La pêche en bateau fait de plus en plus parler d’elle dans notre petit monde. C’est une pêche qui offre une grande liberté d’action mais qui demande aussi un très gros investissement en matériel. Pourtant une autre pêche en bateau est possible, plus simple et à la portée du plus grand nombre.
La France est un pays doté d’un vaste réseau hydrographique, les rivières sont nombreuses, et beaucoup d’entre elles conservent un caractère sauvage, avec des berges inhospitalières, boisées et abruptes. Cela ne permet pas toujours une installation pour une pêche du bord comme nous la connaissons et la pratiquons régulièrement. Pourtant ces biefs sauvages et inaccessibles regorgent bien souvent de carpes et de mystères qui planent au dessus de leurs eaux vierges.
A la recherche des carpes inaccessibles
Pour la petite anecdote, j’ai eu la chance de déménager il y a 4 ans de cela dans un charmant petit village, près duquel coule une rivière de 2ème catégorie constituée de plusieurs biefs séparés par des zones de courants rapides, ici la rivière a conservé un aspect sauvage.
L’un de ces biefs, le plus long et le plus sauvage a tout de suite attiré mon attention, il était aussi le seul à n’être jamais pêcher en raison de ses berges impraticables. Des lors j’ai décidé de découvrir les mystères qu’il renfermait, mais surtout de profiter d’un secteur vierge de toute pression de pêche, un endroit où il m’était possible de revivre cette sensation de découverte que l’on pouvait ressentir il y a encore une quinzaine d’années.
Je nourrissais de nombreux espoirs à l’idée d’exploiter ce secteur sauvage, mais au bout de deux saisons de pêche, une évidence s’est imposée, il est impossible de bien le pêcher du bord.
Les carpes se tiennent et se nourrissent sur des zones qui ne sont pas exploitables depuis la berge.
De ce fait j’ai envisagé des pêches en journée depuis mon zodiac, car mes moyens ne me permettaient pas d’acquérir un bateau de 4 mètres avec remorque, d’ailleurs le secteur en question ne permet absolument pas de mettre à l’eau un bateau avec remorque ! J’ai donc décidé de m’adapter afin de pratiquer une pêche en bateau qui soit pour moi la moins coûteuse possible.
Une pêche active !
Je vais vous expliquer de quelle manière je m’y suis pris pour pratiquer une pêche active en bateau et cela à moindre coût, je n’ai rien inventé, je me suis juste adapté, de sorte à m’ouvrir les portes vers de nouvelles frontières encore inexploitées.
Ce n’est pas une pêche où il suffit de planter une pique dans le sol et lancer sa canne devant soi, car même bien préparée la première sortie est souvent chaotique, et met tout de suite en évidence ce qui ne va pas, mais avec un peu d’expérience on trouve vite ses repères.
Tout d’abord voyons les avantages qu’offre cette pêche en bateau. En premier lieu cela permet d’aborder des secteurs où aucune pêche du bord n’est possible donc de profiter d’une pression de pêche inexistante, mais aussi de se placer idéalement en fonction des zones de tenue et d’alimentation des carpes.
Le fait d’avoir une installation légère permet également de suivre les carpes. Ces poissons sauvages de rivière ont souvent des tenues différentes du matin à l’après midi, cette mobilité accrue permet de pêcher différentes zones en se déplaçant dans la journée et cela très rapidement.
La pêche en bateau offre aussi une meilleure recherche des carpes, une fois les poissons localisés, il n’y a plus qu’à s’installer au plus près pour les pêcher, il n’y a donc pas à attendre plusieurs heures avant de mettre le 1er poisson sur le tapis.
Le matériel pour pêcher la carpe en bateau
Pour cette pêche en bateau, nous avons déjà presque tout ce qu’il faut, l’investissement matériel est réduit au minimum, ce qui donne la possibilité au plus grand nombre de la pratiquer.
Tout d’abord il faut un bateau, cela va de soit, pour cela nul besoin d’acquérir un bateau cabine de 4 mètres, personnellement je me sers de mon zod de 2,6m, et cela va très bien, peut être un peu petit dans certains cas mais disons que n’importe quelle embarcation de 2,6m à 3m fait l’affaire. Il est préférable que le bateau ne fasse pas moins de 2,6m sous peine d’être à l’étroit une fois en action de pêche, et au-delà de 3m le poids et l’encombrement risquent d’être un handicap si le bief convoité ne permet pas d’approcher le véhicule de l’eau.
Si la voiture est éloignée, je me passe du moteur afin d’alléger les trajets à pied et la mise en place du bateau, je parle ici de bief où il n’est pas nécessaire de faire plusieurs km pour atteindre son spot de pêche, en cas contraire, le moteur électrique sera utile pour économiser ses forces et gagner du temps. Je ne prends pas d’échosondeur puisqu’il s’agit d’une recherche visuelle des carpes et d’une pêche à courte distance sur des spots simples.
Passons à l’ancrage du bateau, pour cela il faut au minimum quatre points d’ancrage afin de bien stabiliser l’embarcation, deux à l’arrière et deux à l’avant.
