Le bas de ligne est l’élément principal du montage carpe et bien choisir les matériaux qui le composent influe de manière directe sur la réussite d’une partie de pêche. Dans cette optique, simplicité et efficacité sont les maîtres mots.
Pour le choix de nos bas de ligne, mon frère et moi avons tenté d’avoir un raisonnement pragmatique. Quelle est la première chose que l’on demande à un bas de ligne pour la pêche de la carpe ? Qu’il ne s’emmêle pas, qu’il soit en permanence opérationnel. Quelle est la seconde chose qu’on lui demande ? Qu’il soit efficace quand un poisson se saisit de l’appât, que son action mécanique permette au poisson de se ferrer parfaitement. Voilà les choses les plus importantes. À partir de ce constat, nous avons sélectionné deux bas de ligne que nous utilisons dans quasiment toutes nos parties de pêche. Le bas de ligne rigide en monofilament et la tresse gainée.
Pourquoi se limiter à deux types de bas de ligne ?
Quand je dis deux, je suis encore un peu large, car mon frère et moi, pour être honnête, pêchons quasiment tout le temps avec le même type de bas de ligne. Faire rentrer trop de composantes dans la pêche n’amène que des doutes et non des solutions. Je m’explique. Suite à un échec, si l’on change ses bas de ligne, ses appâts, ses spots, ses stratégies d’amorçage, etc. comment déterminer ce qui clochait à la base ? Utiliser toujours le même type de bas de ligne, en lequel nous avons une confiance aveugle, nous permet d’enlever une inconnue à l’équation. En clair, on sait que ce n’est pas à cause du montage, du bas de ligne en l’occurrence, que ça ne mord pas. Plutôt que d’opter pour un changement de montage et conserver le même spot par exemple, je pourrais me concentrer sur la recherche d’un autre spot sans doute plus productif et ainsi améliorer mes résultats.
Le stiff rig (bas de ligne rigide)
Le stiff rig est de loin notre bas de ligne préféré. Nous l’utilisons dans 80 % des situations, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, c’est de loin le meilleur choix pour prévenir tout risque d’emmêlage. N’est-ce pas la base de la pêche que d’avoir un montage opérationnel ? Beaucoup d’entre nous négligent ce point voulant à chaque fois complexifier leurs bas de ligne. Pour attraper une carpe, il faut avant tout que le montage soit pêchant. Que ce soit au lancer ou lors d’une dépose en bateau, les risques d’emmêlages sont importants. Et que dire des nombreux nuisibles qui jouent sous l’eau avec nos appâts et qui peuvent rendre le montage inefficace ? Quelle déconvenue lorsque l’on remonte une ligne emmêlée qui pêche depuis 24 heures ! Quel temps de perdu, que de poissons loupés ! Nos expériences en plongée nous ont montré quelque chose d’encore pire. Il arrive parfois que le montage soit emmêlé sous l’eau et qu’il se démêle lorsque l’on le remonte à la surface. En somme, on croit que le spot que l’on a choisi n’est pas bon alors que c’est peut-être le meilleur du lac, mais que le montage est inefficace. Un montage doit être pêchant, quelle que soit la situation : c’est primordial. Au début nous utilisions un bas de ligne stiff avec un cheveu souple. Nous nous sommes rapidement rendu compte que c’était une erreur. Maintenant, nous utilisons le même monofilament pour le cheveu que pour le bas de ligne. Nous avons ainsi rendu quasi nul le risque d’emmêlage.
Le stiff rig est de loin notre bas de ligne préféré. Nous l’utilisons dans 80 % des situations.
Le second avantage de ce bas de ligne est son action mécanique. Sa rigidité agit comme un ressort quand le poisson se saisit de l’esche et la propulse au fond de sa bouche. Ceci assure une piqûre propre et limite les risques de décrochage. Les poissons éduqués sont souvent surpris par l’agressivité de ce type de bas de ligne. Dans les eaux surpêchées, beaucoup de carpistes utilisent des bas de ligne avec une terminaison en tresse, des matériaux plutôt fins et des hameçons de petite taille. Ils espèrent ainsi tromper la vigilance des poissons grâce à la discrétion des éléments utilisés. Nous préférons pour notre part un stiff très rigide. Les poissons testant les appâts avant de les saisir se feront plus facilement piéger par l’action mécanique de ce bas de ligne. Pour augmenter l’agressivité du montage, nous utilisons des bas de ligne courts, d’une quinzaine de centimètres environ. Dans certains endroits à forte pression, nous avons encore raccourci nos bas de ligne. Je me souviens d’une fois où nous décidons de nous rendre sur un lac très pêché. Après la capture d’un premier poisson, les touches s’arrêtent brusquement. Impossible d’obtenir un nouveau départ. Il est clair que les poissons sont sur leurs gardes. Nous réduisons alors la taille de nos bas de ligne. Ils ne font plus que 4 ou 5 cm. Bien que nous pêchions déjà en stiff, nous augmentons en parallèle la rigidité de ceux-ci. Quelques heures plus tard, les départs reprennent et nous mettons au sec 2 énormes poissons en 24 heures.
