3ème Édition de Salmo Trek : Une Compétition de Pêche Unique

La 3^ème édition de la maintenant célèbre compétition salmonidés en montagne a eu lieu du 30 juin au 2 juillet dernier. Cette compétition mêle trek en montagne sur trois jours et deux nuits en totale autonomie. Pour passer par l’ensemble des balises il fallait marcher pas moins de 50km pour un dénivelé positif d’environ 3000m ! Et cette année encore, le nombre d’aventuriers inscrits a encore grimpé avec 73 binômes inscrits et 71 équipes sur la ligne de départ. Un record pour une compétition pêche du bord en France ! La FFPS nous a donné rendez-vous au col de Portet le vendredi 30 juin au petit matin pour en découdre dans le massif de Néouvielle.

Une troisième édition au goût de revanche.

Cette année, je refais équipe avec mon binôme de choc : Thomas VOGELS. Après un souci de dos en 2022 et l’impossibilité de participer, Thomas revient en pleine forme prêt comme jamais. Il faut dire que Thomas a fait preuve de combativité et d’abnégation depuis quasiment un an pour se remettre sur pied et progresser. En 2021, lors de la première édition, nous avions arraché une deuxième place au terme d’une compétition haletante et indécise jusqu’au bout. En 2022, j’avais terminé 7^ème avec mon fils ainé, Marc, seulement 7 ans. Une performance dont je ne suis pas peu fier et qui m’avait demandé d’aller chercher loin dans mes ressources physiques et mentales.

L’année 2023 a donc un gout de revanche. Pour Thomas qui doit laver la désillusion de 2022 et pour nous deux avec l’ambition délicate de terminer une nouvelle fois sur le podium…

Thomas a tout préparé encore une fois, de la nourriture à la tente en passant par les bouteilles de gaz, duvets et autre trousse de secours. De mon côté, j’ai affiné la stratégie et le matériel de pêche jusqu’au bout. Nos sacs sont optimisés et nous partons cette année avec seulement 12kg environ sur le dos.

Je prends la route le jeudi matin avec mes compagnons corses, Kevin GUENIOT et Ghjuva AZARA après un petit saut de puce en avion de Corse à Marseille. Nous arrivons à Saint Lary Soulan dans l’après-midi. Nous sommes accueillis par le reste de la team ILLEX présente sur place pour la Salmo trek et tournons le début du reportage avec Nicolas de SEASONS, qui nous filmera d’ailleurs à plusieurs reprises durant la compétition. Après un dernier diner, les sacs sont prêts, il faut dormir car la journée du vendredi s’annonce chargée.

Une première journée capitale

Rendez-vous à 7h30 au col du Portet. L’accueil est sans faille avec petit déjeuner et vérification des certificats médicaux. L’occasion d’échanger entre les compétiteurs qui sont devenus des amis. Les échos font état d’une eau froide et d’une météo pluvieuse, du moins nuageuse. Après un briefing et quelques derniers rappels règlementaires, il est temps de filer et de commencer directement dans le vif du sujet avec la première spéciale (sur les deux). Le départ est donné à 9h30 pétante.

Le brouillard est tellement épais qu’à peine au bout de 100m de marche, un gros peloton de compétiteurs dont nous faisons partie fait fausse route. Heureusement c’est sans conséquence et on rattrape tous le bon chemin rapidement et sans encombre. Un détail à première vue sans importance, je marche d’emblée dans une grosse flaque et mes pieds sont trempés… Si la première spéciale ne représente à nos yeux que peu d’enjeu, elle permet cependant d’arriver vite sur les spots et de voir où les équipes se répartissent. De notre côté, une fois la spéciale avalée, nous filons vers le Nord direction les différents lacs de Bastan.