Pour ce qui est des poids il faut un minimum de 10 kg, mais en présence d’obstacles ou de pêche sur des poissons très combatifs, des poids de 15 à 20kg peuvent s’avérer utile, en effet, une carpe de taille moyenne n’aura aucun mal à déplacer un poids de 10kg.
La forme du poids est très importante pour la tenue sur le fond mais également pour remonter le poids en fin de partie de pêche, les disques de fonte destinés à la musculation font très bien l’affaire, il est d’ailleurs facile d’en trouver d’occasion pour 1€ le kg.
Pour attacher mes poids, je fais passer un morceau de corde par le trou central du disque que je noue sur le rebord, je place ensuite un mousqueton qui me sert à attacher la corde qui sera reliée au bateau.
Pour la corde, il faut prévoir une longueur trois fois supérieure à la profondeur dans laquelle nous allons pêcher, donc pour des fonds de 5m il faut disposer d’un minimum de 15m de corde.
Pour mettre en place et relever les poids, une paire de gant est utile afin de ne pas se brûler les mains avec la corde, 15kg de fonte, c’est lourd et ça descend vite !
Lorsque cela est possible, dans la majeure partie des cas, j’utilise deux ancres pour l’arrière du bateau, et j’attache l’avant du bateau directement à la berge, en utilisant deux arbres ou une grosse branche le long de la berge, cela permet d’avoir moins de poids à traîner pour s’ancrer.
Il est important d’attacher l’avant en deux points afin de garantir une bonne stabilité et ainsi éviter les mouvements latéraux qu’occasionnerai un seul point d’attache.
Bricolages
Préparer son matériel pour pêcher depuis son bateau à moindre coût nécessite quelques petits bricolages, mais le jeu en vaut la chandelle, car une fois la machine bien huilée, c’est une pêche qui offre de belles sensations, notamment pour tous ceux qui apprécient de se retrouver dans des endroits à la nature préservée.
Côté pêche
Qui dit pêche en bateau dit encombrement réduit, donc pour cela des cannes en 10 pieds sont toutes indiquées. Je préfère le nylon à la tresse pour ce type de pêche, en raison de la proximité de pêche, l’élasticité du nylon limite les bips répétés lors des petits mouvements du bateau, de même, en cas d’accrochage de la ligne, il est plus facile de casser un nylon qu’une tresse, mon choix pour le diamètre se porte sur du 40 lorsque l’eau est claire, dans une eau plus trouble, un nylon en 50 préserve mieux des casses en cas de frottement sur un obstacle.
J’utilise comme support mon vieux rod pod, il existe dans le marché des supports pour rod pod, mais il est tout à fait possible de se fabriquer soi même son support à l’aide d’un vieux moteur électrique qui ne fonctionne plus en ne gardant que le support du tableau arrière et l’arbre, un support pratique et réglable pour 0€, d’autres systèmes de fixation maison peuvent être employés.
Afin de se garantir un maximum de place une fois en action de pêche, tout doit être préparé de façon minimaliste, ici le superflu n’a pas sa place.
Pour une journée de pêche je prends avec moi une petite boite pour mes accessoires de montage, le sac de pesée, un peson, le tapis de réception évidemment, ainsi qu’une bouteille d’eau et quelques sandwichs pour le midi.
Tout est placé dans des seaux qui sont attachés à l’extérieur du bateau afin de ne rien avoir dans les pieds, cela afin d’être le plus à l’aise possible lors d’un départ et une fois le poisson dans le bateau.
Pour ce qui est des appâts, puisque mes pêches en bateau se font sur des biefs de rivières inexploités, je me contente d’utiliser des graines, maïs et lupin, le seau de graines est lui aussi attaché à l’extérieur du bateau. Il est évident que si j’habitais à proximité d’une rivière comme le Lot par exemple, je préférerais des bouillettes de 24mm au maïs.
Le seul inconvénient des graines lors d’une pêche en bateau comme je la pratique est l’amorçage, puisque je ne prends pas un deuxième zodiac en guise d’annexe pour déposer mes lignes et amorcer, tout se fait depuis le bateau.
Pour cela j’ai commencé par utiliser des glaçons de maïs que j’envoyais à la louche, mais cela est fastidieux à préparer et difficile à conserver lors d’une journée d’été.
Il est bien plus facile d’utiliser un bateau amorceur, qui permettra de déposer et d’amorcer avec une grande précision, ou pour ceux qui n’en possède pas et ne souhaite pas investir dans ce type de matériel, une simple canne à carpe et un bait rocket font très bien l’affaire.
Une fois sur le spot de pêche, je commence par attacher les deux cordes de l’avant à la berge, je laisse la corde se dérouler sur l’eau afin de m’éloigner de la berge et ainsi disposer les deux poids arrière. J’attache les deux cordes à des poids arrière au bateau en conservant un peu de mou dans les corde, puis je viens tendre l’ensemble en tirant sur les deux cordes avant, que je noue à l’anneau avant du bateau. Je contrôle la bonne tension pour chaque corde, et pour le reste, il n’y a plus qu’à pêcher, et prendre des carpes, et un max de plaisir !