On a longtemps cru que la pêche du black-bass au texan, comme le jig étaient des techniques de fond, inféodées aux postes encombrés et difficiles d’accès. Mais force est de constater qu’aujourd’hui leur domaine d’application est en train de s’élargir : normal, il s’agit sûrement des deux meilleures techniques pour attraper un black bass. Alors intensifions leur utilisation !
Les leurres souples en montage texan et le jig sont des leurres incontournables dans l’arsenal du pêcheur complet. Imitant tantôt une écrevisse, tantôt un poisson, ces leurres d’ensemble sont d’une redoutable efficacité, toute l’année. Tant et si bien que des pêcheurs à la renommée internationale s’en sont fait une spécialité. Plongeons dans l’univers mystique de ces deux techniques complémentaires et incontournables.
Le montage texan, tout d’abord, évoque immanquablement le black bass. Avec son hameçon si particulier, il est indissociable de la pêche du black bass et il se décline aujourd’hui pour de nombreuses autres espèces. Conçu à l’origine pour pêcher au leurre souple sans s’accrocher, ce type de montage a quitté depuis bien longtemps les terres texanes et la sphère du black bass pour conquérir le monde.
Le jig quant à lui reste plus confidentiel. Il s’agit pourtant de la meilleure imitation d’écrevisse dont on dispose. Mais depuis quelques années, le swimming jig de pleine eau est en plein essor. Ce dernier imite alors un baitfish, un poisson fourrage (ablette, gardon). Tandis que le texan a déjà conquis le monde, la conquête du jig, elle, ne fait que commencer…
Analysons ces deux techniques en expansion, qui de prime abord peuvent paraître très proches, et dont pourtant les utilisations ne cessent de s’éloigner l’une de l’autre.
Le montage Texan, roi du monde
Si le montage texan a rapidement trouvé une foule d’adeptes c’est surement parce qu’il est à la fois simple d’utilisation mais aussi qu’il permet de répondre à un grand nombre de situations. Sa simplicité réside principalement dans le peu d’accessoires qu’il nécessite. Quelques hameçons, quelques lests et une poignée de leurres souples divers et variés suffisent à se lancer dans cette technique. La réalisation du dit montage est ensuite on ne peut plus simple. Il suffit de nouer l’hameçon spécifique à la ligne. Il ne reste ensuite plus qu’à agrémenter ce dernier du leurre souple de son choix.
Mais derrière cette apparente simplicité, il en résulte un véritable montage passe partout dont les propriétés anti accroche seront largement exploitées pour explorer des zones encombrées. De plus, grâce à la modularité du montage, le texan permettra une exploitation de l’ensemble des couches d’eau de la surface jusqu’au fond.
Historiquement, dans l’histoire du bassfishing français, c’est plutôt en surface que cela a débuté. Alors indissociable de l’utilisation des leurres souples tels que les Senko ou encore les Fat Ika, le montage texan s’est peu à peu équipé de lests et les leurres sont devenues des créatures au fil des années. Aujourd’hui encore, ces deux utilisations avec leurs adaptations restent les plus utilisées par les pêcheurs français.
Pour l’utilisation de leurres souples non plombés, l’utilisation d’un ensemble spinning constituera le choix le plus approprié. Une canne de 6 à 7 pieds medium couplée à un moulinet d’une taille de 2500 garni de tresse ou de fluorocarbone sera idéale. On skippera alors le leurre sur toutes les zones susceptibles d’héberger un bass, on laissera couler gentiment le leurre quelques secondes avant de faire une ou deux animations puis de le laisser couler à nouveau. Si rien ne s’est passé, on relancera vers un nouveau spot.
La version plombée, nécessitera elle un matériel plus costaud. Une canne casting d’environ 7 pieds associée à un moulinet à ratio rapide rempli en tresse ou en fluorocarbone sera alors un choix adapté. Pour cette technique, il ne faut pas hésiter à augmenter la résistance de la ligne, le but étant d’aller chercher les poissons au plus profond des endroits inaccessibles. On déposera alors le leurre à proximité de l‘endroit visé et là encore on le laissera couler. Puis on essaiera de coller au fond avec une série d’animations variées.
