Comment pêcher au coup en fleuve et grande rivière ?

A longueur de temps, la rivière grossie par la pluie et ses affluents, s’écoule plus ou moins lentement et ses eaux rejoignent le fleuve qui se dirige droit vers la mer. Les sources fraîches et limpides des petits ruisseaux sont loin lorsque la rivière écoule son débit dans la plaine. Elle se confond avec le fleuve pour un mariage plus ou moins heureux, charriant sur un cours domestiqué certes des péniches mais aussi une quantité effroyable de déchets industriels et urbains. Pourtant la vie aquatique subsiste, s’adaptant plus ou moins bien à ces perturbations éphémères et pollutions incessantes.

Les eaux qui ruissellent sur nos toits, nos parkings, nos routes et nos chemins de traverses se retrouvent naturellement dans la rivière, grossissant son cours, mais charriant aussi toutes sortes de détritus et de poussières qu’elle rencontre sur son chemin, provoquant une turbidité élevée que parfois l’œil ne sait voir, sauf une végétation inhabituelle de bordure. De plus en plus souvent, le fleuve se fâche et déborde de son lit principal pour s’engouffrer dans les champs, les rues des villes, noyant tout sur son passage dans les bas quartiers au grand désarroi des habitants surpris, parfois. Les poissons  sont eux aussi impactés par cette modification de leur milieu et la sélection des espèces devient une situation pérenne dans un cours d’eau qui modifie son biotope suivant les évènements extérieurs majoritairement provoqués par l’homme. Pourtant les crues « naturelles » sont utiles, non seulement pour de saines raisons hydrauliques, comme le nettoyage du lit du cours d’eau, mais aussi pour la faune piscicole. Ce sont dans les prairies inondées que le brochet viendra déposer ses œufs, un poisson qui joue un rôle déterminant dans le cycle biologique des rivières et des fleuves.

LE RECALIBRAGE DES FLEUVES N’EST PAS TOUJOURS HEUREUX

Les barrages et  les écluses permettent la navigation en régulant les courants. Ceci dit, nous savons que les barrages perturbent le cours normal des rivières, que ceci a un impact négatif sur la vie aquatique par une modification des espèces qui disparaissent, mais avouons aussi que parfois cela fait le bonheur des pêcheurs car d’autres espèces s’implantent et favorisent la pratique de notre loisir. Personne ne peut réellement s’insurger contre bon nombre de barrages qui sont aujourd’hui devenus des sites de pêches indispensables comme la retenue de Naussac en Lozère ou le lac du Drennec dans le Finistère. A ce stade il faut rappeler que certes les crues ont un impact destructeur dans les lieux habités, mais que c’est surtout la décrue qui est néfaste à un cours d’eau. Les berges ravinent et s’écroulent, le fond remonte attendant la prochaine crue pour retrouver un fond profond et régulier. Les bras morts deviennent des zones utiles. Elles constituent de véritables réserves de poissons et aussi des aires de fraies intéressantes. Les alevins y trouvent de la nourriture avant de rejoindre le cours principal. Une crue n’est pas que tout rose, mais pas que tout noir non plus.

LA CEINTURE VEGETALE

Sur les berges d’un fleuve, la navigation intense perturbe la pousse naturelle végétale. Seuls quelques roseaux comme le « sparganium » ou des carex au système radiculaire développé arrivent à s’accrocher et à demeurer sur le bord. Mais ceci est vraiment une exception. Les plantes submergées sont elles aussi bien mal loties car le brassage violent les déracine trop rapidement lorsqu’elles tentent de naître. Le nénuphar est peut-être le seul à tirer son épingle du jeu avec la jussie. Cette dernière, plante invasive, n’étant pas la bienvenue malgré tout. Ce sont donc des espèces que l’on rencontre en étang qui s’implantent frileusement lorsque tout semble déserté. Citons le potamot crépu (Potamegeton crispus) aux feuilles rousses, le « cératophylles » appelées familièrement « queue de renard » et quelques renoncules comme l’élodée. Les mousses s’accrochent, quelques algues microscopiques augmentent la turbidité mais offrent le point de départ de la chaîne alimentaire dans laquelle les poissons joueront un rôle de consommateurs ou de pourvoyeurs !  Les invertébrés d’eau douce (plancton, coléoptères et aselles, larves de libellules) seront aussi sollicités pour animer le parcours et offrir une qualité aquatique plus ou moins acceptable. Il convient d’ajouter d’autres insectes comme les tipules, les chironomes, la sialis, le cléon et la faible vitesse du courant permet l’installation de gros coléoptères comme l’hydrophile et quelques larves d’odonates présentes elles aussi dans la vase du fond. En surface, l’hydromètre marche sur l’eau et parfois apercevrez-vous également, nageant en reculant une écrevisse américaine, les pinces dressées vers l’avant, menaçante, prête à vous pincer si vous vous montrer trop entreprenant ! Les vers et autres tublifex vivent dans la vase et font le bonheur des cyprins. Dans ces parcours aux eaux lourdes et chargées, les  cyprins sont les plus nombreux.

