La recherche de l’eau claire pour un plongeur passe obligatoirement par la visite des bras morts de fleuves ou des rivières, qui tel un aimant attire l’homme-grenouille dans ses eaux limpides. Les bras morts se forment lors des crues à répétions qui déplacent le lit mineur de la rivière, laissant alors sans courant ce bras qui au fil du temps peut finir par se fermer totalement. Et peut importe la technique que vous pratiquiez, ces bras mort sont bien souvent des zones excellentes pour tous les styles de pêche !
Mon beau miroir, qui est la plus belle ?
L’eau de ces bras, pas si morts que ça, est souvent très pure, très claire car alimentée par l’infiltration de la rivière au travers du sable et des galets proches de la nappe phréatique, ce qui rajoute de la fraîcheur près du fond, la surface prenant le soleil de plein fouet. Tout est alors en place pour que la vie explose.
Les rares bras morts que j’ai visité sont souvent plus beaux et riches que le fleuve lui-même. La richesse ne se limitant pas aux silures de 100kg, la flore et la faune sont plus variées, la biodiversité s’exprime et montre son incroyable adaptation aux milieux les plus variés.
Le miroir de la surface renvoyant le reflet de sa propre image aux yeux des initiés, l’eau translucide appelle le plongeur pour lui demander qui est la plus belle ? La rivière vivante ou le reliquat ancien devenu mort mais d’une extrême attirance.
Les standards de la vie
L’effet de l’onde transparente sur la vie est magique en ces lieux hors du temps. A chaque saison, les bras morts changent, évoluent, les profondeurs bougent, les galets courent, le sable virevolte lors des crues. La chaîne incassable de la vie est d’une extrême complexité si on veut la comprendre au fil du temps. Son paroxysme étant la fin du printemps, la lumière s’intensifiant exponentiellement. Le boom algal suivit par la pousse des herbiers fait éclater les standards de la vie subaquatique. Des centaines d’espèces animales s’épanouissent alors dans une explosion de vie, de la bactérie au brochet, du gammare au héron.
Les gros poissons n’aiment pas les eaux claires peu profondes et en plein soleil, ils déserteront ces petits biotopes. Tant mieux ! Les petits sont alors légions. Seuls, de timides chevaines et bass viennent aux côtés des gardons, ablettes, goujons, perches soleil, rotengles, perchettes.
Riche et séduisante
Les grands bras morts du Rhône (lônes) comme la Barthelasse (84) sont des oasis. Les herbiers y explosent, créant des tapis géants de verdure. Chaque arbre tombé de la berge est colonisé par silures, carpes ou sandres, attirant à son tour les pêcheurs car ces lônes sont bien plus faciles et sécurisantes, riches et séduisantes que le fleuve aussi puissant soit-il.
Les fleuves sont vivants, les bras morts en sont une extension. Les poissons et toute la vie possible n’ont besoin que d’eau et de soleil pour exister, et sans la force du courant ces bras deviennent des petits lacs d’une richesse éblouissante. Dans la nature rien n’est mort, et surtout pas l’eau qui dort.