Regardons ensemble ce que nous pouvons faire maintenant pour passer une bonne ouverture de la pêche à la truite. Comme nous l’avons expliqué dans d’autres articles de ce magazine, la pêche à la truite peut être pratiquée avec de très nombreuses techniques. Le choix des techniques est basé sur les connaissances du pêcheur vis à vis de la truite, des milieux pêchés, de la climatique lors de la partie de pêche et de l’attirance des pêcheurs pour telle ou telle technique.
La truite
Pour pêcher la truite le pêcheur doit connaître le mode de vie du poisson recherché. Un poisson issu de la rivière se nourrira toujours selon ce que le milieu lui offrira et sa nutrition est alors rythmée par la nature… C’est dans nos différentes lectures que nous glanerons les quelques informations précieuses pour connaître la truite et qui sont valables depuis des décennies. Nous pouvons en recenser au moins trois qui sont capitales.
La truite possède une activité nutritionnelle active entre 12 et 16°C et en fonction des proies disponibles à ces températures là. A l’inverse, en dessous de 12 et au-dessus de 16°C, l’activité de la truite est bien moindre. La truite est, comme tous les poissons en haut de chaîne, un prédateur. Elle doit dépenser un minimum de force pour gagner de la masse et ainsi « régner » sur le plus grand territoire possible. Ses zones de chasse ou de refuge sont donc étroitement liées à ce territoire. Le dernier élément est que la truite est un poisson bardé de capteurs sensoriels très pointus. Un bruit ou un mouvement anormal, elle est alertée ; un deuxième et c’est la fuite !
Le pêcheur
C’est bien nous les pêcheurs qui faisons la pêche, c’est à dire que c’est nous qui choisissons les techniques et les lieux de pêche. Il est évident que si nous faisons une bonne ouverture, c’est que nos deux choix – parcours et technique – étaient bons ce jour là. Après, nous serions bien malins de prédire ce qui est une bonne pêche à l’ouverture. Est-ce le fait de prendre une truite alors que personne n’en a pris, avoir des touches toute la journée ou est-ce juste le fait de se retrouver en pleine nature. Devons nous toujours nous comparer aux autres, bien sincèrement, nous ne le croyons pas car un bon nombre d’entre nous seraient déçus… Un pêcheur, c’est une personne qui comprend que la nature est capricieuse – autant que lui – et qui sait que déjà profiter d’un moment de pleine nature, c’est bien. Un pêcheur raisonnable sait aussi que la poêle n’est pas une fin forcée pour un poisson et que de relâcher ses prises permet d’avoir de meilleures ouvertures.
Le milieu
Pas facile de décrire un milieu type tant la truite est adaptative. Elle peut vivre dans un ruisseau touché d’étiage sévère jusqu’à la grande rivière semi glacière qui subit 8 mois de fonte des neiges intensives, et malheureusement même au milieu des détritus. Mais tous les milieux de qualité ont des points communs, qui sont les facteurs d’oxygénation des eaux, la température des eaux, les structures d’accueil et de reproduction et bien sûr l’éloignement de la population humaine. Nous choisissons notre lieu de pêche selon ces critères et il est parfois judicieux de faire dix minutes de plus en voiture pour se retrouver sur la bonne rivière avec de vrais poissons. Rien n’est plus important que la rivière puisque un bon « support » offre de véritables populations de truite et donc de magnifiques journées de pêche, même le jour de l’ouverture. Le décor compte autant que la prise !
La climatique
Comme nous le savons l’ouverture de la saison de la truite se déroule en plein mois de mars, à cheval entre l’hiver et le printemps, c’est à dire sous le signe des changements climatiques. Nous pouvons pêcher le matin au soleil et l’après midi sous la neige … Avec les giboulées, rien n’est assuré. La truite fario est un poisson qui préfère les eaux tempérées donc un peu plus chaudes quand il fait froid et un plus froides quand il fait chaud, c’est ainsi. En tenant compte de cette observation, nous choisirons nos postes de pêche en fonction de la météo pour déterminer les meilleures zones selon la température ambiante du créneau horaire pêché.
Les pêches de la truite
Au nombre de quatre, nous trouvons la pêche à la mouche, la pêche au toc, la pêche aux leurres et la pêche au manié. Chacune renferme des subtilités techniques qui les subdivisent en d’autres. Pour la pêche à la mouche, nous avons la pêche en sèche, puis en nymphe, en noyée et au streamer. Pour la pêche au toc, nous recensons au moins la pêche à la spirale, à la bille, au vers roulé, en dérive contrôlée, à la longue coulée et en dérive naturelle ; pour la pêche aux leurres, nous distinguons deux grands types que sont les leurres durs – cuillers tournantes, ondulantes, poissons nageurs et les leurres souples – shad, worm… Pour la pêche au manié, nous différencions deux types qui sont le poisson mort roulé et le poisson mort manié.
