 2 ou 3 milles au large de la côte. En atlantique, bien que les thons aient tendance à se rapprocher d’années en années, il faut souvent parcourir plusieurs milles pour les trouver et le permis hauturier est donc indispensable.
La technique est très simple, il vous faut être à l’affût de tous mouvements suspects à la surface de l’eau et de bien observer les oiseaux (surtout les sternes) qui seront un précieux allié dans votre traque. Dès que vous aurez repéré une chasse (généralement ils sautent en bancs et provoquent beaucoup d’éclaboussures !), dirigez vous rapidement dessus et arrêtez le bateau à une quarantaine de mètres pour ne pas les effrayer. Evitez de vous approcher trop car la plupart du temps les thons sont très méfiants.
C’est alors une question de rapidité et de précision car les chasses ne durent jamais très longtemps (à peine quelques minutes voire quelques secondes), vous n’aurez donc qu’un à deux lancers maximum… Pour le lancer, il est indispensable d’anticiper les mouvements des poissons et de viser au plus près d’eux. Si vous avez le bon leurre et la bonne animation, la touche ne devrait pas se faire attendre !
A suivre
L’avantage avec les thons, c’est que lorsqu’ils sont en chasse vous pouvez normalement les suivre. En effet, leur technique de chasse est rodée, ils poursuivent les bancs de sardines et d’anchois, puis les concentrent vers la surface avant de se ruer dessus pour les dévorer. Les sardines survivantes se dispersent puis reforment un banc qui va être à nouveau pris en chasse par les thons quelques centaines de mètres plus loin.
Le plus difficile est donc de trouver le premier banc. Ensuite, il vous faut attendre quelques minutes et bien observer autour, très souvent le banc ressortira à proximité. Il peut arriver lorsque les conditions sont exceptionnelles (mer calme, sans vent) d’entendre les chasses. Les thons sont parfois si nombreux que la surface de l’eau n’est plus qu’un bouillon ! Le bruit est alors incroyable, comparable à une moissonneuse batteuse que l’on peut entendre de très loin et qui peut donc permettre également de repérer un banc.
L’utilisation d’un sondeur GPS peut s’avérer très utile car certains jours les chasses sont discrètes ou ne se produisent qu’à certaines heures. L’astuce consiste alors à vous diriger vers les points que vous aurez précédemment marqués et d’observer les bancs sur le sondeur. Il ne reste plus ensuite qu’à arrêter le moteur et à attendre que les thons se décident à chasser en surface.
Les meilleurs spots
Il n’y a pas de spots en particulier car les thons nagent en permanence et suivent leur nourriture mais il y a certaines zones qui sont plus propices. Souvent, les thons chassent sur ce que l’on appelle le plateau continental qui est la première zone sous marine assez peu profonde et qui peut être assez développée suivant les régions. Ce sont des zones où à plusieurs dizaines de kilomètres du bord la profondeur n’excède pas cinquante à cent mètres. Ceci a pour effet un réchauffement beaucoup plus rapide des eaux et par conséquent une plus grande concentration de planctons et de nourritures. En priorité et surtout en méditerranée, il vous faudra rechercher les zones près des embouchures. La présence de fleuves augmente en effet les chances de trouver des thons car les apports en nourritures et en eau douce concentrent les poissons pélagiques. Les épaves au large peuvent quelquefois être de bons endroits car elles rassemblent de très nombreuses espèces dont se nourrissent les thons.
Les périodes de pêche
Le thon est présent sur nos côtes quasiment toute l’année plus ou moins loin du bord mais comme on le verra plus loin, c’est une espèce soumise à une règlementation très stricte et il n’est donc pas possible de le pêcher toute l’année. L’ouverture de la pêche en No-Kill est de début juillet à fin octobre. C’est à partir du mois d’août que vous aurez le plus de chances de trouver de grosses concentrations de thons. Septembre et octobre sont généralement les meilleurs mois en méditerranée. En ce qui concerne les horaires, les chasses sont souvent plus nombreuses le matin et il arrive parfois qu’il y ait un moment de calme en début d’après midi mais en règle générale l’activité reprend autour des quinze heures.
Le bateau et le matériel
En méditerranée, un bateau open de 4 à 5 mètres avec un moteur de 50 CV sera un minimum et pour l’atlantique un bateau équipé hauturier est indispensable, mais si vous n’avez jamais pêché le thon, avoir recours à un guide professionnel sera le moyen le plus rapide pour capturer votre premier poisson et ainsi être formé pour être autonome.
Le choix de la canne est primordial car il faut qu’elle soit à la fois résistante et très bonne lanceuse. Votre choix devra se porter sur une canne avec une bonne réserve de puissance de 50 lb à 80 lb minimum. Elle doit avoir une action rapide qui vous permettra de propulser facilement des leurres à partir de 30 gr. Plusieurs modèles existent aujourd’hui et toutes les marques s’y sont mises. Plusieurs cannes sortent du lot mais je n’en citerai que trois car la liste est trop longue.
La GTK 80 de chez SMITH est une des meilleures cannes pour ce type de pêche avec comme toujours une finition impeccable pour cette marque. Dans le même registre, la Rouf Hiramasa 80-6 de chez Zenaq est un petit bijou mais à un prix élevé. Si votre budget est limité je vous conseille vivement la Regiment Ignobilis de chez PENN en 50 lbs qui est de très loin la meilleure canne rapport qualité/prix du marché.
