Il existe une multitude de styles de pêche mettant en scène les appâts naturels. Mais la technique du broumé est certainement l’une des plus passionnantes que l’on puisse pratiquer depuis une embarcation. Elle permet de capturer un bon nombre d’espèces différentes ce qui la rend encore plus attractive. Étudions cela de plus près.
Il s’agit d’une technique typiquement méditerranéenne mais celle-ci peut être pratiquée partout dans le monde. Le broumé signifie simplement l’amorce. Vous l’avez donc compris le but de la manœuvre consiste à amorcer une zone afin de stimuler l’appétit des poissons et de les attirer dans un secteur précis. Au premier abord ceci semble être simple, mais il n’en est rien. En fonction des espèces ciblées, de la nature du broumé ainsi que du courant, il va falloir s’adapter.
En effet toutes les espèces de poissons n’évoluant pas dans des couches d’eau similaires il est donc impératif de faire un choix dans ce que nous voulons capturer. Ensuite, les poissons ne s’alimentent pas non plus de la même manière ni avec une nourriture semblable. De ce fait les appâts n’ayant pas la même densité, certains seront plus adaptés pour pêcher à faible profondeur, d’autres seront plus efficaces près du fond. Enfin, le courant va jouer un rôle essentiel dans la dissémination de l’amorçage et donc dans son rayon d’action, mais aussi dans la présentation des esches.
Quelles sont les principales espèces recherchées au broumé ?
Il est tout à fait possible de prendre du simple poisson de roche aux thons rouges géants en passant par les sparidés de toutes sortes.
Girelles, sarrans, rouquiers, et autres petits sparidés font donc parti des principaux poissons de roches qui sont capturés par cette technique. Ils vivent assez près du fond mais d’autres tels que les castagnoles, aublades se retrouvent entre 2 eaux et concentrés dans la « coulée » du broumé.
Les sparidés sont essentiellement constitués de daurades grises, mais il n’est pas rare de croiser des daurades royales et pagres ; plus rarement du denti. Ces poissons se trouvent principalement dans les premiers mètres au-dessus du fond.
Les pélagiques sont représentés par les pélamides, maquereaux espagnols et thons rouges. A savoir que les sérioles peuvent également s’inviter au festin. Ces poissons se retrouvent dans les premiers mètres sous la surface.
Qu’est-ce que le broumé ?
Le broumé est donc l’amorçage qui, en dehors de la pêche des poissons de roche, correspondra exactement aux esches qui sont employés.
L’appât roi est sans conteste la sardine ! En effet ce poisson constitue naturellement le fretin le plus consommé par les prédateurs dans le monde. Tous les poissons, à quelques rares exceptions près, sont friands de sa chair. Saturée en acides gras polyinsaturés, en protéines, acides aminés et vitamines, elle vous permet de pêcher en toutes circonstances et tous types de poissons. Ceci étant dit, sa chair est assez molle et ne résiste pas longtemps aux attaques des petits poissons. On réservera ainsi la sardine pour la recherche des poissons de taille correcte. On peut l’utiliser entière, en filet ou en tronçon.
Le Maquereau est aussi utilisé mais on le réserve plutôt à la traque des gros pélagiques. Il est un peu moins nutritif que la sardine mais reste un met assez prisé. Sa taille plus imposante que la sardine lui permet d’être plus sélectif. A utiliser comme la sardine.
L’anchois est une arme redoutable, elle représente l’esche la plus efficace en méditerranée. Mais sa pêche commerciale étant règlementée, il devient difficile de s’approvisionner. Ceci dit, il est possible de trouver des packs congelés importés d’atlantique. Ce poisson fourrage est de petite taille et possède les mêmes propriétés nutritives. Il est facilement consommable par les poissons de taille moyenne. On l’utilisera de préférence entier.
La chair de moule est une arme redoutable pour la capture des sparidés ainsi que les poissons de roche qui ne peuvent pas y résister. L’idéal étant d’utiliser de la chair crue qui offre une tenue à l’hameçon supérieure aux moules cuites. A l’inverse il est plus aisé de broumèger avec de la chair de moule cuite que crue, excepté dans le cadre de la pêche dite « à la pierre ».
La crevette est l’appât roi pour la pêche des poissons de roche et des sparidés. Sa chair est ultra prisée, à tel point que parfois la touche intervient avant que l’appât n’atteigne le broumé. Ce sont les « gambas » qui sont le plus utilisées : rapport qualité-prix imbattable, en fonction de la portion utilisée, il est tout à fait possible de sélectionner la taille des captures.
Les céphalopodes constituent une part importante des sources de protéines disponibles dans les mers et océans du monde entier. Il est donc intéressant de l’intégrer dans un broumé. Il est à noter que sa texture lui permet d’assurer une excellente tenue en eschage, en revanche la découpe en petit morceau peut s’avérer fastidieuse et le broyat impossible.
Les farines font bien évidement partie du broumé. Issues de broyats de différents composants, leur efficacité sur les poissons de roche n’est plus à prouver. En effet, les fines particules libérées ne gavent pas le poisson, ne saturant ainsi pas l’appétit. Le nuage ainsi formé offre également une zone de « sécurité » au fretin.
Comment préparer le broumé?
