Silure à la bouée, tout savoir sur cette technique de pêche

La pêche du silure à la bouée était une méthode très utilisée il y a une dizaine d’années, puis peu à peu abandonnée au profit de la pêche active en verticale. Malgré un régime alimentaire omnivore, la part carnassière dans l’alimentation du silure est proportionnelle à sa taille. Ainsi, les gros sujets orientent principalement leur alimentation vers des poissons blancs de toutes tailles. Cependant cette technique de pêche du silure reste très efficace, notamment sur les gros silures, qui semblent développer une méfiance moindre face à cette présentation, contrairement à celle qu’ils développent lorsqu’ils sont confrontés aux ondes des écho-sondeurs ou aux bruits répétés des clonks.

Silure à la bouée
Canne de 3m, puissance 200grs avec détecteur par vibrations, sur pique acier

Le principe de cette méthode est de présenter un vif sur une zone restreinte en limitant ses possibilités de fuite. Il faudra donc en premier lieu s’appliquer à choisir des spots que l’on sait visités régulièrement par des silures en chasse. C’est une méthode de pêche musclée, le matériel devra donc être choisi en conséquence : robuste et fiable. Enfin, la logistique est assez lourde et requiert une organisation sans faille.

Le matériel pour pêcher le silure à la bouée

La dépose des bouées ne peut se faire qu’en utilisant une embarcation, de même que la mise en place des montages. Le premier élément indispensable est donc une embarcation maniable, légère et stable afin de faciliter les manœuvres et les combats en pleine eau : un pneumatique de 2,70 mètres à 3 mètres offre un bon rapport entre encombrement, poids, maniabilité et rapidité de mise à l’eau.

La pêche se pratique depuis la berge, canne en position verticale. Les cannes les plus adaptées sont donc d’une longueur comprise entre 3 mètres et 3,50 mètres. Cette longueur permet de bien maintenir le fil au-dessus de l’eau pour pêcher derrière des obstacles par exemple. Elles devront être puissantes : 150 à 300 grammes pour permettre, non seulement de maintenir la tension du montage sans faire souffrir le blank, mais également pour assurer une réserve de puissance suffisante pour contrer les silures lors des combats qui se dérouleront dans 90% des cas en bateau, à la verticale.

Des cannes de milieu de gamme au bon rapport qualité/prix (Katusha, Mad Cat, Rhino) sont toutes équipées d’anneaux tripattes adaptés à l’utilisation de la tresse (appelés anneaux SIC). Ces anneaux, plus résistants à la traction, auront l’avantage de ne pas abîmer la tresse du corps de ligne, accroissant ainsi sa durée de vie. Réciproquement, la tresse n’abîmera pas les anneaux SIC qui résistent mieux aux coupures que les anneaux en céramique. Vérifiez tout de même les anneaux avant votre achat.

Les moulinets doivent être à la fois robustes, légers et assez gros pour contenir 150 à 200 mètres de tresse en 50 centièmes. Shimano produit les « Spheros », qu’il faudra choisir en taille 10000, qui sont parfaits pour la pêche du silure à la bouée. Chez Okuma, il faut regarder du côté de la gamme « Salina » en taille 65 ou 80 qui offre un frein très puissant. Les « Opus Bull » en taille 6000 de chez Daïwa conviennent aussi très bien. Vous avez un choix relativement large sur le marché, dans toutes les marques et pour tous les budgets.

Il vous faudra également un pique pour placer la canne en position verticale. Vous pouvez le confectionnez vous-même ou en trouver dans le commerce. Attention cependant, les piques en aluminium ne sont pas assez rigides, préférez donc ceux en acier ou inox (à rechercher au rayon surfcasting).

Enfin, une bouée de mouillage (que l’on trouve dans tous les magasins de nautisme à moins de 10 euros) sur laquelle sera préalablement fixée une potence sur la partie émergée de la bouée, un poids de 10 kilos et de la corde (diamètre de 8 à 10mm).

