Ce qui nous manque peut-être le plus aujourd’hui dans nos vies, c’est le temps. Hormis certaines personnes qui font le choix de ne pas travailler au profit de leur passion (bien que ce choix ne puisse être qu’éphémère), la grande majorité d’entre nous est limitée dans son emploi du temps pour pouvoir assouvir notre envie de pêche. A l’inverse de certaines pratiques comme la pêche aux leurres par exemple qui peuvent se pratiquer sur des créneaux très courts, celle de la carpe est souvent plus chronophage. Néanmoins, il est toujours possible d’appréhender la pratique de notre passion sur des approches plus courtes. Ces pêches rapides permettent d’une part de profiter de ces instants, et d’assouvir notre besoin d’être au bord de l’eau d’autre part. Mais elles permettent également d’obtenir de bons résultats, pour peu qu’on ait mis un maximum de chances de notre côté. Découvrons certains conseils dans cet article pour optimiser au mieux vos pêches rapides !
La destination
C’est très certainement la première question à vous poser. Où vous rendre quand vous n’avez que quelques heures devant vous ? Je serais tenté de dire au plus près bien évidemment mais tout dépend de votre lieu de résidence. A titre personnel, j’essaye d’évaluer les lieux en fonction de 4 critères :
- Le temps de trajet effectivement, plutôt que la distance. Ceux d’entre vous qui habitent en ville ou proche banlieue comprendront très bien la différence.
- Le cheptel. Mieux vaut miser sur des eaux densément stockées en carpes. Cela augmentera vos chances de réussite.
- Les “mœurs” des poissons. On connaît tous des eaux très peuplées en carpes mais où il est très difficile de faire une touche la journée et où elles rentrent en activité à la nuit tombée. Dans ce cas il faut opter pour des coups du soir, sinon les chances de rentrer un poisson dans l’épuisette sont trop faibles.
- Le contexte saisonnier et météorologique. Pratiquant beaucoup en rivière, je sais qu’en fonction des saisons, de la météo et des débits, les poissons ne se trouvent pas forcément aux mêmes endroits. Cela n’empêche pas d’essayer de découvrir de nouvelles choses mais, personnellement, je préfère le faire quand j’ai davantage de temps.
Essayez d’évaluer les eaux qui vous intéressent en fonction de ces critères (et certainement d’autres qui vous sont propres) et vous verrez qu’au final, le choix se restreint. Cela devrait vous faciliter la tâche au moment de vous lancer !
Le matériel
S’il est une chose évidente dans la pêche de la carpe, c’est qu’on transporte globalement beaucoup de matériel. On a beau trier et re-trier, c’est toujours lourd et encombrant. Néanmoins, quand on cherche à optimiser son temps dans le cadre de pêches rapides, il faut savoir réduire au maximum notre matériel pour éviter de perdre du temps à le transporter. Bien évidemment ceci ne s’applique pas aux postes où on a la chance d’avoir la voiture juste derrière soi.
Pour être rapidement opérationnel, tenez-vous en au strict minimum. Une ou plusieurs cannes en fonction du poste que vous envisagez de pêcher, un ou plusieurs piques, un tapis de réception et une épuisette, des appâts et une boîte de tackle et un moyen de propulsion pour vos appâts. Je reviendrai sur la partie appâts par la suite. Voilà pour l’essentiel auquel vous pourrez rajouter un petit level chair, un appareil photo… L’idée finalement, c’est que tout puisse tenir sur votre dos et/ou dans vos mains pour ne faire qu’un seul trajet entre le poste et votre véhicule.
On se rapproche du stalking dans ce genre de pêche. A vous de voir si vous souhaitez pratiquer une pêche itinérante en vous déplaçant à intervalle de temps régulier ou si vous préférez rester sur le même poste le temps de votre pêche.
Adapter son matériel pour des pêches rapides apporte deux bienfaits. D’une part, on se rend compte qu’on a tendance à stocker pas mal de choses dans nos carryall ou nos sac à dos. C’est donc, d’une part, une bonne façon de faire du tri. Mais, quand on commence à avoir des résultats en pêche rapide, on se rend compte de l’utilité très (trop) relative d’une bonne partie des gadgets qu’on emmène la plupart du temps. Et ce sera donc un deuxième tri à faire pour s’alléger encore davantage !
L’approche en elle-même
C’est probablement sur l’approche en elle-même qu’il y a le plus à dire. Le temps étant compté sur ce type de pêche, il faut réussir à trouver le meilleur équilibre entre attractivité et nuisances limitées. J’entends par nuisance toutes les touches qui pourraient être provoquées par d’autres espèces que les cyprins que nous recherchons, qu’il s’agisse des brèmes, chevesnes, ides, silures… Il va sans dire que faire rentrer un gros banc de brèmes sur votre spot lorsqu’on a seulement quelques heures de pêche devant soi a tendance à compliquer la tâche.
