Pêche à la carpe rapide : réussir dans les petits lacs et étangs

Mon frère et moi préférons pêcher les grands lacs depuis de nombreuses années mais nous ne voulons pas nous cantonner à un seul type de lieu. Nous aimons varier nos coins de pêche, nos approches, nos stratégies. Chaque année, lorsque le temps de pêche nous fait défaut, nous choisissons un petit lac, bien peuplé en gros poissons, où nous faisons une ou deux sessions de quelques jours. Le but est de prendre un maximum de poissons, et de préférence les spécimens du lac de manière à changer de plan d’eau l’année suivante, et renouveler l’opération. Les techniques d’amorçages et stratégies de pêche sont primordiales dans ce type d’approche. Nous allons à travers quelques exemples, essayer de les détailler.

 Approche pour pêcher la carpe dans les petits lacs

Bon endroit et réactivité

Des résultats probants et rapides, c’est ce dont tout le monde rêve à la pêche. Soyons clairs, sur beaucoup de lacs et rivières il est tout bonnement impossible de prendre les plus grosses carpes en une ou deux sessions, sauf avec un gros coup de pouce du destin. Ce sont des lieux difficiles où nagent des poissons peu nombreux, méfiants et parfois très sauvages. Les approches dont je vais parler ne sont pas efficaces sur ce type d’endroit, où il faut parfois une saison, cinq saisons voire une vie entière pour y prendre les poissons les plus extraordinaires. Dans le cas qui nous intéresse ici, il faut pouvoir prendre les poissons intéressants rapidement et passer à autre chose après deux ou trois sessions maximum. Vous l’aurez compris, le plan d’eau choisi doit être relativement « facile ». Il faudra s’investir à fond sur la pêche, mais pendant un laps de temps assez court. L’avantage de pêcher des petits espaces est qu’il n’y a pas lieu de se poser des questions sur la localisation des poissons. Souvent, ce seront donc la stratégie et les techniques qui détermineront la qualité de notre pêche, et les conditions météo qui détermineront son succès.
Beaucoup d’entre nous ont près de chez eux un petit lac ou une gravière, à une heure de route maximum où nagent quelques beaux spécimens. C’est ce type de plan d’eau qu’il faut choisir. La proximité avec le domicile permet d’être très réactif, la réactivité étant le paramètre clef pour réussir. Lorsqu’une qu’une grosse dépression pointe le bout de son nez pour le week-end, il ne faut pas perdre une minute : c’est à ce moment qu’il faut charger le coffre de la voiture !

 

Prendre le contrepied des autres pêcheurs

La carpe n’est pas un animal méfiant par nature. On peut même dire qu’elle est un animal plutôt curieux. Cependant, lorsqu’elle est confrontée à quelque chose de routinier, surtout si c’est un piège, elle finit par s’y habituer. Cette routine est instaurée par les méthodes de pêche des nombreux carpistes. Parfois, en allant à l’inverse de ces pêcheurs, il est possible de déstabiliser totalement le poisson et de faire, de ce fait, des pêches miraculeuses.

Il y a deux ou trois ans, nous avons jeté notre dévolu sur une petite gravière de 10 hectares pas très loin de notre domicile. La pêche de nuit y est ouverte seulement le week-end, autrement dit, vendredi, samedi et dimanche soir. La pression de pêche y est assez élevée. Nous avons remarqué que les pêcheurs de cette gravière avaient, pour l’essentiel, la même approche du plan d’eau. Ils déposaient tous leurs montages à 100 mètres du bord à l’aide du bateau amorceur avec un amorçage constitué en tout et pour tout d’une poignée de billes dans la trappe. Le fond du lac était donc constellé de montages entourés d’une dizaine de billes. Nous avons donc opté pour une technique radicalement opposée : un amorçage relativement massif sur plusieurs jours. Nous avons commencé à amorcer le dimanche soir tard, une fois que tous les carpistes du week-end avaient déserté les lieux. Nous avons dispersé 7 ou 8 kg de billes, sur une zone la plus large possible, à une distance comprise entre 30 et 60 mètres du bord. Tous les soirs suivants, nous avons amorcé 4 ou 5 kg toujours de la même manière. Nous sommes venus pêcher le vendredi matin très tôt pour être certains d’avoir le poste convoité. Deux jours plus tard, notre objectif était atteint, car la plus grosse carpe du lac était dans le filet de l’épuisette. Nous avons capturé en 48 heures l’essentiel des poissons que nous avions ciblés.