Bouée avec sa corde, son poids et sa potence avec flotteur

Montage pour pêcher le silure à la bouée

Pas de place au hasard dans cette pêche ! Vous aurez besoin d’hameçons très solides et au piquant irréprochable. Ce point est le plus important car l’hameçon doit pénétrer rapidement dans la mâchoire du silure. En effet, la piqure intervient à la touche, impliquant un ferrage automatique immédiat. Prévoyez des tailles s’étalant du n°5/0 au 1/0 pour pouvoir s’adapter à des vifs de toute taille. Les hameçons qui ont ma préférence sont les Gamakatsu « Triple16 » et Owner « ST56 » et « ST66 ». Ces trois références ne se tordent jamais, conservent un très bon piquant et ne rouillent pas. Dans la boîte de pêche, n’oubliez pas de prévoir une lime à aiguiser pour parfaire le piquant des pointes à chaque pêche ou dès que vous remarquerez que la pointe s’émousse. Vous utiliserez un hameçon simple en second hameçon pour fixer le vif par le dos. Il devra être d’une largeur proportionnelle à l’épaisseur du dos du vif. Sa robustesse n’est pas une priorité car le silure se piquera sur le triple volant.

Pour réaliser la terminaison du montage, je vous renvoie à l’article « Escher efficacement ses vifs à silure » paru dans le numéro 2 du magazine : vous y trouverez un pas-à-pas détaillé ainsi qu’une vidéo explicative.

Carassin esché à l’aide d’un hameçon simple et d’un triple volant

Le bas de ligne sera réalisé en tresse de gros diamètre (70 à 90 centièmes) protégée contre l’abrasion, qui résistera aux frottements provoqués par les minuscules dents disposées en râpe sur les mâchoires des silures. Il est simplement relié au corps de ligne par un émerillon baril de 75 à 100 kilos de résistance. Coté corps de ligne, faites un nœud Palomar, côté bas de ligne optez pour une boucle (dont le nœud sera doublé).

L’émerillon baril recevra un brin cassant en nylon de 30 à 40 centièmes sur l’œillet situé du côté du corps de ligne (réduit les risques de vrillage ou d’emmêlements).

Concernant la bouée, il faut installer une potence en tresse (150 kg de résistance) ou en cordelette de 3mm de diamètre terminée par un émerillon agrafe très solide.

Personnellement, j’y adjoins un flotteur à son extrémité. Cela facilite la récupération de l’émerillon lors de l’installation de la ligne en le maintenant à la surface et surtout, cela permet de voir les mouvements du vif et ainsi de s’assurer qu’il est toujours vigoureux.

Cette potence aura pour fonction de recevoir le corps de ligne qui y sera fixé par l’émerillon à l’aide d’un brin cassant en nylon de 30 à 35 centièmes.

Cassant en forme de boucle fixé à l’émerillon

Pêche du silure à la bouée

Il faut préalablement mettre en place la bouée sur le spot à pêcher. La corde sera plus longue que la profondeur afin de pallier à une montée des eaux et amortir les vagues provoquées par le passage des bateaux. Il faut bien penser à mettre la bouée en place un peu plus au large que le spot à pêcher, car une fois sous tension, le vif évoluera devant la bouée, à une distance égale à la longueur de la potence.

La longueur du bas de ligne déterminera la profondeur maximale à laquelle le vif pourra descendre. Il sera par contre libre de remonter jusqu’à la surface puisqu’aucun plomb ne le retient. Vous pouvez cependant adjoindre un plomb de 50 à 200 grammes, suivant la taille du vif, afin de le forcer à rester à la profondeur souhaitée. Que le bas de ligne fasse 50 cm ou 3 mètres, il faudra toujours veiller à ce que la potence qui le relie à la bouée soit une fois et demi plus longue afin que le vif ne puisse pas aller s’emmêler dans la corde de la bouée.

Une fois le corps de ligne raccordé à la bouée, l’ensemble est mis sous tension, à la limite de la rupture du brin cassant et le frein est serré à son maximum.

Pour la détection des touches, on peut utiliser soit une clochette, soit un détecteur de touche électronique qui réagit aux vibrations que l’on fixe sur le blank de la canne (Fat Kat, Black Cat et Carp Sounder en distribuent).