Pour ces techniques, le leurre souple que l’on choisit aura une grande influence sur le comportement de l’ensemble. Car si l’on peut ajuster les vitesses de descente en changeant de grammage, on peut également le faire en changeant de leurre. Par exemple un leurre avec beaucoup d’appendices descendra plus lentement qu’un autre plus filiforme à grammage équivalent. De plus, c’est souvent avec ce même leurre que l’on va essayer de copier au maximum le coloris de ce que l’on recherche à imiter.
Pour ce qui est de la ligne, on aura le choix entre de la tresse et du fluoro. Ce choix sera à adapter en fonction de la situation. Si la tresse apparait comme plus sensible par l’absence d’élasticité, elle n’est pas le choix le plus opportun pour pêcher dans du bois. Effectivement, son pouvoir abrasif aura tendance à entailler les branches et donc à bloquer la ligne. En revanche, on pourra profiter de cette caractéristique en plus de sa flottabilité pour explorer des zones composées de végétaux aquatiques. On sera alors content que la ligne puisse couper une tige de nénuphar durant la bagarre avec un joli poisson.
Les possibilités qu’offre le montage texan sont très grandes et peuvent se révéler particulièrement complémentaires à la pêche au jig.
La pêche au jig est désormais incontournable
Alors que les fabricants de leurres rivalisent d’ingéniosité pour nous proposer des modèles toujours plus sophistiqués aux looks toujours plus travaillés, force est de constater que si un leurre évolue peu, du moins en apparence, c’est bien le jig.
Face au pseudo réalisme des peintures toujours plus précises et des formes de plus en plus fidèles, le jig oppose toujours sa sacro-sainte tête plombée, sa jupe, et, la plupart du temps, son déflecteur anti-herbe, point.
Et pourtant…
Tous les utilisateurs le savent, si le jig ne ressemble à rien dans sa boite, il prend littéralement vie une fois immergé. Je ne suis pas forcément fan de la notion d’imitation des leurres artificiels. Je pars du principe qu’un poisson carnassier ne confond pas un PN et un gardon par exemple. Tout simplement parce qu’il n’a pas cette capacité d’analyse. Il réagit simplement à des stimuli et attaque simplement une proie potentielle. Ceci explique que certains leurres bizarroïdes sont parfois très efficaces et que de parfaites « imitations » le sont parfois moins. D’ailleurs, nous les premiers ne pouvons confondre un simple Shad et une ablette ; alors un bass qui en mange tous les jours… Bref, tout n’est pas qu’une question d’aspect.
Il n’empêche donc, pour revenir au sujet initial, que lorsque le jig est dans l’eau, il se transforme radicalement. Si l’on part du postulat qu’il est censé représenter une écrevisse ; il fait partie, et de loin, des leurres les plus trompeurs qui soient. Il suffit d’en observer un tressautant sur le fond pour s’en convaincre.
Passe partout par excellence, facile à saisir et de forme compacte, il cumule les qualités. Mieux, il peut être efficace partout et tout le temps. En effet, vous pouvez l’utiliser quel que soient le milieu, la saison ou la profondeur. Car une caractéristique le rend tout à fait versatile, sa « remorque ».
En effet, vous pouvez et devez même lui adjoindre un trailer. En fonction des circonstances, vous adapterez sa forme et sa taille. D’ailleurs, je me demande souvent si c’est mon trailer l’accessoire ou si c’est le jig qui a pour fonction de booster l’attractivité du leurre souple.
Quoi qu’il en soit, on obtient très facilement une petite machine à pêcher.
L’importance du trailer
Imaginez… Vous avez défini le poids de votre jig en fonction de la profondeur (le plus léger possible), la forme de la tête plombée suivant la présentation que vous recherchez ou l’encombrement du spot ; vous avez déterminé la couleur de sa jupe, sa matière (caoutchouc ou silicone) et son volume. Tous ces choix s’opèrent au bord de l’eau, en fonction des conditions et de votre instinct. Là, vous choisissez un leurre souple dont la fonction sera de modifier l’action du jig et son volume. En gros, vous vous demandez ce que vous pourriez bien présenter aux poissons. Sans vous soucier d’un quelconque montage. Généralement, on opte pour une écrevisse ou un dérivé mais vous pouvez mettre tout et n’importe quoi. Un worm pour son côté « finesse », un shad pour l’effet vibratoire etc. Une fois couplés, vos deux leurres se complètent. Le trailer ralenti plus ou moins la descente du jig et rentre en action en fonction de l’animation. Le jig, lui, rend votre leurre souple soudainement tout terrain. Les fibres de sa jupe, elles, vibrent à la moindre sollicitation. Elles se regroupent lors des phases de traction, se déploient à chaque choc ou ralentissement pour enfin venir se déposer très lentement vers le fond lors des pauses.