Avec une certaine réussite, nous enchainons Tom et moi pas moins de 7 farios maillées au leurre souple ! Nous ne décrochons pas un seul poisson et faisons même deux non maillées dans le lot. Les touches sont très courtes et j’arrive en anticipant les attaques et le ferrage à mettre à l’épuisette quelques truites maillées. Un exercice relativement difficile et heureusement que je suis encore bien frais et lucide à ce moment-là.

Une fois le pic de touches passé, il faut continuer à marcher pour atteindre les autres balises. Direction le réservoir des laquets, balise 4, tout en bout de parcours. Sur le chemin, nous pêchons les différents lacs et laquets et rentrons un premier omble chevalier et une autre truite fario. Nous préférons nous concentrer sur les truites farios, pensant qu’il sera aisé de réaliser le quota (10 plus grands ombles) d’ombles chevalier à Port-Bielh… Au final ce sont encore deux ombles supplémentaires qui viennent s’ajouter à notre liste de captures, dont un joli de 31cm capturé à la ILLEX tricoroll Spoon 14g.

La journée se termine et nous bivouaquons à Campana, à la balise 3. Avec nos 8 truites et 3 ombles, nous sommes dans la course d’après les divers échos et échanges avec les compétiteurs sur le camp.

Deuxième journée des ombles capricieux…

La nuit est courte et nous dormons très mal. Debout à 5h du matin, le temps de démonter la tente, prendre un café, refaire les bas de ligne et de pouvoir filer à 6h, heure à laquelle il est autorisé de se déplacer hors des zones de bivouac et de pêcher. Mes chaussures sont trempées et c’est un véritable supplice de les enfiler.

Nous remontons en direction de Port-Bielh pour aller faire notre quota omble. Finalement, nous sommes confiants et retournons aux Bastans pour tenter de rentrer quelques farios supplémentaires. Plutôt bien nous en prend puisque nous en pêchons deux supplémentaires au leurre souple sur des micro tp à bille tungstène et deux autres à vue avec des imitations d’insecte (ILLEX Magic MayFly 2’’ recoupée !). Si la pêche à vue en surface est plaisante et satisfaisante, d’autant qu’il s’agit d’une solution trouvée en observant les truites, elle génère tout de même pas mal de ratés et de décrochages. C’est frustrant et je n’ai pas l’efficacité du premier jour malheureusement.

Nous marchons finalement pour arriver à Port-Bielh et tous les compétiteurs que nous croisons sont unanimes. La pêche des ombles est très difficile et fastidieuse. De nombreuses équipes ont renoncé à boucler le quota… Nous nous rendons compte que ce n’est pas si mal d’avoir déjà 3 ombles au compteur (tous trois capturés dans trois lacs différents d’ailleurs).

Et effectivement nous avons toute la peine du monde pour rentrer ne serait-ce que le quatrième omble chevalier. Pour suivre notre planning, nous avons environ 5h devant nous pour boucler le quota. En prospectant, nous parvenons à en leurrer un premier au leurre souple puis 2 autres à la Illex native spoon 5g. Dans les premiers cinquante mètres, nous n’enregistrons quasiment plus de touche. Nous tentons une pêche au jig (Illex Silver Shad 12g Pink Yamame) et nous parvenons finalement à boucler le quota en allant chercher très loin les ombles !

Il nous reste finalement juste ce qu’il faut de temps pour gagner le dernier bivouac et réaliser le coup du soir. Encore à vue, en surface à la Magic Mayfly, nous parvenons à rentrer deux autres fario mais les décrochages sont encore là…

Nous terminons la journée avec un total de 15 farios et 10 ombles ce qui est excellent et correspond à notre objectif initial en termes de captures.

Troisième jour à l’arraché

Nous savons qu’il nous reste pas mal de marche ce dernier jour de compétition pour aller cocher la balise 7 du lac d’Oredon. La nuit est encore une fois courte et je commence à vraiment souffrir des pieds dans mes chaussures humides. Avant de filer marcher et de terminer par la dernière spéciale, nous voulons capturer un dernier poisson au moins pour valider les points bonus éventuels de la spéciale. En effet, les bonus de spéciale sont comptabilisés seulement si l’équipe capture un poisson maillé. C’est Thomas qui nous délivre avec une fario tout juste maillée.