Lorsque l’on opte pour un bas de ligne très court (moins d’un mètre), les touches sont particulièrement spectaculaires, le silure faisant un énorme remous en gobant le vif.

Sous la violence de la touche, le brin cassant, qui relie le corps de ligne à la potence, cède et libère la ligne de la bouée, la canne se relève violemment en assurant le ferrage puis se courbe et c’est le départ !

Vue d’ensemble du raccordement du montage sur la potence de la bouée
La bouée est déposée, on vérifie que le vif évoluera juste au-dessus de la cassure

Le choix des spots pour pêcher le silure à la bouée

Les bons postes pour pratiquer la pêche du silure à la bouée se concentrent principalement aux abords des plateaux en bordure qui sont de véritables garde manger pour les silures, d’autant plus s’ils sont tapis d’herbiers ou de nénuphars. Les tombants juste derrière ces plateaux constituent des spots de premier choix. Les bouées peuvent aussi être posées plus loin du bord, sur des hauts fonds qui restent des spots de prédilection pour les silures en rivière. Les zones de frayères des poissons blancs sont à prioriser à partir du mois de mai. Le barnum produit par la fraie des brèmes et gardons attirent irrémédiablement les silures proches des zones à faibles profondeurs et très près du bord, même en pleine journée !

Cependant, plus vous disposerez le vif près de la surface, moins la technique sera efficace en journée. En surface, cette technique n’est efficace qu’en conditions de faible luminosité : temps très couvert, pluvieux, aube, crépuscule et la nuit…

En journée, allongez votre bas de ligne et ajoutez un plomb de 150 à 300 grammes pour faire évoluer le vif dans le tiers inférieur de la couche d’eau. Autre variante : vous pouvez escher votre vif avec un montage fireball pour le faire pêcher en profondeur, toujours en allongeant la longueur du bas de ligne. Cela fonctionne très bien !

Premier silure pris lors d’une initiation avec mon frère : 195 cm …

Les vifs pour pêcher le silure à la bouée

Les poissons blancs de grosse taille sont les plus adaptés. Optez pour des brèmes, facile à pêcher, même si cette espèce compte parmi les moins résistantes lors des grosses chaleurs ou par manque d’oxygène. Si vous en avez la possibilité, préférez les carassins, qui sont, pour moi, les meilleurs vifs à silure au même titre que les tanches. Cependant, ces espèces sont parfois difficiles à pêcher ou à se procurer. Une astuce cependant : pensez aux pisciculteurs qui ont souvent des tanches, des carassins ou des chevesnes. Ils vous les vendront autour de 3 euros pièce.

Le bulleur est indispensable lorsque les vifs sont dans des bacs ou des seaux. Des vifs de cette taille consomment énormément d’oxygène et il est parfois malheureux de constater des pertes pendant le transport. Il faut les manipuler le moins possible et le faire avec soin si l’on veut des vifs très remuants.

Sur le poste de pêche, la meilleure méthode de conservation est la bourriche, identique à celle des pêcheurs au coup, d’une longueur de 3 mètres afin que les vifs s’y déplacent facilement sans se toucher, ce qui limitera les écorchures, voire parfois la mort de vifs trop fragiles.

La pêche du silure à la bouée procure des sensations particulières, très différentes de celles rencontrées en le pêchant aux leurres ou en barque à la dérive. Malgré tout, cette pêche reste une pêche très productive de juin à septembre et peut vous permettre d’avoir des touches violentes et des combats en force près des obstacles.

… suivi par ce 203 cm très gras pris avec une grosse brème comme vif

Réglementation

La pêche du silure à la bouée est interdite sur les parties navigables du Rhône et de la Saône. Cette mesure, dictée par VNF, vise à éviter les accidents avec les plaisanciers et autres embarcations naviguant sur ces eaux (float tubes, avirons, barques, pédalos, etc.)

En pratique, vous pouvez choisir des postes devant lesquels ne passe aucune embarcation (bras mort interdit à la navigation par exemble).

Dans tous les cas, si vous choisissez de pratiquer la pêche du silure à la bouée sur ces eaux, faites-le en bonne intelligence et en toute connaissance de l’interdiction.

Attention à la réglementation VNF sur les eaux navigables
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