Youtube Predator Cup Bank : la compétition de pêche du bord relevée

La YPC est à mon avis une des compétitions les plus dures qu’il soit. J’entends déjà les compétiteurs des divers championnats grincer des dents. En disant cela je ne dénigre pas les compétitions nationales et le niveau des compétiteurs, car ce n’est pas comparable, ce ne sont pas les mêmes objectifs.

Dans cette compétition, nous avons un mélange de compétiteurs aguerris aux grands formats des compétitions Européennes et de jeunes talents toujours dangereux et réactifs. Mais le point singulier est le terrain de jeu immense, on peut pêcher dans tout le pays. Ce paramètre est super important, je vais prendre un exemple pour l’illustrer. Quand vous pêchez une zone réduite, la météo va jouer un rôle mais vous la subissez. Ici les options sont tellement vastes que vous pouvez aussi faire des choix en fonction de la météo en utilisant ce paramètre dans votre stratégie de déplacement. Je trouve beaucoup de similarité avec ce que j’ai vécu lors de mes compétitions Bass au US avec des lacs long de plus de 250 km où la météo jouait un rôle important dans le choix des zones. Un règlement qui ne laisse pas de place à la chance. Pas d’impasse possible il faudra faire les 3 espèces, le quota de 6 poissons, et des gros dans le lot qui souvent seront le juge de paix pour la première place. Cette année une difficulté de plus avec les 20 points du bonus pour tout poisson pris en surface.

Des compétiteurs les plus en « vue » d’Europe

C’est ma 3eme participation et je suis étonné du niveau toujours plus élevé de cette compétition. Parmi les participants beaucoup d’entre nous sont des compétiteurs les plus en « vue » d’Europe : Marc Ptakowski, Sylvain Legendre, Dustin Schöne, Evert Oostdam, Enrico Di Ventura la liste est longue, nous sommes tous issus des compétitions bateaux. Pour la YPC shore nous allons sortir de notre zone de confort pour nous mesurer à des jeunes talents et youtubeurs qui pêchent beaucoup plus à pied que nous. Le format est un véritable défi qui met à rude épreuve notre motivation et notre physique. La première étape ce sont les entrainements. Pour la plupart d’entre nous c’est 7 à 15 jours consécutifs sur place. Imaginez couper un pays entier en 4 zones et vous pouvez pêcher la moitié de la Hollande en 2 jours. Les erreurs de stratégie seront fatales. Il va falloir faire 3 espèces donc avoir des plans pour chaque espèce dans chaque zone et idéalement ensuite travailler des plans B. Penser que le jour J ça ne va pas se passer comme prévu et qu’avec toutes ces cartes en mains, il va falloir encore ajouter une logique de déplacement pour essayer de maximiser les temps de pêche. On va devoir évacuer de notre stratégie certains spots trop éloignés et pas assez sûrs pour viser plusieurs espèces. Un vrai casse-tête qui nous a occupé quelques soirées avec fishtique et les amis présents. Un autre aspect à souligner ici, l’importance d’avoir un réseau et une équipe de préparation pour cet évènement. Je suis formel, tous les compétiteurs qui se retrouveront en phases finales sont venus travailler en équipe. Des années d’expérience à pêcher la Hollande ne suffisent pas à préparer une telle compétition. Au fil des ans j’ai développé en Europe un large réseau d’amis et d’informateurs, c’est une force et une faiblesse si vous ne restez pas ouvert à la nouveauté, à l’imprévu. Je me suis aperçu qu’à force je restais prisonnier de cette routine en revenant pêcher les mêmes postes, en faisant confiance aux mêmes informateurs. Cette fameuse phrase que j’aime répéter : « le pire ennemi du pêcheur ce sont ses bons souvenirs ». Ceux qui font que l’on oubliera les raisons pour lesquelles le spot s’est activé à un moment donné, ou pourquoi un leurre a pris le dessus soudainement ?

« le pire ennemi du pêcheur ce sont ses bons souvenirs »

Cette année donc changement de stratégie, j’ai volontairement moins sollicité mon réseau habituel et beaucoup plus travaillé avec une nouvelle équipe à l’initiative de Landry de la chaîne Fishtique. Nous avons beaucoup préparé nos déplacements sur carte en combinant Google et Navionics pour identifier de nouveaux spots prometteurs. Pour gagner encore plus de temps et comprendre les spots plus rapidement je me suis appuyé sur les infos de mon sondeur Deeper. Il faut savoir que ce petit bijou enregistre votre session comme une séquence vidéo. Il est possible de faire des replays et positionner exactement les structures sur la carte. A chaque fois la carte créée vous permet de mieux comprendre le poste et donc de mieux le pêcher. C’est aussi très utile pour expliquer aux copains comment aborder ce poste de façon concrète.  Pour l’anecdote, j’avais une info sur une portion de rivière où il y avait des sandres à pêcher, mon indicateur m’avait donné le point de parking et quelques repères. Arrivé sur place des kilomètres de berges totalement identiques avec zéro indication pour réduire la zone de recherche, hormis le fait que je devais attaquer au second candélabre. En sondant la zone j’ai vite compris pourquoi la veille en pêchant la berge opposée je ne faisais pas une touche. Cette berge concentrait le poisson sur un alignement de petites roches à peine perceptible en pêchant, cela suffisait à concentrer le poisson. J’avais mon info et pouvait réduire ma pêche sur cette seule zone. Ce genre de détail et de décision pour réduire les zones, font partie des grands enseignements appris en compétition et que j’utilise pour toutes mes pêches. Cherchez les informations données par le biotope, les poissons et utilisez les pour concentrer votre pêche, vous gagnerez en efficacité.  