Tout ça c’est bien beau mais comment doit-on animer un jig ?
La réponse pourrait paraitre déroutante, j’en conviens, mais elle résume assez bien la polyvalence de ce leurre : comme vous voulez !
Animation déroutante du jig
Dès qu’il touche l’eau, il est potentiellement efficace et ce, jusqu’à sa sortie de l’élément liquide. Il peut être pris à la descente, lors de brèves animations ou tremblements sur le fond, lors de longues voire très longues pauses, et quand on le ramène, même à allure soutenue. Il faut garder à l’esprit que cela lui confère des possibilités incroyables. Quel autre leurre est capable de passer dans les obstacles, de pêcher à la descente, à l’arrêt, en récupération saccadée et en récupération linéaire ? Du coup, il faut essayer plusieurs choses en espérant trouver la recette du jour, mais sans changer de leurre. Ce n’est quand même pas rien.
Je pratique généralement depuis un bateau ou un float. Cela facilite les choses mais n’est pas indispensable. Si le jig peut tout à fait être utilisé en pleine eau, c’est bien sur les pêches de structures qu’il est le plus indiqué. Après avoir peigné le contour de l’obstacle choisi, je m’attaque à la zone encombrée. Armé de bonnes lunettes polarisantes, je commence toujours par une phase d’observation. Si rien de particulier ne me signale la présence d’un bass, je lance au plus profond du cover et laisse couler en contrôlant le mieux possible ma bannière. Toute la subtilité est là. Conduire le leurre jusqu’au fond sans contrarier sa chute. A cet instant, le contact visuel avec la ligne est indispensable. Le moindre décalage doit être sanctionné par un ferrage soutenu. Une fois au fond, je laisse le jig posé quelques secondes et lui imprime ensuite quelques tremblements. Il n’y a pas de recette miracle, mais j’alterne alors des phases de très lente récupération, de tressautements et de pauses, avec des animations plus violentes et rapides. Tout peut fonctionner.
J’utilise bien évidemment de la tresse et une canne suffisamment tactile et puissante. Un ratio de moulinet assez élevé est intéressant car un jig s’anime à la canne et non au moulinet. Cela signifie que plus vite vous absorbez le mou de la bannière entre deux coups de scion, meilleur sera votre contact avec votre leurre et donc, potentiellement, le poisson. Pêcher au jig, c’est pêcher précis, lentement, mais à un rythme soutenu. On couvre beaucoup de terrain et localise rapidement les poissons actifs. Les bass, parfois profondément dissimulés au fond des obstacles, répondent très bien à cette façon de procéder.
DES VARIANTES REMIS AU GOUT DU JOUR
Comme le décrit Cyril la pêche au jig en France est majoritairement conceptualisée comme étant une pêche lente, visant à aller solliciter le poisson dans des endroits inextricables. Cependant, une variante existe et vient casser un peu ces standards et idées reçues.
Il s’agit du swimming jig. Qu’est ce que le swimming jig ?
Le swimming Jig
C’est l’art de faire nager (to swim) votre jig à différents étages de la colonne d’eau en le récupérant soit uniquement au moulinet à la manière d’un crankbait, ou d’un spinnerbait ; soit en lui imprimant des tremblements à l’aide de la canne, tout en veillant bien à ce que votre leurre ne touche pas le fond. Votre moulinet a alors pour fonction de récupérer le mou que vous créez dans votre bannière à chaque traction de canne.
Celle ci se positionne de deux manières. La première est identique à la position de cranking, avec une variation de hauteur en fonction de la profondeur. La seconde possède un angle très prononcé par rapport à la surface de l’eau. D’une, cela facilite les animations et la haute tenue du leurre dans la colonne d’eau. Et de deux, cela vous permet une prise d’informations immédiate en cas de touche et une meilleure réactivité au ferrage.