Dans cette multitude de techniques, nous devons faire un tri selon ce que nous avons cité précédemment. Nous nous orientons logiquement vers les techniques dites lourdes et lentes. Par exemple, la pêche à la nymphe ou au streamer à la mouche, la pêche à la spirale ou au vers roulé pour le toc, la pêche aux leurres aux poissons nageurs sinking ou aux leurres souples de grande taille et pour finir la pêche au manié roulé. Le tout est de s’approprier celles qui nous plaisent le plus et d’essayer de les maîtriser pour réussir le plus fréquemment possible. Nous sommes dans le cas des pêches difficiles et nous voyons chaque année que les pêcheurs qui réussissent – en dehors du facteur chance qui est réel – sont toujours techniquement supérieurs aux autres.
Le matériel
Pour la mouche, une canne 9 pieds soie 5/6 pour la nymphe et 7/8 pour le streamer.
Une soie flottante et intermédiaire suivant les niveaux d’eau peut être utilisée pour faire dériver les mouches dans la hauteur de nutrition des poissons. La pointe du bas de ligne à nœud sera au minimum en 15 centièmes pour la nymphe et 18 centièmes pour le streamer.
Pour le toc, une canne à appâts naturels de 3,9m minimum puissante mais légère. Les plombées sont massives sur la technique au roulé donc prévoyons de nous accrocher et prenons de quoi changer notre bas de ligne. Le diamètre du corps de ligne est de 16 centièmes minimum et nous ne descendrons pas en dessous du 14 centièmes même en eau claire.
Pour les leurres, nous privilégierons une canne de puissance de 3-12g minimum et de longueur de 1,8m à 2,2m. Nous pourrons prendre plus puissant si le besoin s’en fait sentir comme une 5-18 ou 5-21g… Notons que le choix du moulinet est capital puisque dans les eaux froides nous devons animer lentement, son ratio* sera alors faible – 4,8 à 5,2 et ce sont les tailles de 500 à 2500 qui nous intéressent (de 54 à 65 cm/TMV*).
Pour le vairon roulé, une canne de 2 à 2,4m est l’outil idéal doté d’un moulinet de faible ratio pour les mêmes raisons expliquées ci-dessus pour la pêche aux leurres. Le nylon utilisé, comme pour la pêche aux leurres est au minimum un 18 centièmes et nous éviterons les tresses fines en cas de gel puisqu’elles deviendront cassantes.
L’action de pêche en eau froide
Si nous devions la résumer en un seul mot, cela serait immanquablement celui-ci : LENTEMENT. Il n’y a pas plus à retenir que ce mot pour comprendre la pêche de la truite du début de saison. Quelle que soit la technique de pêche que nous choisirons le jour « J », nous sommes sûrs d’être dans le vrai lorsque nous pêchons lentement et soigneusement les postes. Alors qu’à la belle saison un passage suffit pour piquer un poisson, ici, cela peut être au bout d’une dizaine. C’est dans la profondeur où se tient le poisson que nous devons passer pour espérer le prendre !
L’action de pêche doit se calquer à l’activité des poissons et en ce début de saison, il est bien rare que la fario sauvage présente une activité débridée. Nous devons insister longuement sur les postes clés aux heures chaudes de la journée comme les parties ensoleillées, les amortis le long des branches et autres tenues… Nos dérives doivent raser au plus proche les caches, pour laisser le temps à un poisson de s’y intéresser. Tous les obstacles sont susceptibles d’abriter un poisson en attente – branches, pierres, banc de sable – nous ne pouvons donc pas faire l’impasse. Toutes les dérives effectuées seront « retenues », « portées » et contrôlées pour arriver au bon endroit. Notre obligation principale est d’amener notre appât à la truite en prenant toutes les veines d’eau sans en oublier une seule auquel cas, nous pourrions délaisser la seule veine du poste dans laquelle se nourrit la truite. C’est un jeu de patience et de persévérance mais lorsque nous avons une touche, puis un combat, nous oublions bien vite le temps passé et la satisfaction remplace la frustration.
Profitons
Il ne nous reste plus qu’à mettre en ordre nos idées et nos matériels pour débuter au mieux cette nouvelle saison de pêche à la truite en rivière. S’il est une journée où toute la pêche de la truite prend son sens, c’est bien celle de l’ouverture au mois de mars. Synonyme d’un retour vers la nature, une journée de plaisir pour évacuer son stress hivernal ou tout simplement un moment de convivialité entre amis pêcheurs, la pêche à la truite ravit un très grand nombre de pratiquants dont je fais partie.
Définition *
Ratio : terme qui donne le nombre de tours de bobine par tour de manivelle du moulinet.
Cm/TMV : C’est le nombre de centimètres de fil enroulés par tour de manivelle.
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