Amorçage carpe en hiver : oubliez les idées reçues

Dans une eau froide, nombreux sont les pêcheurs qui privilégient la pêche au spot, voire en single. Il est de coutume de jouer sur l’attraction et la diffusion de l’esche, ne proposant que quelques appâts ultra attractifs autour du montage. Est ce là une voie unique, ou au contraire, un amorçage peut il encore avoir sa place ?

La carpe est un animal à sang froid, son métabolisme est donc réglé en fonction de la température de l’eau. Plus l’eau est froide et moins nos cyprinidés développent une forme d’activité alimentaire, même d’activité tout simplement. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elles arrêtent de s’alimenter, passant l’hiver dans la vase jusqu’à la dorsale, pourtant à en croire les dires, l’hiver n’est pas une saison où l’amorçage à sa place, et pourtant…

Amorcage carpe en hiver
Malgré le froid, il est toujours possible de prendre des carpes

Les carpes au régime en hiver ?

Nous savons que les carpes vivent en bancs plus ou moins nombreux tout au long de l’année, lorsque les frimas de l’hiver s’installent, nos poissons ont tendance à se rassembler sur des zones de confort. Ces zones peuvent alors regrouper plusieurs bancs, ce qui insinue beaucoup de poissons, donc beaucoup de bouches à nourrir, même en petites quantités. Partant de ce principe, si une zone abrite une grosse concentration de poisson, pourquoi se contenter d’en intéresser un seul ?

A l’inverse du reste de l’année, les carpes se déplacent beaucoup moins dans le but d’économiser leur énergie, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’elles refusent une nourriture facilement accessible.

L’hiver les carpes sont de toute beauté

Amorcer en eau froide, mais pas n’importe où!

Comme beaucoup d’adeptes je ne raccroche pas mes cannes en hiver, même si mes sorties sont moins nombreuses qu’à la belle saison, je ne peux m’empêcher de fouler les berges, bien plus tranquilles à cette saison, ce qui permet de profiter d’une pression de pêche fortement diminuée.

Ce qui change dans ma façon d’aborder mes sessions hivernales est ma façon d’amorcer. Afin de mettre le maximum de chance de réussite de mon côté pour attraper plusieurs poissons, je mets en place mon amorçage en amont de la pêche dans le but de mettre les carpes en appétit rapidement. Pour cette raison je privilégie énormément l’amorçage préalable lorsque cela est possible, les résultats obtenus sont généralement nettement supérieurs à ceux d’une pêche classique.

Je choisis pour cela des sites que je connais bien, c’est un point primordial pour mettre en place un amorçage préalable, car dans une eau à moins de 10°C, il ne suffit pas de balancer quelques kilos de bouillettes n’importe où pour voir arriver des bancs entiers de carpes !

Je choisis donc un site où je pense savoir où se tiennent les carpes (tant qu’elles ne sont pas au bout de la ligne, tout n’est que supposition, les certitudes ne sont valables que sur papier) et où le cheptel en poisson est suffisamment important.

Une fois le site choisi, je procède par élimination pour le choix du poste, en éliminant en premier les zones peu profondes où l’eau s’est plus vite refroidie, et donc où la nourriture naturelle est la moins présente. J’élimine également les zones trop exposées au vent dominant, généralement le vent du nord, qui est le plus froid, cela ne veut pas dire que ces zones ne voient pas une carpe de l’hiver, mais des poissons qui veillent à se tenir dans une zone de confort pour passer l’hiver n’y séjourneront pas sur de longues périodes. Reste les zones profondes, abritées du vent. J’ajoute à cela le taux d’ensoleillement sur la journée, d’un point de vue pêche mais aussi, je dois bien avouer, pour mon confort personnel, heureusement, les deux vont de paire.

Une fois le poste retenu, il est temps de dresser la table, dans le cas où je connais le poste, ce qui est souvent le cas, je me fie à mes connaissances, dans le cas contraire j’effectue un sondage du bord afin de mieux connaître la configuration du poste et pouvoir par la suite amorcer et pêcher au plus juste.

L’hiver les berges retrouvent une certaine quiétude
L’amorçage au préalable réserve souvent du poisson

Les quantités d’appâts, ni trop, ni pas assez !

Dans le cas d’une pêche de week-end, je réalise au minimum deux amorçages préalables, voire trois lorsque cela est possible, disons que deux séances d’amorçage sont pour moi le minimum afin d’inciter les carpes à se nourrir. Je laisse toujours 24h de repos entre le dernier amorçage et le début de ma pêche, le temps que le poisson puisse en partie digérer son dernier repas.