L’année dernière, mon frère et moi nous sommes rendus sur une petite gravière abritant quelques beaux poissons. Comme c’est souvent le cas, ces endroits subissent malheureusement une forte pression de pêche. Cette pression est une donnée qu’il faut invariablement intégrer dans son approche, car elle influence considérablement le comportement des poissons. Nous avons remarqué que dans cette pièce d’eau les pêcheurs venaient le week-end pour l’essentiel d’entre eux. Personne ne venait la semaine, car ici encore, la pêche de nuit n’était autorisée qu’en fin de semaine. Nous avons donc décidé de venir pêcher en semaine, seulement la journée. Cette gravière est petite, avec des fonds assez monotones. Souvent les pêcheurs du cru regroupent leurs 4 cannes face à eux et amorcent une zone entourant ces 4 montages. Dès le lundi matin, mon frère et moi profitons que le lieu est désert pour écarter nos cannes au maximum. Nous amorçons précis, au cobra. Il y a 300 mètres entre le montage de gauche et le montage de droite. Pour être discret nous avons remplacé la tresse se trouvant sur nos moulinets par du nylon 28/100 prolongé par une tête de ligne en 40/100. Nous n’avions pas fini de lancer les huit cannes que la première a démarré. Cette première touche sera le début d’un véritable carton durant lequel nous prendrons l’essentiel des plus gros poissons du lac. Pour réussir une belle pêche, il faut que de nombreux facteurs soient réunis. Nous avons été chanceux sur cette session, car je crois que nous sommes tombés dans un pic d’activité alimentaire incroyable. De plus aucun pêcheur n’est venu pendant la semaine, nous permettant ainsi de mener notre stratégie jusqu’à son terme. Cependant je ne pense pas que nous aurions fait un tel carton si nous n’avions pas écarté les montages au maximum. La distance entre chaque piège permettait de toujours préserver une zone de calme sur le lac. Souvent, nous avions deux ou trois départs sur la gauche puis plus rien. L’activité se déplaçait ensuite vers la droite. Deux ou trois départs et plus rien… et ainsi de suite.

 

Ça ne marche pas à tous les coups

La pêche reste la pêche et l’on n’est jamais sûr des résultats. Dernièrement nous avons pêché pour la première fois un petit plan d’eau d’une vingtaine d’hectares. Après un bon repérage, il ne restait plus qu’à attendre la semaine où la météo serait parfaite pour notre petite opération. Début octobre, Évelyne Dhéliat nous donne le feu vert. L’approche a été décidée préalablement après quelques heures au téléphone avec le frangin et un ami qui pêchera avec nous. Nous avons misé, pour cette session, sur une stratégie assez classique. Nous avons amorcé un rectangle de 100 mètres de long sur 20 mètres de large sur une zone où les poissons sont obligés de passer. Nous espérons en quelques jours, conditionner les carpes. Si tout se passe bien, nous devrions prendre au début quelques petites carpes et les poids devraient monter au cours de la session. Une fois sur place, les départs ne se font pas attendre. Nous capturons rapidement nos premières carpes qui nous impressionnent par leur force et leur endurance durant les combats. La session est très agréable, il fait beau, ça mord plutôt bien, mais, au bout de trois jours, il faut se rendre à l’évidence : en dépit des dizaines de carpes attrapées, nous n’avons capturé aucun des trois plus gros poissons du lac. Nous décidons d’insister 48 heures de plus au cas où une des « big » se déciderait enfin à venir visiter notre tapis de réception, mais en vain. Durant la dernière nuit, nous attrapons trois poissons que nous avions déjà attrapés le premier jour : il est donc temps de partir. Nous n’avons pas eu la bonne approche sur ce plan d’eau. A posteriori, je pense que notre amorçage a créé une activité trop importante chez les poissons de taille moyenne. Ils se jetaient immédiatement sur les appâts. Les plus gros poissons, en retrait, ont dû sentir le danger et ne sont pas rentrés sur l’amorçage. Dans ce cas de figure, une pêche au spot avec des quantités d’amorçage moindres aurait été plus judicieuse. Nous retournerons donc sur ce même lac l’année prochaine pour vérifier si nos théories sont exactes.

Conclusion

Pour mon frère et moi, certains plans d’eau sont trop petits pour qu’on y reste trop longtemps. Malgré tout, ces endroits sont souvent très agréables et très instructifs et je trouve que c’est un beau challenge, quel que soit le lieu d’ailleurs, de réussir à capturer un ou des poissons que l’on a ciblés qu’ils soient gros, écaillés ou multicolores. Mais ce n’est pas toujours aussi simple que l’on veut bien le dire. Il faut savoir se remettre en question en permanence, ne jamais s’entêter, et savoir tirer des leçons de ses erreurs, si l’on veut avancer dans la bonne direction.

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