Certains composants peuvent être utilisés en entier notamment dans la recherche de gros poissons tels que pélagiques ou gros sparidés. Sardines, anchois, moules peuvent donc ainsi être directement distribués.
Pour les poissons de taille moyenne à grosse, l’utilisation de broyats permet de créer des nuages appétant diffusant les « attractants » naturellement présents dans les chairs des produits utilisés. En revanche, il faut savoir qu’un broyat n’offre qu’une faible densité et ne permet d’amorcer que les premières couches d’eau. Si l’on veut que le broumé puisse agir plus en profondeur il convient de mélanger le broyat soit à des farines de type amorces du commerce, soit avec une recette ancestrale que tout le monde connait parfaitement : 1/3 broyat, 1/3 chapelure de pain (ou pain broyé) et 1/3 sable. Ce mélange est donc nettement plus lourd et permet une descente rapide vers le fond. Il ne vous reste plus qu’à le glisser dans un filet ou une cage spécifiquement prévue à cet effet.
La découpe en morceaux de plus ou moins grosse taille permet de combiner le coté attractif du broyat et le coté nutritif des morceaux présentés.
Enfin il est possible de mélanger les 3 types de préparations afin de stimuler au maximum l’appétit des poissons, mais comme nous allons l’étudier plus bas ce n’est pas systématiquement efficace.
A noter qu’il existe déjà des broumés tout prêts qui peuvent être directement employés tels quels.
La mise en œuvre du broumé :
Cette pêche se pratique depuis une embarcation amarrée. Il est par ailleurs impératif que cet amarrage soit correctement réalisé de manière à ce que le bateau n’ait à la fois aucune dérive, ni chasse, ceci afin que les lignes demeurent toujours dans la même zone.
Ensuite, en fonction des espèces recherchées et de la force du courant on va sélectionner la nature du broumé : morceaux entiers, particules ou broyat, voire préparation.
A noter qu’il existe ce que l’on appel des broumégeurs. Ces appareillages manuels ou électroniques permettent de broyer ou de couper des particules de broumé de manière simpliste en déversant l’amorçage directement par-dessus bord. Certaines versions électroniques peuvent ainsi être programmées et gérer ainsi automatiquement le broumégeage. Un atout indéniable permettant de se consacrer à 100% à la pêche. En effet, ce qu’il est important de savoir est que le broumégeage doit être permanent, le but étant d’attirer des poissons dans une zone et de stimuler leur appétit sans les gaver. Ainsi une distribution régulière permet d’entretenir le nuage de broumé, la densité permet de gérer la profondeur, et la quantité est à adapter en fonction de la densité estimée de poissons présents sur votre « coup ». Dans tous les cas évitez les interruptions de broumégeage, cela aurait pour conséquence la disparition du poisson de votre zone.
Les poissons mettent plus ou moins un certain temps pour rentrer dans l’amorçage.
Cela peut varier de quelques minutes à plusieurs dizaines de minutes, permettant de préparer vos lignes tranquillement. Par ailleurs, concernant les montages, ceux-ci doivent rester les plus simples. En règle générale un hameçon directement attaché sur le corps de ligne reste le plus efficace. On peut y ajouter une légère plombée additionnelle afin de faire descendre le montage si les poissons se trouvent dans la partie basse du broumé. Celle-ci doit être placée plusieurs mètres au-dessus du montage pour gagner en discrétion. A contrario, dans le cas des pêches de pélagiques un flotteur (petit ballon de baudruche ou simple morceau de polystyrène) permet de maintenir l’esche proche de la surface et de signaler les touches. En revanche, dans le cadre des pêches de poissons de roche, le montage « palangrotte » reste toujours une référence. Il peut être parfois nécessaire de rallonger l’empile proche du plomb afin de la transformer en traînard ce qui permet de pouvoir toucher quelques sparidés. En revanche les lignes les plus fines sont les plus discrètes et rapportent le plus de touches. Il est également possible de réaliser des têtes de ligne en fluorocarbone, un matériau réputé pour son invisibilité et sa résistance à l’abrasion. Ceci étant dit, pour la traque des pélamides, il est recommandé d’utiliser un petit avançon en tresse, celle-ci étant plus difficile à découper par les dents acérées de ce formidable chasseur bagarreur.
En fonction de la puissance du courant le poisson se trouvera plus ou moins éloigné de l’embarcation. Il convient donc de trouver la bonne longueur de pêche afin de faire évoluer les appâts sur le poisson. Parfois les touches interviennent alors que les lignes sont en cours de « largage » alors qu’à d’autres moments, elles sont plus longues à venir. Dans ces conditions soit les lignes ne sont pas présentées correctement, soit il n’y a que peu de poissons présents sur votre coup.
Des appâts surgelés pour pêcher au broumé
Il est parfois difficile de s‘approvisionner en appâts frais : gambas, anchois, chair de moules sont parfois tout simplement introuvables. Il faut alors passer par les rayons surgelés de nos grandes surfaces. A noter que depuis quelque temps il est possible de trouver dans vos magasins de pêche, toute une gamme d’appâts surgelés de qualité. On y trouve également des préparations toutes prêtes qui peuvent entre utilisées directement, ce qui représente un gain de temps non négligeable.