Le moulinet doit avoir une contenance minimale de 300 m de tresse en 50 lb (35 mm). En effet, lors d’un rush le thon peut vider une bobine très vite… Il vous faut donc une bonne réserve pour ne pas avoir de surprise. Les éléments à prendre en compte en priorité sont le frein qui doit être progressif, micrométrique avec un minimum de 9 kg de puissance. La manivelle et la poignée doivent être consolidées et assez grosses pour faciliter le combat.
Là encore, je ne citerai que peu de modèles, d’un côté le haut de gamme avec le Stella 10000 de chez Shimano ou les Daiwa Saltiga 6500 qui restent des valeurs sûres mais ne sont pas à la portée de tout le monde. De l’autre, le meilleur rapport qualité/prix, toujours pour la marque PENN avec soit le Spinfisher 7500 ou le Penn Clash 7500 qui ne failliront jamais pour un prix très raisonnable.
Le choix de la tresse est capital et il ne faut surtout pas hésiter à y mettre le prix. Elle doit être à la fois la plus fine possible et la plus résistante. Elle doit être ronde et lisse afin de gagner en distance de lancer car chaque mètre compte dans cette pêche. Une puissance de 50 lb à 80 lb est généralement suffisante. L’une des meilleures du marché est la Daiwa tournament 8 brins en 60 lbs. Maintenant il ne vous reste plus qu’à jeter votre leurre au milieu de la chasse…
Les leurres
De nombreux leurres conviennent parfaitement pour cette pêche. Les jigs minnows et casting jigs sont les plus polyvalents et seront ceux qui vous feront prendre le plus de poissons. Assez petits, longilignes et qui se jettent facilement car assez lourds, ils cumulent tous les avantages. Leur longueur doit être comprise entre 9 cm et 13 cm et leur poids entre 28 gr et 45 gr.
Parmi les incontournables beaucoup de leurres de chez SMITH avec le Super et Magnum Surger et le Dragon Saruna. L’adagio de chez Duel sera parfait également. Le Fast cast 42 gr de SEBILE est une valeur sûre.
Parmi les Jerkbaits, on privilégiera les Pintail tune et Pintail Fast Sinking de chez Jackson ou le Flitz de Tackle House. Enfin, n’oubliez surtout pas les leurres de surfaces (Stickbaits et Poppers) qui vous sauveront la mise certains jours. Parmi les indispensables, le Britt et le Feed Popper 150 mm de Tackle house, le Gunz de Tailwalk et surtout le Splasher 120 mm de SEBILE !
Pour les coloris choisissez les plus naturels : sardine, mulet, lançon car ce sont eux qui donnent les meilleurs résultats.
Le montage
Il est très important de raccorder la tresse à du nylon ou du fluorocarbone (plus invisible). En effet, le thon peut très facilement couper la tresse avec ses nageoires dorsales. Un bas de ligne de 1m20 suffira amplement. Il faut donc relier la tresse au nylon ou fluorocarbone en effectuant un nœud double albright ou bien le nœud mis au point par Patrick SEBILE qui est aujourd’hui l’un des plus résistants. Voici un lien internet vidéo pour apprendre à le faire :
Le diamètre du bas de ligne doit avoir une résistance comprise entre 80 et 100 lb. Ensuite, il ne vous reste plus qu’à réaliser un nœud palomar sur un anneau soudé 200 ou 300 lbs puis mettre un bouz ring de chez Varivas d’une résistance d’au moins 130 lb pour accrocher votre leurre.
L’animation du leurre
Le lancer doit être très précis car c’est souvent lors du posé que l’attaque se produit. Si votre leurre tombe au milieu de la chasse les chances seront alors maximales. La récupération doit être immédiate et l’animation rapide. Vous devez twitchez le leurre c’est-à-dire réaliser des tirées brusques et violentes pour imiter un poisson désemparé. N’hésitez pas quelquefois à faire un arrêt, l’attaque pouvant se produire à ce moment là. Il arrive souvent que les thons suivent jusqu’au bateau soyez donc très vigilants !!
Le combat
Ça y est ! Un thon vient de saisir votre leurre. L’adrénaline est à son comble, le frein commence à chanter et la tresse part très vite. Tout cela est normal, il faut garder son calme et le laisser partir. Réglez votre frein assez fort mais surtout pas bloqué, il doit toujours pouvoir prendre du fil. C’est parti pour au moins 20 minutes. Utilisez de préférence un baudrier et placez votre main droite assez haut sur la canne, cela vous évitera d’avoir mal au dos. Et maintenant régalez vous …
N’oubliez pas que le NO KILL est de mise car le thon reste en danger.
La réglementation
Afin de pêcher le thon, il est indispensable de demander l’autorisation de pêche en No-Kill auprès des affaires maritimes. Cette autorisation vous donnera le droit de pêcher le thon durant la période d’ouverture de juillet à octobre. Il est interdit de monter le thon à bord à moins de faire partie d’un programme scientifique de marquage ou de posséder une bague pour le conserver. Une demande spécifique auprès des affaires maritimes doit être faite afin d’obtenir une bague pour pouvoir conserver un poisson.
[author title= »Cyril Gressot » image= »https://1max2peche.fr/wp-content/uploads/2017/01/Cyril-Gressot.jpg »]Guide de Pêche – www.delta-fishing.fr[/author]