Nous partons pour une longue marche. Même si nous avons confiance dans les temps de trajet que nous avons calculé, il y a toujours un petit stress et une appréhension de ne pas réaliser la marche dans les temps et d’être éliminé… Tous nos efforts auraient été vains. Nous marchons à bonne cadence et ça y est, mes pieds me font énormément souffrir. J’ai la plante des pieds « rongée » par l’humidité et à chaque pas j’ai l’impression de marcher sur des braises…

Nous arrivons à Oredon et il reste encore du chemin à parcourir. C’est là que nous constatons lors d’une rapide pause repas et d’un check-up sur l’application que nous sommes troisième au classement provisoire à seulement 6cm des deuxièmes. Les ombles chevaliers comptés à tort en omble de fontaine ont quand même été validés en omble chevalier…

Il ne nous reste qu’une option, n’ayant plus de temps pour pêcher, il faut qu’on réalise un excellent chrono lors de la dernière spéciale pour espérer gagner un bonus et les quelques précieux millimètres qui nous séparent des deuxièmes.

Nous parvenons tant bien que mal au point de départ de la dernière montée et dernière spéciale. Nous finissons nos dernières barres de céréales et nous nous hydratons. Et cette fois c’est parti. Nous marchons à bonne cadence. La montée est très raide et difficile à gravir. Je m’efforce de ne pas penser à la douleur que mes pieds me procurent et je suis admiratif de Thomas qui grimpe sans fléchir. Je ne reconnais pas mon binôme de 2021 qui était dans le rouge pour bien moins que ça. Thomas ne s’est pas contenté de revenir en découdre, il s’est donné les moyens de progresser et de rivaliser avec les meilleurs marcheurs.

La montée est interminable et nous montons doucement mais surement en rythme et en cadence en dépassant un à un les compétiteurs en plein effort. Au final, nous arrivons à bout de souffle, je n’arrive même plus à poser mes pieds. Cela ne suffira peut-être pas mais nous n’aurons aucun regret de ce côté-là, tant avons marché à notre limite vue les douleurs de chacun…

Troisième ou deuxième…

Et finalement après une deuxième place en 2021, nous terminons 3^ème de cette édition 2023 à seulement 10mm des deuxièmes. Le bonus de la dernière spéciale nous à permis de gratter quelques points mais cela n’aura pas suffi. C’est assez fou de se dire que sur 3 jours de pêche, cela peut se jouer à si peu !

Les premiers sont les indélogeables Mathieu CABAR et Morgan FAVARD encore auteurs d’une performance de haut vol et surtout d’une maitrise stratégique sans faille. Encore bravo !

La team ILLEX parvient à placer ses 3 équipes dans le top 10, avec une 7^ème place pour le duo FOULON/JOUVET et une 9^ème place obtenue à l’arraché du binôme LOCHON/PIERMARIA !

A noter que nous devons être la seule équipe du top 5 à n’avoir pêcher qu’au leurre. Il faut assurément qu’on se mette à la pêche à la mouche…

Nous retiendrons un résultat inespéré vu la difficulté et le niveau atteint par les compétiteurs. L’évènement était grandiose et très bien organisé. Nous avons vraiment vécu une superbe aventure et en garderons des souvenirs impérissables. Il manquait cependant pas mal de discipline et de rigueurs chez un certains nombres de compétiteurs, entre les poissons non sortis à l’épuisette, les montages interdits, les 3 hameçons sur un jig, les poissons mal identifiés, la pêche au poser… Gageons de croire que cela sera corrigé en 2024 et que les contrôles seront plus fréquents.

Vous pouvez d’ores et déjà compter sur nous pour la salmo trek 2024 !