Pêcher l’ablette en fleuve

Poisson de surface, l’ablette se trouve idéalement dans les endroits ensoleillés et d’une manière générale dans les postes de pleine eau. Elles sont toujours très mobiles, navigant sans cesse dans les couches supérieures en quête de nourriture. La première chose que vous devrez faire est de les intercepter par un amorçage précis pour les surprendre dans cette course et les fixer sur votre coup. Cet amorçage est bien entendu décisif. Si l’eau est légèrement courante, vous emploierez une amorce en soupe qui éclatera dès la surface. Ci-contre voici une recette parfaite pour cette situation. Par contre lorsque le parcours n’est pas vraiment pêchable avec des débordements ou au contraire des eaux très basses et un froid vif, il mieux vaut se rabattre sur les petits tributaires.

Pêcher l’anguille en fleuve

Mystérieuse et discrète, volontiers nocturne, l’anguille préfère la pénombre à la lumière. Le jour, elle passe le plus clair de son temps bien à l’abri, derrière un obstacle ou si cela est possible dans une cache bien profonde à l’abri des regards indiscrets. Lorsqu’elle quitte son gîte c’est pour une balade à ras du fond dans les secteurs très ombragés et lors des crues elle profite des eaux troubles pour déambuler sur le bord des berges. C’est plutôt pendant la belle saison qu’il faut tenter de la pêcher ;  période d’activité maximale de ce « serpent d’eau ». Les chaudes journées sont les meilleurs moments de pêche ainsi qu’après les orages. La touche de l’anguille est généralement très franche, parfois même violente. Ceci est un piège, et vous devrez attendre un long moment avant de ferrer. Ensuite ne finassez pas, ramenez votre prise de force compte tenu de l’encombrement habituel des postes fréquentés par l’anguille.

LES BONS COINS

Les grandes rivières navigables à courant régulier ayant une profondeur importante, du type Saône pour exemple, sont probablement proches de l’idéal en matière de pêche au coup. Cherchez près des quais, à l’aval des ponts ou des grandes fosses, au large des herbiers qui se développent près des berges. N’hésitez jamais à pêcher loin du bord lorsque la configuration le permet, dans le lit principal, pour avoir quelques chances d’attirer les plus beaux sujets.

Pêcher la brème en fleuve

La brème préfère les endroits vaseux et ne quitte guère le fond sur lequel elle se nourrit d’animalcules et de végétaux. C’est pourquoi vous la chercherez à la ligne traînante. C’est un poisson abondant dans nos rivières de seconde catégorie. Elle a une énorme qualité, celle de faire réaliser à longueur d’année de somptueuses bourriches en pêchant au coup. Les brèmes vivent souvent en groupes très denses et passent le plus clair de leur temps à fouiller le fond à l’aide de leur bouche charnue qui leur permet d’aspirer larves et végétaux ou pour filtrer la vase et les limons à la recherche de la moindre proie. Une fois que vous aurez repérez un bon poste en vous fiant aux paquets de bulles que provoquent les brèmes en fouillant le fond, et après un sondage sommaire destiné à connaître la topographie (notamment les obstacles) il est temps d’amorcer avec une amorce lourde.

LES BONS COINS

C’est à ras du fond que vous devrez la pêcher sans vous perdre en « sondages » fastidieux et inutiles. Vous pêcherez avec une ligne traînante qui vous permettra, au coup traditionnel (anglaise, bolognaise, grande canne), de pêcher dans les meilleures conditions de confort et d’efficacité.  A la touche le flotteur va frémir, se coucher sur le côté, se relever avant de partir définitivement dans une lente immersion. En barque installez-vous au large des plateaux riches en herbiers où les brèmes risquent de longues incursions de nuit.