Une nouvelle gamme de leurres

Changement d’habitude aussi pour le matériel je découvrais les gammes Berkley et LMAB. Ces 2 marques m’ont fait confiance pour tester en avant-première les nouveaux produits qui viennent d’arriver en magasin notamment la gamme des Cannes Spike que j’ai adopté pour cibler perches et sandres. Chez LMAB de nouveaux coloris et un nouveau chatterbait extrêmement versatile avec des palettes de couleur interchangeables. Une partie importante dans la réussite d’une compétition c’est la confiance que vous accordez au matériel que vous utilisez, pas de discussion sur la qualité des produits mais un impératif dans ces 2 semaines d’entrainements : trouver mes automatismes de sensibilité, ferrage, combat, limite de rupture pour recomposer mes boîtes. Comprendre quels choix j’allais faire en fonction de ma pêche dans les gammes de vibrations de mes leurres souples. Apprendre la nage d’un sneakminnow, d’un sick flanker shad ou d’un pulse tail et en déterminer les meilleures conditions d’usage. Telle a été la mission supplémentaire de mes entrainements cette année. Un des gros avantages des gammes Berkley c’est que tous les leurres souples sont imprégnés d’attractant dont la réputation n’est plus à faire et je suis un inconditionnel de l’usage du goût et de l’odeur. Petite astuce : sur un moment d’activité quand le rythme de touches semble diminuer, faites tourner vos leurres en prenant un « frais » sorti de la boite et remettez l’ancien dedans pour le recharger un peu. Vous constaterez souvent que les touches reprennent immédiatement.

Météo et dropshot

En juin en hollande il peut vite faire chaud et ce facteur va impacter la pêche. C’est pour cela que j’ai choisi de chercher les sandres et les perches sur les zones de courant comme les rivières ou les écluses car elles présentent l’avantage d’être plus régulières et de moins réagir aux variations météo. Il y a une technique que j’utilise peu de façon régulière c’est le drop shot. Je trouve cette méthode lente et même si elle est efficace, j’ai tendance à la négliger. En discutant avec des streetfishers venus nous aider, je me suis vite aperçu que cette technique apportait régulièrement beaucoup de poissons et pas que du pin’s. J’en ai donc profité pour remettre à niveau ma pratique pour rechercher sandres et perches au drop shot. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’était une bonne information. Compte tenu que pour ce genre de compétition on ne recherche pas à faire du nombre mais plutôt de jolis poissons, j’ai adapté mon montage pour avoir une plus grande versatilité suivant les spots. Régulièrement en Street on va alterner des zones encombrées et des zones dégagées. Pour gagner en rapidité je choisis dans tous les cas un hameçon texan de petite taille que je vais pouvoir utiliser avec l’hameçon « caché » dans le leurre pour les obstacles et de façon moins classique leurre piqué par le nez sur les zones dégagées. Très rapide à changer en fonction de la situation. Le montage de l’hameçon texan « exposé » a un autre avantage. L’ouverture de hampe est plus grande, je trouve avec l’expérience que les texans se piquent mieux. J’utilise des fins de fer qui se déforment un peu pendant le combat et je constate que ça bloque l’hameçon sur la mâchoire ce qui limite les décrochés. Quand vous êtes seul autorisé à épuiseter votre poisson 4 mètres en contrebas du quai ce sont des détails qui font la différence. Ça m’a couté un beau sandre la saison passée face à Herbert. Autre avantage à mon sens dans l’utilisation d’un hameçon un peu plus lourd qu’un hameçon drop, c’est l’animation du leurre. En début d’été les eaux sont chaudes et les poissons n’hésitent pas à se déplacer. Le poids de l’hameçon va aider à couler le leurre malgré le fort courant et permettra des animations plus agressives sur les pauses.