Pour ce qui est des quantités d’appât, il n’est évidemment pas question de benner, le but étant d’ouvrir l’appétit aux carpes sans pour autant les gaver, tout en permettant à un maximum d’individus de goûter aux appâts.

Pour cela ce n’est pas deux poignées de bouillette qui les feront sortir de leur léthargie. Je suis convaincu que comme pour la belle saison, si l’on parvient à faire s’alimenter quelques carpes, cette activité alimentaire soudaine peut inciter d’autres poissons à se nourrir.

Au premier amorçage je prépare un spot d’environ 100m2 sur lequel je répartis entre 2,5kg et 3kg de bouillettes, en veillant à en éparpiller quelques poignées autour de la zone. Le lendemain je redistribue des appâts sur la même zone, en réduisant légèrement la quantité, disons 1 kg de moins et en resserrant les appâts pour réduire la zone amorcée. Je laisse ensuite le poste reposer 24h, le temps que les premiers poissons qui ont consommé l’amorçage puissent digérer.

Voici donc en résumé de quelle façon je m’organise pour un petit 48h le week-end en hiver.

A noter que dans le contexte d’une session jour et nuit, j’amorce en général en fin d’après midi puisque ma pêche débutera par une nuit. Mais dans le cas où je ne souhaite pêcher que les journées sans rester la nuit, je préfère amorcer tôt le matin, afin d’inciter le poisson à se nourrir durant les heures diurnes. Le planning d’amorçage sera donc le suivant : mercredi matin amorçage, jeudi matin amorçage et pêche le samedi.

Le jour de la pêche, je place deux cannes accompagnées d’un petit filet soluble garni de bouillettes sur la zone, en amorçant 3 ou 4 poignées d’appâts autour, le temps de prendre la température, si le poisson réagit rapidement je n’hésite pas à réamorcer un peu plus copieusement en relançant la canne avec quelques poignées supplémentaires.

Ce ne sont pas 4 bouillettes qui sortiront les carpes de leur léthargie…

Charger une canne en session

Comme je viens de l’expliquer, l’amorçage préalable est un véritable plus dans une partie de pêche hivernale, mais sa mise en place n’est pas toujours possible, horaire de travail ou encore site de pêche trop éloigné sont autant de critères qui ne permettent pas d’amorcer à l’avance.

Lorsqu’un amorçage préalable n’est pas envisageable, je choisis mon site de pêche et mon poste d’après les mêmes critères, en veillant à avoir une bonne connaissance des lieux.

Comme je le disais plus haut, même dans une eau froide certains poissons peuvent avoir un regain d’activité alimentaire temporaire, à condition qu’ils n’aient pas à dépenser trop d’énergie pour trouver leur nourriture.

Le poisson continue de manger, même dans une eau froide

Dans ce contexte j’amorce une canne dès le premier jour en envoyant entre 1 et 2kg d’appâts à l’eau, il est possible de jouer sur l’attractivité en mélangeant des particules aux bouillettes comme du baby corn, des petites graines, des tigers broyées ou des bouillettes écrasées en miettes, ce qui permet de faire travailler l’amorçage plus vite.

Bien sûr cette canne n’est généralement pas la première à démarrer, alors que je déplace mes autres cannes peu amorcées au bout de 24h pour trouver du poisson actif et tenter d’en prendre un, la canne amorcée quant à elle reste en place durant au minimum 48h sans bouger. Je contrôle mes appâts et mon montage au bout de 24h pour être sûr que tout pêche, mais je replace la canne systématiquement au même endroit, en la réamorçant légèrement avec une poignée ou deux.

Cette façon de procéder en amorçant copieusement le premier jour offre les mêmes avantages qu’un amorçage préalable, c’est une canne qui va travailler dans le temps. Les carpes qui vont s’intéresser à l’amorçage ne vont peut être pas tout manger le premier jour, mais elles savent qu’il y a à cet endroit là de la nourriture facile, qui ne demande pas trop d’efforts, il s’agit donc pour elle d’une invitation à revenir.

Plusieurs fois ce genre de canne m’a permis de prendre de beaux poissons bien gras aux couleurs éclatantes, dans une eaux à moins de 6/7°C !

Charger une canne peut réserver de belles surprises
Seul un départ peut faire oublier le froid !

 

 

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