Encore plus que l’amorce qui rassemble les poissons, la ligne est l’élément capital du succès de la sortie de pêche et doit être adaptée au parcours. Le choix du flotteur est évidemment important mais un autre critère, souvent délaissé, concerne le type de nylon utilisé pour construire cette ligne. Monofilament ou fluorocarbone, le débat est toujours ouvert.
Le poisson blanc ne « mord » pas, il aspire !
Une fois cette notion intégrée, le pêcheur utilisera une ligne qui peut permettre de détecter la touche avant que le poisson, lui, ne détecte le piège. C’est dire que dans la plupart des cas « finesse et souplesse » sont de rigueur, mais parfois, souvent, incompatibles.
Les éléments pouvant perturber la présentation de l’appât et son aspiration par le poisson sont avant tout :
- la matière et la forme du flotteur
- la plombée
- la qualité du nylon (et son épaisseur)
Finesse et souplesse
Vous entendrez très souvent chez les détaillants d’articles de pêche cette phrase qui en dit long: donnez-moi un fil résistant pour ne pas perdre le poisson.
Ce pêcheur (et il n’est pas le seul) met en priorité la conservation de sa prise avant même d’avoir compris que c’est d’abord la discrétion du montage qui lui permettra de la prendre et de l’épuisetter.
Lorsque je parle de discrétion, je ne parle pas de la couleur du fil sélectionné (bien qu’un fil transparent me semble mieux adapté qu’un fil de couleur sombre pour le coup) mais plutôt de sa souplesse permettant la présentation naturelle de l’appât.
Plus un fil sera fin plus il sera souple notamment s’il répond aux normes de l’EFTTA (European Fishing Tackle Trade Association) qui attribut un label (ISO 2062) sur la réalité des indicatifs physiques du nylon utilisé.
Mais une fois sous l’eau n’oublions pas qu’il se comporte différemment, même si le poids de résistance indiquée suffit largement à sortir une ablette ou un gardon, ceci est peut-être moins vrai pour un barbeau ou une carpe.
Un certain nombre de perturbations mécaniques peuvent engendrer une modification radicale de son concept originel et son comportement sera différent suivant :
- le laps de temps qu’il aura été en traction pendant les combats (étirement)
- l’usure éventuelle du diamètre sur des obstacles (diminution)
- les rayons UV du soleil qui affaiblissent les qualités du nylon (dégradation)
- les points de rupture des nœuds et du pincement des plombs (écrasement)
C’est pourquoi il est souvent difficile de choisir correctement un nylon, mais en définitif, le fil adéquat ne sera pas celui qui possède une plus grande résistance linéaire lorsqu’il est neuf, mais celui qui résiste le mieux à l’abrasion, à la tension, à l’écrasement et aux rayons du soleil au fil du temps.
Concernant les indications sur les qualités d’un nylon, sachez que les tests prouvent que 10% des nylons ont une résistance égale ou supérieure à celle indiquée dans les diamètres les plus fins et que cette variante peut atteindre 30% dans les diamètres plus forts.
Le monofilament
Les nylons « monofilament classique » ont tous une particularité constante : leur élasticité. Ceci explique pourquoi ils sont recommandés dans la plupart des montages pour la pêche au coup ordinaire et les carpodromes. Lorsqu’ils sont combinés avec un élastique adéquat, cette élasticité originelle de base permet au pêcheur de brider des poissons dont le poids est supérieur à celui annoncé par le fabricant. Ce qui est donc un avantage certain sur la prise de gros poissons.
Vous devrez malgré tout faire un choix judicieux sur le diamètre du fil choisit par rapport au bas de ligne (BDL), il serait dommage que le CDL (corps de ligne) soit moins puissant que le BDL. Dans ce cas le CDL est le maillon faible de votre ligne et vous perdrez le montage et le poisson !
Le fluorocarbone
A propos des nylons « fluorocarbone » il faut prendre en compte leurs spécificités, leurs avantages et leurs inconvénients :
- Le fluorocarbone est plus dense que l’eau, donc il coule plus facilement. Ceci est intéressant pour la pêche à la grande canne et à l’anglaise mais déconseillé pour la bolognaise.
- Il est imperméable. Donc il ne se charge pas et conserve sa pesanteur initiale. Plutôt intéressant pour confectionner les bas de ligne souples.
- Il est peu élastique ce qui est un avantage sur la prise de petits poissons car le contact est direct. Ceci est aussi un avantage lors de la lutte avec un poisson plus lourd car si le nylon traditionnel s’étire par échauffement (notamment par la friction du fil dans l’anneau de tête) le nylon fluorocarbone conserve son diamètre d’origine. Par contre si l’échauffement se prolonge, il vrille très facilement.
- Le fluorocarbone est plus résistant à l’abrasion et aux UV.
- Il serait « presque invisible » sous l’eau car il possède un indice de réfraction de la lumière proche de celui de l’eau. Il sera donc à privilégier dans les eaux claires.
- Le fluorocarbone est recouvert d’un revêtement particulier (le vinylidène) qui a tendance à « s’effilocher » lorsque l’on déplace les plombs. Il perd dans ce cas tous ses avantages.
Le fluorocarbone est un nylon onéreux. Il sera privilégié pour réaliser les bas de lignes de concours et dans la totalité du montage en compétition.
C’est surtout dans la conception de lignes très fines et discrètes, sur des poissons chipoteurs, que les pêcheurs utilisent le fluorocarbone. Pour exemple voici deux croquis qui sont adaptés à la pêche du gardon en étang. Dès que le poisson est difficile à tromper, il est bien certain que la ligne combinée monofilament/fluorocarbone est plus performante car plus discrète.
A votre table de montage !
Conseils d’expert
Le fluorocarbone est à l’origine un nylon japonais issu de « fluoropolymère thermoplastique » qui fut utilisé pour la première fois en 1966. Il possède plus d’avantages que d’inconvénients, mais son meilleur atout consiste dans sa « quasi-invisibilité » qui permet au pêcheur d’utiliser un diamètre plus important, donc plus résistant par rapport à un nylon monofilament, ceci tout en restant très discret en rivière.
Le fait de surdimensionner ce fil peut malgré tout modifier la présentation naturelle de votre appât en eaux calmes (étang et canal lent) et provoquer le refus du poisson.
Il sera à privilégier dans les pêches finesses et tactiles et je le préconise pour la confection des bas de ligne ou pour les pêches délicates à l’anglaise à faible distance.
Pour les raccords, je conseille fortement le nœud baril appelé aussi « nœud Sébile »
Pour reconnaître efficacement un bon fluorocarbone, vous devrez chauffer l’extrémité du fil avec une flamme. Le carbone en se consumant provoque une petite boule noire. Plus cette boule est foncée plus ce fil contient du carbone. Son prix est relativement excessif (une bobine de 50 mètres vaut de 10 à 15 €uros) mais il possède bien des vertus intéressantes.
Le montage réalisé avec le fluorocarbone permet d’augmenter la résistance de la ligne sans pour autant modifier la discrétion du montage. Attention néanmoins pour une ligne classique flottante de ne pas utiliser un nylon de diamètre trop fort qui modifierait la souplesse nécessaire à la présentation naturelle de l’appât. Ceci est moins vrai pour un montage posé sur le fond ou en rivière courante.