Tirage au sort et stratégie

Compte tenu du tirage au sort de mes zones de pêche, ma stratégie devenait de plus en plus claire. J’allais concentrer la première journée à cibler perches et sandre. Réservant la seconde journée au brochet. Les entrainements sur ce poisson sont un véritable dilemme. Je considère que chaque poisson pris juste avant la compétition est un poisson qui potentiellement ne mordra pas immédiatement à nouveau. Il nous faut donc accepter de ne pas piquer les poissons pour augmenter nos chances le jour J. Pour cette raison pendant les entrainements je vais cacher les hameçons ou les supprimer pour ne pas éveiller la méfiance des brochets avant la compétition. Les touches, les suivis sont suffisants pour me faire une idée sur l’activité des poissons et le choix des leurres. Etant donné que je cible une pêche spécifique, j’avais décidé de prendre le risque de ne rechercher les brochets qu’en polders. Avec le risque que de fortes températures me forcent à modifier mes plans. Les brochets en Polders l’été, c’est Bass style. Drunk bait et Kofi perch LMAB en montage non plombé et Berkley paddle frog en texan et Chatterbait LMAB pour la prospection dans les herbiers et nénuphars. Parfois se réduire à peu de choix, va vous aider à rester à l’essentiel dans ces petits milieux : la présentation du leurre. Les polders ont souvent des berges creuses et on marche littéralement sur le poisson. Il est donc important de bien pêcher la berge avant de marcher dessus, bien plus important que de faire de longs lancers. En cette période, les canaux c’est jungle land, de la végétation partout. Il faut donc pêcher précis dans les trouées avec de petits lancers courts. Osez le texan avec des leurres en buzzing aussi. Nous avons rapidement compris que beaucoup de brochets étaient réactifs par exemple à la paddle frog en buzzing dans les herbiers et nénuphars. Adrénaline et ferrages loupés garantis. Mais petit à petit le plan se mettait en place, plus la zone était couverte d’algues ou de débris plus les poissons semblaient se concentrer. Mais encore une fois quelques jours de pluie pouvaient venir perturber nos certitudes. Les zones retenues ont généralement des eaux claires et qui se renouvellent rapidement. Les brochets ont donc tendance à fermer le bec et attendre que ça passe quand l’eau se trouble. Donc comme tous nos spots nous avons effectué une surveillance visuelle de dernière minute avant le début de la compétition pour éviter les surprise le jour « J ».

Une compétition à l’échelle d’un pays est un véritable défi car nous devons analyser beaucoup de variables et accumuler beaucoup de connaissances diverses. Ça ne peut pas se faire seul, cela représente beaucoup de temps sur l’eau, de partage entre compétiteurs et d’échanges entre pêcheurs avec un esprit d’équipe finalement. Je trouve ces formats de compétition finalement beaucoup plus proches de la réalité que si on devait se mesurer tous sur un même spot.  Et pour moi pêcher à pied me force à plus réfléchir ma pêche en faisant attention à plus de détails car je dois réduire mon équipement à ce que je dois porter. La confiance devient un élément primordial. Même quand les poissons ne sont pas au rendez-vous, il reste la certitude que le leurre était le bon et qu’il est passé au bon endroit. Pour voir le résultat de cette préparation je vous laisse découvrir les épisodes de la YPC Bank. Venez supporter les francophones !

ITV de Toni fondateur de Hecht und Barsch et LMAB

Salut Toni peux-tu nous dire qui tu es et ce qu’est Hecht und Barsch ?

Je suis un Berlinois de 34 ans, ingénieur industriel de formation, et j’aime la pêche. Ma mère a vécu à Hossegor pendant 10 ans, j’ai fait des études à Bayonne ce qui explique mon lien avec la France et le fait que je parle français aussi. Avec mon beau-frère, Daniel Andriani, j’ai lancé en 2014 un blog et une chaîne YouTube nommée hechtundbarsch.de . C’est devenu notre entreprise, nous gérons maintenant l’une des plus grandes boutiques en ligne d’Allemagne et avons fondé notre propre marque LMAB.  Notre société compte maintenant 22 employés. Je suis responsable de la nouvelle chaîne YouTube que nous venons de créer pour les francophones : LMAB France.

Comment est né le concept des YouTube Predator Cup ?

L’idée du premier YPC est venue de la communauté, ils réclamaient un événement réunissant des Youtubeurs et des pêcheurs connus. Nous avons trouvé cette idée géniale, nous l’avons adopté. Au fil des ans le format initial a évolué, s’est enrichi des remarques des internautes et de nos réflexions pour aujourd’hui avoir plusieurs formules. En 2022, nous présenterons 4 tournois : YPC Boat, YPC Bank, YPC Bass et YPC Fans, qui est un petit tournoi dans lequel 4 de nos followers peuvent s’affronter pour gagner un bateau et être soutenus par 4 Pros.

Quelle est la portée des YouTube Predator cup aujourd’hui ?

On atteindra cette année une soixantaine d’épisodes, avec en moyenne plus de 100 000 vues par épisode, soit au moins 6 millions de vues. C’est un succès incroyable.

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