C’est physique et mathématique : le printemps est une saison où tout s’accélère ! Les journées sont de plus en plus longues, les températures augmentent rapidement et l’ensoleillement suit cette voie. Hors de l’eau, les végétaux entament une phase de croissance rapide, les animaux se reproduisent et les couleurs changent : du terne on passe au coloré et au vert intense. Sous l’eau, la vie crépite avec les éclosions de larves, d’invertébrés, les premières libellules, les premiers têtards, les alevins et la reprise de la croissance des herbiers. Le printemps est bel et bien là et la nature accélère ! Naturellement, la carpe, qui fait partie intégrante de l’écosystème et de la pyramide alimentaire, suit cette dynamique et se met également en mouvement.
Au printemps, plusieurs moteurs sont en marche pour motiver la carpe à se déplacer. Sur la première phase du printemps, disons de mars à mai, c’est généralement l’essor de nouvelles zones d’alimentation qui motive la carpe à se mouvoir. Les températures augmentant, le métabolisme de notre cyprinidé de cœur se réactive et ainsi suit ses besoins alimentaires. Les premières pousses d’herbiers, les premières pontes d’invertébrés, les premiers gastéropodes sont autant de cibles alimentaires privilégiées qui vont aiguiller la carpe. Ceci dit, ces cibles n’éclosent pas toutes en grande quantité et dans la même zone ! Les premières pousses d’herbiers ont généralement lieu dans peu d’eau et sur des zones fortement ensoleillées : zones où l’énergie solaire permet à la photosynthèse de remettre le pied à l’étrier après des mois ralentis. On voit naître de façon très localisée des petits garde-manger tout autour du lac/rivière et les carpes vont ainsi de buffet en buffet sans y passer trop de temps étant donné que la quantité de nourriture est encore limitée. Progressivement, les plâtrées vont se charger et se développer spatialement parlant au fur et à mesure que le printemps progresse pour faire place à l’été.
Alimentation et reproduction
Dans un second temps, disons de fin mai à fin juin, les carpes vont être motivées à se déplacer vers des zones de reproduction. En règle générale, il s’agit de zones de quiétude, riches en herbiers dont le rôle est de servir de support pour la ponte de la carpe. Bras morts, queues de lacs, amortis, zones fortement enherbées sont autant de spots où les carpes sont susceptibles de se regrouper lorsque la température de l’eau avoisine les 18-20°C. On voit alors une grande migration se mettre en place en direction de ces zones où la densité de carpes va exploser ! Dans un premier temps, ce sont généralement les jeunes mâles qui se retrouvent et il n’est pas rare de capturer des petits poissons prêts à se reproduire aux abords de la frayère. Peu de temps après, les grosses femelles peuvent faire leur apparition pour se reproduire à leur tour. À l’issue de cette phase de reproduction dont la durée est variable relativement aux conditions météorologiques, nous pouvons considérer que la carpe entre en phase « estivale » et que le printemps est arrivé à son terme.
Maintenant que l’on a compris les déplacements de la carpe, nous sommes en mesure de nous adapter pour la capturer en anticipant ses déplacements dans l’optique d’être au bon endroit au bon moment ! Le carpiste est en quelque sorte le « super prédateur » de la carpe. S’il se place dans cette position, il occupe une place dans l’écosystème et la pyramide alimentaire et doit donc suivre cette phase de « déplacement ». En début de saison, le pêcheur doit faire preuve d’analyse et d’observation en s’orientant vers les zones les plus ensoleillées et les moins profondes : des zones susceptibles d’être les plus avancées dans la saison et donc les plus riches en nourriture naturelle. Ce n’est pas une recette miracle pour cartonner mais un point de départ pour une session : les yeux, le sens critique et l’adaptation doivent ensuite prendre le pas et guider les actions.