Pêcher le gardon en fleuve

Dans ces grandes rivières ou fleuves, pour pêcher efficacement le gardon après la saison estivale, au moment des orages d’automne, la pêche à la passée est certainement l’une des meilleures techniques. Dans cette configuration, la rivière est de loin le meilleur endroit pour pêcher à la « passée » tant que le froid ne viendra pas pointer le bout de son nez. A cette saison vous vous attaquerez à des gardons franchement mordeurs qui répondront très bien à l’amorçage. Pour l’amorce la meilleure chose est de faire confiance aux recettes classiques qui font appel à un mélange de farines. Vous choisirez une amorce classique du commerce ou une amorce bien spécifique de votre composition. En été, pour pêcher à la passée, vous pêcherez sur un coup savamment entretenu avec des graines de blé ou de chènevis, ce qui permettra de sélectionner les gros sujets.

LES BONS COINS

En rivière vous devrez vous installer en privilégiant les postes au fond propre, régulier et si possible légèrement relevé en aval. A la mi-saison, rendez-vous sur les postes plus tranquilles, au large des herbiers de bordure et dans des fonds plus importants. En hiver, c’est dans des grands trous bien calmes, ou dans les remous qui se forment en marge du courant principal, que vous réaliserez vos plus belles bourriches de beaux gardons.

LES BONS POSTES DU FLEUVE

LES CRIQUES

Les cassures et les petites criques sont d’excellents postes à friture. Les fonds y sont peu importants et l’eau plus chaude qu’en milieu du fleuve. La pêche y est agréable car le pêcheur est protégé des rafales de vent. La pêche au coup est reine, qu’elle soit pratiquée à la canne télescopique ou à la canne à emmanchements.

LES PAROIS ABRUPTES

Les beaux poissons se sentent en sécurité en ces lieux souvent inaccessibles qui bénéficient par ailleurs d’une riche et abondante nourriture. A pêcher en barque avec un flotteur coulissant à deux points.

LES EBOULIS ROCHEUX

Toutes les parties du fleuve, proches des falaises, où les roches sont plus ou moins superposées, soit naturellement, soit artificiellement, sont très productives. Il convient de rechercher les divers paliers avec soin. A prospecter au flotteur coulissant (deux points ou waggler).

LES ARBRES MORTS

Ils abritent toutes les espèces, du fond jusqu’à la surface. Plus ils sont situés vers un secteur sauvage du fleuve, plus ils sont intéressants. Bon poste pour pêcher au coup avec une canne à emmanchements.

LES BERGES SAUVAGES

Les secteurs plus calmes, plus proches de ceux que l’on rencontre habituellement en lac de barrage par exemple, se situent souvent en amont dans les parties inaccessibles en voiture. On peut même rencontrer des herbiers classiques et des nénuphars, ce sont évidemment de très bons postes pour la pêche à l’anglaise.

LES ABORDS ROCHEUX

Quand des groupes de rochers émergent naturellement ils sont toujours un bon poste de choix, particulièrement pour la blanchaille. A prospecter au stick si le courant le permet.

LES PLAGES

Si elles sont impraticables durant la journée en pleine saison estivale, elles sont particulièrement productives tôt le matin et en fin de journée. C’est bien entendu un excellent poste pour le coup du soir pour un coup à l’anglaise ou au quiver tip.

LES ILES

Quand elles sont présentes sur le parcours, les îles sont à prospecter en priorité. Elles constituent des postes où la végétation et l’aspect naturel contrastent avec la rigueur puissante du fleuve. Elles sont même parfois des hauts lieux de reproduction pour toutes les espèces. Ici tous les types de pêche au coup sont possibles de la berge ou en barque.

 

LE FLOTTEUR PLAT

Les flotteurs Cralusso, créés voici plus d’une quinzaine d’années, ont révolutionné la pêche au coup. Le grand classique reste le flotteur Torpédo lorsque les eaux sont profondes, puissantes et très agitées. Dans des eaux plus lentes, le modèle Shark est sans doute le meilleur modèle. Il possède une caractéristique importante, celle de pouvoir modifier la position de l’antenne rapidement en action de pêche. Si vous inclinez l’antenne vers l’avant vous décalerez le rapport à l’axe de la quille et on l’éloigne de la tige de fixation de la ligne et le flotteur se comporte comme un « Torpédo » et il peut être bloqué sur place. Par contre, en déplaçant l’antenne vers l’arrière, vous obtiendrez un comportement comparable à celle du «Bubble» ce qui permet de pratiquer une pêche à passer lente qui sera très efficace. Pour trouver « le bon fond » utiliser une sonde « grenouille » que vous pincerez sur le plomb de touche, vous serez certain de pêcher sur le fond avec un bas de ligne de 20 cm.

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