Avant d’aller plus loin, j’aimerais éclaircir un point qui va faciliter votre choix de trailer et vous permettre par la suite de faire du systématisme.
A l’aide d’un jig, on va tenter d’imiter deux choses : soit une écrevisse, soit un vif.
Il vous sera alors primordial de connaître la souche d’écrevisse présente dans le plan d’eau que vous pêchez, ainsi que l’évolution des couleurs de celle-ci au fil des saisons. Et comme lors de n’importe quelle utilisation de leurre, connaître le type de poisson fourrage présent. Encore une fois l’expression « match the hatch » est de rigueur.
Le choix du trailer est essentiel, et doit être parfaitement enfilé sur l’hameçon, droit et à plat.
Votre matériel doit être robuste. Tresse de grosse résistance, supérieure à cinquante livres, canne heavy et moulinet à fort ratio, seront des outils indispensables. Pourquoi ?
Pour plusieurs raisons en réalité. La première, c’est que vous évoluez dans un milieu très chargé en bois morts, végétation aquatique et autres structures. Un poisson de deux livres peut rapidement vous mettre dans une situation délicate si vous employez une ligne peu adaptée.
La deuxième est directement liée à la pratique du skipping sous les frondaisons ou les structures quelles soient naturelles ou artificielles. Cette tresse très forte, vous permet de pêcher en sécurité, mais surtout de maintenir votre jig à la surface lors du skipping grâce à sa flottabilité.
Le swimming jig étant une pêche de réaction, je n’opte pour du fluorocarbone que si l’eau est vraiment très claire.
Lors de l’animation, je lance et rentre en contact avec mon leurre instantanément lorsqu’il touche la surface et commence mon animation. Mon scion est haut, mon avant bras fait trembler mon leurre pour lui donner un peu plus de vie, et ma récupération est active afin que mon leurre ne touche jamais le fond. Hormis par eau froide ou boueuse, le fait que le leurre reste « suspendu » dans la colonne d’eau, est LA clé du swimming jig.
Les touches sont un peu particulières lorsqu’on pratique le swimming jig. Bien souvent le poisson sort de son antre pour se saisir du leurre et nage avec sans que l’on ne sente grand chose. Il faut être très attentif, concentré sur ses sensations et regarder sa ligne.
Evitez de ferrer à la touche, et en prenant contact laissez le poisson peser de son poids avant de déclencher votre ferrage. Pas évident au début, mais les ratés seront bien moins importants que lors des ferrages instantanés.
Heavy Texas Rig
Concernant la variante du Texas Rig, je vais aborder succinctement la technique du punching que l’on pratique avec un heavy texas rig.
L’idée centrale est de percer l’épaisse couche végétale qui n’autorise l’évolution d’aucun leurre, afin de faire réagir le bass lors de la chute de votre montage vers le fond.
Vous utilisez une canne très puissante, de sept pieds minimum, avec un moulinet à fort ratio, une tresse en soixante livres, un lest qui en fonction de l’épaisseur du tapis végétal et peut aller jusqu’à deux onces et des hameçons très forts de fer, off set ou flipping, qui varieront en fonction de la taille du leurre souple que vous choisirez.
Lorsque les bass se réfugient dans ce type d’environnement, champ de nénuphars, tapis d’herbe, suite à un front froid ou à l’inverse à de fortes températures, le punching se révèle être un très bon outil.
Cette version lourde du texas rig vise à prospecter très rapidement l’étendue végétale qui s’offre à vous. Je pitche en avançant, un ou deux mouvements de canne une fois que mon leurre est sur le fond, puis je remonte. Je pitche à nouveau et ainsi de suite.
Bien souvent un changement de fond ou la présence de bois au sein de l’amas végétal concentrera les poissons et vous permettra d’en prendre plusieurs.
Lors de la pratique de ces deux variantes du jig et du texas, il vous sera indispensable d’être très observateur afin de proposer le leurre le plus adapté au contexte, mais aussi afin de cibler la zone sur laquelle les poissons sont postés.
Ces deux techniques rudimentaires et très utilisées ici aux Etats Unis, sont redoutables et produisent très souvent des poissons de belle taille.
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