Il convient donc de connaître le lieu qu’on pratique, tant sur le cheptel de carpes que sur celui des autres espèces. En fonction, vous pourrez adapter votre amorçage. Ceci est également valable en fonction des saisons. L’hiver par exemple, les blancs sont globalement moins actifs et on peut donc se permettre davantage de choses.
Tâchons maintenant de détailler du plus attractif au plus “minimaliste” en fonction des eaux.
A mes yeux, et pour faire écho avec un article dans le précédent magazine (https://1max2carpe.fr/magazine/13/#page/20) l’approche avec de la farine est la plus puissante en termes d’attractivité. Cela permet de créer une zone d’amorçage autour du montage sans pour autant saturer le spot. Néanmoins, cela a pour inconvénient de n’être absolument pas sélectif tant pour les carpes que les autres poissons.
En deuxième plan, une autre esche est très attractive, et tout particulièrement sur les carpes, il s’agit du maïs doux. Sur des approches de type stalking, à fond ou au bouchon, ou sur des pêches plus conventionnelles, il est redoutable ! Légèrement décollé à l’aide d’imitations en plastique ou de bouts de mousse, le piège est parfait. L’inconvénient majeur reste la distance de propulsion limitée notamment à la fronde. Néanmoins, si vous souhaitez rester sur le même poste, vous pouvez tout à fait glisser un petit spomb ou bait rocket dans vos affaires !
Plus globalement, vous pouvez tenter des approches à la graine qui restent également très prenantes. Mais, à titre personnel, je privilégie le maïs doux qui montre vraiment sa plus-value face à des graines cuites.
Et en dernier lieu, sur des eaux largement peuplées d’autres espèces de poissons qui, eux aussi, apprécient nos amorçages, j’opte pour l’approche à la bouillette pure. Dans ces cas-là, j’utilise des petits sticks avec quelques bouillettes afin de déposer des appâts proches du montage. Il est également possible de napper ses bouillettes avec des liquides afin d’augmenter l’attractivité.
Pour aller encore plus loin
Depuis plusieurs années, je cherche à optimiser mon temps de pêche, d’autant plus sur des pêches rapides, que ce soit pour quelques heures ou pour une nuit rapide entre deux journées de travail. Aussi, la première chose que je fais systématiquement, c’est d’avoir des bas de ligne prêts et montés sur les cannes mais surtout déjà eschés. Cela me permet de gagner des précieuses minutes. Une fois au bord de l’eau, je n’ai qu’à lancer puis amorcer. Bien évidemment, ceci est valable sur les postes connus où je sais où disposer mes cannes.
De la même façon, j’ai pu constater une augmentation sensible des résultats sur les eaux que je pêche lorsque j’amorce à l’avance. C’est pourquoi, je m’accorde toujours du temps la veille pour aller distribuer des appâts. Cela permet bien souvent d’avoir quelques poissons qui tournent sur la zone amorcée à mon arrivée. Il n’est d’ailleurs pas rare de faire des touches très rapidement. Parfois même dans les premières minutes de pêche, signe que l’amorçage avait fait son effet. Bien évidemment, cela demande quelques sacrifices la veille mais cela me permet de vraiment rentabiliser mes pêches rapides !
J’espère qu’à travers ces lignes, vous aurez pu comprendre qu’avec quelques adaptations, il est tout à fait possible d’avoir des résultats en optant pour des pêches rapides quand le temps nous manque. Bien sûr, ces pêches courtes ne sont pas à décorréler de sessions plus longues, elles peuvent même être parfaitement complémentaires. En effet, elles peuvent vous servir à dégrossir votre compréhension d’une eau, à anticiper des amorçages préalables à votre longue session… Chacun y verra midi à sa porte. Ce qui est une évidence c’est que si on envisage la pêche de la carpe comme une pêche d’attente, elle peut très rapidement devenir active en changeant sa façon d’aborder ce poisson qui nous fascine !
Aujourd’hui, si je n’envisage plus d’aborder une pêche rapide sans pré-amorçage sur des pêches classiques, il existe des cas où je ne me contrains pas à un amorçage préalable. Il s’agit par exemple des pêches de type stalking à vue (ou à l’aide d’un drone) quand on a la chance de voir des poissons. Il m’arrive aussi d’opter sur des pêches d’obstacles sans préamorçage quand je sais que ces obstacles concernés tels que des amas d’arbres immergés par exemple sont des zones de tenue régulière des poissons.