Nous réduisons alors la taille de nos bas de ligne. Ils ne font plus que 4 ou 5 cm.
La confection d’un bas de ligne stiff nécessite l’utilisation de matériaux de gros diamètre pour lui conférer sa rigidité. Nous utilisons rarement des monofilaments d’un diamètre inférieur à 50 centièmes et pouvons monter parfois jusqu’à 80 centièmes. Il est également nécessaire d’utiliser des hameçons avec un œillet suffisamment grand afin de pouvoir réaliser le nœud sans nœud. Il est difficile de réaliser un bon bas de ligne stiff avec un hameçon plus petit qu’un numéro 2.
Souvent on entend dire que la présentation de l’appât n’est pas optimale avec ce type de bas de ligne surtout lorsque l’on utilise un cheveu rigide. En réalité, j’ai l’impression que ceci gêne plus les carpistes que les carpes. C’est vrai qu’au fond de l’eau, il arrive fréquemment que l’hameçon soit tourné vers le haut étant un peu soulevé par la bouillette. Je peux vous assurer que ça n’empêchera pas un poisson de mordre à l’appât et permettra des fois de surprendre des poissons habitués à d’autres types de présentations.
Gros diamètres
Avec un stiff de gros diamètre, il est difficile de faire la boucle nécessaire à l’emplacement du stop bouillette. Pas de souci, j’ai une petite astuce. Enfilez en premier l’appât sur le monofilament puis munissez-vous d’un briquet. Brûlez l’une des extrémités et pressez le fil contre le briquet de manière à former une petite butée. Faites coulisser l’appât contre celle-ci. Et voilà, le tour est joué, le stop bouillette est réalisé, plus besoin de boucle !
Le bas de ligne en tresse gainée
Nous utilisons ce bas de ligne dans certains cas de figure bien spécifiques. Tout d’abord lorsque nous utilisons des esches flottantes. La présentation est meilleure avec ce type de bas de ligne qu’avec un stiff et l’action du bas de ligne est elle aussi optimisée.
Mais la principale raison qui nous fait choisir ce type de bas de ligne n’est pas là. Nous avons remarqué qu’il convient parfaitement aux endroits où le fond est très vaseux. Cela s’explique de la manière suivante. Le plomb s’enfonce énormément dans un substrat vaseux. Le bas de ligne et l’esche, raccordés au plomb, s’enfoncent également. Si le bas de ligne est rigide et relativement court, l’appât, entraîné par le lest, va rapidement disparaître de la surface de la vase rendant sa localisation plus difficile pour le poisson. Un bas de ligne en tresse gainée résout ce problème. La souplesse de la tresse permet au bas de ligne de légèrement épouser le fond et limite la disparition de l’appât. Ainsi, il faudra pêcher avec des bas de ligne d’une longueur de 25 cm minimum. Parfois il nous arrive de faire des bas de ligne de plus de 35 cm. La distance est déterminée par la densité de la vase, Plus la vase est molle, plus le plomb s’enfonce et plus le bas de ligne sera long. Dans ce cas, pourquoi ne pas utiliser une tresse complètement souple me direz-vous, pourquoi une tresse gainée ? Et bien tout simplement pour la même raison qu’énoncée précédemment, les risques d’emmêlages.
Pour la réalisation du bas de ligne, encore une fois, rien de compliqué. Nous enlevons la gaine sur une dizaine de centimètres pour laisser l’extrémité du bas de ligne (où se trouve l’hameçon) le plus souple possible et ajoutons un peu de pâte plombée à l’endroit où l’articulation se fait. Rien de plus classique ! Concernant l’hameçon, chacun fera son choix. En règle générale, mon frère et moi n’aimons pas pêcher avec des hameçons trop petits. Ils n’ont aucune utilité à nos yeux si ce n’est le fait de s’ouvrir lors d’un combat et de voir s’éloigner le poisson d’une vie.
Pêche du bord
Les bas de ligne gainés sont utilisés par énormément de carpistes, car ils sont très efficaces. Cependant l’erreur à ne pas commettre est de les utiliser pour une pêche du bord. Le fait de dénuder l’extrémité crée une articulation. Lors du lancer, les risques que le montage s’emmêle sont très importants à cause de ce point de flexion. Le choix d’un tel bas de ligne nécessite l’utilisation d’un bateau ou d’un bateau amorceur.
Conclusion
Il existe des centaines de combinaisons pour confectionner un bas de ligne et chacune d’elles finira par prendre du poisson. Mais j’ai l’impression que de nombreux pêcheurs testent toutes ces combinaisons uniquement pour se faire plaisir, et non pour leur réelle efficacité. Pour s’amuser en somme. Il n’y a rien de mal, mais ça n’a jamais fait prendre plus de carpe. Un bas de ligne qui ne s’emmêle pas, qui pique bien et qui est solide est la vraie clé du succès. Il y a tellement de choses à creuser, à essayer de comprendre dans la pêche de la carpe, qu’il est bien de savoir rester simple dans la confection des montages et de consacrer son énergie sur d’autres points bien plus compliqués.